Le 6 décembre, l’APCC 6570 a remis en circulation sa locomotive mythique, la CC 6570, pour un aller-retour exceptionnel Avignon–Lyon à l’occasion de la Fête des Lumières. Un voyage patrimonial rare, où le charme du rail a rivalisé avec l’éclat des installations lyonnaises, révélant combien le train reste un mode de déplacement singulier, immersif et émouvant.
Il est des voyages qui commencent avant même le départ, celui du Train des Lumières en fait partie. Sur le quai d’Avignon-Centre, la silhouette élégante de la CC 6570, machine emblématique construite en 1975 et restaurée pièce après pièce par l’APCC, réactive instantanément l’imaginaire ferroviaire. Longtemps associée aux grandes heures du réseau français -du Mistral au Train Bleu- elle n’avait pas remorqué de voyageurs depuis 2022. La revoir ainsi, rutilante et parfaitement opérationnelle, relevait presque de la magie.
Un train historique pour un lumineux rendez-vous
Remise en service après un long travail d’expertise, de nettoyage et de contrôle, la locomotive a retrouvé, ce 6 décembre 2025, toute sa puissance et sa prestance, saluée par des photographes passionnés qui jalonnaient le parcours jusqu’à Lyon.

Copyright Pierre, APCC6570
L’art du voyage lent
Parti à 11h25, le train emportait 400 voyageurs dans des voitures Corail au confort intemporel. Le voyage devenait un moment suspendu : le paysage de la vallée du Rhône défilait à bonne cadence, les ombres hivernales sculptaient les reliefs, et le roulis régulier du train créait cette douceur de déplacement que les voyageurs d’aujourd’hui redécouvrent comme un luxe, celui du temps retrouvé. À 14h15, la rame entrait en gare de Lyon-Perrache sous les objectifs photographiques des passionnés venus immortaliser son arrivée. Aucun embouteillage, aucune recherche de stationnement : le train déposait ses voyageurs directement au cœur de la Presqu’île, là où allait commencer une magnifique journée.
La Fête des Lumières, joyau hivernal
Classée parmi les festivals lumineux les plus renommés d’Europe, la Fête des Lumières transforme chaque décembre, à Lyon, en un théâtre nocturne, où artistes, designers et créateurs investissent façades, places et traboules. De Fourvière à Bellecour, les installations poétiques et interactives attirent chaque année autour de deux millions de visiteurs et font rayonner la ville à l’international. Pour les voyageurs du Train des Lumières, la soirée s’écoulait librement : flâneries, dégustation dans les bouchons, ateliers lumineux, scénographies monumentales… Lyon offrait une partition complète, vibrante et accessible.
Un retour nocturne, presque cinématographique
À 23h45, lorsque la ville commençait à s’assoupir, le train reprenait la route ferroviaire vers Avignon. Dans le silence de la nuit et le froid hivernal, la mécanique des locomotives, la CC 6570 et la BB 25639 en double traction, devenait le fil conducteur d’un retour bucolique, baigné de changeant paysages. À 2h17, le convoi glissait en gare d’Avignon, toujours à l’heure, refermant une parenthèse enchantée.

Un patrimoine vivant, rendu possible par des bénévoles
Au-delà du voyage, le succès tient à l’engagement remarquable des bénévoles de l’APCC 6570, dont l’organisation aurait presque rivalisé avec celle d’une grande compagnie : Préparation minutieuse de la rame ; Service à bord et convivialité saluée par les voyageurs ; Animations ; Tombola ; Commentaires paysagers ; Gestion technique pointue assurée par des conducteurs et agents formés ; coordination avec d’autres associations patrimoniales telles que l’APMFS (association pour la préservation du matériel ferroviaire savoyard) et la CC6530 (Sauvegarde de la CC6530).
La magie du rail
Le patrimoine ferroviaire n’est pas un musée, mais une aventure collective, animée par des passionnés capables de remettre en mouvement des machines de cinquante ans pour les offrir au public. En reliant Avignon à Lyon pour la Fête des Lumières, la CC 6570 a ravivé l’envie du voyage en train. Dans un monde hyper-actif, le train patrimonial rappelle que le voyage peut être un plaisir en soi, un moment partagé, une traversée poétique du paysage. Et il suffira d’un prochain départ pour que tous ceux qui l’ont vécu, et ceux qui l’ont manqué, aient envie, à nouveau, de monter à bord.
Mireille Hurlin



