Dévoilée dès avril dans la salle archicomble de la FabricA, lieu permanent du Festival d’Avignon, la programmation de la 79e édition du Festival est prometteuse.
Pendant ces 22 jours de festival, 40 lieux sont investis, 16 communes reçoivent le traditionnel spectacle en itinérance, 42 spectacles seront programmés dont 32 créations pour 300 représentations et plus de 121 000 places en vente. Alors que des coupes sombres sont annoncées un peu partout en France pour la culture et que le monde connaît des bouleversements politiques et écologiques, Ghislain Gauthier de la CGT Spectacle a eu la parole pour défendre « avec force la nécessité d’un service public du spectacle vivant. La situation est explosive et nous voulons alerter sur les risques de désengagement des collectivités dans un contexte de montée de l’extrême droite. » Malgré tout, Avignon va redevenir une fois de plus une ville miroir du monde, capitale du spectacle vivant où la fête a toute sa place.
En 2024, le directeur Tiago Rodrigues cherchait les mots, en 2025 il les trouve en empruntant pour devise de cette 79e édition, « Je suis toi dans les mots » du poète palestinien Mahmoud Darwich
On retiendra pour cette édition le choix de la langue arabe invitée qui représente 30% des spectacles programmés, l’importance de la danse et de la musique même si le théâtre représente encore 42% de la programmation, la constellation de spectacles choisis avec l’artiste complice Marlene Montero-Freitas (‘ReEncanto’, ‘Coin Operated’ ou ‘Soma’), la soirée unique en hommage à Gisèle Pelicot, l’immersion dans un salon afghan ‘Inside Kaboul’, la dernière création de Tiago Rodrigues ‘La Distance’ et le retour d’oeuvres monumentales et d’artistes familiers.
La langue arabe invitée
Après l’anglais en 2023 et l’espagnol en 2024, la langue arabe est la langue invitée avec des créateurs venus de Tunisie, de Syrie, de Palestine, du Maroc du Liban, d’Irak… La chorégraphe marocaine Bouchra Ouizguen invitera des danseurs amateurs sur la place du Palais en ouverture de festival, le chorégraphe libanais Ali Chahrour nous propose le récit de trois femmes résistantes ‘When I saw the sea’ tandis que le danseur belgo-tunisien Mohamed Toukabri façonne un solo poétique et militant. La poésie arabe dans tous ses états sera consacrée lors d’une soirée unique, ‘Nour’. L’artiste franco-irakienne Tamara Al Saadi réécrit Antigone avec ‘Taire’. La série 1 de ‘Vive le Sujet’ nous permettra de rencontrer les interrogations du syrien Wael Kadour face au droit à la création.
Une affiche qui fait l’unanimité
Claire, apaisante, bleu turquoise ou bleu nuit, crépusculaire ou lumineuse, elle séduit, invite à la poésie, au voyage et rassemble. En accord avec la langue invitée, les arabesques calligraphiques de la langue arabe se déclinent sur l’affiche mais aussi sur le programme en aplats ou en dégradés, circonvolutions, traits tendres ou rageurs, taches ou pointillées.

Les artistes de retour
Clara Hédouin nous propose sa nouvelle déambulation inspirée par le ‘Prélude de Pan’ de Jean Giono, Gwenaël Morin continue son projet ‘Démonter les remparts pour finir le pont’ avec les ateliers théâtre d’Avignon, le danseur de flamenco Israel Galvan explore un dialogue intime avec l’artiste Mohamed El Khatib, trublion du théâtre documentaire. Le metteur en scène Christoph Marthaler revient avec sa dernière création ‘Le Sommet’ qui promet des situations irrésistibles, Frédéric Fisbach adapte ‘Petit Pays’ de Gaël Faye, et dix ans après Richard III, Thomas Ostermeier explore les mensonges dans ‘Le Canard sauvage’ d’Henrik Ibsen. C’est dans les Carrières de Boulbon que nous retrouvons Anne Teresa de Keersmaeker qui se propose de danser Jacques Brel avec le chorégraphe Solal Mariotte.


Le spectacle itinérant
Le metteur en scène suisse Milo Rau présentera la pièce ‘La lettre’ en itinérance du 8 au 26 juillet à Barbentane, Rochefort-du-Gard, Courthézon, Caumont-sur-Durance, Pujaut ou Vacqueyras. Ce spectacle pour deux actrices se veut un manifeste du théâtre populaire d’aujourd’hui .
‘Le soulier de satin’ mis en scène par Eric Ruf
Choisi bien avant sa consécration récente aux Molières 2025 — Molière du Théâtre public, de la mise en scène , de la comédienne dans un spectacle de théâtre public (Marina Hands) et du comédien dans un second rôle (Laurent Stocker) — c’est le retour dans la Cour d’honneur 40 ans après Antoine Vitez du ‘Soulier de Satin’ qui sera interprété par la troupe de la Comédie Française.

Le chef d’oeuvre de la littérature arabe en ouverture à la Cour d’honneur
La chorégraphe cap-verdienne et artiste complice Marlene Monteiro Freitas présente ‘Nôt’, inspirée des Mille et une Nuits. Cette artiste protéiforme se propose de repousser le lever du jour en réinventant à l’infini ce conte de la nuit.
Deux concerts uniques dans la Cour d’Honneur
Outre la danse avec ‘Nôt’ et le théâtre avec ‘Le soulier de Satin’ la Cour d’honneur vibrera de sons plutôt féminin, avec la chanteuse cap-verdienne Mayra Andrade dans ‘ReEncanto’ le 12 juillet tandis que 7 artistes — dont Souad massi et Camella Jordana — célèbreront le 14 juillet les 50 ans de la disparition de l’icône égyptienne Oum Kalthoum.
La soirée de clôture sera à la FabricA
Après la Cour d’honneur, puis l’Opéra en 2024, c’est au tour de la FabricA de recevoir la soirée festive qui célébrera la fin de la 79e édition. On n’attendra pas minuit comme en 2024 : dès 22h, les portes de la FabricA seront ouvertes pour un grand concert avec le portuguais Branko aux platines.
Nous serons ensemble pour…..
Ensemble avec le Festival Off pour des dates enfin communes mais Ensemble aussi dans la curiosité de Terre de cultures 2025, le souffle des Scènes d’Avignon, l’exposition permanente ‘Les clefs du festival’ à la Maison Jean Vilar, dans les territoires cinématographiques du Cinéma Utopia , dans les bibliothèques d’Avignon, dans les lieux mythiques que sont la Cour d’Honneur, la Carrière de Boulbon, le Tinel de La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon ou les Jardins de la Maison Jean Vilar. Ensemble, c’est aussi se mélanger entre les habitués et les ‘Premières fois’ que ce soit au Mahabharata, bar du Festival, ou aux Rencontres et Café des Idées du Cloître Saint-Louis. « Soyons l’Autre dans les mots, car c’est la plus belle façon d’être pleinement nous-mêmes. Ensemble ! », a conclu Tiago Rodrigues en trois langues en fin d’éditorial et par l’anaphore plusieurs fois répétée « Nous serons ensemble pour…. » lors de cette présentation publique de la 79e édition.
Vous avez dit accessibilité ?
Il y aura davantage de trains régionaux. Pendant toute la durée du festival, les horaires au départ de la gare d’Avignon centre seront étendus jusqu’à 23h30 pour rentrer en train à Orange, Cavaillon et Arles et pour rentrer en bus à Carpentras.
Infos pratiques :
Carte Festival. 25€. Demandeur d’emploi. 1€. Professionnel du spectacle vivant. 25€.
Carte 3 Clés. 1€. réservée au moins de 25 ans. Ou étudiant. Bénéficiaire des minima sociaux.
Billetterie ouverte depuis le 5 avril sur Internet : festival-avignon.com et fnacspectacles.com
À partir du 21juin au guichet du mardi au samedi de 10h à 14h et de 16h à 19h. Par téléphone 04 90 14 14 14, du mercredi au samedi de 10h à 19h.
Festival d’Avignon. Cloître Saint-Louis. 20 Rue du Portail Boquier. Avignon.