16 mai 2024 | En attendant les melons et les pêches…

Ecrit par Didier Bailleux le 16 avril 2024

En attendant les melons et les pêches…

On attends toujours quelque chose ou quelqu’un. Parfois l’attente est délicieuse, comme en ce début de printemps où les premières récoltes saisonnières de fruits et légumes annoncent le retour de la belle saison. Mais en fait, savons-nous encore vraiment attendre ?

Tout, tout de suite, aujourd’hui c’est la règle. Et dans tous les domaines. Manger des tomates toute l’année, pouvoir joindre tout le monde à tout moment, commander une pizza à 2 heures du matin, regarder un film quand je veux où je veux… (en mangeant la pizza), la liste est sans fin. Rapidité et immédiateté sont devenues des obsessions. Une course sans fin qui nous éloigne du plaisir de l’attente et sans doute aussi quelque part d’apprécier ce qui est attendu ou convoité. Les marchands du temple sont aussi complices dans cette course au temps. La rentrée scolaire se prépare maintenant en juillet et la galette (ou gâteau) des rois se consomme dès décembre. On se calme Ginette !

C’est la nouveauté qui fait le plaisir

Les premières fraises, et pas uniquement celles de Carpentras, ont forcément un goût exquis. C’est la nouveauté qui fait le plaisir, comme la première gorgée de bière ou encore le premier verre de rosé bu à l’ombre des platanes un soir d’été. C’est là que Proust convoque aussi sa madeleine !

Savoir attendre c’est savoir apprécier chacun de ces moments. Quel intérêt d’avoir des fraises pour noël ? L’attente ne fait-elle pas aussi partie des plaisirs ?

Comme l’amoureux transit qui attend le retour de sa belle, ou l’inverse (surtout si elle s’appelle Ginette). Aujourd’hui on ne sait plus beaucoup attendre. On est vite impatient et surtout on veut maitriser et tout décider. Mais avec la nature ce n’est pas tout à fait la même histoire. Même si on cherche toujours à la maîtriser c’est elle qui décide, in fine. Et si ce n’était pas suffisant les conditions météo pourraient bien vous remettre à votre place et vous rappeler qui est le patron. C’est la nature qui donne le tempo et joue les chefs d’orchestre. Elle nous enseigne la patience et le respect du temps.

« Il faut laisser le temps au temps »

Donc pour les asperges et les fraises il faut attendre mars… C’est ainsi. « Il faut laisser le temps au temps » comme disait le lettré François Mitterrand, qui savait comme nul autre se montrer le maître des horloges. Il faut bien reconnaître qu’en Provence et peut être plus qu’ailleurs la nature peut insuffler le bon rythme. Donc en attendant les melons et les pêches sachons apprécier les asperges et les fraises de Provence, bien sûr.

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