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1er Congrès des maires pour la nouvelle préfète de Vaucluse : « L’Etat est en mode solution »

© Préfecture de Vaucluse

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Ce vendredi, la Salle du Château d’Eau de Monteux a accueilli l’assemblée générale de l’AMV (Association des maires de Vaucluse). Entamée à 10h elle a duré environ 4h devant les 151 maires du département. C’est Christian Gros, le secrétaire général, qui a souhaité la bienvenue à ses confrères, aux parlementaires, aux personnalités civiles et militaires et à Violaine Démaret, nouvelle préfète arrivée en Vaucluse le 23 août, après le départ de Bertrand Gaume pour l’Essonne.

« Le rapport d’activités de l’année écoulée tient en 6 pages, c’est dire si nous sommes actifs » précise d’emblée Christian Gros. « L’actualité est dense et surtout elle fourmille d’inconnues en tous genres : changements climatiques, canicule, incendies, pluies torrentielles et la nécessaire transition écologique qui doit faire évoluer nos habitudes. Guerre en Ukraine et ses graves conséquences sur les équilibres mondiaux, sans parler d’une possible escalade apocalyptique qu’on ne peut pas exclure totalement. Et la flambée des prix, la baisse du pouvoir d’achat, la crise énergétique et la crise sociale qui touchent les plus fragiles d’entre nous ». Il poursuit : « Tout cela pèse sur le moral de nos administrés et sur leur comportement, résultat : plus de violence, plus d’agressivité. Et certains sont de plus en plus inquiets, en perte de repères, désorientés par des informations contradictoires souvent infondées et donc sensibles à une certaine désinformation qui ajoute de la confusion au désarroi ». Christian Gros évoque alors « la création d’un ‘pôle territorial’, qui ne serait pas une métropolisation mais une structure souple qui permettrait aux EPCI de se regrouper et d’exister juridiquement tout en préservant jalousement l’autonomie et l’indépendance de chacun. Cette idée d’un pôle métropolitain ne date pas d’hier, elle avait été lancée en 2016 et saluée par le Préfet Gonzalez à l’époque. Une tentative avait été faite avec la Grande Provence qui allait jusqu’à Alès en passant par Nîmes et Arles mais ce périmètre était beaucoup trop grand pour travailler efficacement. Notre demande de création à l’échelle d’Avignon est plus réaliste, on pourrait travailler ensemble sur les déplacements de nos concitoyens, les déchets, les inondations. Avec 600 000 habitants au lieu de 50 000, on n’est pas écouté de la même façon quand on parle. II ne s’agirait pas d’une nouvelle collectivité mais d’un espace de dialogue et de partage, sans embauches, sans impôts nouveaux ». Et de conclure : « On doit se serrer les coudes et faire face ensemble aux difficultés dans le respect mutuel, qui est la base de la confiance ».
Lui succèdent Gilles Vève, le trésorier de l’Association des Maires et le commissaire aux comptes, le budget 2023 est voté.

Distinction entre égalité et équité
Le nouveau député Jean-François Lovisolo, co-président de l’Association des Maires, prend alors la parole pour faire le « rapport moral » de l’AMV. Comme un peu d’humour ne fait pas de mal, il rappelle qu’il avait donné à Bertrand Gaume le titre de ‘meilleur préfet du monde’. Maintenant, nous avons Violaine Démaret, le titre de meilleure préfète est ouvert, elle va le remporter ». Une fois encore, il enfourche son cheval de bataille, la distinction entre égalité et équité « Que vous soyez maire d’une petite ou d’une grande commune, que vous soyez riche ou pauvre vous devez appliquer la même règle. La décentralisation aujourd’hui est morte, ce ne sont pas les élus qui décident, quelquefois on se demande si on ne sert pas de caution démocratique. Etre maire c’est un plaisir mais il faut aimer le combat et c’est regrettable car nous jouons dans la même cour, avec le même ballon, celui de l’intérêt général. Le contexte est compliqué, donc on se tourne vers vous, Madame la Préfète pour que vous inventiez l’argent magique et ré-inventiez le conte de ‘Peau d’âne’. Mais l’argent gratuit, c’est fini! ». Jean-François Lovisolo aborde ensuite le dossier crucial de l’eau.  » Cet été, le Maire de Sault a géré la pénurie. Comment alimenter une borne incendie quand on n’a pas la capacité d’alimenter le réseau en eau potable? »

« La décentralisation aujourd’hui est morte, ce ne sont pas les élus qui décident, quelquefois on se demande si on ne sert pas de caution démocratique. »

Jean-François Lovisolo, co-président de l’Association des maires de Vaucluse

Autre combat que mène le co-président de l’AMV : « La question des permis agricoles. Une fois encore il a déclaré : « Il n’est pas acceptable que la règlementation autorise l’installation de faux éleveurs de chats, de chiens, d’escargots et que dans le même temps on ne puisse pas installer nos jeunes agriculteurs. Heureusement, une cour d’appel a refusé un permis d’habitation en zone agricole ‘considérant que l’élevage d’escargots ne nécessite pas une présence permanente sur le site’ . C’est une jurisprudence qui nous donne une lueur d’espoir, s’ils s’échappent, on doit pouvoir les rattraper ». Dernier thème abordé, celui de la Loi ZAN. Ce n’est pas un bonbon noir à la réglisse et à la menthe mais un objectif ‘Zéro artificialisation nette’. Et de montrer du doigt le maire de Lauris qui fait des cauchemars depuis qu’on lui demande de construire 270 logements sur un éperon rocheux, entre Durance et Luberon, entre risques d’incendies et d’inondations… Evidemment Jean-François Lovisolo ne se gêne pas pour dénoncer ces injonctions contradictoires, une forme de schizophrénie législative qui aurait plu à Raymond Devos (l’humoriste franco-belge né il y a pile un siècle, le 9 novembre 1922) puisque d’un côté on demande de ne pas consommer d’espace, de l’autre on veut implanter 270 appartements. De conclure: « Nous comptons sur vous, Madame la Préfète pour revenir à un espace de discussion avec le binôme préfet-maire’ pour des projets d’intérêt général comme une école ou une gendarmerie ».

« ZAN : la situation est ubuesque et injuste, Madame la Préfète nous avons besoin de votre aide. »

Pierre Gonzalvez, co-président de l’Association des maires de Vaucluse

ZAN : une situation ubuesque et injuste
C’est au tour du second co-président, le maire de l’Isle-sur-la-Sorgue Pierre Gonzalvez de prendre la parole en adressant un compliment à la nouvelle préfète : « Votre prédécesseur, Bertrand Gaume, avait créé une relation de proximité avec tous les élus de Vaucluse. Madame la Préfète, en quelques semaines (12 exactement), vous avez pris à bras le corps les dossiers du Vaucluse et vous vous montrez d’une grande disponibilité pour les élus, la ponctualité en plus, merci! » Et de distinguer une singularité « qui nous honore, une préfète, une présidente du Conseil Départemental, pour respecter la parité nous avons 2 co-présidents de l’AMV ». Mais Pierre Gonzalvez aborde avec sérieux la situation actuelle, après les gilets jaunes et la pandémie, « Depuis plus de 4 ans nous naviguons dans ce que Olivier de Kersauson appellait une ‘purée de pois’. Tenir le Cap? Pour quel projet me direz-vous? Nous avons changé de monde. Il est incertain, côté économique avec le retour de l’inflation, côté énergétique avec la multiplication par 7 des factures de chauffage et d’électricité. Ca prend même la forme du ‘concours Lépine de l’idée lumineuse pour faire des économies’. Mais le SMIC a été revalorisé, le point d’indice augmenté. » Il évoque à son tour deux sujets qui le crispent au plus haut point, les lois SRU (Solidarité et renouvellement urbain) et ZAN. « La situation est ubuesque et injuste, Madame la Préfète nous avons besoin de votre aide. Comment vont être faits les arbitrages entre constructibilité des terrains des particuliers, développement économique nécessaire et création de logements sociaux avec zéro artificialisation des sols? ». Et de citer Balou dans le Livre de la jungle : « Il en faut peu pour être heureux ».

« Le département c’est la porte d’entrée des communes. C’est chez eux. »

Dominique Santoni, présidente du Conseil départemental de Vaucluse.

Le département sera aux côtés des maires
Dominique Santoni, la président de l’exécutif départemental s’adresse alors à l’assistance en insistant : « C’est dans les temps difficiles que l’on compte ses amis et que l’on resserre les liens pour faire face aux difficultés. Le département que je préside sera plus que jamais à vos côtés. » Elle souligne ensuite la qualité des relations qu’elle entretient avec la préfète : « Nous travaillons ensemble de manière fluide et constructive avec la volonté commune d’avancer concrètement et efficacement dans l’intérêt des Vauclusiennes et Vauclusiens. D’ailleurs, c’est dans cet esprit que nous organiserons début 2023 une cérémonie de voeux commune, ce qui accessoirement nous permettra de réaliser quelques économies ». Elle poursuit : « Plus que jamais nous devons nous serrer les coudes. Ma volonté, mon ambition, c’est de faire, je suis là pour vous aider à mener à bien vos projets. Le département est votre maison. Désormais, le contrat qui liera votre commune au Département s’appellera Contrat Vaucluse ambition’. L’enveloppe dédiée passera de 27 à 28,5M€, ‘Vaucluse Ingénierie’ , une équipe de 4 personnes sera là pour faciliter l’émergence et la faisabilité de vos projets. La président Santoni évoque les 4 axes majeurs qui concernent l’ensemble de la population : la santé d’abord, avec les premiers médecins qui seront salariés à Avignon, Cadenet, Apt et Valréas pour mailler le territoire, un bus itinérant médicalisé dans le secteur de Sault et le développement de la télé-médecine grâce à Renaud Muselier, le président de la Région Sud qui est d’accord pour faire du Vaucluse un département-pilote en la matière ».

© Jessica Jouve / Conseil départemental de Vaucluse


Ensuite le logement, « Loin de toute posture idéologique j’ai cherché la solution la plus rapide et la plus efficace. Avec la fusion de Vallis Habitat et Grand Delta Habitat 4 000 logements seront réhabilités en 5 ans sur l’ensemble du Vaucluse, (soit 800 par an), 500 logement neufs seront construits chaque année ». Troisième dossier : l’eau. « Cet été, les Français ont pris pleinement conscience de la fragilité de notre ressource, ce bien si précieux, l’eau. Nous ne devons pas attendre et gérer chaque été l’urgence et le rationnement. Nous devons engager une réflexion collective pour sécuriser l’eau pour la population, l’agriculture, les entreprises et notre attractivité touristique. D’ailleurs, je réunirai dès le 1er décembre prochain ‘Les Etats Généraux sur l’Eau’. Tous les acteurs concernés m’ont confirmé leur venue : Etat, Région, EPCI, syndicats d’eau potable et de rivières, canaux d’irrigation, les Parcs Naturels Régionaux, le Canal de Provence, les chambres consulaires…Enfin, dernier axe majeur : la mobilité. D’ici 2028, nous voulons faire du Vaucluse la terre du vélo. Nous avons déjà des atouts, 40 itinéraires touristiques, 2 000km balisés, des lieux mythique pour les cyclistes du monde entier comme le Ventoux, des véloroutes bien identifiées (Via Rhôna, Via Venaissia, Véloroute du Calavon). Nous souhaitons aussi mailler le territoire en voies douces y compris pour les déplacements domicile-travail, école, collège ou université. Nous poursuivons évidemment l’entretien des routes, la redéfinition du carrefour de Bonpas, la déviation d’Orange. Nous avons achevé le déploiement de la fibre mais je veux rappeler Orange et SFR , les 2 opérateurs à leurs engagements,. Il en va de notre attractivité économique ». Enfin, pour sortir de ce contexte de morosité, Dominique Santoni évoque les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. « Le Vaucluse a été labellisé ‘Terre de Jeux’. Nous avons 2 sites certifiés : le Gymnase Génicoud à Avignon et la Piste BMX de Sarrians, 2 autres dossiers sont en cours d’instruction, déposés par la ville de Monteux, l’un pour l’haltérophilie l’autre pour l’escrime. Nous faisons partie des 60 départements français retenus pour le passage de la Flamme Olympique. Une dizaine de sites devraient être choisis par le Comité Olympique! Ces valeurs universelles de partage et de solidarité ce sont les nôtres, celles du Vaucluse » conclut-elle.

Pour son 20e déplacement en Vaucluse en tant que président de la Région Sud, Renaud Muselier s’est rendu pour la première fois à l’AG de l’Association des maires de Vaucluse. © Région Sud

Un salon en présence du président de la Région Sud
En visite pour la 20e fois dans le Vaucluse, le président de la Région Sud, Renaud Muselier ne boude pas son plaisir d’être là et commence par encourager Violaine Démaret : « Je suis sûr que vous allez remporter le titre de meilleure préfète du monde » et poursuit « Il n’y a pas de petits et de grands maires, ils ont tous une égale valeur, une même dignité ». Il fait un catalogue à la Prévert sur les 300 jours de soleil par an, les parcs naturels régionaux, cette terre de festivals, de tourisme, notre qualité de vie, la beauté de nos paysages. Le nombre impressionnant de labels, en agriculture, en viticulture, « On est heureux de vivre ici, même s’il y a de la pauvreté, du chômage. Nous sommes allés chercher des fonds européens pour aménager le territoire, avec ‘France 2030’ nous allons aussi capter des subventions. La 1ère Ministre, Elisabeth Borne sera lundi à Marseille pour ‘La Convention des Maires’. Avec notre concept ‘Une COP d’avance’, nous mettons le maximum de moyens pour protéger notre terre, notre mer, notre air, nous avons déclaré la guerre au feu, certes cet été, il y a eu des incendies mais moins qu’ailleurs avec nos pompiers, nos comités feux de forêt, nos vigies. Nous menons aussi la guerre de l’eau. Les Romains ont inventé l’aqueduc du Pont du Gard, les ingénieurs ont construit les lacs et barrages de Ste-Croix et du Verdon. On n’est plus chez Pagnol et Manon des Sources, les oeillets des Soubeyran qui meurent de soif, on a le Canal de Provence… Je ne brigue aucun autre mandat, mon slogan c’est ‘Nos communes d’abord’ martèle Renaud Muselier applaudi à tout rompre par les élus.

« J’ai beaucoup de chance d’arriver dans ce département. »

Violaine Démaret, préfète de Vaucluse.

C’est enfin à Violaine Démaret, la préfète, de prendre la parole, en dernier, protocole oblige. « J’ai beaucoup de chance d’arriver dans ce département. On y trouve une belle épaisseur humaine. C’est un honneur de m’exprimer devant vous. Mon prédecesseur vous avait dit en partant, ‘Ne vous inquiétez pas, c’est le même préfet que moi, en femme’. Le sel de ce métier c’est de vous rencontrer, d’échanger evec vous. Je l’ai choisi, personne ne m’a obligée en entamer une carrière dans la préfectorale. 2022 se termine, merci d’avoir accueilli 800 familles ukrainiennes. Pierre Gonzalvez parlait de ‘purée de pois ». Nous mesurons la gravité du moment. Gouverner, c’est choisir. J’ai donc priorisé les thèmes importants pour le Vaucluse. D’abord la sécurité publique et civile, la lutte contre le trafic de stupéfiants et les violences intra-familiales. Il y a des améliorations avec les bracelets anti-rapprochement, mis on déplore 2 féminicides à Cavaillon et Pernes. Les règlements de compte liés à la drogue ont fait 4 morts, certes on a saisi des dizaines de kilos de stups, on a dressé des contraventions, le ‘joint récréatif » n’existe pas, nous devons aussi frapper les consommateurs au portefeuille. Une autre forme de violence me préoccupe, celle fait aux élus : 9 faits ont été relevés cette année, c’est inadmissible. Je réunirai le 25 novembre les maires avec les représentants de la police, de la gendarmerie pour renforcer leur présence en zone rurale.Grâce à la LOPMI ( Loi d’orientation et de programmation du Ministère de l’Intérieur), les effectifs vont augmenter, les crédits alloués à la lutte contre la radicalisation seront multipliés par 3, la cyber-sécurité sera dotée de moyens supérieurs. »

Violaine Démaret, préfète de Vaucluse, à la tribune du congrès 2022 de l’AMV. © Préfecture de Vaucluse

« Nous devons faire du développement économique, créer des emplois pour que recule la pauvreté. »

Violaine Démaret, préfète de Vaucluse.

La Préfète évoque ensuite la sobriété énergétique qui se profile. « L’Etat ce n’est ni Peau d’âne, ni peau de chagrin. Nous devons nous préparer au pire même s’il ne viendra pas. Ayons des éco-gestes pour réduire notre consommation. On pourrait éventuellement connaître 2 heures de coupure d’électricité par ci, par là, mais le gaz ne devrait pas être impacté ». Violaine Démaret répond aux questions posées par les intervenants précédents. « Il n’y a pas de méchant ZAN, si on consomme de l’espace, on compense, on en discute ensemble. Si on ne peut pas construire d’appartements à Lauris à cause des risque d’inondations et d’incendie, alors pourquoi délivre-t-on des permis de construire des maisons? demande-t-elle malicieusement mais fermement? Entre 2011 et 2021, 2288 hectares de terres ont été artificialisées. Nous devons faire du développement économique, créer des emplois pour que recule la pauvreté. Ce n’est pas tout ou rien, nous devons trouver des trajectoires ensemble, en toute bonne foi, être souples et répondre aux attentes des citoyens. Tout peut être discuté, nous traversons des turbulences, le Navire république tangue, ce n’est pas le moment de le quitter, au contraire. Vous avez évoqué le tandem maire-préfet, c’est le ciment de la république, ne pas être d’accord ne signifie pas forcément entrer en conflit. » Et de conclure : « Non, l »Etat n’est pas un monstre froid, il n’est ni sourd, ni aveugle, ni impuissant, il est incarné par un homme ou par une femme. Il est en mode solution, il agit, contrôle et tend la main ».

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