26 avril 2024 | Vaucluse, les contrôles routiers se multiplient

Ecrit par Mireille Hurlin le 16 août 2022

Vaucluse, les contrôles routiers se multiplient

C’est ainsi qu’après le contrôle policier intervenu mercredi 10 août à 15h30 à la Rocade Charles-de-Gaulle et de l’avenue de Cabières à Avignon, un autre était effectué à Sorgues, en opération conjointe gendarmerie et Police municipale, vendredi 12 août à 15h30 à l’intersection du boulevard Salvator Allende et de la route d’Entraigues pour, par la suite, se rapprocher et investir la cité Establet (Ndlr : propriété du bailleur social Vallis habitat).

Au milieu de ses hommes, le commandant de groupement de gendarmerie de Vaucluse, Cédric Garence Copyright Mireille Hurlin

«Nous sommes là dans le cadre de ce qu’a demandé le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin rappelle Christian Guyard secrétaire-général de la préfecture de Vaucluse accompagné de Barbara Félicie, directrice des sécurités et adjointe au directeur du cabinet du préfet. Le ministre a demandé à ce que 10 000 contrôles routiers soient effectués dans toute la France suite au drame survenu à Pontoise où deux enfants de 10 et 11 ans ont été percutés de plein fouet lors d’un rodéo urbain-. 13 contrôles ont déjà été réalisés dans le département avec 442 personnes contrôlées, 3 interpellations, 1 garde à vue et 115 verbalisations les forces de l’Ordre repérant, également, d’autres infractions liées à la conduite automobile ou de deux roues.»

Vous êtes sur place et plutôt voyants de sorte que cette opération anti rodéo-urbain a peu de chance de se réaliser sous vos yeux ?
«Il n’est pas à exclure que des habitués de ces pratiques essaient de rentrer dans les quartiers avec leurs engins, assure Cédric Garence, commandant de groupement de gendarmerie départementale du Vaucluse, mais ce dispositif ne vise pas seulement à interpeller les auteurs mais aussi à les dissuader de se livrer à ce type d’agissements et, d’autre part, au gré des patrouilles qui vont investir le quartier trouver les objets de l’infraction, des véhicules dont ils pourraient se servir, parqués dans les parties communes, derrière des haies.  L’idée ? Contrôler ces véhicules stationnés et, le cas échéant, les retirer.»

Avez-vous dernièrement arrêté des personnes se livrant au rodéo urbain ?  
«Oui, dernièrement sur une commune de Vaucluse nous avons retiré une moto qui était mise à disposition dans le but qu’elle soit utilisée par qui le souhaitait. Suite à une longue mais efficace enquête nous avons également retrouvé l’auteur d’un rodéo routier commis le 22 avril sur l’autoroute A7. Son auteur a été interpellé jeudi 11 août et remis à la Justice.»

Barbara Félicie, directrice des sécurités et adjointe au directeur du cabinet du préfet et Christian Guyard secrétaire-général de la préfecture
ainsi que les hommes du groupement de gendarmerie de Vaucluse à la Cité Establet à Sorgues.Copyright Mireille Hurlin

Avez-vous beaucoup de refus d’obtempérer ?
«Oui, souvent les auteurs de rodéo sauvages se livrent à des refus d’obtempérer. D’ailleurs les rodéos sauvages ne se font pas qu’en deux roues mais aussi en quatre roues comme cela est arrivé avec une fiat panda sans pare-brise, ne répondant plus à aucune norme de sécurité. Le conducteur avait une conduite dangereuse et répétée compromettant la sécurité et la tranquillité publique ce qui répond entièrement aux éléments constitutifs d’une infraction. Il n’est pas rare de constater des rodéos urbains avec des véhicules légers.»

Quels types de délinquance constatez-vous actuellement en Vaucluse ?
«Le département connaît la même typologie de délinquance que le reste de l’année, avec un accent particulier sur l’appropriation frauduleuse des biens, notamment sur les sites touristiques, vols dans les résidences et véhicules, ce qu’on qualifie de vol à la roulotte.»

La route un lieu de drame
«La route est un lieu de drame et l’accidentologie sur le département de Vaucluse depuis le début de l’année démontre une recrudescence du nombre d’accidents avec des comportements individuels accidentogènes qui engendrent des drames de la vie, souligne le commandant. Nous sommes à 21 décès depuis le mois de janvier, c’est le même nombre de morts que l’année dernière, avec une augmentation notable d’accidents corporels, c’est-à-dire de blessés. Il y a une forme de relâchement de toutes les catégories d’âge. Cela concerne les conduites addictives, la vitesse, le non-respect des règles de priorités, les distracteurs d’attention avec les écrans, les téléphones… On n’est jamais trop prudents sur la route. La limite entre un accident corporel et un mort ? C’est souvent quelques centimètres… Ça peut être un poteau,» conclut Cédric Garence, commandant de groupement de gendarmerie départementale du Vaucluse.

Nous profitons d’être sur le lieu d’intervention pour discuter avec la Police Municipale de Sorgues. Que vivent-ils toute l’année ?

Police municipale de Sorgues, ils seront bientôt 30 à assurer la sécurité. Copyright Mireille Hurlin

Michaël, de la Police Municipale de Sorgues
«Je fais partie de la brigade cynophile de Sorgues, nous travaillons exclusivement de nuit avec le chien. Nous patrouillons avec Hooligan, 3 ans, dans toute la ville, dans les quartiers, dans les résidences, nous assurons la sécurité de la population, travaillons sur des points de contrôles routiers. Hooligan a été spécialement entrainé en unité de nuit pour la recherche de stupéfiants –parfois cachés dans les bosquets-, armes, explosifs et faux billets. C’est un chien d’intervention et de patrouille. C’est aussi un chien de pedigree, malinois, Lof (Livre des origines françaises) dont l’éducation initiale et continue est confiée à un dresseur professionnel.»

Etes-vous intervenu sur des ‘points chauds’ ?
«Oui, hélas, ça arrive mais la présence du chien calme immédiatement le jeu. Le chien est un important atout en équipe de nuit, pour nous. On ne peut pas discuter avec un chien. Il est là pour faire son travail. Si les personnes sont énervées, excitées, le chien le ressent tout de suite. Il a cet instinct de prédation et de défense. On ne peut pas argumenter avec un chien.»  

A quels genres de situation avez-vous eu à faire ?
«Souvent des rixes entre personnes, lors de fêtes votives. Il y a deux jours deux communautés, soit 30 personnes, avaient des différends. Hooligan nous a permis de ramener le calme immédiatement et les personnes se sont dispersées.»

Ce que j’aime le plus dans mon métier ?
«Le contact avec les gens, le dialogue, ramener apaisement et sérénité. Dans un état d’esprit qui n’est pas d’avoir le dernier mot. Les gens ont besoin de sécurité. Ils nous remercient d’être là. Notre présence suffit à ramener le calme. Ils ont besoin de nous voir. Nous ne sommes pas là dans un esprit de répression mais dans un esprit de prévention. Les gens entament souvent la discussion au travers du chien. Il permet, spontanément, de tisser du lien.»

Michaël de la brigade cynophile de Sorgues avec Hooligan. Copyright Mireille Hurlin

Guillaume de la Police Municipale de Sorgues
«Je viens juste d’arriver de la Police municipale de Nice, qui comporte 450 agents et est la plus importante Police municipale de France. La Police municipale de Sorgues compte 29 agents faisant partie de 2 brigades en journée : VTT (présence de proximité et contrôle des massifs forestiers) et motorisée (contrôle des infractions routières), et d’une brigade de nuit composée de 5 agents avec un nouveau recrutement prévu avant la fin de l’année. Notre métier ? Le contrôle de l’application des arrêtés du maire, la sécurisation des écoles, l’urbanisme, le funéraire… Notre spectre d’intervention va se développer, notamment dans la sphère environnementale, la lutte contre les déchets sauvages. La surveillance de nuit se fait du mardi au samedi de 19h30 à 4h du matin. La journée commence à 7h du lundi au samedi avec une permanence assurée le dimanche pour la sécurisation du marché.»

Les infractions que nous gérons toute l’année ?
«Diverses infractions du code de la route, relate Michaël, des pots d’échappement qui font du bruit et qui ne sont pas aux normes. Nous avons de plus en plus de problèmes liés aux contrôles techniques, avec des personnes qui le repoussent par manque d’argent. Néanmoins le parc automobile a beaucoup évolué et l’on ne voit plus de vieilles voitures comme avant.  Il y a désormais de plus en plus de voitures en location (LOA, location avec option d’achat ou LLD, location longue durée) et donc récentes. Nous rencontrons beaucoup de problèmes avec de jeunes automobilistes qui débutent dans la vie et n’arrivent pas à faire les frais nécessaires sur leurs voitures.»

Cité l’Establet à Sorgues, patrimoine de Vallis Habitat

Les différends familiaux exacerbés par la période du Covid
«Nous avons beaucoup à faire avec les différends familiaux relate Guillaume, violences intrafamiliales, incivilités, des comportements un peu exacerbés par la période du Covid », « ce qui a accentué l’écart entre ceux qui ont un peu d’argent et ceux qui en ont moins, intervient Michaël. Aujourd’hui on note beaucoup de séparations, de divorces. On fait aussi les ‘OTV’, Opération tranquillité vacances où les gens nous ont confié leurs dates de vacances et nous faisons en sorte de passer régulièrement devant leurs maisons ou appartements. Nous savons s’ils ont des alarmes, si les voisins viennent pour nourrir les animaux ou arroser leurs plantes… On sensibilise les gens à ce qu’ils ne partagent pas leurs dates et lieux de vacances sur les réseaux sociaux, mais ils sont si contents d’être en vacances qu’ils partagent quand mêmes des informations.»

Gendarmerie, Police municipale, un bon binôme ?
«Nous avons une convention de coordination avec la gendarmerie, ce qui fait que nous travaillons ensemble régulièrement, détaille Guillaume. Le but ? Avoir un maximum d’effectif sur le terrain. Nous faisons des contrôles réguliers dans les cités, les caves, les halls d’entrée, des contrôles à points fixes. On se met sur un rond-point et on contrôle, détaille Guillaume. Pas pour être dans la répression mais plutôt la prévention. Je fais un peu de morale parce que je ne verbalise pas. Nous faisons beaucoup de rappel à la réglementation. C’est aussi une volonté politique du maire. On est aussi là pour trouver le juste milieu et rester proche de la population, c’est même le plus important.»

Certains prénoms ont été changés par mesure de confidentialité.

Cité l’Establet à Sorgues lors d’une opération conjointe Gendarmerie et Police municipale

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