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La sobriété peut-elle rendre heureux ?

© Comité des Vignerons de Vinsobres / L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération.

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La sobriété rendue aujourd’hui nécessaire, est-elle possible et peut-elle rendre heureux ?
Cela pourrait ressembler à un intitulé d’épreuve de philosophie du baccalauréat. A cette difficile question, un village de la Drôme Provençale nous apporte la réponse. Une leçon magistrale…

Au début son nom vous rend incrédule ou vous fait sourire. Mais il existe bel et bien. Il a même donné naissance à une appellation des vins de Côtes-du-Rhône et il fait partie de la très sérieuse association des communes de France aux noms burlesques et chantants, qui compte pas moins de 41 membres. Il s’agit, vous l’avez sans doute deviné, de Vinsobres. Un charmant village, situé entre Vaison-la-Romaine et Nyons. Il fait la démonstration qu’il nous est possible d’associer plaisir et tempérance, bien-être et retenue. Sans équilibre point de salut.

Cette commune d’un peu plus de 1000 habitants et 30 domaines viticoles (excellent ratio au demeurant), a fait pour devise : « Vinsobres ou sobre vin, prenez-le sobrement » . Cette formule, attribuée à Joseph-Marie de Suarés, évêque de Vaison, grand amateur du cru en question, remonte à 1633. Si elle sonne comme le slogan d’une publicité des années 50, elle est totalement dans l’air du temps et nous montre désormais la voie à suivre. « Tout ce qui est excessif est insignifiant » disait Talleyrand. Une phrase qui ne manque pas de piquant quand on sait que le sieur Talleyrand était, ce qu’on appelle, un « très » bon vivant et grand amateur de vins. Il fut d’ailleurs, entre deux dettes de jeux, propriétaire du domaine du Château Haut Brion. C’est pour dire…

La responsabilité est commune et la valeur de l’exemple essentielle

Finie l’abondance. Il nous faut donc aujourd’hui suivre un autre chemin. Mais la sobriété ne saurait donner des résultats significatifs que si la quête et les efforts sont partagés. On pense en particulier aux joueurs de football et à certains de leurs entraineurs, aux milliardaires ou encore aux élus qui nous représentent. La responsabilité est commune et la valeur de l’exemple essentielle. Et il faut bien sûr dépasser le simple cadre national, la mondialisation de la sobriété en quelque sorte…

L’impossible retour en arrière

L’exercice n’est pas facile. Comment pouvons-nous empêcher la quête légitime de ceux qui n’ont pas accès à un minimum de confort ? Pouvons-nous imaginer de fermer les piscines, les patinoires, les stations de ski, d’interdire les sports mécaniques, le tour de France, les concerts géants, les croisières sur les paquebots, les avions privés, la circulation des véhicules à moteur thermique (y compris les jet ski)… etc ? Évidemment non (quoique pour les stades climatisés…).

Il ne s’agit pas de mettre à genou l’ensemble des secteurs économiques liées à ces activités. Les conséquences seraient bien pires que les maux. Difficile de revenir en arrière. Cependant, il nous est possible de changer de trajectoire et de savoir trouver le bon équilibre. Voilà l’enjeu et c’est en cela que notre petit village de la Drôme Provençale nous montre l’exemple : du vin oui, mais avec modération !

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.

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