1 décembre 2025 |

Ecrit par le 1 décembre 2025

Emploi : un jeune, un parrain, un avenir

Dans un contexte où de nombreux jeunes sortent des radars de l’emploi sans diplôme ni repères, l’association ‘1 par 1’ se distingue en proposant un accompagnement personnalisé vers l’alternance et l’emploi, en plaçant le parrainage au cœur de sa méthode. Depuis 2019, ce dispositif, porté par d’anciens acteurs du monde de l’entreprise, mise sur le ‘gagnant-gagnant’ entre jeunes et employeurs, avec des résultats tangibles : 154 entretiens individuels avec les jeunes, 79 accompagnés, 31 entreprises sollicitées et 31 ‘sorties positives’ sur le bassin de vie de Carpentras et Avignon. Lors de cet événement, intitulé ‘Soirée retrouvailles’ l’association faisait le bilan de l’année écoulée à l’amphithéâtre de la CCI d’Avignon, allée des Fenaisons.

Créée en octobre 2019, l’association 1 par 1 a vu le jour à l’initiative de Henri Lachmann, ancien PDG du groupe industriel international Schneider Electric, désormais installé en Vaucluse. Confronté aux difficultés d’insertion des jeunes des quartiers, et sensible aux inégalités d’accès à l’emploi, il a souhaité initier un modèle différent.  

Une structure née d’un constat et d’un engagement
Aux côtés de responsables engagés, parmi lesquels Pierrot Lauret, directeur ; Alix Crichton chargée des relations avec les parrains et Patrick Mentrel ex-DRH devenu ambassadeur de l’association, l’organisation s’est donné pour mission de donner une nouvelle dimension à des jeunes souvent jugés ‘hors parcours’, en tissant un lien de confiance dès l’engagement avec l’entreprise.  Objectif ? Permettre à des jeunes entre 16 et 30 ans, parfois sans diplôme ou éloignés des circuits classiques, de trouver une place, non seulement comme salarié, mais comme personne, dans une structure professionnelle adaptée, grâce à un accompagnement personnalisé et bienveillant. 

Le parrainage : un levier original et humain
La particularité d’1 par 1 tient dans le recours au parrainage : un accompagnateur issu de l’entreprise, garant d’un suivi individualisé. Contrairement à un tuteur pédagogique ou un manager, le parrain est un tiers bienveillant, choisi pour sa sensibilité, sa capacité d’écoute, son empathie. Son rôle est d’aider le jeune à se découvrir, à s’acclimater, à construire un projet professionnel réaliste et durable, sans rapport de supériorité hiérarchique. Egalement, chaque jeune inséré représente entre 10 000 et 15 000€ d’économie annuelle pour les Finances publiques. Chaque alternant stabilisé contribue en moyenne entre 3 à 5 ans de présence en entreprise après son diplôme et l’insertion par l’alternance est deux fois plus efficace que la recherche d’emploi classique pour les jeunes éloignés du marché.

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Entreprise cherche supplément d’âme
Ce modèle entend redonner à l’entreprise une dimension éducative et humaine : apprendre le ‘savoir-être’ autant que le savoir-faire, recréer un lien social, réduire les barrières de l’exclusion, donner leur chance à ceux que le système scolaire a laissés sur le bord du chemin. Comme le dit Henri Lachmann, «les entreprises ont un devoir d’inclusion dans la société » 1 par 1 a tissé plus de 50 partenariats avec les entreprises locales.  

Des résultats concrets et encourageants
Chaque année, l’association entre en contact avec 80 à 100 jeunes. Parmi eux, environ 60 bénéficient d’un accompagnement, et 40 à 45 intègrent un parcours concret : alternance, CAP, CDD ou CDI (Contrat à durée déterminée ou contrat à durée indéterminée). L’association aboutit réellement à des emplois durables, à des reconversions réussies, à des jeunes insérés dans des secteurs variés, y compris ceux en tension ou techniques. Des partenariats avec des entreprises locales comme Enedis montrent qu’il est possible d’allier inclusion sociale et besoins de recrutement, même dans des secteurs techniques ou classiques. Au-delà de l’employabilité, le dispositif contribue à restaurer la dignité, le sentiment d’utilité, l’estime de soi, des dimensions souvent négligées, mais fondamentales pour une insertion pérenne.

Vers un modèle durable, responsable pour les jeunes, les entreprises, la société
Dans un contexte national marqué par l’échec de beaucoup de jeunes à trouver un emploi stable après le système scolaire, et où nombre d’entreprises peinent à recruter, le modèle d’Un par Un constitue une réponse innovante : Pour les jeunes : une deuxième chance, non-jugement, accompagnement personnalisé, débouché concret ; Pour les entreprises : des profils motivés, souvent de la main-d’œuvre utile, un engagement sociétal, un rôle de responsabilité civique ; Pour la société : un pont entre exclusion et inclusion, un levier pour réduire les inégalités, relancer l’emploi local.

Jeunes et emploi : où en est le Vaucluse ?
À l’heure où l’engagement social des entreprises redevient un enjeu moral et économique, l’existence d’associations comme Un par Un rappelle que l’emploi n’est pas qu’une question de chiffre, mais de sens. Grâce à un accompagnement sur mesure, un parrainage bienveillant, des partenariats concrets, l’association 1 par 1 prouve que l’on peut remettre l’humain au centre du travail, offrir une seconde chance et bâtir un lien durable entre générations, entreprises et territoires. Dans un contexte régional où l’accès des jeunes à l’emploi demeure fragile, le Vaucluse figure parmi les départements les plus exposés. Les indicateurs confirment une situation contrastée, marquée par une forte demande d’accompagnement.

Les chiffres clés
Près de 9,8 % : taux de chômage global dans le Vaucluse (T2 2025), l’un des plus élevés de Paca ; Entre 25 à 30%, c’est le taux estimé de chômage des 15–24 ans, comparable voire supérieur à la moyenne régionale ; 14% c’est la part des jeunes de moins de 25 ans parmi les demandeurs d’emploi inscrits en Paca,  tendance similaire dans le Vaucluse ; 32 000 à 33 000 c’est le nombre de demandeurs d’emploi au total dans le département ; 13% des jeunes vauclusiens sont des Neet (ni en emploi, ni en études, ni en formation) ; 1 200 à 1 500 jeunes en situation de décrochage scolaire chaque année dans le Vaucluse ; Les secteurs recrutant le plus : BTP, logistique, hôtellerie-restauration, énergies, services à la personne.
Sources : Dreets Paca, Ma Région Sud, Insee…

Une région PACA sous tension
Près de 8%, c’est le taux de chômage régional (T2 2025) ; 15% de NEET (Ni en emploi, ni en études, ni en formation), parmi les 15–29 ans, c’est l’un des taux les plus élevés de France ; 392 200 demandeurs d’emploi inscrits au 1er trimestre 2025.

Alix Crichton et Pierrot Lauret Copyright MMH

Ce que cela dit du territoire
Entre chômage structurel, manque de qualification, difficultés de mobilité et pénurie de profils adaptés, l’emploi des jeunes reste un défi majeur. Dans ce paysage, les dispositifs d’accompagnement individualisé, tels que ceux portés par 1 par 1, apparaissent comme un levier essentiel pour sécuriser l’entrée dans la vie active et répondre aux besoins des entreprises locales.

Ils ont dit, extraits
Henri Lachmann, ancien PDG du groupe industriel international Schneider Electric,
« On ne peut pas accepter que deux millions de jeunes restent sans école, sans stage, sans formation ni entreprise. On ne réussit jamais seul : les victoires sont collectives. Les entreprises ont un véritable devoir d’inclusion envers la jeunesse. C’est par l’apprentissage et le travail que nous parviendrons à cette intégration. Je veux saluer les jeunes que j’ai entendus ce soir : je les ai trouvés remarquables, avec une vraie aisance et beaucoup de talent. »

Thierry Techer, Directeur de l’Ecole hôtelière d’Avignon
« Nous formons plus de 450 élèves, du CAP au Bac+3 — et, nous l’espérons bientôt, jusqu’au Bac+4 en partenariat avec l’Université d’Avignon. Nos cursus couvrent les métiers du service, du bar, de la cuisine, de l’accueil et de la réception. Nous travaillons régulièrement en restauration éphémère. Nous avons aussi nos propres exemples de réussite, comme Saïd Soumaila, chef du Quai des Saveurs, champion de France des apprentis et troisième au concours européen. Nous accompagnons les jeunes, et nos portes vous sont grandes ouvertes. »

Pierrot Lauret, Directeur de l’association 1 par 1
« Nous construisons un véritable écosystème d’accompagnement en multipliant les expériences : ateliers sportifs, culturels, d’intelligence émotionnelle, actions “Quartiers d’été”. Nous concentrons nos efforts sur l’axe Carpentras–Avignon, le plus riche en entreprises et le plus dynamique en termes de mobilité. Nous consolidons nos actions avec de nombreux partenaires : Missions Locales d’Avignon et de Carpentras, AHARP, Centre social Villemarie, CDEF84, Entraide Pierre-Valdo, Protection de l’enfance, Maisons Familiales et Rurales, CFA Florentin-Mouret, association 100 jeunes–100 emplois, Chambres des métiers et de commerce… Nous avons également organisé huit visites collectives en entreprises. »

Sebastien Maggi, Secrétaire-général de la préfecture de Vaucluse
« Vous êtes parvenus à bâtir un véritable écosystème réunissant l’ensemble des acteurs, y compris institutionnels. Cela donne corps au lien de solidarité qui doit structurer toute société avancée pour permettre à chacun de trouver sa place. Vous bénéficiez de financements privés, de l’appui de l’État, notamment via les dispositifs “Quartiers d’été”, et de l’engagement de nombreux partenaires, au bénéfice de jeunes parfois confrontés au déterminisme social ou à l’impact de leur lieu de vie. Mais rien n’est une fatalité. Quiconque veut s’en sortir peut trouver, grâce à vous, les leviers pour s’émanciper. L’État ne se résigne pas à laisser quiconque au bord du chemin. À la lecture de votre bilan, face aux témoignages des jeunes, je vois que votre action fonctionne : vous contribuez à leur redonner une place dans la société et à revaloriser le travail comme vecteur d’intégration. »
Mireille Hurlin

Une cinquantaine de personnes était réunie pour la soirée ‘Retrouvailles’ de l’association 1 par 1, Copyright MMH

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