Site icon

Vedène, Andando, destin de femmes en pleine guerre civile

Copyright Jean-Louis Fernandez

Partager cet article

L’histoire ? Eté 1936, en Espagne, alors que Bernarda Alba, sévère et toute puissante matriarche décède, quel sera le destin de ses 6 filles cloîtrées, dans une Espagne gangrénée par la guerre civile, tiraillée entre tradition et modernité. L’Autre Scène de Vedène donne à voir et entendre ‘Andando’ (En avant !) une magnifique œuvre de Frederico Garcia Lorca. Elle devait être jouée à Opéra confluence en juin 2019, elle le sera finalement à Vedène mardi 7 décembre à 20h30.

Frederico Garcia Lorca, le grand artiste espagnol plutôt connu comme poète et écrivain il était aussi dramaturge, prosateur, peintre, pianiste et compositeur. Né dans la province de Grenade en 1898 il sera fusillé en Août 1936 à 38 ans à peine, emporté par la guerre d’Espagne. Sa vie et son œuvre ne pourront être évoqués qu’à la mort de Franco, en 1975. Il était proche de Luis Buñuel (réalisateur et scénariste espagnol) et de Salvador Dali (peintre, sculpteur, graveur, scénariste et écrivain catalan). Voilà pour vous donner un aperçu du grand homme.

Ce qu’on verra et entendra ?
Andando est une proposition de concert théâtral réunissant cinq comédiennes chanteuses et trois musiciens, autour de la poésie de Federico Garcia Lorca et sur la musique de Pascal Sangla. À travers ces figures féminines, toutes issues de l’œuvre de Lorca, c’est Federico lui-même qui se raconte. Textes de Federico Garcia Lorca ; Mise en scène, adaptation et traduction de Daniel San Pedro et Composition et direction musicale de Pascal Sangla. Spectacle chanté en français, arabe et espagnol.

Andando 
Pour les filles, après l’enterrement et la fête, vient le temps du départ, l’invention de vies nouvelles. Dans le village, on entend les bruits de guerre. Il faut choisir son camp. Cinq partent, une seule demeure dans cette maison bien trop grande, incapable d’imaginer sa vie autrement, autre part, et choisissant le camp des fascistes (Camélia Jordana). Une s’engage dans la résistance et prend les armes . Une autre émigre en Amérique pour travailler dans la troupe de Margarita Xirgu (ce qu’avait prévu Federico, s’il avait vécu) (Audrey Bonnet). La mystique de la famille, d’une sensualité gourmande, choisit d’entrer dans les ordres (Estelle Meyer). Une devient une grande figure intellectuelle engagée et féministe (Johanna Nizard). La dernière, amoureuse absolue, part pour chercher l’Amour, l’unique chose qui compte (Aymeline Alix). Dehors, les bruits de la guerre civile commencent à se faire entendre. Ils vont bousculer les espoirs et les rêves de cette fratrie de femmes. Il va falloir aussi choisir son camp. Résister, fuir ou collaborer.

Note d’intention
«Et si nous commencions l’histoire à la mort de Bernarda, interroge Daniel San Pedro, pour la mise-en-scène, l’adaptation et la traduction. Si tout commençait par une veillée funèbre. Leur mère morte, qu’adviendrait-il de ces filles, de ces femmes ? La porte de la maison s’ouvrirait enfin et chacune d’elle pourrait s’emparer de sa liberté. Tout deviendrait possible comme lors de ce printemps 1936. J’ai toujours eu envie de travailler sur la guerre civile. C’est un moment fondateur pour le peuple espagnol mais qui reste encore aujourd’hui l’objet de nombreux tabous, de non-dits et de secrets de famille. En m’attachant aux filles de Bernarda, je voudrais raconter des destins différents. Je voudrais m’interroger sur notre capacité à résister, à nous engager. Je me souviens ainsi du cousin de ma mère qui, aux premiers jours de la guerre, avait été dénoncé par des voisins jaloux et qui, pour échapper à la milice, avait sauté du camion qui l’emmenait devant les murs du cimetière de Zamora, pour y être fusillé, puis s’était caché pendant des semaines le long des berges. Il vécut caché chez lui, au nez de ces voisins, jusqu’à la mort de Franco.»

En savoir plus
Andando est tiré de ‘La casa de Bernada Alba’ écrite en 1936 et donné, pour la 1re fois à Buenos Aires en 1945. Une œuvre qui fait écho à la triste fin de Frederico Garcia Lorca –sans doute le plus grand poète espagnol du XXe siècle- qui un mois de juillet -qui marque le début de la guerre civile en Espagne (1936-1939)- rentrera à Grenade, malgré les avis de tous ses amis. Arrêté, juste un mois après, le 18 août 1936, il sera fusillé le lendemain à l’aube et jeté dans une fosse aux côtés d’un instituteur et de deux anarchistes.

La guerre civile
La guerre civile a fait environ 500 000 victimes sur 24 millions d’habitants. Parmi elles, 230 000 personnes (nationalistes ou républicaines) ont été exécutées. Les thèmes récurrents du dramaturge ? La liberté, l’amour, la mort, l’engagement politique et les voyages.

La Casa de Bernarda Alba
Dans un petit village Andalou, au milieu des années1930. Acte 1: À la mort de son mari, Bernarda Alba a forcé ses cinq filles (Angustias, Magdalena, Amelia, Martirio et Adela) à pleurer pendant 8 années consécutives. Au milieu de cet environnement oppressant, Adela (la plus jeune de toutes les filles) apprend qu’Angustias, la sœur aînée, va épouser Pepe el Romano, avec qui Adela a des relations secrètes. Acte 2 : La Poncia découvre la relation entre Adela et Pepe el Romano.
Acte 3 : Adela se rebelle et revendique son droit d’être l’épouse de Pepe el Romano. Bernarda lui tire dessus et dit qu’il l’a tué bien qu’il ait raté son coup. Désespérée, Adela s’enfuit et s’enferme prête à se suicider.

Grâce à eux
Textes Federico Garcia Lorca ; Mise en scène, adaptation et traduction Daniel San Pedro
Composition et direction musicale Pascal Sangla ; Scénographie Aurélie Maestre ; Costumes Caroline de Vivaise ; Lumières Alban Sauve ; Création sonore Jean-Luc Ristord ; Chorégraphie Ruben Molina ; Maquillages et coiffures David Carvalho Nunes ; Assistant à la mise en scène Guillaume Ravoire ; Assistante scénographie Clara Cohen ; Assistante costumes Magdalena Calloc’h.

Avec
Aymeline Alix ; Audrey Bonnet ; Camélia Jordana ; Estelle Meyer ; Johanna Nizard Et les musiciens ; Violon (Solo improvisé) Liv Heym ; Piano (en alternance) Pascal Sangla, Donia Berriri ; Guitares, luth (Solo improvisé), percussions, contrebasse M’hamed el Menjra. Spectacle chanté en français, arabe et espagnol Durée du spectacle : 1h30 Durée estimée de la musique : 1h15.

Les infos pratiques
Mardi 7 décembre. 20h30. 30€. L’Autre scène à Vedène. Sur un texte de Federico Garcia Lorca, adapté par Daniel San Pedro dans une version théâtrale, mêlant musique traditionnelle espagnole, danse et théâtre dans laquelle nous redécouvrirons Camelia Jordana dans un autre registre que celui de la chanson de variété. Avenue Pierre de Coubertin. 04 90 31 07 75 La billetterie de L’Autre Scène est ouverte uniquement les jours de spectacles, 45 minutes avant le début des représentations. https://www.lautrescene.com/page/infos-pratiques. Billetterie ici.


Quitter la version mobile