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Et si on se faisait une terrasse ?

Loin du tumulte de la ville les terrasses de nos villages vauclusiens ont aussi tous leurs charmes. Ici celle de ‘la guinguette’ de Puget-sur-Durance.

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Il y a de signes qui ne trompent pas. La réouverture des terrasses annonce l’arrivée des beaux jours. Entre les classiques, les biens placées ou bien en vue, les atypiques ou encore les nouveautés, la chasse à la terrasse est officiellement ouverte. Où prendre un verre, déjeuner ou se donner rendez-vous ? Attention l’adresse donnée peut avoir valeur d’image…

Une agora des temps modernes
Mais la terrasse est bien plus qu’un simple lieu où on y consomme dans l’air du temps. Elle peut être un lieu inspirant. On s’y retrouve pour le travail, on y écrit ou on y lit. Elle peut devenir le bureau et le lieu de réception du monde des affaires ou du monde artistique.
La terrasse est  un théâtre extraordinaire où on peut y faire des rencontres, où les regards se croisent, les complicités se nouent et les amitiés s’éprouvent. La terrasse c’est aussi un exceptionnel terrain d’observation. Elle peut offrir à nos yeux un point de vue unique sur nos contemporains qui passent, qui s’agitent. On s’amuse à imaginer ce qui les animent ou les occupent. Certains prennent même plaisir à noter ceux du sexe opposé… « Le privilège des grands, c’est de voir les catastrophes d’une terrasse » écrivait Jean Giraudoux.  C’est un lieu d’observation du temps qui passe et qui s’agite autour de vous. « Le paradis, c’est d’être assis à la terrasse un soir d’été et d’écouter le silence » disait l’acteur Alec Guiness.

Pour voir et y être vu
Si en terrasse on y voit on peut aussi y aller pour être vu et reconnu. Ce sont les terrasses des grands établissements chics et élégants qui de la belle époque ont encore aujourd’hui de belles survivances. Les terrasses font intimement partie de l’art de vivre en France et peut être encore plus en Provence où le vivre dehors est ancré dans les mœurs.
Dans le théâtre de Marcel Pagnol la terrasse est souvent une unité de lieu importante, comme cet échange savoureux. César : « Ce secret, je ne peux vous le dire… enfin je ne peux pas vous le dire à la terrasse… Je ne peux pas vous le dire à tous à la fois et si vite que cela. Parce que c’est un secret, ce n’est pas quelque chose qui ne se raconte pas. Mais c’est quelque chose qu’on se raconte à voix basse et séparément ». Escartefigue : « Rentrons alors… ».
Inutile d’en faire plus, les terrasses, vous l’aurez compris sont essentielles à la vie tout court. Souvenons-nous il y a quelques mois après le premier confinement nos premiers lieux de liberté l’ont été pour les terrasses… Et quel bonheur du verre ou du café pris au grand air avec comme seule préoccupation regarder, écouter, se poser enfin…

Une origine provençale ?
A l’origine la dénomination de terrasse était donnée à des aménagements du paysage pour y pratiquer l’agriculture et en particulier sur les terrains pentus. « Levée de terre formant plateforme », nous dit la définition du dictionnaire. On y retrouve cette idée de hauteur… A la fin du XVIIe siècle, le Dictionnaire de l’académie française donne un sens plus récréatif à la définition de terrasse : « levée de terre dans un jardin, dans un parc, faite de main d’homme pour la commodité de la promenade et pour le plaisir de la vue ». On y est presque… ne manque plus que les tables et les chaises !
Et pour la suite c’est peut-être du côté de Marseille qui faut regarder. Petit retour en arrière, le café (la boisson) arrive en Europe à Marseille en 1644.  Très vite cette boisson, venue de Turquie, fait un tabac et des établissements qui en propose la consommation s’ouvrent. D’où la dénomination de café. Et de Café en terrasse il n’y a qu’un pas que les habitants de la cité phocéenne ont su franchir aussi rapidement que les 283 mètres de la traversée du vieux port avec son fameux ferry-boooât.
Bel été et belles terrasses à toutes et à tous.

Didier Bailleux

*Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.

Didier Bailleux.
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