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Les bistrots, le premier réseau social en danger

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Partie intégrante de l’identité française les bistrots appartiennent à notre patrimoine. En 1960, La France en comptait 200 000, aujourd’hui n’en subsistent que 34 000. Chaque année, c’est 700 établissements qui mettent la clé sous la porte, essentiellement dans les zones rurales. Heureusement quelques irréductibles gaulois refusent la fatalité et se battent pour le maintien d’une vie sociale dans nos villages.

Dans les communes rurales (comprenez moins de 2 000 habitants), les bistrots sont souvent les derniers commerces et lieux de socialisation. Ils remplissent des missions qu’on imagine pas au premier abord. Ils sont tout à la fois des maisons des jeunes et des maisons de retraite, des salles de jeux et des deuxièmes bureaux, des lieux de débats politique, des cabinets de psychothérapie, des sièges d’associations sportives et d’amicales en tous genres, des salles des fêtes occasionnelles, de redoutables agences de presse informant sur la vie locale mais aussi parfois des tribunaux populaires ne faisant pas toujours dans la dentelle.

Si on peut y éponger sa soif ou se restaurer, on peut également souvent y faire quelques courses, y poster son courrier, y retirer un colis, voire y acheter du gaz ou de l’essence… (quand il y en a). Certains sont aussi des cafés brocantes, des cafés culturels voire littéraires… On l’aura compris les bistrots sont bien plus que de simples débits de boisson.

Le premier réseau social de proximité
Les bistrots étaient autrefois pour les ouvriers un lieu de passage presque obligatoire après la journée de travail, et parfois avant aussi. Ils restent des espaces de rencontres et d’échanges pas vraiment virtuels. Le parler vrai est la langue du bistrot, et le sans filtre son genre.
Si vous voulez savoir ce que pensent « les vrais gens » allez trainer dans les bistrots et mettez-vous en mode écoute. Le bon sens y règne en maître. L’humour y est souvent caustique. Et si vous êtes seul, vous trouverez toujours quelqu’un pour engager la conversation et si le courant passe il vous offrira certainement un verre. C’est bien mieux qu’un like !

Des régions résistent plutôt bien à cette déforestation
Face à la mode du « je fais tout à la maison » : travail, cinéma, concert, restaurant, courses, rencontres, discussions, on a plus que jamais besoin de lieux comme les bistrots. Plus le numérique se développera plus ils deviendront essentiels. « Remettre l’humain au centre » est aujourd’hui passé de nécessité à priorité.
Des régions résistent plutôt bien à cette déforestation, c’est le cas de la Provence. Le tourisme n’y est peut-être pas totalement étranger.
Crée en 1993, le Label « Bistrots de pays » ne cesse d’accueillir de nouveaux établissements : 20 en 2022, dont 2 dans le Vaucluse. Ce qui en porte le nombre à 10 pour le département. Belle perf !

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Ces bistrots de pays bénéficient d’une mobilisation générale où associations, collectivités publiques, réseaux d’élus leur apportent leurs soutiens. Un livre blanc* a été récemment publié il fait de nombreuses propositions dont un classement des bistrots français au patrimoine mondial de l’UNESCO. Franchement, les bourguignons ont bien réussi à classer leur climat, nos bistrots le méritent autant, sinon plus ! Il va de l’avenir de l’espèce, celle de l’homo sociabilis !

*Les cafés, une chance pour nos territoires. France Boissons 2017

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.

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