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(Vidéo) ‘J’appelle mes frères’, ou comment être soi dans une société fragilisée ? L’Ovni du off

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En Suède, à Stockholm
2010. Deux garçons, deux filles dansent dans l’obscurité d’une boîte de nuit. Soudain une détonation. Les sirènes retentissent. Un homme, une voiture, deux explosions proches d’un centre commercial. Attentat terroriste. Le téléphone sonne. C’est Shavi, l’ami du quartier, le presque frère bienveillant et positif, celui qui rassure et qui protège. Il appelle Amor, le héros du spectacle, qui vit, grandit et aime au creux de cette bande d’amis, dans le quartier. Des destins croisés aux trajectoires divergentes mais où les liens de cette même enfance perdurent.

Amor, le fou de chimie,
est finalement rentré à Polytechnique, tandis que Shavi, resté au quartier, est devenu jeune papa et autoentrepreneur. Valeria, l’amour d’Amor est vendeuse. Elle est son idée fixe qui en aime un autre. Dans un même temps, l’ambiance dans la ville semble rester la même, anxieuse des attentats et des couleurs de la peau, surveillée et ponctuée de présence policière. Les passants projetant sur les autres leurs propres angoisses.

Comment rester soi, sous leurs regards inquiets
Alors que les rouages de la pièce se déroulent, la tension inexorablement monte. C’est à l’ultime fin que les pièces du puzzle s’assemblent. L’écriture en apparence banale mais finalement si fine de Jonas Hassen Khemiri méritait une mise en scène qui sorte de l’ordinaire. Celle-ci est rythmée et déploie ses potentiels au fur et à mesure que les comédiens incarnent postures, sentiments, paroles du quotidien. Tous jouent juste, offrant leur talent à cette si singulière partition.

Formidables Amor (Lionel Correcher) et Shavi (Quentin Crunelle) Une amitié indéfectible dans ‘J’appelle mes frères’

Au creux de l’histoire
Amor interprété par Lionel Correcher, nous entraîne dans ses questionnements, incarnant cet ancien petit garçon brillant et touchant qui prénomait ses amis d’éléments de chimie, concoctait équations et formules mathématiques pour décrire ses sentiments. ‘J’appelle mes frères’ est sans doute l’ovni du Festival off 2022 qui continue longtemps à cheminer en soi, après que l’on ait quitté le Théâtre de la Porte saint-Michel. Les projecteurs s’éteignent et l’on ne veut plus quitter Shavi -formidable Quentin Grunelle- , Amor -très habité Lionnel Correcher-, Harlem -l’excellente Fiona Lévy, qui incarne la cousine d’Amor l’ancienne terreur du quartier devenue sage et avisée-. Quels tournants prennent leurs vies alors que nous cheminons dans les boyaux étroits de la ville médiévale sous la touffeur de la nuit. Oui, j’appelle mes frères’ sonne comme un cri de ralliement qui nous est cher grâce à la lecture qu’en a fait Floriane Delahousse -la rebelle Valéria-.

L’auteur
« C’est après les attentats de 2010 dans le centre commercial de Stockholm que Jonas Hassen Khemiri écrit J’appelle mes frères. Deux explosions ont retenti au cœur de la ville, ne faisant qu’une seule victime, le poseur de bombes, un citoyen suédois né en Irak. Jonas Hassen Khemiri, auteur contemporain, suédois d’origine tunisienne nous plonge au cœur des questions d’identité et d’intégration.

Les infos pratiques
‘J’appelle mes frères’ Jusqu’au 30 juillet. 19h. Théâtre de la Porte Saint Michel. 23 rue Saint Michel à Avignon 09 80 43 01 79

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