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Festival off d’Avignon, remettre de l’ordre dans le chaos, suite

André Morel, l’auteur et comédien avignonnais

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André Morel, l’auteur et comédien avignonnais a décidé de réagir aux propos donnés dans le communiqué de Julien Gélas. Réponse en forme de clin d’œil à Maurice Clavel* quittant le plateau de l’émission «À armes égales» suite à la censure de son film, «Le soulèvement de la vie».

 

Messieurs les censeurs bonsoir,

«J’étais dans mon jardin voltairien où je respirais à loisir mauvaises graines et herbes indomptables quand j’ai découvert le communiqué de Julien Gélas, le co-directeur du Théâtre du Chêne noir. »

Que dire ?

«Que dire, moi qui en suis resté à l’Ancien Testament, qui connaît le Père, mais non le Fils signataire de la requête, sur l’Esprit de cette Réforme du Festival Off d’Avignon, sur cette occasion ‘de changer en profondeur les choses, de retrouver des règles qui (lui) redonneront de la grandeur et de l’esprit ?»

Démesure commerciale

«Que la dérive commerciale de cette manifestation ait pris des proportions démesurées,  qui le nierait ? Comme on peut regretter la course aux comédiens connus – quel que soit leur talent – pour remplir les salles durant l’été. Nous sommes dans un monde de libéralisme économique et la loi du plus fort et du plus riche prime sur tout : ce que je déplore.»

Alors, que faire ?

«En appeler au temps jadis et aux idéaux altruistes et engagés de Jean Vilar pour retrouver morale et valeur éducative ? Un truisme. Mais un truisme de vœux pieux sauf à croire métamorphoser l’entière société.»

Réformer le maelstrom du Off ?

« Pourquoi pas ? Mais qui le fera et de quel droit ? La puissance publique ? On criera à la censure politique. Ceux qui peuvent se targuer du droit d’ancienneté sur le sol, comme d’un droit d’aînesse ou de cuissage féodal, en quelque sorte ? On criera aux privilèges.

Une assemblée constituante ? Mais relevant de quelle légitimité et se basant sur quels critères de sélection ? On criera à sa partialité.»

Quant aux spectateurs…

«Quant aux spectateurs qui seraient les premières victimes, de ‘l’idéal mercantile planétaire d’une société qui privilégie la quantité à la qualité, le divertissement à l’approfondissement’, laissons-leur le libre arbitre d’adultes responsables. Ils sauront toujours séparer ‘leur’ bon grain de l’ivraie. »

André Morel

 

*Maurice Clavel était présent lors du premier festival avec sa pièce La terrasse de Midi mise en scène par Jean Vilar.

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