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Au palais des papes, Sébastiao Salgado ouvre le débat sur l’avenir de la forêt amazonienne

Chaman Yanomami en rituel avant la montée vers le Pico da Neblina, État d’Amazonas, Brésil, 2014 © Sebastião Salgado

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On ne sort pas indemne d’une telle exposition.Il y a bien sûr la solennité de la Grande Chapelle du Palais des Papes, la célébrité du photographe, l’actualité du sujet, la beauté des photographies.

Il y a surtout la rencontre avec un artiste vivant qui a quelque chose à dire et à défendre au delà de la qualité de son travail. Si l’engagement était une couleur il aurait la couleur verte comme l’est l’Amazonie, magnifiquement saisi en noir et blanc par Salgado, comme à son habitude. Une exposition salutaire qui allie esthétisme et politique, artiste et citoyen engagé.

Le photographe franco-brésilien Sébastiao Sagaldo a sillonné l’Amazonie brésilienne par la terre, l’eau et l’air pendant 7 ans au cours de 48 voyages
Il fallait bien ce temps pour saisir ce territoire qui a une superficie dix fois supérieure à celle de la France et dont 60% se trouve sur le sol brésilien.Il s’agissait de montrer l’incroyable diversité naturelle de la forêt et le mode de vie des peuples qui la composent. Il a pu travailler avec 12 tribus différents – il y en a en tout 192. Les plus grands massifs du Brésil sont en Amazonie, les rivières aériennes sont des phénomènes extraordinaires, les fleuves majestueux. Tout est grandiose et pourtant tout est fragile.

Le photographe Sebastião Salgado. © Renato Amoroso

Un écosystème menacé par l’avidité de l’homme
Dans les zones protégées où vivent les communautés indigènes la forêt n’a subi presqu’ aucun dommage.Ailleurs l’élevage bovin et la culture du soja gagnent du terrain sur la forêt, des routes sont construites pour faciliter le commerce des entreprises forestières et des orpailleurs. Quand on brûle la forêt tout le carbone est immédiatement libéré dans l’atmosphère.

Il n’y a pas des arbres parce qu’il pleut, il pleut parce qu’il y a des arbres
L humidité qui sort de l’Amazonie est primordiale pour la planète. C’est le seul endroit au monde où le système d’humidité de l’air ne dépend pas de l’évaporation des océans: chaque arbre dispense jusqu’à 1000 litres d’eau par jour dans l’atmosphère et crée ainsi des rivières volantes, phénomène étonnamment capté par l’oeil du photographe.
Avec ces quelques exemples, Sebastiao Salgado lance un cri d’alerte qui nous concerne tous et la force de ses photos achève de nous convaincre de notre part de responsabilité même à l’autre bout du monde.

Une exposition imaginée et conçue par Lélia Wanick Salgado
Avec plus de 400 photos, l’exposition se veut une immersion dans la forêt amazonienne.Dans les méandres de ce parcours, on croise de magnifiques portraits d’indigènes en habits d’apparats, seuls ou en tribu,dans la vie quotidienne ou lors de rituels de fêtes.
La musique de Jean Michel Jarre composée de voix, instruments et sons indiens collectés dans la nature est le fil conducteur de cette déambulation sensible et esthétique. La musique brésilienne est mise à l’honneur dans deux salles de projections avec les compositeurs Heitor Villa-Lobos et Rodolfo Streter.

Indienne Yawanawá, État d’Acre, Brésil, 2016. © Sebastião Salgado

Reconstruire une partie de ce que nous détruisons
On ne peut s’empêcher de penser à Jean Giono et à sa fable écologiste et humaniste «  L’homme qui plantait des arbres » quand on découvre en fin d’exposition le projet un peu fou du couple Salgado.
En 1953, le berger de Giono, Elzéard Bouffier, plante des glands patiemment, sans jamais perdre l’espoir de voir une forêt grandir : un seul homme avec de simples moyens peut réaliser de grandes choses.
En 1998, Sébastiao et Lélia Sagaldo créent l’Instituto Terra et rêvent de reboiser une zone de plus de 700 hectares où se situe la ferme familiale. Nous découvrons, preuve photographique à l’appui le succès de ce reboisement de plus de 2 millions d’arbres. La nature a repris ses droits petit à petit : oiseaux, mammifères, reptiles etc…sont revenus dans leur habitat naturel.

Exposition Amazônia du 27 Juin au 30 Novembre 2022. 10h à 19h.5 et 8€. Palais des Papes Visites guidées de l’exposition tous les samedis et dimanches à 15h. officetourisme@avignon-tourisme.com 04 32 74 32 74. www.avignon-tourisme.com

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