2 septembre 2025 | Coulon Calavon, quand seront pris au sérieux les risques d’inondation ?

Ecrit par Mireille Hurlin le 1 septembre 2025

Coulon Calavon, quand seront pris au sérieux les risques d’inondation ?

L’association Actions Coulon se bat depuis 2014 afin que soient pris en compte les risques véritables d’inondations tus ou minorés dans d’anciennes études. Objectif ? Sécuriser l’homme, les bâtis et l’emploi dans un environnement plus sécure et plus respectueux de la nature. Une conscience qui ne peut être valorisée que dans une vision de stratégie globale de gestion du risque inondation.

Actions Coulon de gauche à droite : Jean-Pierre Venissac de Caumont ; Pierre Leclerc de l’Isle-sur-la-Sorgue ; Edith Bouchet du Thor et Patrick Bertrand de Cavaillon

«Avec le dérèglement climatique, le risque d’inondation ne fait que croître chaque année, alimenté par d’autres facteurs tels que l’urbanisation, l’artificialisation des sols, y compris dans les zones très inondables, commence Pierre Leclerc, président d’Actions Coulon. Or, l’inaction à prendre en charge le risque inondation est très dangereux.» Le collectif s’inquiète également d’études, de constructions et de démolitions de digues, notamment sur Cavaillon, possiblement dictées par différentes logiques qui statuent sur le fait d’inonder certains quartiers plutôt que d’autres. Dans la ligne de mire également ? Le projet du SIRCC, Syndicat intercommunautaire Rivière Calavon-Coulon.

Un projet du Sircc obsolète
Pour Actions Coulon, «le projet du Sircc, datant de 30 ans, reste obsolète et constitue un danger avec la destruction annoncée de ripisylves –arbres et arbustes qui retiennent la terre en bordure d’eau-. Même chose pour la construction et la démolition de digues à Cavaillon –déjà refaites en 2012- potentiellement trop fragiles face aux inondations, et réclamant un budget conséquent possiblement mal valorisé. Les vieux paysans les ont regardées, les ont trouvées inégales et disent qu’elles seront submergées, s’écrouleront sur elles-mêmes, ne changeant pas le cours de l’inondation, ni la préservation des quartiers. On ne voit pas de véritables avancées dans la protection de la population des inondations et cette inaction, ou ces prises de décisions locales, par les élus, nous font envisager que le risque inondation n’est pas pris au sérieux et qu’il est dangereux pour la population qui n’est, par ailleurs, pas consciente des enjeux et des dangers auxquels elle aura à faire face.»

Ce que veut Actions Coulon ?
«Que les habitants de villages et villes particulièrement inondables aient conscience des risques encourus en cas de fortes inondations, suite à des décisions réglementaires et administratives prises par leurs élus mais méconnues du grand public. Ainsi les membres d’Actions Coulon évoquent deux territoires de Vaucluse sans PPRI -Plans de prévention des risques d’inondation-: ‘Avignon-Durance’ et ‘le Calavon-Coulon-Aval’ n’ayant pas fait l’objet, pourtant réglementaire, d’un PPRI –Plan de prévention des risques d’inondation- parce que la préfecture éluderait, depuis plus de 23 ans, les consultations obligatoires.

Copyright Mairie de saint Martin de Castillon Communication

Des quartiers en question
«Plus prosaïquement, l’agglomération de Caumont et le quartier des Vignères -qui se situe entre Cavaillon et Le Thor- pourraient être l’objet de graves déversement d’eau en cas d’inondation, alors qu’un petit quartier cavaillonnais dénommé ‘Le Grés’, moins peuplé, serait, lui, préservé, relève Pierre Leclerc, qui dénonce là un manque d’équité dans la prise de risque inondation des quartiers, selon que l’on se trouve en rive gauche ou droite, la rive gauche étant la plus préservée de la montée des eaux.»

Une vision élargie et pérenne plutôt qu’un choix clivant
Pour Actions Coulon : « il n’est plus pensable, désormais, que des travaux d’aménagement de protection contre les crues opèrent un effet bénéfique localement mais transfèrent, vers d’autres zones, un risque accru des dommages. Pour l’association, un large éventail d’aménagements ruraux et urbains peuvent participer au ralentissement des écoulement d’eau, de pluie, via des retenues sèches, des haies, des forêts, des marais, des fossés, des zones humides, des bandes enherbées, des bassins versants, des bassins d’orages…»

Collective ambition
Dans la réalisation des bonnes idées, l’association relève «la construction de 3 bassins de rétention en cascade construis en amont du village Saze afin d’en réduire le risque d’inondation, par son maire également à la tête de Protection inondation du Grand Avignon. Par ailleurs, des membres d’Actions Coulon élargissent les investigations en s’informant sur ce qui se fait en France et en Europe et partagent leur expérience de ce qui se fait en Vaucluse afin de collecter des idées et process plus innovants et adaptés à la typologie topographique et géologique du département et des départements limitrophes, ainsi que des cours d’eau traversant le territoire.»

De nouveaux modèles
Actions Coulon, qui se veut force de propositions, explore également des alternatives aux digues –modèle potentiellement obsolète – comme le ralentissement dynamique avec une modélisation des crues, localisations, ordre d’arrivée et de décalage des pics de crues ; l’hydrologie régénérative qui consiste en un aménagement du paysage de façon à ralentir le cycle de l’eau, notamment en conservant les paysages agricoles en amont des bassins versants. Cela a pour conséquence de ralentir, répartir, infiltrer et stocker les eaux de pluie et de ruissellement.

Copyright Actions Coulon Début 2016

Des habitations construites dans d’anciens lits de rivières
Actions Coulon dénonce «des quartiers et habitations bâtis dans les lits majeurs d’anciennes rivières comme c’est le cas de Caumont ou encore du quartier de baigne-pieds à Avignon, qui accueille les équipements hospitaliers d’Avignon : hôpital, Ephad –Etablissement pour personnes âgées dépendantes-, cliniques, laboratoires, funérarium, crematorium, entreprises, alors que cet espace est inondable par le Rhône, la Durance, les ruissellements, les remontées de nappes phréatiques, le canal du Puy et par les ruptures du barrage de Serre-Ponçon.

Actions Coulon
Pierre Leclerc, président de l’association, Edith Bouchet, habitante du Thor, Patrick Bertrand de Cavaillon et Jean-Pierre Venissac de Caumont ainsi que les 150 membres du collectif militent pour une concertation du PPRI –Plan de prévention des risques d’inondation du Calavon-Coulon aval, de celui de la Durance pour Avignon, de l’élaboration des plans de prévention des risques naturels majeurs ; l’organisation de réunions communales d’information…

Des études orientées, un discours officiel brouillé ?
Actions Coulon va plus loin, en dénonçant des études orientées dans des scenarii prenant en compte des niveaux de crues allant dans le sens de leurs conclusions. Ainsi, si le Ppri et le Tri –Territoires à risques importants d’inondation- évoquent « des crues du Rhône qui n’iraient pas jusqu’au remblai SNCF, au niveau de Baigne-pieds à Avignon, les eaux du Rhône arrivant par le nord seraient susceptibles, via Monclar et la Rocade, d’inonder la moitié de Baigne-pieds, et, notamment la zone dévolue aux gens du voyage.»

‘Quand c’est flou c’est qu’y a un loup’
« Inondabilité par le Rhône, la Durance, par ruissellement, par remontées des nappes, par le canal du Puy, par ruptures du barrage de Serre-Ponçon, via le remblai ferroviaire en direction d’Arles… Les études, qui sont nombreuses, n’utilisent pas les mêmes éléments de référence. Conclusion ? Pas de vision d’ensemble, ni locale, ni pertinente. Pas non plus de lisibilité, lors des périodes d’inondations, de ce qui peut advenir lorsque les fleuves, les rivières prennent de l’ampleur, lorsque les épisodes météorologiques plombent le ciel, rien qui ne puisse renseigner efficacement le grand public et le préparer au ‘risque inondation’,» résume Pierre Leclerc.

Copyright Actions Coulon, décembre 2019

L’objet du collectif
Actions Coulon a pour objet la veille, l’alerte et la proposition de solutions sur les différents problèmes posés par la rivière du Calavon-Coulon. Les risques d’inondation, l’entretien de sa végétation, ses fonds, ses ponts et ses digues. Les projets d’aménagement pour lutter contre ses débordements. Le plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) lancé par le Préfet depuis 2002. La gouvernance du syndicat intercommunal en charge de cette rivière qui a la particularité de déborder en dehors de son bassin versant : sur celui des Sorgues et celui de la Durance. Communes principalement concernées : Cavaillon, Robion, l’Isle, le Thor, Gadagne, Caumont.

Le Calavon-Coulon
Le Calavon-Coulon parcourt 84 km, depuis sa source située à 747 m d’altitude, sous le village de Banon, jusqu’à Cavaillon, où il rejoint la Durance, à une soixantaine de mètres d’altitude. Tout au long de son parcours, il traverse 20 communes : Banon, Simiane la Rotonde, Oppedette, Viens, Céreste, Saint Martin de Castillon, Castellet en Luberon, Caseneuve, Saignon, Apt, Roussillon, Bonnieux, Goult, Les Beaumettes, Ménerbes, Oppède, Maubec, Robion, Cavaillon, et Caumont-sur-Durance où le Calavon se jette dans la Durance.

Les infos pratiques
Actions Coulon ; 3 allée des Libellules 84 800 l’Isle-sur-la-Sorgue ; www.actions-coulon.fr ; pierreleclerc@live.fr ; 06 14 51 01 20

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