2 mai 2025 |

Ecrit par le 2 mai 2025

Poisson d’avril : « Ne tombez pas dans le panneau »

Tout d’abords un grand merci à vous. Notre dernier 1er  avril est sans conteste celui qui a rencontré le plus grand succès d’audience auprès de nos lecteurs, loin devant la crème dessert Mont-Ventoux, les changements de noms des communes de Vaucluse ou bien encore le rachat du pont d’Avignon par la région Occitanie.

Lorsque l’Echo du mardi était encore édité en papier, notre rythme hebdomadaire ne nous offrait la possibilité de réaliser un 1er avril que tous les 7 ans. Notre dernier ‘poisson’ en version papier remonte ainsi à 2014. Nous avions alors annoncé le prolongement en Lego du pont saint-Bénézet. Désormais, en devenant 100% numérique début 2021, c’est donc chaque année que nous pouvons laisser libre cours à nos divagations. Crédit : Devisocom/Echo du mardi/Adobe stock

Merci également pour vos nombreux retours amusés. Vous l’avez tous compris, la limitation de vitesse sur les routes départementales de Vaucluse ne passera évidemment pas à 84km/h, encore moins à 84,2km/h à Carpentras et ainsi de suite…

Avec ce canular, l’Echo du mardi rappelle simplement son attachement à cette tradition du 1er avril. Un ‘poisson’ qui, un temps délaissé, semble peu à peu faire son retour dans le monde de la presse et des médias.
A l’heure des fausses informations circulant en masse sur les réseaux sociaux et le net notre petite plaisanterie n’a pour seule ambition que de vous rappeler de rester vigilants vis-à-vis des informations auxquelles vous êtes confrontés y compris celles provenant de l’Echo du mardi. Le meilleur pare-feu au ‘fake news’ reste votre intelligence. Ne croyez donc pas tout ce que l’on vous dit. Gardez un œil critique sur vos médias, ils n’en seront que meilleurs.


Poisson d’avril : « Ne tombez pas dans le panneau »

Il faut remonter à 2018 pour voir une commune vauclusienne changer de nom. Il s’agissait alors du village de Castellet qui était devenu Castellet-en-Luberon pour éviter la confusion avec son homonyme du Var. Une démarche plutôt rare qui devrait pourtant se généraliser sous l’impulsion d’une tendance très à la mode désormais au sein des collectivités : le ‘marketing territorial’.

L’initiative est venue d’une récente décision de la communauté d’agglomération de Terre de Provence presque passée inaperçue jusqu’alors.
« Nous sommes viscéralement attachés à notre département des Bouches-du-Rhône, expliquent les responsables de l’EPCI nord bucco-rhodanienne voisine du Vaucluse. Cependant, nous sommes aussi clairement dans le bassin de vie d’Avignon. Nous cherchions donc un moyen de concilier cette double appartenance, c’est comme cela que nous avons eu l’idée de ces changements de noms. »

Désormais, les 13 communes de l’intercommunalité vont accoler à leur nom la formule provençale ‘lès Avignon’ voulant dire ‘près d’Avignon’. Ainsi, dans quelques semaines, le temps de mener à bien les différentes démarches administratives, il faudra donc désormais dire Châteaurenard-lès-Avignon, Eyragues-lès-Avignon, Maillane-lès-Avignon, Graveson-lès-Avignon, Barbentane-lès-Avignon, Cabannes-lès-Avignon, Noves-lès-Avignon, Rognonas-lès-Avignon, Verquières-lès-Avignon, Saint-Andiol-lès-Avignon, Orgon-lès-Avignon, Plan d’Orgon-lès-Avignon et Mollégès-lès-Avignon.

Une décision qui a fait débat
La décision a fait toutefois débat au sein de Terre de Provence puisque, vu leur proximité avec la cité cavare, les 4 dernières communes citées avaient initialement une préférence pour accoler la préposition ‘lès’ avec le nom de Cavaillon afin de devenir Saint-Andiol-lès-Cavaillon, Orgon-lès-Cavaillon, Plan d’Orgon-lès-Cavaillon ainsi que Mollégès-lès-Cavaillon.

En définitive, la notoriété d’Avignon, 2e ville française la plus connue dans le monde après Paris en raison de la chanson, a finalement fait l’unanimité.
« Nous continuerons de bénéficier des larges subventions du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône tout en capitalisant sur le renom de la cité des papes. C’est tout bénéfice pour nous », reconnaît-on à Terre de Provence.

« Nous continuerons de bénéficier des larges subventions du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône tout en capitalisant sur le renom de la cité des papes. C’est tout bénéfice pour nous. »

Des idées dans le Luberon et le Ventoux
En attendant, cette démarche a donné des idées à de nombreuses autres communes de Vaucluse. Ainsi, 50 des 51 communes vauclusiennes du Parc naturel régional du Luberon (PNRL), bientôt rejointes par les 26 des Alpes-de-Haute-Provence, ont décidé d’accoler le mot Luberon à leur nom. Une démarche déjà entreprise en 2018 par le village de Castellet, mais pour d’autres raisons. La petite commune de 120 habitants, située à une dizaine de kilomètres au Sud-Est d’Apt, avait pris cette initiative afin d’éviter d’être confondue avec son homonyme varoise.

Pour les autres, il faudra donc bientôt parler d’Apt-en-Luberon, Gordes-en-Luberon, La Tour-d’Aigues-en-Luberon, Grambois-en-Luberon…
« La ‘marque’ Luberon est une marque particulièrement attractive, explique-t-on du côté du PNRL. A nous de capitaliser encore davantage sur son image. »
Seule manque à l’appel Pertuis qui, du fait de son appartenance à la métropole Aix-Marseille, hésite plutôt entre Pertuis-lès-Aix-en-Provence ou Pertuis-lès-Marseille.

Mais le Vaucluse a également la chance de disposer d’un autre parc naturel régional avec une autre ‘marque’ mondialement connue : le Ventoux. Du coup, les 37 villes présentes dans le périmètre du nouveau Parc naturel régional du Mont Ventoux créé en 2020 ont entamé un processus collectif de changement de nom : Carpentras-lès-Ventoux, Brantes-lès-Ventoux, Mazan-lès-Ventoux, Mormoiron-lès-Ventoux, Sault-lès-Ventoux etc.

Pour certains cela devrait donner quelques noms à rallonge : Saint-Marcellin-lès-Vaison-lès-Ventoux, Vaison-La-Romaine-lès-Ventoux, Malemort-du-Comtat-lès-Ventoux, Saint-Hippolyte-Le-Graveyron-lès-Ventoux, Pernes-Les-Fontaines-lès-Ventoux… Quant à Saint-Léger-du-Ventoux, la commune devrait conserver son nom initial.

Le Grand Avignon en ordre dispersé
Côté Grand Avignon, les membres de la Communauté d’agglomération estiment qu’ils sont les premiers à avoir la légitimité à profiter de la notoriété du nom de la cité des papes. Si c’est déjà le cas pour Saint-Saturnin-lès-Avignon, les autres villes vauclusiennes (Jonquerettes, Vedène, Entraigues, Caumont et Velleron) devraient aussi bientôt adosser leur nom à ce très recherché ‘lès-Avignon’.
Cependant, deux communes entendent ne pas se laisser dicter leur conduite par cette nouvelle mode du marketing territorial. Il s’agit des deux municipalités RN du Grand Avignon : Le Pontet et Morières-lès-Avignon.
Ces dernières, qui font déjà collaborer leurs polices municipales respectives depuis la fin 2020, veulent marquer encore davantage leur proximité croisée. Pour elles, ce sera donc : Le Pontet-lès-Morières ainsi que Morières-lès-Pontet.

Sur l’autre rive du Rhône, l’enthousiasme est beaucoup plus mesuré depuis que les Gardois considèrent ceux qui viennent d’en face comme des ‘indésirables’ et le Grand Avignon comme une ‘menace’ à l’identité locale. Une rupture symbolisée par Villeneuve-lès-Avignon (3,5km entre son centre-ville et celui de la cité des papes) qui sera bientôt rebaptisée Villeneuve-lès-Toulouse (331km de centre-ville à centre-ville). Pujaut-lès-Toulouse, Saze-lès-Toulouse, Sauveterre-lès-Toulouse, Roquemaure-lès-Toulouse, Rochefort-du-Gard-lès-Toulouse devraient suivre incessamment…

En revanche, dans le rôle de l’irréductible village gaulois, on retrouve la commune des Angles qui estime ne pas avoir à changer de nom afin d’affirmer une identité qu’elle juge déjà suffisamment marquée. Mieux : elle considère qu’il n’y a la place que pour une seule ville des Angles en Occitanie. C’est pour cela qu’elle devrait entamer prochainement une procédure afin de forcer le village des Angles, et sa station de ski dans les Pyrénées-Orientales, à changer de nom.

Enfin Avignon, où plusieurs courants s’opposent au sein de la majorité municipale. Ceux qui pensent qu’il n’est pas nécessaire de changer et que le nom d’Avignon suffit et ceux qui veulent souligner le changement de cadre de vie dans une cité des papes qui ne veut plus faire la part belle à l’automobile. Deux propositions ont été retenues : Avignon-lès-Faubourgs ainsi qu’Avignon-lès-Apaisé. C’est cette dernière qui semble tenir la corde.

Du marketing au ‘naming’
Dans ce vaste jeu de chaise musicale, quelques communes ont aussi décidé de monnayer leur nom. Une technique qui consiste à associer son nom, moyennant finance donc, à celui d’une marque ou d’une entreprise que l’on retrouve beaucoup dans le monde événementiel ou pour les enceintes sportives comme l’Orange-Vélodrome à Marseille par exemple.
A ce petit jeu-là, plusieurs municipalités vauclusiennes devraient ainsi conséquemment ‘arrondir’ leur budget même si aucun montant officiel n’a filtré à ce jour.

Ce sera le cas notamment pour Monteux-lès-Spirou, qui entend profiter de la présence du parc d’attraction du héros des éditions Dupuis sur son territoire. C’est aussi le cas de Bollène avec le site nucléaire de Triscatin qui donnera bientôt Bollène-lès-Orano. Enfin, Châteauneuf-du-Pape, qui accueille régulièrement des chroniqueurs ou journaliste de la chaîne d’information de Vincent Bolloré lors de ces événements culturels, va devenir CNews-du-Pape. La commune de la plus ancienne AOC viticole de France ayant toutefois hésité avec Châteauneuf-des-Oranges afin d’alerter sur les dangers du réchauffement climatique et ainsi inciter ses vignerons à arracher la vigne pour la remplacer par des vergers d’orangers.

Don Quichoppe de la Mancha

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