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Opéra Grand Avignon, Comment Romain Leleu a conquis le public

Romain Leleu Copyright T Baltes

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Claironnante ou mélancolique, dialoguant avec les cordes ou murmurant en sourdine la trompette de Romain Leleu a conquis le public de l’Opéra Grand Avignon, le 27 octobre dernier, avec un répertoire résolument nocturne. Programmé entre Les Nuits d’été et Au Crépuscule, le concert du sextet du trompettiste Romain Leleu ne pouvait qu’invoquer la nuit et ses fantômes mais également la magie souhaitée dans la programmation de l’ Opéra Grand Avignon pour cette nouvelle saison.

Le propos de ce concert était précisé dans le programme : « Devrions nous nous priver du plaisir de jouer tout un pan du répertoire de l’histoire de la musique uniquement car, à l’origine , il n’a pas été écrit pour la trompette ? » On peut ajouter que Romain Leleu a choisi de nous présenter un répertoire à l’origine principalement chanté où sa trompette va remplacer la voix et s’immiscer dans des duos de renom.

Le ton est donné dès le premier morceau avec sa trompette plus qu’aérienne qui a allègrement gravi les deux octaves mythiques incarnés auparavant par Wilma Lipp ou Natalie Dessay, dans «La reine de la nuit» extrait de La flûte enchantée de Mozart. La nuit devient ensuite plus sereine, faite de rêves avec Franz Schubert et son «Nacht und Traüme». Les suites de Rimsky-Korsakov nous entraînent ensuite dans les Mille et une Nuits sans fin de Shéhérazade où la trompette remplace audacieusement la harpe originelle.

Pour la Nocturne pour cordes opus 40 de Dvorak, la trompette s’éclipse naturellement pour nous révéler toute la virtuosité de ce quintet à cordes qui bat comme un seul homme sous la pulsation du contrebassiste Philippe Blard. Nul besoin ensuite de présenter la «Danse macabre de Saint-Saens». L’instrumentation originale donnait la part belle aux violons, prêts à réveiller les morts mais la trompette de Leleu réussit à s’imposer avec malice.

On passe à un genre complètement différent avec le swing raffiné de Cole Porter dans Night and Day. Mais le compositeur attitré d’Alfred Hitchkock, Bernard Herrmann, ne nous laisse aucun répit et s’invite – sans la trompette –  dans une poursuite effrénée empreinte de «Psychose».

Séquence émotion pour La Chanson d’Hélène
Quand la trompette se fait mélancolique, les yeux bleus de Romy Schneider surgissent dans la nuit et nous hantent tout au long de ce merveilleux moment des «Choses de la vie» de Philippe Sarde. Avec une transition nécessaire introduite par le violoniste Manuel Doutrelant, on passe ensuite au balcon où le duo célèbre de West Side Story est magnifié par un sextet puissant mais néanmoins romantique.

Le Jazz , musique de la nuit par excellence
Pour Autour de minuit de Thélonius Monk, devenu le standard le plus joué au monde, Romain Leleu choisit de le reprendre sans les violons en ne gardant que l’alto, contrebasse et violoncelle afin de garder l’intimité choisie en son temps aussi par Miles Davis ou John Coltrane..

La trompette reprend ses droits
Le dernier morceau prévu au programme clôt ce concert avec la trompette qui reprend ses droits dans Night in Tunisia du trompettiste Dizzy Gillespie et le premier rappel propose les sortilèges du «Roi des Aulnes» de Schubert car la nuit n’est pas finit et le public en redemande.

Comme un clin d’œil et un défi
La magie aura le dernier mot avec un «Over the rainbow»,  magnifique. Cette chanson initialement interprétée par Julie Garland dans le Magicien d’Oz, ne peut-être qu’un clin d’oeil offert à la saison de l’Opéra Grand Avignon qui se veut magique mais aussi  un appel vers l’espoir d’un monde meilleur et plus coloré peut-être.

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