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Plan Faubourgs, lorsque la Ville riposte

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Alors que le Plan Faubourgs mis en place par la Ville est très décrié par les Avignonnais, la Ville réplique en invitant les journalistes à voir ce qu’il en est sur place. Rendez-vous est donc pris à l’angle des avenues de Monclar et des deux routes. L’Enjeu ? Vérifier ensemble et sur place l’apaisement de ce carrefour aux flux routiers auparavant très denses. Explications.

Nous y retrouvons Frédérique Corcoral, venue à pied, adjointe déléguée au quartier Ouest et à l’accompagnement des personnes en grande précarité ; Julien de Bénito venu en vélo, adjoint délégué au quartier Nord Rocade et aux enjeux de l’alimentation durable et locale et Fabrice Martinez-Tocabens à bord de sa trottinette électrique, adjoint-délégué à la ville apaisée et respirable, mobilités, circulation, stationnement et logistique urbaine.

8 km de voies ou bandes cyclables
«Fabrice Martinez-Tocabens prend le premier la parole : «Le Plan Faubourgs ce sont 8 km de voies cyclables bi-directionnelles comme Monclar et Trillade, une partie de l’avenue des Sources et des Deux routes, Reine Jeanne, la voie verte, ou encore l’axe piéton-vélo de l’Arrousaire. C’est aussi les bandes cyclables Source Sud, Jean Macé, Croix des oiseaux, Gambetta, Monod, Isnard et Martelange. Les couloirs de bus sont aussi accessibles à vélo, comme c’est le cas, depuis presque 2 ans, avenue de Fontcouverte.»

Ça n’est pas rien !
«L’ensemble du réseau fait 8 km, souligne Fabrice Martinez-Tocabens, ce qui n’est pas anodin en termes de création et d’aménagement à l’échelle du quartier. Ce qu’on remarque ? L’usage commence à monter en charge notamment sur la Rocade et maintenant avenues des Source et de l’Arrousaire avec un espace aujourd’hui plus sécurisé comme ici, au carrefour des avenues de Monclar, des deux routes et Martelange. Si l’activité y est dense l’après-midi et aux heures de pointe, nous constatons une augmentation des déplacements doux en lien avec les autres quartiers.»

De gauche à droite Frédérique Corcoral, Fabrice Martinez-Tocabens et Julien de Benito

Elus et habitants
«Nous sommes élus mais aussi habitants et c’est important de le préciser, relève Frédérique Corcoral. L’usage des modes de déplacements doux : vélo, trottinette, piétons, au niveau de l’avenue de Monclar et des deux routes s’est développé très rapidement sur les axes Nord-Sud et Sud-Nord (en direction de la Rocade). Les habitudes s’installent vite. Ça a recréé une dynamique dans le quartier que nous n’avions plus alors, qu’auparavant, nous avions cette dangerosité du double sens, fragilisant les deux roues. Cette nouvelle installation de sens unique a apaisé le lieu, particulièrement aux heures de fréquentation des établissements scolaires. Moi-même j’ai repris l’usage du vélo plus sereinement et presque redécouvert la ville. Également nous souhaitons mettre en place, en 2022, un marché paysan au pré du curé. On ne supprime pas la voiture mais l’ensemble sera plus accessible en voies vélo et piétonne.»

L’Effet village
«C’est le double effet kiss-cool, l’effet village, acquiesce Julien de Bénito, On révèle la ville à elle-même où les faubourgs ne faisaient que dormir. Aujourd’hui on va pouvoir circuler, vivre, échanger, résider, ce qui implique une autre vie dans la ville. Cela s’accompagne avec tous les aménagements comme l’extension du parc de l’abbaye de Saint-Ruf, le parc de la Laïcité, la coulée verte, la rénovation de la médiathèque Jean-Louis Barrault. Le paysage urbain se transformera avec la rénovation de la piscine Chevalier de Folard, à l’instar des autres piscines. Si le trafic routier a bien baissé, c’est au bénéfice des piétons qui reconquièrent, chaque jour, l’espace comme les personnes vieillissantes, les personnes handicapées, les familles avec enfants, les promeneurs avec leurs chiens, les vélos. Cette reconquête était d’ailleurs la première demande des habitants et elle a été rendue possible parce que les gens s’y sentent en sécurité. Pourtant la voiture continue de circuler, mais son espace est désormais encadré.»

Des effets immédiats
«On note déjà un apaisement très franc des quartiers, alors que le plan Faubourgs n’est pas totalement appliqué, détaille Julien de Bénito, puisque l’inversion de la circulation des points durs tels que les rues et boulevard Sixte Isnard, Monod et Gambetta n’est pas encore matérialisée. De même que l’endroit où nous nous trouvons et qui, d’ordinaire, circule beaucoup continue de mais de façon bien moins ample, la preuve ? On entend maintenant les oiseaux.»

Le pari de la Ville ? Une place réduite pour les voitures et plus d’espace pour les habitants, pour les modes de déplacements doux et les transports en commun

Entendez-vous les nombreuses critiques ?
«On a vu et entendu beaucoup de monde, particuliers et associations relate Fabrice Martinez-Tocabens, il y aura des points d’ajustement à faire à la rentrée en janvier, selon les difficultés qui pourraient surgir et les discussions qui ont eu lieu comme pour les secteurs des rues Montaigne ou universelle. Oui, il y a de la critique et en même temps la promesse de l’apaisement, de la réduction du transit. Même s’il reste de la mise en œuvre, le plan a déjà démontré que faire sortir le transit des faubourgs fonctionne. Ce qu’il faut ? Que les gens s’approprient les boucles de circulation dont on leur propose de prendre connaissance via les plans et le magasine de la Ville. Dans quelques jours, un calculateur sera mis en place et disponible sur le site de la Ville où les gens pourront regarder par où passer, comment aller chez eux, mais beaucoup ont déjà saisi. On est dans le changement et cela questionne les gens, c’est légitime cependant l’impact est déjà là.»  

Oui !
«On vient bousculer des habitudes, des routines très fortes, reprend Julien de Bénito. Il y a beaucoup d’appréhension, de critiques. On entend cela. Il faut nous laisser le temps d’y répondre et les faits sont en train de le faire.» «On entend beaucoup les gens qui parlent et crient fort mais les gens qui sont contents sont moins audibles, regrette Frédérique Corcoral, c’est dommage parce qu’ils sont de plus en plus nombreux.»

L’épineuse rue Martelange
Comment fait-on lorsque l’on emprunte la rue Martelange pour s’en extraire notamment lorsque le marché du vendredi s’installe ce qui fait que les gens prennent les sens interdits ou gagnent les petites rues de la Cité Louis Gros qui ne peuvent accueillir ce flux routier ? «Ce marché draine une clientèle qui va bien au-delà du quartier et de l’extérieur, analyse Fabrice Martinez-Tocabens. Typiquement ce sont des gens qui n’ont pas eu l’information ou celle-ci leur a été donnée de façon tronquée, ces automobilistes vont devoir changer de pratique. A la rentrée de janvier nous mèneront des opérations de communication en distribuant des documents, des plans, afin de mieux faire comprendre les axes de circulation. Des temps d’adaptation sont nécessaires mais, petit à petit les gens retrouveront leurs circuits. Dans ce cas précis, il faudra utiliser l’avenue Eisenhower.»

Les pétitions
«Une des pétitions contre le Plan faubourgs a été organisée avant même que celui-ci ne soit dévoilé, s’offusque Fabrice Martinez-Tocabens. Il y a des opposants par principe. Je n’y vois pas d’inconvénient car nous sommes en démocratie. Nous, nous mettons en œuvre des décisions qui ont été auparavant discutées et partagées. Nous avons rencontré des centaines de personnes. A un moment donné, on parle comme si tout marchait bien avant, ça n’est pas vrai ! La circulation dans les faubourgs, sur tous les axes cités précédemment, dysfonctionnait gravement et depuis plusieurs années. Il fallait que cela change, rompre avec le transit pour gagner en apaisement. Désormais personne ne peut nier que le transit a déjà commencé à disparaitre.»

Des boucles pour préserver les faubourgs dont la circulation routière antérieure a été analysée ainsi

Attention, Police !
«Depuis fin octobre, détaille Fabrice Martinez-Tocabens, la Police a procédé à plus de 400 verbalisations lors d’opérations coup de poing sur les endroits référencés les plus dangereux des faubourgs tels que Monclar, Martelande, Deux routes, Reine Jeanne, notamment pour la remontée de sens interdit, faire respecter les 30km/h et pour assurer la sécurité des cyclistes et des piétons parce que c’est aussi notre boulot. D’autres actions seront menées prochainement vers l’Arrousaire,» a indiqué l’adjoint au maire.

Un premier Bilan au 1er trimestre 2022
«Les lignes de bus ont été maintenues, nous nous battons pour mettre en place plus de fréquence de bus. Deux nouvelles lignes Chronop’ seront matérialisées pour nos amis Gardois : Villeneuve et les Angles vont être mises en place afin de délaisser la voiture. Concernant les parkings relais les questions du foncier sont en train d’être réglées au plateau des Angles avec la création d’une voie express matérialisée sur le Pont de l’Europe. Même chose pour le parking de Réalpanier, Saint-Chamand, Parc des expositions ; celui de l’ile Piot (1 200 places) reste stratégique avec ses chrono bus et demain, un tram. Également un sixième parking de délestage pourrait voir le jour à Rognonas, via Terre de Provence agglomération. Tout cela travaille en faveur du basculement de la voiture vers le bus.»

Gérer le trafic depuis Terre de Provence
Pour faciliter l’accès depuis Terre de Provence, Le Grand Avignon sur demande de la Ville, vient de finir des couloirs de bus sur l’avenue de Tarascon. Les bus Zou, qui proviennent de Terres de Provence à destination du centre-ville d’Avignon ont une priorité d’accès à la Rocade. Pour rappel, les vélos et les véhicules d’urgence ont le droit d’utiliser tous les couloirs de bus de la ville d’Avignon. 

Julien de Bénito, Frédérique Corcoral et Fabrice Martinez-Tocabens, le plan Faubourg ? Il démontre déjà son efficacité. 1er bilan au 1er trimestre 2022
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