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Le Mistral toujours gagnant !

À gauche : ©Hocquel A. - VPA / À droite : ©Santons Fouque

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Le Mistral est autant associé à l’image de la Provence que le crachin l’est à celle de la Bretagne. Bénéfique ou néfaste, vénéré ou décrié, ce vent catabatique (qui descend la pente sans la remonter) est, n’hésitons pas à le dire, totalement ambivalent. En parfait intrus, il s’invite dans la vie des provençaux et l’affecte parfois. Mais le Mistral rend respectueux et humble. Une vraie leçon de vie.

Après le pont le plus célèbre du monde, la Provence peut s’enorgueillir d’avoir, avec le Mistral, le vent régional le plus célèbre. Il est tellement illustre qu’il se décline en centre commercial, en radio FM, en réseau de transport en commun, en biscuits, en frégate pour la Marine Nationale ou encore en bonbons (dans sa version gagnant)… Pas sûr qu’il en soit de même pour la Tramontane. Désolé pour nos voisins du Languedoc-Roussillon.

Un vent de couloir

Qualifié par les météorologues de vent de couloir, le Mistral est une incursion d’air polaire maritime qui nous vient de l’océan atlantique. Il prend naissance au sud du Lyonnais, en aval du Mont Pilat et du massif de la Chartreuse. Il dévale la vallée du Rhône jusqu’à la mer et peut être ressenti jusqu’en Corse voire les iles Baléares. C’est cadeau !

Vent de secteur Nord / Nord-Est, il doit atteindre la vitesse d’au moins 32 nœuds (soit 60km/h environ) et avoir une persistance d’au moins 6 heures pour bénéficier de l’appellation. Sans cela ce n’est qu’un vulgaire coup de vent.

S’il apporte de la fraîcheur en été, il accentue la froidure en hiver. On ne peut quand même pas gagner à tous les coups. Le Mistral peut être particulièrement violent. Le 19 novembre 1967, il a été mesuré au sommet du Mont Ventoux avec des pointes à 320 km/h. Il faut éviter de sortir la caravane ce jour-là !

Un vent qui nettoie

Le Mistral est un vent sec qui nettoie le ciel et amène le soleil. Il rend l’air plus limpide et permet de voir loin. Voire très loin. Un vent qui dégage l’horizon et ouvre des perspectives, ne faudrait-il pas y voir un symbole ? Les provençaux seraient-ils plus lumineux et plus visionnaires ? Ca dépend, sans doute, du sens et de la force du vent…

En tout cas, il est, aujourd’hui, prouvé scientifiquement que la lumière peut avoir une incidence directe sur l’état moral des personnes. « Un tueur de mélancolie », disait ce bon vieux Nietzsche. Et sans cette lumière si cristalline sublimant les couleurs nombre d’illustres peintres n’auraient pas fait le voyage et seraient restés tout simplement sur le port d’Honfleur. Donc, merci Éole et son fiston le Mistral.

Un vent qui attise

Si le Mistral peut être à bien des égards bénéfique, il a aussi son revers. Malheureusement. Il peut être un vrai fléau pour les cultures et totalement dramatique, en cas d’incendie, pour les massifs forestiers. On le soupçonne également de rendre fou. Sans doute qu’à forte
dose…

En avril 1965, il a soufflé sur Marseille pendant 23 jours d’affilé. Il y a de quoi devenir fada ! Aujourd’hui, une journée dans la circulation de la cité Phocéenne suffit. Et pour certains il provoque aussi migraines et insomnies…

Un vent très influent

Depuis toujours, il a fallu composé avec le « Maestral » (nom provençal). Les constructions traditionnelles avec leurs légères inflexions vers l’Est, dans leur orientation Nord Sud, permettaient de réduire les effets du vent. Dans les zones très exposées les arbres peinent à s’y développer. Ainsi, dans la plaine de Cavaillon et de la Durance on a planté quantités de haies de cyprès pour protéger les cultures maraichères et arboricoles. Et ça marche.

Des cyprès au nord pour se protéger du vent, des platanes au sud pour se protéger du soleil, le bon sens de ceux qui nous ont précédé pourrait, en ces temps, nous inspirer d’avantage… Lumineux disions-nous ?

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.

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