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Chorégies d’Orange, courrez voir les lumières de la ville, génie et sobriété de Charlie Chaplin magnifié par la musique

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Courrez voir ce chef d’œuvre aux Chorégies d’Orange, au Théâtre antique d’Orange. Les lumières de la ville est un Ciné-concert. Il sera projeté et la musique jouée samedi 30 juillet à 21h30. Le Titre original est City lights. La musique sera interprétée par l’Orchestre national Avignon-Provence sous la direction musicale de Débora Waldman. On a hâte ! Réservation ici.

Charlie Chaplin commença le projet –l’écriture s’étendit sur un an- Les Lumières de la ville en 1928 alors que les métropoles naissent fourmillant d’humains qui ne se regardent pas, se parlent à peine et alors que les fluctuations de la bourse de Wall street s’emballent car nous sommes à quelques mois du crack boursier de 1929… La réalisation du film prendra 21 mois pour être finalisée en septembre 1930. Voici pour situer le chef d’œuvre que vous vous apprêtez à voir.

Et naissent les films parlants
C’est alors que sort sur les écrans le 1er film parlant : ‘Al Jolson the jazz singer’. Le cinéma sonore vient de naître portant un coup d’arrêt aux films muets. Charlie Chaplin décide de rester dans le cinéma muet mais d’y ajouter une bande musicale ainsi que des bruitages, qu’il composera lui-même. Pour la petite histoire ? Il apprendra à jouer tout seul, dès l’enfance, du piano, du violon et du violoncelle sans jamais savoir déchiffrer une partition. Le film les lumières de la ville est projeté le  30 janvier 1931 et rencontre un immense succès dès sa sortie.

Ce qu’on aime chez Chaplin ?
Son élégance anglaise. Un gentleman clochard qui dénonce la pauvreté, un certain système capitaliste qui met au banc de la société les plus pauvres. Il en sait quelque chose lui qui vécut dans la plus âpre pauvreté dès sa naissance. Tout en lui enchante : ses mimiques –apprises par sa mère qui imitait les passants à sa fenêtre, ses haussements d’épaules, l’articulation d’un corps entrainé au mime et à la gymnastique, sa fausse candeur, ses histoires d’amour car la plupart de ses films commence par une bluette et de charmants quiproquos.

L’histoire commence ainsi
Ici le vagabond qui, par concours de circonstance sort d’une magnifique berline dont il fait claquer la porte, s’éprend d’une petite vendeuse de fleur aveugle. Elle entend le claquement feutré de la berline et croit être courtisée par un riche homme du monde… Le vagabond va alors tout faire pour trouver l’argent de l’opération qui pourra lui faire recouvrer la vue. Pour cela il devra même se confronter à un match de boxe. Moment d’anthologie ! Enfin, la scène finale qui est un bijou de délicatesse se raccorde aux premiers instants du film dans une poésie aboutie.

Ce qui est incroyable ?
La jeune actrice de 20 ans Virginia Cherrill, à la silhouette gracile et aux immenses yeux bleus joue à la perfection –c’était son premier rôle- et subira pourtant les foudres d’un Charlie Chaplin qui ne la trouvait que très peu intéressante et peu investie dans l’interprétation de son rôle. Pourtant, si ces coulisses ue tournage n’avaient pas été dévoilées –Charlot a même voulu remplacer la comédienne- aucun agacement ne laisse entrevoir leur peu d’inclination l’un pour l’autre et le film n’en n’est que plus merveilleux.

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Un des messages de Chaplin qui m’a particulièrement impressionnée ?
Alors que le film devient sonore et réclame des dialogues, Charlie Chaplin continue de faire jouer des trompettes à la place des paroles. C’est amusant comme un retour à l’enfance et souligne le parti pris d’un acteur habitué à ce que le langage du corps, par nature, devait tout exprimer. Quant à Virginia Cherrill ? Elle épousa d’abord Cary Grant puis déménagea en Angleterre où elle s’éprit d’un aristocrate britannique, un comte, avant de partager la vie d’un pilote d’avion pendant la guerre. Elle sera finalement au générique de 15 films entre 1928 et 1936.

Quant à Charlie ?
L’immense acteur, comédien, metteur-en-scène aura réalisé 82 films dont les cinq derniers sont parlants. Le film ‘La course au voleur’, réalisé en 1914 que l’on croyait perdu à jamais sera même retrouvé chez un antiquaire du Michigan.

Ce qu’on retiendra ?
Charlie Chaplin parle de lui dans tous ses films et ouvre le regard du spectateur sur la vie des plus démunis : ‘La ruée vers l’or’ est inspirée par la tragique expédition Donner et a pour thème l’avarice ; ‘Le Dictateur’ dénonce la folie d’ Hitler et de Mussolini : ‘Les temps modernes’ la dure condition de vie ouvrière ; ‘Un roi à New-York’ dénonce le maccarthisme et le traumatisme de l’expulsion de Charlie Chaplin des États-Unis ; ‘Le Kid’ révèle l’enfance dans le dénuement de l’artiste et son passage dans des institutions pour enfants indigents alors que sa mère est en proie à des troubles mentaux, la pauvreté et la séparation rythmant ce long métrage.

La patte extraordinaire de cet ancien gamin des rues ?
Un homme intelligent et subtil vivant dans un monde hostile, fréquemment maltraité, au génie libérateur qui continue, toujours optimiste, son chemin en gentleman. Une magnifique leçon de vie et un destin hors du commun pour ce travailleur acharné et artiste talentueux qui s’offrit la valeur que l’ont nia à ses parents. Un magnifique retournement de situation. Quant à l’ancien enfant indigent ? Il devint riche et célèbre… N’en déplaise à ses détracteurs qui furent aussi nombreux que leurs actions médiocres.

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Les infos pratiques
Les lumières de la Ville. Ciné-Concert. Chorégies d’Orange. samedi 30 juillet. 21h30. Théâtre antique. Réservation ici.

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