16 mai 2024 | Festival d’Avignon 2024 : Tiago Rodrigues a su trouver les mots pour (nous) le dire

Ecrit par Michèle Périn le 8 avril 2024

Festival d’Avignon 2024 : Tiago Rodrigues a su trouver les mots pour (nous) le dire

La salle de la FabricA était comme à l’accoutumé comble, le public avignonnais impatient de découvrir la programmation de la 78ème édition du Festival d’Avignon dévoilée par son directeur Tiago Rodrigues, festival qui aurait pu être sacrifié pour cause de Jeux Olympiques mais qui finalement aura lieu avec une semaine d’avance, du 29 juin au 21 juillet soit 2 jours de plus qu’en 2023

Tiago Rodrigues ne nous a pas surpris en commençant encore son allocution par: » Bonjour je m’appelle Tiago Rodrigues et je travaille au Festival d’Avignon » une manière pour lui de rappeler qu’il est Un parmi les 750 salariés employés en Juillet mais que le Festival se travaille toute l’année car il faut du temps et des moyens humains pour préparer une fête, la fête de l’Art vivant.



Pourquoi faire cette fête au milieu du chaos du monde ?
Pourquoi faire encore et encore ce festival depuis 1947, geste fondateur de Jean Vilar ?
La réponse est dans le titre de l’éditorial du programme «  Chercher les mots » , il est tout simplement emprunté à la réponse d’une spectatrice venant pour la première fois au Festival d’ Avignon et à qui on demandait de définir cette expérience. L’équipe de Tiago Rodrigues s’est emparée de cette réponse «je cherche les mots » pour affirmer le soutien aux artistes « qui cherchent les mots, les sons, les gestes et les images pour dire et habiter le monde ». Pourquoi ce festival ? pour chercher ensemble les mots pour parler « d’un monde menacé par la guerre, les inégalités, les extrémismes et l’urgence climatique »

Un festival de promesses et de créations
Plus de jours et moins d ‘oeuvres présentées marquent une évolution du modèle : il s’agit de soutenir et d’accompagner les artistes en production, d’offrir plus de représentations donc plus de jauge. La moyenne des places par spectacle était de 2800 en 2023, elle sera de 3500 en 2024.

Le festival c’est :
23 jours
21 lieux dans Avignon
15 communes
37 projets artistiques dont 35 spectacles et 2 expositions
Plus de 300 rencontres : cinéma ; débat, expositions, lecture, concerts, formation
219 représentations
121 500 places en vente
83% de créations avec plus de la moitié en première mondiale
La parité absolue entre artistes
70% produit ou co-produit avec le Festival d’Avignon
51% théâtre, 49% de danse, cirque , musique
et une affiche d’ocre et de lumière qui invite à la découverte sous la chaleur du Sud.

L’artiste complice, le chorégraphe Boris Charmatz sera présent tout au long de cette édition
Il présentera 3 projets : une restitution d’ateliers «  Cercles » avec le défi de faire danser en cercle , amateurs ou professionnels, sur l’herbe du Stade Bagatelle de l’Ile de la Barthelasse à Avignon. Dans ce même lieu il proposera également «  Liberté Cathédrale » dansée et chantée par le Tanztheater Wuppertal Pinau Baush ( dont il est le directeur depuis 2022) et les danseurs de Terrain. Il sera également à La FabricA avec Forever d’après la pièce emblématique Café Muller de Pinau Baush. La pièce à l’origine dure 40min , elle est ici proposée dans une version de 7h vue comme une répétition jouée en boucle sur du Purcell afin de créer un autre rapport au temps et à l’espace. Boris Charmatz ajoute malicieusement que le temps nécessaire à cette immersion serait idéalement de 2h pour le spectateur…avant qu’il ne parte…s’il le souhaite.

Portrait de Boris Charmatz © César Vayssié

La Cour d’honneur accueillera 3 spectacles
L’ouverture de la 78e édition à la Cour d’honneur est confiée à la performeuse espagnole Angélica Liddell qui s’inspire dans «  Dämon, el funeral de Bergman » des funérailles du cinéaste Bergman.La metteuse en scène polonaise Marta Gornicka nous avait proposé en 2023 , dans la cour du musée Calvet, une lecture annonciatrice de son Mothers, A Song for a Wartime qui réunira un choeur de femmes d’Ukraine, de Pologne et de Biellorussie pour raconter la guerre. Le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski est également très attendu avec sa création « Elisabeth Costello, Septs leçons et cinq contes moraux » qui installera un débat théâtral sur des questions inconfortables.

Portrait de Marta Górnicka © Esra Rotthoff

La Carrière de Boulbon recevra La Comédie Française dans «  Hécube, pas hécube » écrit et mis en scène par Tiago Rodrigues
Tiago Rodrigues s’empare du texte d’Euripide pour offrir à la troupe de la Comédie Française une adaptation moderne de cette tragédie : l’histoire d’Hécube vient percuter la vie personnelle de la comédienne qui l’incarne : Elsa Lepoivre.

La langue espagnole est la langue invitée
« Choisir une langue et non pas un pays permet de connecter le monde et non pas de le diviser par des frontières. »On voyagera donc en Argentine avec « Une ombre vorace » de Mariano Pensotti qui est le spectacle itinérant du Festival dans plus de 12 communes. L’argentin Tiziano Cruz interrogera le colonialisme et le triomphe du néo-libéralisme. Gabriel Calderon nous soumettra une variation singulière de Richard III ( Historia senglar..), la péruvienne Chela de Ferrari met en scène des mal-voyants d’après la Mouette de Tchekhov, le metteur en scène chilien Malicho Vaca Valenzuela nous propose une cartographie intime de Santiago. Il y aura aussi de la danse avec La Ribot qui évoquera Jeanne 1ère de Castille, du chant avec Silvia Pérez Cruz et du cirque avec “Qui som ?”de Baro d’evel.

Des retrouvailles , des découvertes et des inattendus
Retrouvaille avec le metteur en scène Gwenael Morin qui pendant 4 ans propose une création autour de la langue invitée. En 2024 il s’attaque à Cervantes avec un Quichotte qu’il va jouer pratiquement tous les jours en nocturne dans les jardins de la Maison Jean Vilar.
Retrouvaille avec Caroline Guiela Nguyen qui retrouve après Saïgon (2017) le plateau du gymnase Aubanel pour Lacrima : secrets et savoir-faire autour de la confection d’une robe de mariée. L’actuelle directrice de la Comédie de Gebève est également très attendue avec Absalon, Absalon d’après William Faulkner, une première mondiale aux promesses électrisantes autour de la guerre de Sécession.“La Vie secrète des vieux”de Mohamed El Khatib sera présenté à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon.

La soirée unique de clôture de cette 78ième édition sera cette année à l’Opéra Grand Avignon
C’est la chanteuse espagnole Silvia Pérez Cruz qui aura l’honneur de distiller à 23h59 les premières notes de son récital Toda la vida, un dia. Cette soirée est en partenariat avec Les Sud à Arles.Programme complet notamment pour les Territoires cinématographiques d’Utopia, les Fictions de France Culture, les expositions, les lectures, les débats etc….sur le site du Festival.

Portrait de Sílvia Pérez Cruz © Alex Rademakers

Une politique tarifaire attractive : on peut multiplier les commandes et conserver le tarif réduit tout au long du festival grâce à la carte festival ou la carte 3 clés. Après avoir acheté la carte lors de la 1ère commande, si on ne trouve pas de billets pour certains spectacles,on peut revenir régulièrement sur le site, et bénéficier du tarif réduit au fur et à mesure des achats .

Infos pratiques :
Carte Festival.
25€. Demandeur d’emploi. 1€. Professionnel du spectacle vivant. 20€.
Carte 3 Clés. 1€. réservée au moins de 25 ans. Ou étudiant. Bénéficiaire des minima sociaux.
Billetterie ouverte depuis le 6 avril
Site Internet : festival-avignon.com
Prévente chez Fnac Avignon-République et Le Pontet de 13h à 18h (adhérents uniquement) Site fnacspectacles.com
À partir du 22 mai par téléphone 04 90 14 14 14, du mercredi au samedi de 13h à 19h
Festival d’Avignon.Cloître Saint-Louis, 20 rue du Portail Boquier, Avignon.04 90 27 66 50.

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