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Provence : un champignon pour lutter contre le dépérissement de la lavande et du lavandin

© AOC Luberon D. Bouscarle

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La lavande (Lavandula angustifolia) et le lavandin (Lavandula hybrida), plantes emblématiques de la Provence, sont aujourd’hui menacés. En cause, notamment, le phytoplasme du Stolbur, transmis par la cicadelle Hyalesthes obsoletus, insecte vecteur, qui crée des dégâts accentués par les sécheresses à répétition.

Projet Mycolav
Face à cette situation, des alternatives voient le jour. C’est le cas du projet Mycolav via la mycorhization contrôlée (association symbiotique d’un champignon et d’une racine de plante supérieure). Le principe ? Inoculer au système racinaire des plantes, des souches indigènes de champignons microscopiques, grands acteurs de la fertilité des sols, appelés champignons mycorhiziens arbusculaires (CMA).

Etat d’avancée de l’étude
L’étude s’est donc poursuivie par la préparation d’un inoculum de CMA indigènes obtenu à partir de racines de plantes saines et utilisé sur des plants cultivés en pot et en plein champ. Les effets bénéfiques de l’inoculum sur la croissance, la nutrition et la résistance de ces 2 espèces végétales, lavande et lavandin, face au dépérissement lié au phytoplasme, en cours d’étude, semblent prometteurs.

Un enjeu économique et touristique
Le dépérissement représente un enjeu majeur pour toute la filière. En effet, apiculture, parfumerie, cosmétique mais également attractivité touristique et culturelle, ont fait de la filière lavandicole de Provence un important acteur économique. La France est, ainsi, le premier producteur mondial de lavandin (80 % de la production mondiale) et le deuxième producteur mondial de lavande après la Bulgarie. Ces cultures représentent, dans le Sud de la France, plus de 20 000 hectares et 9 000 emplois directs. Depuis plus de 10 ans, le cours mondial de la lavande s’envole. Production française en baisse, demande en hausse, les prix ont été multipliés par trois : de 30 à 90€ en moyenne le kilo. En plus de cinq ans la Bulgarie a multiplié par trois sa production et est devenue le premier producteur mondial, juste devant la France.

Dans le détail
Le projet Mycolav vise à trouver des solutions durables pour la culture de la lavande (Lavandula angustifolia) et du lavandin (Lavandula hybrida). La stratégie de recherche retenue est basée sur l’utilisation de techniques d’ingénierie écologique telle que la mycorhization contrôlée, bénéfique au développement d’une agriculture moins polluante pour l’environnement et dont les produits sont exempts de résidus chimiques.

Résilience des agrosystèmes
Ces recherches favorisent le développement de pratiques culturales susceptibles de garantir la capacité de résilience d’agrosystèmes dans un contexte de sécheresse et au-delà du changement climatique global.

Qui sont les chercheurs impliqués ?
Le projet Mycolav met en présence l’Université Européenne des Saveurs et des Senteurs (UESS), qui pilote l’animation scientifique et territoriale du projet, le Centre Régionalisé Interprofessionnel d’Expérimentation en Plantes à Parfum Aromatiques et Médicinales (CRIEPPAM), qui assure la production des variétés de lavandes/intolérants, produites sous forme de boutures racinées, et réalise les essais aux champs. Le Laboratoire d’Ecologie Alpine (Leca), en charge de l’identification des espèces de champignons mycorhiziens, et la startup Mycophyto, chargée de la production des inocula spécifiques à base de mycorhizes indigènes et qui conduit les process d’inoculation des plants et réalise la conduite et le suivis des mesures d’impacts sur les plants mycorhizés.

Financement
Mycolav bénéficie du soutien de l’Union européenne (Fonds européen agricole pour le développement rural – Programme de Développement Rural Régional 2014-2020 et du Conseil régional Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur. Coût total : 206 764,78 €. Contribution Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural) : 132 329,46 €.

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