S’il avait été déjà officiellement désigné par la section du Parti socialiste d’Avignon en avril dernier, c’est véritablement maintenant que David Fournier a lancé sa campagne pour les prochaines élections municipales dans la cité des papes. Après Joël Peyre, puis plus récemment Paul-Roger Gontard, ils sont donc trois issus de la majorité actuelle à vouloir briguer la succession de Cécile Helle qui n’a pas souhaité se représenter lors du scrutin de mars 2026.
Militant socialiste depuis ses 14 ans, David Fournier a eu très largement le temps d’observer qu’une campagne électorale se mène à rythme bien particulier. Ni trop vite, ni trop lentement. Depuis 40 ans, il a eu également tout le loisir de voir combien il était important de respecter le ‘tempo’ des appareils. D’abord le temps des investitures avec le vote des militants locaux (il a été désigné par la section d’Avignon en avril dernier), puis l’adoubement par les instances nationales (c’est un proche d’Olivier Faure, premier secrétaire du PS) et, enfin, le lancement officiel de la campagne lors d’une réunion publique en présence de ses soutiens.
C’est donc le 3e étage de cette ‘fusée’ qui a été lancée lors d’un rassemblement qui vient de se tenir au parc du Clos de la Murette. Un lieu symbolique pour l’actuel adjoint au maire qui marque son enracinement dans les quartiers du Sud de la cité des papes.
« Un ilot de fraicheur à proximité de la rocade, quartier populaire à côté duquel j’ai grandi puisque j’ai été respectivement élèves à Jean Henri-Fabre, Anselme-Mathieu puis Roumanille. Il est à proximité également de quartiers résidentiels et nous sommes symboliquement à la jonction des deux. Cela défini notre volonté de faire grandir le bien être ensemble, d’où que l’on vienne. »
« En 11 ans, Avignon s’est transformée. »
Sous la bannière ‘Ensemble et Solidaires’ près de 250 personnes, dont plusieurs personnalités de la gauche vauclusienne (voir encadré en fin d’article), se sont donc réunies pour écouter le candidat socialiste qui entend s’appuyer en premier lieu sur le bilan de Cécile Helle.
« En 11 ans, Avignon s’est transformée, rappelle celui qui boucle son deuxième mandant aux côtés de la maire sortante. Nos enfants, même ceux des familles populaires peuvent partir en vacances avec ‘un été à Avignon’. La ville est largement désendettée. Les bâtiments sont rénovés. Le tramway apporte de la mobilité aux quartiers populaires notamment. Nos écoles sont rénovées et leurs cours végétalisées. L’intra-muros et le tour des remparts ont été rendus aux habitants grâce à nos aménagements de végétalisation et de piétonnisation. Je pourrais continuer longtemps avec la liste des réalisations que nous nous étions engagés à faire. A commencer par une dernière promesse tenue, celle de Cécile de ne pas briguer un troisième mandat. Ce qu’elle a réalisé est le plus difficile pour un élu : savoir dire ‘stop’ et poursuivre sa vie autrement, en faisant confiance aux siens pour continuer le combat. »
S’il est donc élu, David Fournier veut s’inscrire dans les pas de la maire actuelle. Cependant, confronté à la réalité du terrain ainsi qu’aux contraintes nationales voire internationales, celui qui se voit comme le leader de la gauche avignonnaise souhaite aussi marquer sa différence à commencer par des thèmes où la gauche n’est pas forcément très à l’aise comme la sécurité ou le développement économique.
« Il s’agira d’abord de défendre l’intérêt général humain plutôt que l’intérêt électoral de chacun. Avignon a besoin de toutes les compétences et de toutes les volontés. D’où qu’elles viennent ! »
« La sécurité, ce n’est pas un slogan. C’est un droit. »
Sécurité et propreté
Bien que le détail du programme sera ‘co-construit’ à partir de septembre dans le cadre d’une large concertation lors de tables rondes et d’ateliers avec les militants et des représentants de la société civile, David Fournier entend déjà mettre en avant les problématiques de propreté et de sécurité dans cette campagne qui s’annonce.
« La propreté est la première vitrine de notre ville. Elle est aussi le reflet de notre respect collectif », estime t’il en annonçant déjà des moyens accrus pour la propreté urbaine ainsi qu’une tolérance zéro pour les incivilités. « Il faudra aussi agir à l’échelle du Grand Avignon sur une meilleure gestion des déchets. »
Côté sécurité, le candidat socialiste martèle : « La sécurité, ce n’est pas un slogan. C’est un droit. » Il préconise le recrutement de policiers municipaux supplémentaires : « il faut continuer le déploiement d’une police de proximité à l’instar de ce que nous avons fait à Saint-Chamand, au Pont-des-deux-eaux et sur la rocade avec la création d’un poste mixte police nationale et police municipale ».
« Aujourd’hui, Avignon doit faire face à l’emprise croissante du narcotrafic, qui engendre violence et insécurité dans nos quartiers, faisant peser la peur sur de trop nombreux habitants », constate le candidat qui souhaite aussi la mise en place, jour et nuit, de brigades de tranquillité dans les quartiers sensibles ainsi que le renforcement de la vidéoprotection dans le respect strict des libertés individuelles.
L’élu ne veut cependant pas miser sur ‘le tout sécuritaire’ : « Nous devons également faire le pari de la prévention, de l’éducation et de la présence humaine car on ne construit pas l’apaisement uniquement avec des caméras, mais avec de la confiance et du lien ».
Le déploiement de médiateurs urbains en lien avec les associations locales et les forces de l’ordre est annoncé. « Je souhaite aussi développer dans les quartiers de nouveaux services publics de proximité. »
« L’emploi, c’est la dignité. »
L’économie n’est plus un mot tabou pour la gauche
Conscient que pour pouvoir mieux partager la richesse, il faillait avant tout en créer, David Fournier rappelle que « les acteurs économiques ont un rôle essentiel à jouer et nous devons les accompagner ». Un soutien qu’il veut davantage marquer dans les secteurs des ICC (Industries culturelles et créatives), des énergies vertes, de l’installation des artisans et commerçants, de la redynamisation du commerce de proximité, de l’entrepreneuriat féminin et de l’insertion des jeunes. « L’emploi, c’est la dignité. Et la dignité doit être notre boussole. Notre ville a tout pour réussir : une histoire prestigieuse, un patrimoine d’exception, une jeunesse vivante, une position stratégique. Mais il faut libérer son potentiel. »
Et pour libérer son potentiel, David Fournier a aussi compris que l’enjeu des mobilités sera l’un des thèmes majeurs de la prochaine campagne, particulièrement le dossier de la LEO (Liaison Est-Ouest).
« Il faut relancer le débat sur la LEO. »
« Nous avons besoin de bouger mieux, de respirer mieux. Avignon mérite un plan de mobilité du XXIe siècle qui prenne en compte la situation de la cité des papes : son insularité, la totalité du périmètre de son aire urbaine, son positionnement stratégique sur l’axe PLM (Paris, Lyon, Marseille) et celui l’Espagne et de l’Italie… Bref, avoir une vision pour demain. »
Comme la compétence des transports dépend principalement de l’agglomération, il estime qu’il faut donc travailler au sein du Grand Avignon afin de développer des transports en commun et les mobilités douces, définir les extensions des réseaux de transports en commun vers les quartiers périphériques et les quartiers en construction, créer des pistes cyclables sécurisées supplémentaires ainsi que développer zones à faibles émissions.
« Pourquoi pas ne pas proposer le lancement d’un ‘Pass Mobilité Avignon’, accessible à tous, gratuit pour les moins de 18 ans, suggère-t-il ? Avec une révision des tarifs pour les familles en difficulté ou s’orienter vers la gratuité si nous en avons la possibilité financière ? »
Mais l’urgence à ses yeux c’est le trafic sur la Rocade : « Nous devrons aussi agir sur ce point aujourd’hui source de tensions avec plus de 40 000 véhicules par jour, dont 1 500 camions, qui dégradent la qualité de l’air, la sécurité et la santé de milliers de riverains. Il faudra remettre à plat ce dossier. » Les solutions existent : réaliser une liaison intra autoroute à Orange entre l’A7 et l’A9 « pour nous éviter des milliers de véhicules chaque jours », et surtout « relancer le débat sur la LEO » afin d’obtenir des mesures de restriction pour les poids lourds de transit.
« Je ne promets pas des miracles, mais du travail et de l’écoute. »
« Je ne promets pas des miracles, mais du travail, de l’écoute, de la transparence, de la proximité et un engagement total, insiste-t-il pour conclure son propos devant un auditoire conquis. Je suis de ceux qui croient que la politique peut encore réconcilier. Que les élus doivent ressembler à leur ville, la porter avec tendresse mais aussi avec courage. Je suis un homme de dialogue, un homme de terrain, un homme profondément humaniste. »
Laurent Garcia
Union de la gauche : « Rien de grand ne se construit dans la division »
Alors qu’ils sont trois de la majorité actuelle sur la ligne de départ pour ces élections municipales 2026, David Fournier a pu compter sur la présence d’une dizaine d’élus lors du lancement de sa campagne. Parmi eux notamment, Eric Deshayes de Génération.s, Mouloud Rezouali et Jean-Pierre Cervantes d’EELV (Europe écologie les verts), Julien De Benito du PCF 84 mais aussi Lucien Stanzione, sénateur PS de Vaucluse, ou bien encore le conseiller départemental de Vaucluse Samir Allel.
« Notre mouvement ‘Ensemble et Solidaires’, incarne un espoir concret : celui d’un projet humaniste, audacieux, ancré dans les valeurs de gauche, et porté par le sens du collectif. Car nous le savons : rien de grand ne se construit dans la division. L’union de la gauche et des écologistes est une condition à notre réussite. Je salue d’ailleurs la volonté des partis politiques de gauche d’entamer des discussions sincères et unitaires. Cette conduite est tout à leur honneur. J’en serai à la hauteur et je l’affirme : nous sommes prêts et disponibles pour discuter », assure le candidat socialiste.
Et quand on lui pose la question des divisions qui pourraient naître des rivalités avec ses Joël Peyre et Paul-Roger Gontard, ses ‘collègues’ de la majorité municipale, il répond : « contrairement à ce que peuvent dire les médias nous échangeons, nous nous rencontrons et nous avons tous le sens des responsabilités. »