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Politique publiques et art urbain : Gouverner les graffitis

L’ouvrage Gouverner les graffitis de Julie Vaslin propose un tour d’horizon sur le rôle des politiques publiques dans la fabrique de l’art urbain. Les actions municipales de soutien à l’art urbain sont-elles des politiques culturelles, touristiques ou juste un supplément d’âme à des opérations d’urbanisme ?

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L’ouvrage Gouverner les graffitis de Julie Vaslin propose un tour d’horizon sur le rôle des politiques publiques dans la fabrique de l’art urbain. Les actions municipales de soutien à l’art urbain sont-elles des politiques culturelles, touristiques ou juste un supplément d’âme à des opérations d’urbanisme ?

«Il y a eu un petit couac : les services qui ont ‘dealé’ avec C215 ont oublié de prévenir le service propreté. Ils n’ont pas dit qu’il y avait quatre grafs qu’il ne fallait pas effacer.» Commandé par la Ville de Reims, un pochoir réalisé dans la rue par l’artiste C215 en février 2016 est effacé par erreur par l’équipe antitag de la mairie.»

Où situer le graffiti ?
«Quelques jours plus tard, suite aux excuses du service de propreté, l’artiste repeint son œuvre sur le même transformateur électrique du centre-ville. Ce fait divers local est rapidement repris au niveau national et sert d’accroche à un article paru dans Le Monde en mars 2016 : «Du street-art aux musées, ces œuvres détruites par erreur».

Dénouer les paradoxes
«Au-delà du seul cas rémois, la journaliste répertorie des faits paradoxaux d’effacement ou de destruction par des services de propreté d’une œuvre d’art commandée par des services culturels, dans des villes aussi diverses que Reims ou Clacton (Angleterre), Bolsano (Italie), la Roche-sur-Yon ou Madison (Connecticut, USA).»

Espace public
«Ces exemples d’effacement d’œuvres d’art dans l’espace public soulignent la difficulté pour les agents de la propreté urbaine de distinguer entre les peintures murales qu’ils sont censés effacer et celles qui doivent être préservées, parmi lesquelles certaines ont même fait l’objet d’une commande par les services culturels.»

Propreté
«En retour, ces ‘couacs’ municipaux révèlent la complexité, pour les acteurs culturels, d’encadrer les productions d’art urbain dans l’espace public. La publication de cet article dans le journal Le Monde atteste de l’acuité de ces questionnements, au-delà du fait divers local et de l’échelle municipale. Et pour cause, le paradoxe dessiné dans l’article pose la question du tracé des frontières entre les actions d’entretien ou d’embellissement des espaces urbains : Où s’arrête le périmètre d’intervention des agents de propreté et où commence celui des acteurs culturels ?»

Souillure ou culture
«Quels objets relèvent de la souillure et quels autres de la culture? S’il semble vain de chercher à trancher entre le caractère évidemment désordonné d’un graffiti pour les uns, ou évidemment artistique pour les autres, ces questions invitent les sociologues à poser un regard constructiviste sur la réalité urbaine et à l’interroger différemment.»

Que dit l’histoire ?
«À l’issue de quels processus historiques les représentations des acteurs municipaux peuvent-elles conduire certains d’entre eux à associer le graffiti à une déviance, et d’autres à une forme d’art? Comment l’histoire des politiques publiques a-t-elle conduit à la coexistence de ces deux visions apparemment contraires d’un même objet ?»

Perception de l’art dans l’espace public
«Deux types d’interrogations émergent alors : d’un côté, la question de la construction des frontières entre l’art et le non-art, et celle de la qualification pénale, mais aussi morale des inscriptions inopinées. De l’autre, la question du rôle spécifique joué par les pouvoirs publics dans la construction de notre perception de l’art, du beau et de l’ordre dans les espaces publics.»

Paris-Berlin
Ce livre propose des éléments de réponse à la croisée de ces deux questionnements, à travers l’étude sociohistorique de l’administration du graffiti à Paris, à Berlin et dans quelques autres villes.

Contours et enjeux
À l’heure de la diffusion des politiques dites de street art ou d’art urbain dans la plupart des métropoles françaises et européennes, cet ouvrage a pour but d’en présenter l’histoire, d’en contextualiser les enjeux et d’en indiquer les contours tout en questionnant leurs effets.

Art urbain et tourisme
Quels regards portent les pouvoirs publics sur le graffiti ? Comment se sont construits les dispositifs de régulation de cette pratique, entre répression et promotion ? Les actions municipales de soutien à l’art urbain sont-elles des politiques culturelles, touristiques ou juste un supplément d’âme à des opérations d’urbanisme ?

Villes centrales et graffitis
En s’appuyant sur des exemples et des entretiens menés à Paris et Berlin, villes centrales du développement du graffiti européen, l’auteure propose une analyse des politiques du graffiti à la croisée de la sociologie politique, de la sociologie urbaine et de la sociologie de l’art. Traitant à la fois de répression et de promotion des graffitis, cette approche permet de dénouer les paradoxes des politiques publiques qui tentent de les encadrer.

L’auteure
«Pourquoi ce graffiti a-t-il disparu et pourquoi celui-là est-il protégé ? Née dans mes flâneries urbaines, cette question m’a portée vers bien des rencontres, de Paris à Berlin, où j’ai glané quelques réponses, à découvrir dans ce livre.» Sociologue de l’action publique, Julie Vaslin est docteure de l’Université de Lyon. Lauréate 2018 du prix spécial du Prix de thèse sur la ville (PUCA/APERAU/CDC) et du prix spécial du Prix de thèse sur les collectivités territoriales (GRALE/CNRS), c’est au sein du Laboratoire Triangle qu’elle a rédigé la thèse « Esthétique propre. La mise en administration des graffitis à Paris de 1977 à 2017 », dont est issu cet ouvrage.
https://cv.archives-ouvertes.fr/julie-vaslin

Gouverner les graffitis – – Julie Vaslin (EAN13 : 9782706147197) | PUG : livres papiers et numériques en ligne

La collection « Politiques culturelles » aux Presses universitaires de Grenoble, explore la méthodologie des projets culturels et les questions de gouvernance culturelle territoriale, dans le but d’éclairer à la fois les enjeux, les méthodes et les pratiques. Elle a une exigence de lisibilité absolue : tout jargon est proscrit, et les concepts mobilisés doivent être expliqués afin d’être accessibles aux non-spécialistes. www.pug.fr

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