6 février 2025 |

Ecrit par le 6 février 2025

André Bernard, figure du monde agricole vauclusien, prend sa retraite

Il a creusé son sillon pendant près de 50 ans, André Bernard prend sa retraite, mais il continuera à se battre comme un lion pour les paysans.

On le connait, le président de la Chambre d’Agriculture de Provence-Alpes-Côte d’Azur ne compte pas rester inerte en 2025. Celui qui a racheté l’exploitation ses parents à Uchaux dans les années 70, l’a agrandie au point qu’elle est passée de 6 hectares à 150 et qu’il a diversifié l’exploitation familiale avec de la tomate industrielle, des céréales, de l’ail, de la fraise et qu’il l’a adaptée aujourd’hui aux énergies renouvelables avec du photovoltaïque dans ses champs.

Sa vie de paysan engagé a débuté chez les JA (Jeunes agriculteurs) pour en devenir président en Vaucluse en 1982, membre du Bureau national, président régional, puis à la quarantaine, il passe à la FDSEA (Fédération des Syndicats d’Exploitants Agricoles). Élu à la Chambre d’Agriculture de Vaucluse, il porte haut et fort la voix des agriculteurs, devient président de celle du Vaucluse (2013-2019) puis pendant ces 5 dernières années, président de celle de la Région Sud. Une série de mandats de rencontres qui lui ont permis lui qui au départ savait à peine lire et écrire, d’apprendre, de se former, de s’enrichir. « Je n’avais qu’un BEPC en poche, mais grâce à l’enseignement agricole, j’ai réussi à m’élever au-dessus du CAP et à échanger avec des collaborateurs, des ingénieurs. Grâce à eux, j’ai continuellement évolué, engrangé des connaissances et des compétences. »

Ses combats

Ce dont André Bernard est le plus fier au terme de ses combats : « Avoir réussi, lors de la mise en place des aides de la PAC (Politique agricole commune de la Communauté Européenne), d’en récupérer l’intégralité pour la tomate industrielle, c’était un combat de titan en 2006-2007. En 2009, cela a été d’obtenir l’exonération d’une partie des charges sociales pour les paysans qui emploient des salariés, le coût du travail a été mieux payé. Et bien sûr ‘Med’Agri‘, que j’ai créé il y a une dizaine d’années. Le salon professionnel de l’agriculture méditerranéenne au Parc des Expositions avec des débats, des conférences sur les nouveautés, les techniques de pointe.

Il est une véritable caisse de résonance du monde paysan. Le miroir de toutes ses préoccupations : climatiques et environnementales, avec la raréfaction de la ressource en eau, les épisodes de gel, de canicule. Mais aussi la recherche du bien-être animal, de la mécanisation des tâches répétitives, de la décarbonation, de l’amélioration des revenus des paysans. La mondialisation de la concurrence est faussée par des règles différentes d’un pays à l’autre, y compris au sein du Marché Commun. Il est nécessaire d’avoir une souveraineté alimentaire alors que nous produisons seulement 15% de ce que nous consommons. Il y a urgence aussi de simplifier l’avalanche de normes et de contraintes inutiles qui s’abat sur nous avec une administration tatillonne qui nous traque jour et nuit par des injonctions mailées sur notre ordinateur.

« C’est chez les paysans qu’on compte le plus grand nombre de suicides »

Autre bataille dans laquelle s’est engagé André Bernard : que l’on prenne en considération les paysans. « On nous traite de pollueurs, de prédateurs, de criminels parce qu’on consomme de l’eau, qu’on utilise des fertilisants, qu’on pollue. Mais l’eau, on la rend sous forme de fruits et de légumes. On ne reproche pas aux gens de construire toujours plus de piscines ni aux joueurs de golf de pratiquer un sport gourmand en mètres cubes. Notre agriculture bénéficie d’un nombre impressionnant de labels (bio, AOP, AOC, IGP, Label rouge), c’est la preuve qu’elle progresse, produit des vins et du maraîchage de qualité. Et à cause de cet agri-bashing, c’est chez les paysans qu’on compte le plus grand nombre de suicides. 526 par an, selon un chiffre qui date de 2016. Depuis, il a dû s’aggraver, ce qui fait presque deux par jour. »

L’eau, une de ses principales préoccupations

André Bernard a pris le taureau par les cornes pour sécuriser l’irrigation en convainquant les élus, les préfets de Vaucluse et de la Drôme, la Région Sud, les syndicats de l’eau, de la nécessité d’irriguer les cultures grâce à un prélèvement mesuré de l’eau du Rhône, le fameux projet HPR (Hauts de Provence Rhodanienne). Un plan pharaonique d’hydraulique agricole qui concerne 81 communes et 3 500 exploitations sur une superficie de 87 000 hectares. « Le 1ᵉʳ objectif est d’économiser l’eau, réussir la transition écologique et maintenir une agriculture durable sur nos territoires, explique André Bernard. C’est le plus gros chantier en 50 ans, de 800M€ environ. Bertrand Gaume, notre ancien préfet, avait parlé d’un ‘immense puzzle’, mais c’est le prix de la survie de ce territoire ».

L’agriculture et les énergies renouvelables

Autre cheval de bataille d’André Bernard, toujours pour conforter et diversifier les revenus des paysans, en plus de l’œnotourisme, les énergies renouvelables. « Le photovoltaïque est une vraie richesse, une vraie valeur ajoutée, chez nous où le soleil brille plus qu’ailleurs. Elle rapporte entre 5 000 et 6 000€ par an et par hectare. Mais elle risque de profiter surtout aux gros propriétaires, donc je suggère qu’au-delà de 5 hectares, donc 25 000€, 1000€ soient alloués au paysan et le reste de l’argent soit réinvesti au bénéfice du territoire agricole et rural. Ça aiderait par exemple à l’installation des jeunes agriculteurs, dans un pays où 40% des exploitants agricoles ont plus de 55 ans et où il faut faciliter la transmission des fermes et des domaines. »

Et comme il n’est jamais à court d’idées novatrices, André Bernard a aussi installé sur ses terres d’Uchaux un ‘Fragolab’, des serres recouvertes de panneaux photovoltaïques sur 1 800 m² qui vont permettre de faire pousser plus vite des fraises de Carpentras. Elles seront précoces et ne subiront pas la concurrence de celles qui viennent d’Espagne.

La méthanisation

La méthanisation fait partie du champ des possibles pour que les finances des agriculteurs ne battent pas de l’aile. En 2023, André Bernard avait lancé à Tarascon l’opération ‘TOMMATES’ (Techniques, outils et méthanisation pour la multiperformance agricole des territoires et des systèmes). « Nous devons réfléchir à un nouveau modèle de production face aux contraintes sur le prix de la main d’œuvre et des charges sociales, sur le coût des matières premières et de l’énergie ». Lui qui préside la ‘Sonito’, qui regroupe les professionnels de la tomate industrielle, s’est aperçu que cette filière ne couvre que 10% de nos besoins en pulpe, sauces et coulis de tomates, de sorte que nous dépendons d’importateurs italiens, espagnols et chinois. Eux, précisément qui avaient englouti ‘Le Cabanon’, le fleuron connu dans la France entière, basé à Camaret, qui transformait 400 000 tonnes par an et avait même installé un pipe-line souterrain relié, à l’époque à l’usine Buitoni. « Pour que la tomate reprenne des couleurs, nous devons nous adosser à d’autres filières, riz, blé, légumineuses comme pois chiches et lentilles, développer la culture de la tomate en plein champ grâce à une agriculture régénérative et décarbonée.

Le méthane sera utilisé pour transformer les biodéchets en biogaz qui alimentera les sites agroalimentaires du territoire et le digestat, le résidu qui sort à l’issue du processus de méthanisation, riche en fertilisants, servira d’engrais. Ainsi, la boucle sera bouclée, un projet d’économie circulaire globale », précise-t-il. « On pourra même planter des herbes aromatiques, des fleurs, occuper l’espace sans tuer le sol grâce à une rotation. Sans parler des couverts végétaux qui permettent de diminuer la température de 14° quand le soleil cogne. » Un projet est en cours sur la commune de Piolenc, près de l’autoroute. L’ambition est de créer des îlots agricoles de 1000 à 1500 hectares, permettre aux exploitations de se moderniser pour être compétitives et fixer, à terme, des centaines d’emplois non délocalisables pour les futurs jeunes paysans.

Une envie de transmettre

Pour conclure, il reste optimiste et combatif. « Quand on nait pauvre, on se décarcasse. Nos grands-parents, nos parents ont su enjamber les obstacles, s’adapter aux métamorphoses de l’agriculture, investir dans des tracteurs. Nous aussi, nous avons pris en compte les attentes des ‘consom’acteurs’. Le paysan doit être considéré à sa vraie valeur, vivre de son travail dignement. Qu’on fasse tomber les barrières administratives inutiles, le monde ne nous attendra pas. Si nous ne faisons rien, le changement climatique va nous dépasser et nous avaler. Donnons aux jeunes l’envie d’avoir envie de vivre de l’agriculture qui façonne nos paysages et nous nourrit. »

« Je me bats comme un lion depuis 40 ans. »

André Bernard

André Bernard ne risque pas de disparaître du paysage agricole local, il va faire partie du ‘Collège des retraités’ à la Chambre régionale d’Agriculture, continue à l’ANIFELT (organisation des fruits et légumes transformés, pomme de terre, bigarreau, champignon, pruneau), et restera président de la Sonito et du Canal de Carpentras, qui couvre une zone irriguée de plus de 10 000 hectares. « Je serai là pour aider si nécessaire », résume-t-il dans un large sourire. Lui qui représente la 6ᵉ génération de la famille Bernard, dont le fils Sylvain a pris la suite, lui aussi engagé dans le syndicalisme agricole. Et à son tour, l’un de ses petits-fils, Adrien, 20 ans, laboure la terre de ses ancêtres. Transmission réussie, André Bernard !


André Bernard, figure du monde agricole vauclusien, prend sa retraite

La 4e édition du salon Med’Agri qui vient de se tenir au parc des expositions à Avignon a quasiment atteint ses objectifs de fréquentation. Porté par la Chambre régionale d’Agriculture Provence-Alpes-Côte d’Azur, le rendez-vous des professionnels de l’agriculture tablait sur 15 000 visiteurs environ. Au final, ils auront été 14 900, dont 900 collégiens et lycéens, à venir à la rencontre des 380 exposants et sociétés présents sur 14 000 m2. Un chiffre en progression de 30% par rapport à la précédente édition (11 500 visiteurs en 2022*).

Maraîchers, arboriculteurs, viticulteurs, éleveurs, céréaliers, oléiculteurs, producteurs de plantes aromatiques et à parfum, en conventionnel et en agriculture biologique se sont donc retrouvés lors de ce salon professionnel de l’agriculture méditerranéenne pour découvrir l’actualité de l’agritech, le rendez-vous Tech & Bio Cultures Méditerranéennes, des innovations, de nouvelles pratiques et les perspectives les plus prometteuses pour assurer la performance durable des exploitations agricoles. En tout, le salon a accueilli 55 ateliers et conférences, 12 masterclass et permis 128 rendez-vous BtoB avec 30 sociétés exposantes via sa délégation Export.

Crédit : Laurent Garcia

Une ministre à la rencontre de l’agriculture méditerranéenne
Pour preuve de l’importance de l’événement, Annie Genevard, nouvelle ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, est venue visiter le salon en compagnie d’André Bernard, le président de la Chambre régionale d’Agriculture Paca.

« Confrontés aux contraintes climatiques et économiques que l’on connaît, les agriculteurs ont pu identifier des solutions auprès des exposants du salon, des organismes de recherche et d’expérimentation, des experts ou des start-ups de l’Agora Innovation, expliquent les organisateurs. Tout comme la délégation d’acheteurs internationaux conduite par Business France, lors d’entretiens BtoB avec les exposants. Rendez-vous d’affaires, le salon MED’Agri est aussi un lieu de partage de connaissances et de retour d’expériences avec un programme très suivi de conférences, de Masterclass autour du vin, de l’huile d’olive et de l’amande, de tables-rondes et d’ateliers pratiques. »

Par ailleurs, face aux problématiques de recrutement et de renouvellement des générations, un pôle ‘Formation, Emploi, Métiers’ particulièrement dynamique a mobilisé de nombreux acteurs autour de l’enseignement agricole et accueilli des rencontres et autres jobs dating entre futurs collaborateurs et employeurs.

Suite à ce succès, la Chambre régionale d’Agriculture Provence-Alpes-Côte d’Azur, organisatrice de Med’Agri, et ses partenaires annoncent déjà la tenue la 5e édition du salon de Med’Agri prévue en octobre 2026.

L.G.

*Le salon a lieu tous les 2 ans depuis 2018.


André Bernard, figure du monde agricole vauclusien, prend sa retraite

En pleine mutation, l’Agriculture Méditerranéenne attend de pied ferme la venue de la ministre demain au Salon Med’Agri qui se tient au parc des expositions d’Avignon jusqu’à demain.

Dès l’entrée dans le Hall L, on tombe directement sur le stand de la Coordination Rurale aux couleurs des gilets jaunes avec ses slogan-choc :  » Sans paysans, demain c’est la faim », « Cultivons l’indépendance, récoltons la liberté », « Stop aux importations massives qui ne respectent pas nos normes ».

« Nous sommes les nouveaux pauvres. »

Caroline Lecanuet, présidente de la Coordination 13 à Eguilles

Caroline Lecanuet est la présidente de la Coordination 13 à Eguilles : « Demain, lors de la visite de la Ministre de l’Agriculture, nous avons une minute et demi pour poser une question. La mienne ce sera : « Quel est votre modèle de ferme de demain : pérenne, agronomique, indépendante ou mondialisée ? On a de plus en plus d’aléas climatiques, de normes qui se superposent, de revenus qui baissent. Nous sommes les nouveaux pauvres, le maillon faible de la société. On a l’agriculture la plus vertueuse de la terre et pourtant, on trinque ».

Caroline Lecanuet, présidente de la Corrdination 13 à Eguilles.

Christian Convers est lui aussi membre de la Coordination Rurale mais en Savoie : « On nous traite de gens violents, c’est faux, nous sommes déterminés. On en a assez des traités de soi-disant libre-échange comme le Mercosur (Marché commun qui réunit l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, le Venezuela et l’Uruguay) qui abaisse les droits de douanes et provoquerait un afflux de marchandises bon marché en provenance de ces pays où la main-d’oeuvre et la qualité des produits n’ont pas les mêmes barêmes que les nôtres. ». Il précise : « La nouvelle ministre qui était à la radio ce matin, compatit à notre faible niveau de vie, à la maltraitance animale, à l’agri-bashing que nous subissons. Mais elle n’a pas de baguette magique ».

ketch-up ‘Made in Tarascon
Un peu plus loin, se dresse le Carré des MIN (Marchés d’Intérêt National d’Avignon, Cavaillon, Châteaurenard et Marseille) qui reçoit la visite de Cécile Helle, maire d’Avignon. Elle tient dans la main un flacon de ketch-up ‘Made in Tarascon’, « Bien moins riche en sucre et en sel, on pourrait l’utiliser dans les cantines scolaires de la ville ou dans la restauration des hôpitaux et de EHPAD. »
Laetitia Vinuesa directrice d’ECOMIN, à l’angle de la Rocade et de la rue Pierre-Semard précise : « Nous avons beaucoup de visites depuis hier, étudiants, fournisseurs, producteurs d’agro-alimentaire, de semences, . Nous avons sur le site du MIN une brasserie artisanale, un glacier, un boulanger, un pâtissier. Nous sommes le symbole des circuits courts, de l’agriculture locale et de la qualité des fruits et légumes de Vaucluse ». D’ailleurs, deux chefs réputés, Christian Peyres et Michel Meissonnier cuisinent dès 10h du matin des verrines de champignons de Paris et des caillettes dont le fumet attire un monde fou dont la Maire d’Avignon.

Cécile Helle (à droite), maire d’Avignon, avec Laetitia Vinuesa, directrice de l’EcoMin de la cité des papes, en compagnie des chefs Christian Peyres et Michel Meissonnier.

Parmi les exposants aussi, des concepteurs de tracteurs, d’engins immenses comme Pellenc, Mac Cormick ou Lamborghini. L’écurie transalpine ne fabrique pas que des bolides filant à 350km/h avec son V 12 atmosphérique.
Une conférence dans l’Espace de Masterclass animée par François Bérud et Nathalie Portet de la Chambre d’Agriculture sur le thème : les variétés résistantes aux maladies de la vigne, « Il serait préférable de dire plutôt ‘tolérantes aux maladies fongiques’ précise-t-il. Ces cépages qui s’appellent Floréal, Vidoc, Prior, Carbon, ils demandent du temps long pour castrer la grappe, pour polliniser les pépins avec un pinceau, pour comparer, croiser, tester, sélectionner, ce que nous faisons dans le Vignoble Expérimental de Piolenc. Cela peut prendre 10 à 15 ans ».

Un peu plus loin, place à « Gautier Semences » basée à Eyragues, une entreprise familiale née en 1952 et aujourd’hui installée dans un bâtiment flambant-neuf et fonctionnel en forme de serre, avec plus de 1500 m2 de laboratoires de recherche et bureaux. Gautier Semences qui va recevoir l’un des Prix de l’Innovation 2024 de Med’Agri 2024 pour une « Gamme de courgettes parthénocarpiques ». Ce qui, en mots simples, signifie que ces légumes se forment sans pollinisation des fleurs femelles. En plus, le rendement est élevé et le légume résiste bien à l’oïdium.

A la fin de la visite, entre les travées des différents halls de Châteaublanc qui vont recevoir plus de 15 000 visiteurs pour cette 4ème édition, on tombe sur le président de la Chambre Régionale d’Agriculture affairé. André Bernard en grande discussion avec les services de la Préfecture de Vaucluse, pour caler la visite de la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, jeudi matin à Châteaublanc. Le circuit qu’elle fera dans le Salon, les représentants des filières et des syndicats agricoles qu’elle rencontrera pour prendre le pouls d’un monde en crise depuis des mois, sans qu’une réponse précise n’ait été apportée par l’Etat à toutes ses préoccupations, dans un secteur où, tous les deux jours, un paysans se donne la mort.

André Bernard, président de la Chambre d’agriculture de Paca prépare la visite de ministre avec les services de la préfecture de Vaucluse.

André Bernard, figure du monde agricole vauclusien, prend sa retraite

Rencontré lors de la journée de séminaire de l’eau organisée par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, André Bernard, président de la Chambre régionale d’agriculture de Provence-Alpes-Côte d’Azur propose sa vision de l’agriculture engagée dans la modernité.

«La situation en Vaucluse est préoccupante car nous n’avons pas eu de vraies précipitations depuis trois mois, observe André Bernard, président de la Chambre régionale d’agriculture de Paca. La partie ouest du Vaucluse a dépassé les précipitations annuelles à tel point qu’il y a eu de petites inondations très localisées. Sur la partie est du département –autour du plateau de Sault- ainsi qu’au Mont Ventoux, il y a très peu eu de neige, du coup les nappes phréatiques sont à un niveau bas.»

La Durance et le Verdon
«Heureusement une partie du département est desservie par la Durance ou par le Verdon via le canal de Provence sur des ressources qui sont stockées. Certes l’enneigement est moins important que les années précédentes et historiquement mais supérieur à ce qu’on a connu l’année dernière. Egalement EDF explique que le barrage de Serre-Ponçon se remplira pour atteindre la cote touristique au 1er juillet ce qui nous permettra de disposer d’une réserve d’eau pour travailler tout en l’économisant.»

Innovation et technologie
«Le monde agricole, depuis des années, et en particulier dans le Vaucluse, a fait d’énormes efforts puisque nous avons divisé par deux voire plus le volume d’eau pour l’irrigation des cultures en passant d’une irrigation gravitaire –qui réalimente les nappes-  parfois au bénéfice des communes et des prélèvements individuels mais qui ne permet pas d’aller dans des secteurs un peu en hauteur.» 

Arroser en hauteur
«Comme l’urbanisation a grignoté les terres agricoles qui étaient irriguées par les canaux gravitaires autour d’Avignon, d’Orange, de Carpentras, de Cavaillon et tous les autres villages, l’agriculture a du se repositionner sur les hauteurs et, aujourd’hui, avec le changement climatique et d’irrégulières précipitations nous devons désormais arroser sur les coteaux les vignes et les arbres fruitiers, ce qui ne se faisait pas auparavant.»

Cultures à flanc de coteaux

Du goutte à goutte aux sondes
«Pour arroser ces cultures sur ces territoires, nous utilisons le goutte à goutte –une technique qui existe depuis 25 ou 30 ans- qui passe au pied des arbres, des vignes et des cultures. Maintenant, depuis presque 10 ans, nous pilotons l’irrigation du sol via des sondes qui mesurent le degré d’hygrométrie tous les 10 cm, jusqu’à parfois 1m de profondeur dans le sol, suivant les cultures, et transmet instantanément les données digitales au cultivateur qui déclenche, selon ces informations, l’irrigation afin de ne pas gaspiller l’eau. Cependant cette technologie réclame à ce que nous disposions de réserves d’eau stockée et accessible pour la distribuer quand cela est nécessaire. Avec cette technologie nous avons réussi à diminuer très fortement le volume d’eau utilisé.»

Une meilleure pratique du travail des sols
«Nous avons également nettement amélioré les pratiques du travail des sols, notamment en enherbant entre les rangs, afin que le sol ne se réchauffe trop et ne s’assèche pas. Egalement lorsque nous récoltons, nous ensemençons, ce qui va permettre de stocker plus d’eau ainsi que d’améliorer la structure du sol. De plus, ce couvert végétal permettra d’absorber le carbone et la chaleur. L’intérêt de cette biomasse ? Demain elle alimentera les méthaniseurs et produira du bio-gaz en plus de ce que nous produisons. C’est tout une réflexion qui est en cours.» 

Des ombrières photovoltaïques au secours des vergers
«Nous pouvons aussi explorer un autre système qui permet de réduire l’exposition au soleil comme l’agroforesterie, de type oasis, de façon à avoir un couvert végétal et cultiver en dessous. L’inconvénient ? L’arbre a aussi besoin d’eau et nous ne maitrisons pas l’ensoleillement. Or, il y a des techniques, aujourd’hui qui permettent de produire de l’énergie électrique au moyen de systèmes pivotants –des ombrières photovoltaïques- qui laissent passer la lumière tout en ombrageant les plantes lorsqu’il fait chaud et permettent de réduire la consommation d’eau. Ces systèmes sont aujourd’hui en expérimentation.»

Des expérimentations menées au lycée agricole de Carpentras-Serre
«A ce propos, nous venons d’inaugurer au lycée agricole de Carpentras-Serre l’installation d’un verger de cerisiers sous ombrières. Ces structures seront également équipées de filets pour protéger les arbres et les fruits. Pour autant la vie reste très présente dans nos exploitations car les lapins, les oiseaux pénètrent dans les serres ainsi que les haies qui abritent les parcelles et regorge d’une faune très présente.»

Le débat sur l’eau
«Pour autant, pour économiser de l’eau il faut en disposer. Heureusement que nos anciens ont réalisés les deux ouvrages hydro-électriques Serre-Ponçon et du Verdon (dont une part de l’eau est réservée pour le canal de Provence), au départ conçus pour sécuriser en eau, la ville de Marseille. Sans Serre-Ponçon nous n’aurions pas pu, non plus, sécuriser l’arrivée en eau pour la région. Ainsi, 80% de l’eau consommée sur la région Sud Paca est de l’eau stockée et transportée. Sans ces aménagements, ainsi que le Canal de Vaucluse, pensé par nos anciens, plus de 5 millions d’habitants n’auraient pas eu leur place en Provence. Certes il y a moins de neige, il pleut différemment, mais même si les précipitations doivent baisser, il tombe encore assez d’eau pour alimenter Serre-Ponçon et le Verdon.»

Cerisiers à Venasque

Le Rhône
«Sans ces régulateurs, l’été, il n’y aurait plus assez d’eau pour vivre dans la région. Dans cette part, l’agriculture en utilise 10% soit 200 millions de m3 réservés à l’agriculture sur Serre-Ponçon sur les 2 milliards existants. Le Rhône est de deuxième fleuve le plus porteur d’eau douce de la  méditerranée après le Nil. Et il reste très peu utilisé, l’agriculture en prélève moins d’un jour du débit du Rhône. Certes, là aussi il y a une baisse, des irrégularités dans le débit et l’étiage –le plus bas niveau de l’eau- qui avait auparavant lieu en septembre car la neige fondait en juillet et août, ce qui fait que l’arrivée d’eau est plus rapide mais techniquement gérable.»

Nourrir nos concitoyens
«Nous avons de l’eau, le tout est de la stocker, de la transporter et d’accompagner les agriculteurs à mettre en place les pratiques et du matériel qui permet d’économiser l’eau pour relever le défi de nourrir nos concitoyens avec des produits du terroir car plus de 50% des fruits et légumes consommés en France proviennent d’Espagne, d’Italie, de Pologne –le plus important producteur de pommes- et du Maroc.»

La souveraineté alimentaire
«On a demandé à nos grands-parents et parents, au sortir de la guerre, de travailler à la souveraineté alimentaire de notre pays. Ils ont relevé le défi et l’alimentaire est devenu très peu cher dans les dépenses. Dans les années 1960, la part de l’alimentation dans le budget de consommation des ménages représentait 29% dont la moitié revenait au paysan. Aujourd’hui la part alimentaire est de plus de 17% et la part qui revient aux agriculteurs est de moins de 3%. Le produit agricole bord-champs a été fortement déprécié et n’est pas payé à sa juste valeur. Ça veut dire qu’à court terme, on trouve des solutions en important d’ailleurs, c’est-à-dire de pays qui ont moins d’eau que nous. Les fruits et légumes vampirisent leurs nappes et cours d’eau pour nous servir à moindre prix.»

Production de fruits et légumes, un modèle économique ultra libéral
«L’eau est essentielle à la vie et pour se nourrir, or on importe de plus en plus de pays qui n’ont ni les mêmes règles ni les mêmes normes que nous. Pourtant lorsque l’on disparait sur un secteur, les pays importateurs remontent les prix et les baissent lorsque nous le reprenons. C’est bien que nous avons un rôle de régulateur sur le marché. Aujourd’hui, les industriels ne trouvent pas dans le pays, les productions nécessaires, parce que les producteurs ne veulent pas prendre le risque d’une culture qu’ils ne pourraient pas porter à son terme, ou perdre pour n’avoir pas pu la protéger faute de molécules que les autres pays continuent d’utiliser. Par exemple qui sait que le plus grand utilisateur de glyphosate est la SNCF pour désherber ses voies ?»

La disponibilité en eau en France
«Le challenge pour sécuriser notre avenir, pour que les agriculteurs s’adaptent au changement climatique, tout en répondant à la souveraineté alimentaire, c’est de pouvoir demain, stocker l’eau et utiliser l’innovation technologique pour l’économiser. Comment expliquer qu’aujourd’hui nos éleveurs vont acheter du foin en Espagne et que nous on n’en fait pas ? Eux arrosent et nous, nous n’avons pas le droit d’arroser.»

Des paysages Vauclusiens façonnés par l’agriculture

André Bernard, figure du monde agricole vauclusien, prend sa retraite

Plus de deux heures de discours et de questions-réponses lors de ce 79e Congrès de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles vauclusiens qui vient de se tenir à la salle polyvalente de Montfavet.

Après le mot de bienvenue de la présidente, Sophie Vache, Jean-Philippe Briand, trésorier -adjoint prend la parole pour évoquer la richesse de l’agriculture dans ce département. « Avignon peut être découpée en 4 territoires bien distincts : les Coteaux de Bonpas avec ses viticulteurs, Montfavet avec ses producteurs de foin et ses éleveurs, la Ceinture Verte avec ses maraîchers et la Barthelasse avec ses arboriculteurs. Avec plus de 2 000 ha, l’agriculture avignonnaise bénéficie de terres d’alluvions fertiles, d’un microclimat privilégié avec le Rhône, la Durance, le Mistral pour assainir et limiter les gelées, ce qui permet une précocité si précieuse au niveau commercial, ainsi qu’un réseau de canaux d’irrigation ».

Avignon terreau fertile pour une agriculture péri-urbaine
Il poursuit : « C’est une agriculture péri-urbaine qui bénéficie d’un énorme bassin de consommation qui permet le développement de la vente directe et locale avec la mise en place d’un PAT (Projet alimentaire territorial) initié par le Grand Avignon. Cette activité agricole n’est pas toujours bien comprise ni acceptée par les citadins, mais elle entretient les paysages et attire tous les week-ends les promeneurs, les joggers et les cyclistes. Agriculteurs et citadins doivent cohabiter. Cela étant dit, elle doit aussi faire face à des freins comme le PLU (Plan local d’urbanisme) restrictif. Un projet comme la LEO (Liaison est-ouest) prend des terres arables. »
Jean-Philippe Briand qui conclut : « Notre agriculture a de nombreux défis à relever, reconquérir 150ha de friches dans la ceinture verte, favoriser et promouvoir les installations dans cette zone péri-urbaine et promouvoir la richesse de ces productions locales. Il est donc indispensable d’avoir le soutien de la ville d’Avignon, du Grand Avignon et de la Préfecture pour qu’elle puisse perdurer. Malgré tous les freins et toutes les contraintes et normes, l’objectif de souveraineté alimentaire qui est fixé peut permettre de définir une orientation pour la Ceinture verte ».

Donner aux jeunes l’envie de prendre la relève
C’est ensuite au tour de la présidente nationale, Christiane Lambert, par vidéo de s’adresser aux congressistes. Elle évoque le recul de la production agricole française et un sujet crucial : l’eau dont on manque déjà avant même le printemps, la main d’œuvre qui, elle aussi, fait cruellement défaut et précise « Nous devons donner envie aux jeunes de venir chez nous, de prendre la relève ».
La présidente de la FDSEA 84, Sophie Vache s’adresse ensuite à l’auditoire : « Depuis 1945 et l’après-guerre, notre fédération a fait avancer l’agriculture. De nouvelles élections se profilent en 2025 à la Chambre d’agriculture, nous devons jouer collectif, chaque problème a ses solutions pour que les paysans vivent dignement et durablement. En 2022, on a tout connu, le gel, la sècheresse, nous devons sensibiliser le grand public à ce que nous traversons et nous battre pour tous, les éleveurs, les viticulteurs, les lavandiculteurs, les arboriculteurs, les maraîchers, les oléiculteurs, les céréaliers. La colère monte, sans solution, nous saurons nous faire entendre », conclut-elle sous un tonnerre d’applaudissements.

De nombreuses questions concernant les énergies renouvelables
Après une interruption de séance, débat sur les énergies renouvelables. Certes, on peut en installer sur les toitures des hangars, des serres, des abris, des ombrières, avec des panneaux de photovoltaïque, des éoliennes et elles peuvent être sources de revenus d’appoint pour les agriculteurs. Mais qu’en est-il du cahier des charges à respecter, de la fiscalité, du système juridique, du rôle joué par les installateurs privés, par les banques, de la rentabilité de ces nouvelles sources d’énergie ? Nombre de points d’interrogations subsistent sur la fiabilité des prestations, les risques d’incendies quand les installations vieillissent et ne sont pas bien entretenues, faut-il faire une demande de permis de construire ? Certains parlent d’usine à gaz, de poudre aux yeux, d’autres de miroir aux alouettes. Une chose est sûre : il faut maintenir deux souverainetés, l’énergétique et l’alimentaire et la colère monte entre ces deux injonctions.
De son côté, André Bernard, le président de la Chambre régionale d’agriculture aborde le sujet des énergies renouvelables. « Les ombrières sur pilotis, ce ne sont pas des constructions en dur comme une chape de béton. Cela peut être démonté, ça peut être source de recettes nouvelles pour les paysans, c’est à eux de récupérer les dividendes, pas aux banques ni aux énergéticiens qui leur proposent des contrats mirifiques. »

« Arrêtez de nous mettre des bâtons dans les roues. »

Georgia Lambertin, présidente de la Chambre d’agriculture de Vaucluse

La présidente de la Chambre d’agriculture 84, Georgia Lambertin s’adresse à la Préfète, Violaine Démaret. « Nous poussons un coup de gueule. On nous demande de produire mieux, bon, bio, sain, d’être les gardiens de la nature, on l’a fait. Mais quand l’Europe impose 450 règlements, la France à elle seule en rajoute 309 supplémentaires. Et on voit dans les grandes surfaces que la compote vient de Pologne et les tomates hors saison du Maroc. Arrêtez de nous mettre des bâtons dans les roues. Aidez-nous à stopper l’artificialisation des sols, à accéder à l’eau. A ce jour, nous n’avons obtenu aucune réponse du ministre de l’agriculture ».
Au tour d’un homme de monter sur scène, Christian Mounier, fils et petit-fils de paysan et conseiller départemental en charge de l’agriculture. « Bravo ‘les drôles de dames’ qui m’ont précédé, pour votre engagement sans faille. On nous dit de consommer le moins d’espace agricole possible, mais il faut bien construire des logements, des zones d’activités ».
Place ensuite à Bénédicte Martin, elle aussi issue d’une famille d’agriculteurs et vice-présidente de la Région Sud, qui martèle haut et fort : « Nous sommes les alliés du gouvernement, pas les supplétifs. Pour l’eau, nous avons un budget de 200M€ à la Région, pour les fruits et légumes, on avance, pour la recherche aussi mais le compte n’y est pas. On n’est pas la voiture-balai. Entendez notre détresse. Nous sommes prêts à nous engager, mais gagnant-gagnant ».
Après tous ces réquisitoires implacables, la Préfète monte à la tribune. « Votre colère, votre détresse, votre solitude, votre insatisfaction, je les comprends » acquiesce Violaine Démaret. « Certes, l’Etat n’est pas parfait mais nous travaillons pour trouver des solutions. Que ce soit pour la cerise ou pour la lavande. Ces productions, on ne les trouve pas dans tous les départements français, c’est la raison pour laquelle je fais remonter ces problèmes en haut lieu, je demande qu’on accélère avant qu’il ne soit trop tard. Si on ne fait rien au printemps, les filières-reines de Vaucluse vont dépérir ».

Le sujet crucial de l’eau
L’eau, autre sujet majeur. « 32 jours sans une goutte d’eau, c’est du jamais vu depuis qu’existent les relevés météo, en 1959. Il faut absolument l’économiser et faire la différence entre l’usage économique de l’eau – pour les paysans, les cultures, les potagers – et le confort et les loisirs, comme l’eau des piscines. J’y travaille, on va sans doute serrer la vis pour les particuliers ». La préfète a aussi mis l’accent sur ce qui avance bien : le projet « HPR » dans le nord Vaucluse, en prélevant une faible quantité d’eau dans le Rhône pour irriguer les cultures. « En avril 2024, les études et le financement seront concrets, ce sera un chèque à 3 chiffres en millions d’euros pour sécuriser la production agricole dans ce territoire septentrional, comme elle l’est dans le sud-est du département grâce à la Société du Canal de Provence ». Elle a ensuite énuméré les dossiers en cours d’instruction en raison des calamités. « 124 dossiers acceptés pour les fruits à noyaux, 4 pour la sècheresse, c’est peu, dépêchez-vous, pensez aussi à souscrire une assurance-récolte. France 2030 c’est une série d’opportunités à saisir, déjà 40M€ ont été versés à 9 porteurs de projets ». Consciente de la détresse des paysans, la préfète se ‘décarcasse’ pour que Paris apporte de toute urgence des réponses à leurs préoccupations.


André Bernard, figure du monde agricole vauclusien, prend sa retraite

Dans le Vaucluse, un agriculteur sur trois est … une agricultrice. Et, pour l’inauguration, mardi 28 février, du stand du département au Salon international de l’agriculture à Paris, pas moins de 3 femmes ont pris la parole : Violaine Démaret, préfète de Vaucluse, Dominique Santoni, présidente du Conseil départemental et Georgia Lambertin, présidente de la Chambre d’agriculture 84.

Cette dernière a commencé par évoquer le thème de cette 59e édition : l’abeille en expliquant que, désormais agriculteurs et apiculteurs travaillaient main dans la main, en bonne intelligence, pour installer des ruches aux abords de leurs champs. « Ils ont besoin des abeilles pour polliniser les fleurs qui donneront des fruits. Sans elles, c’est comme sans eau, pas d’agriculture possible. Il faut que nous cohabitions sereinement. Avec des prairies, comme à Châteauneuf-du-Pape où 42 km de haies vont être plantés, un ‘Marathon de la biodiversité’ avec les jeunes vignerons de l’appellation. »

Le stand du Département de Vaucluse au Salon de l’agriculture 2023. DR

L’eau est au cœur des préoccupations
L’eau est au coeur des préoccupations de tous, après un été torride et un hiver aride : plus d’un mois sans une goutte de pluie. « Il ne doit pas y avoir de guerre de l’eau », poursuit Georgia Lambertin

La préfète embraye dans le même sens. « L’eau est un sujet majeur dans le Vaucluse. L’été 2022 a été un détonateur avec des restrictions drastiques d’arrosage. Nous avons deux projets importants d’irrigation sur le territoire. D’abord, HPR (Hauts de Provence Rhôdanienne), entre le nord du Vaucluse et le sud de la Drôme. Préserver la nappe du miocène et pomper l’eau du Rhône qui est peu sollicité, c’est une façon d’aider les agriculteurs à faire pousser leurs fruits et légumes. HPR, on en parle depuis plus de 20 ans, mon prédécesseur (ndlr : Bertrand Gaume) avait réussi à faire avancer ce projet. Depuis juin dernier, il y a deux comités de pilotage (un pour chaque département) et fin-janvier dernier, à Bollène, les partenaires sont tombés d’accord pour mener des études, définir les besoins et le financement et l’Etat sera le premier à mettre la main à la poche. »

Le plateau de Sault en première ligne du réchauffement climatique
Autre territoire concerné par le manque d’eau : le plateau de Sault où il a fallu envoyer des camions-citernes au secours des habitants cet été. « La lavande, sa distillation, ses huiles essentielles sont une des dominantes du secteur, ajoute Violaine Démaret, Avec le contrat d’avenir Durance-Ventoux, signé la semaine dernière à Carpentras, 7M€ seront déboursés dans un premier temps, 14M€ à terme. »

DR

L’eau évidemment, il en a été question avec le président de la Région Sud, Renaud Muselier qui a évoqué l’aqueduc romain du Pont du Gard, les jets d’eau du Palais Longchamp en haut de la Canebière, Pagnol et sa Manon des Sources, mais aussi le barrage de Serre-Ponçon et la Société du Canal de Provence : « Nous affichons une vraie volonté d’être sobres en eau et solidaires les uns des autres. Pas de guerre des usages entre les paysans et les propriétaires de piscines. En tout, 800M€ vont être injectés dans la région Sud. Il faut également lutter contre les 5 à 10% de fuites et enfin, nous allons expérimenter un système de re-traitement des eaux usées. En Israël le chiffre de récupération est de 80%, en Espagne de 20% et nous, moins de 1%, il y a une réelle marge de progression. » Un Plan d’action de l’eau sera proposé au vote des élus du Conseil régional le 24 mars prochain à Marseille.

La préfète de Vaucluse (à droite) avec un verre de sirop de melon de Carpentras.

Définir une stratégie en matière d’hydraulique agricole
Dominique Santoni, la présidente de l’exécutif est revenue sur les états généraux de l’eau qu’elle a été la première à organiser à Avignon le 1er décembre dernier. « On a rassemblé tous les acteurs concernés et ils ont permis de valider la pertinence de notre stratégie en matière d’hydraulique agricole, c’est un défi majeur, un enjeu vital pour notre souveraineté alimentaire. »

« Après avoir envahi les territoires alpins, les loups s’aventurent désormais dans les espaces urbains. »

Autre préoccupation, celle des éleveurs, traumatisés par les loups qui égorgent leurs troupeaux. « Non seulement, ils envahissent les territoires alpins, mais ils s’aventurent désormais dans les espaces urbains. Nous devons être aux côtés de nos bergers » martèle Renaud Muselier. Nous devons mieux réguler la présence des loups, augmenter le nombre de prélèvements puisque en France, 60% des attaques ont lieu en Provence-Alpes-Côte d’Azur. En accord avec les agents de la louveterie, nous allons créer une ‘brigade loup’ et les équiper de lunettes à visée thermique pour détecter leur présence la nuit. »
Le président Renaud Muselier s’est aussi félicité du coup d’arrêt d’un arrêté « véritable rouleau compresseur européen contre le lavandin et de sa supposée dangerosité neurotoxique au-delà de 8% de camphre. Il est suspendu mais pas définitivement, le combat doit continuer ».

L’épicerie gourmande du Vaucluse.

Préparer la relève en dépit du prix du foncier
Renouveler les générations, aider les jeunes à s’installer est aussi une priorité quand on sait qu’en 10 ans la France a perdu 11% de ses fermes et que 20 000 paysans partent à la retraite chaque année, mais que seulement 14 000 jeunes leur succèdent. Pour 2023-2027, une dotation de 14,6M€ de la Région plus une autre de 9,1M€ du Feader (Fonds européen pour le développement rural) seront allouées pour qu’ils accèdent notamment au foncier dont le prix s’envole chaque année en Provence.

André Bernard, président de la Chambre régionale d’agriculture et ancien président de la Chambre d’agriculture de Vaucluse.

André Bernard, le président de la Chambre régionale d’agriculture était aussi présent lors de la séance d’inauguration de l’espace vaucluse. « Ce magnifique stand donne une image positive du savoir-faire des paysans. Ils s’adaptent en permanence, à la sobriété en énergie, en intrants, en eau. Nous devons renforcer les circuits-courts et les organiser pour qu’ils ne tournent pas en rond. »
Il a salué également les 300 médailles récoltées par le département, dont 284 pour les vins (116 or, 113 argent, 55 bronze), « Un palmarès dont nous sommes fiers ».

Les producteurs ramènent leur fraise
En dehors des élus, une quarantaine de producteurs sont bien sûr présents à Paris, comme Dominique Bégnis, président de la Confrérie de la Fraise de Carpentras. « Ce sont les premières de l’année, elles sont pulpeuses, sucrées, goûteuses, donc appréciés par les visiteurs du salon. On en produit autour de 6 000 tonnes par an, le 12 mars, on les offrira aux députés et aux sénateurs ». Autre amateur de fraise, Serge Clavel, qui s’en sert depuis 25 ans pour ses berlingots, ses confitures, ses sirops, sa pâte de fraise et ses biscuits « C’est un produit sublime, je l’adore sous toutes ses formes ». Pour l’autre Confrérie, celle de Velleron, Robert Rouch dira simplement « Ce diamant rouge, c’est le premier sourire du printemps ».

Le confiseur Serge Clavel fait la promotion de la fraise de Carpentras.

Parmi les caves distinguées ‘La Présidente’ à Sainte-Cécile-Les-Vignes, qui est l’un des plus vieux domaines de Vaucluse, né en 1701. On a connu le grand-père, Max Aubert, puis le fils, René, trop tôt disparu, c’est désormais Céline qui le dirige et qui vient de décrocher 2 médailles d’or au Concours général, en Châteauneuf-du-Pape, Cuvée Simon Alexandre, rouge et blanc, 10 000 bouteilles de chaque couleur « On est ravi, chez nous c’est le goût qui prime avant tout », commente Maéva Nicolleau en charge des ventes.

Maéva Nicolleau de la cave de La Présidente, double médaille d’or pour un blanc et un rouge de Châteauneuf-du-Pape.

Des chiffres qu’il faut rappeler sans cesse pour montrer le dynamisme de l’agriculture vauclusienne : c’est le premier département producteur d’ail, de cerise, de raisin de table, d’essence de lavande, de courges et de potirons. Le deuxième pour les pommes Golden et Granny Smith, les poires Guyot, la figue et les melons sous serre et le troisième pour les vins d’appellation, la fraise et la pastèque.

Agri-bashing : « Cessons de maltraiter ceux qui nous font vivre. »

La présidente Dominique Santoni conclut : « Jusqu’à dimanche, ce salon, c’est une véritable lune de miel entre notre département et nos producteurs. Ils boostent notre attractivité touristique, façonnent nos paysages, améliorent notre qualité de vie. Décidément, ils en ont du talent, les Vauclusiens. »

La présidente du Conseil départemental de Vaucluse. DR

Et pour ceux qui, a contrario, font de l’agri-bashing, dénigrent de longue les paysans, critiquent leur utilisation de pesticides, leur productivisme excessif, les mauvais traitements qu’ils infligeraient aux animaux, un chiffre d’abord : un paysan se suicide tous les deux jours en France d’aprés la MSA (Mutualité sociale agricole). Ensuite, un livre vient de sortir. Nourrir de Sylvie Brunel chez Buchet-Chastel. Un vrai plaidoyer pour les paysans « Cessons de maltraiter ceux qui nous font vivre. Ils assurent notre quotidien et de notre environnement. Que seraient la Camargue sans les marais, le Ventoux sans la lavande? » La géographe qui enseigne à La Sorbonne ajoute : « En France, nous battons le record du nombre de piscines privées et chlorées et on accuse les paysans de gaspiller l’eau, on croit rêver. Ils doivent faire face aux caprices de la météo, à la mondialisation, à la concurrence déloyale, à la prolifération de normes françaises qui se surajoutent à celles de la Communauté européenne. Après le Covid, quand ils ont déferlé des métropoles pour venir vivre à la campagne, ils n’ont eu de cesse de pourrir la vie des paysans, dénoncer le bruit des tracteurs et le chant du coq trop matinal. Il est temps de reconnaître leurs efforts pour notre souveraineté alimentaire et de les rémunérer dignement pour qu’ils vivent de leur labeur ».


André Bernard, figure du monde agricole vauclusien, prend sa retraite

Après deux années de salon en visioconféfrence, retour au présentiel au parc des expositions de Châteaublanc. Avec un invité de marque : Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement (SGPI), chargé de déployer le dispositif « France 2030 » et venu rencontrer en Vaucluse les acteurs agricoles de l’innovation.

En présence de la préfète, Violaine Démaret, de la présidente du Conseil Départemental, Dominique Santoni, du président de la Région Sud, Renaud Muselier, du président de la chambre régionale d’agriculture, André Bernard, de la présidente départementale, Georgia Lambertin, de la maire d’Avignon, Cécile Helle, mais aussi de la conseillère régionale Bénédicte Martin, Bruno Bonnell a fait le tour des 350 exposants en machinisme agricole, en plants et semis, et des représentants des stations d’expérimentation, de l’INRAE, du Canal de Provence et de la CNR (Compagnie Nationale du Rhône).

D’emblée, André Bernard, qui a eu l’idée de ce salon, a mis l’accent sur « Une année difficile pour les paysans avec le gel, la sècheresse, l’inflation, l’explosion du coût des engrais, des semences, de l’énergie parfois multiplié par 3, 5 ou 10. C’est pourquoi nous devons revenir à une production locale, aux circuits courts. Nous avons une charge énorme sur les épaules : nourrir tout le monde. Déjà nous nous sommes adaptés au changement de climat, préserver l’espace, être plus sobres en eau grâce au goutte à goutte, nous avons réduit le phytosanitaire, nous développons le photovoltaïque, nous pratiquons le binage ».

La PDG de la Compagnie Nationale du Rhône, Laurence Borie-Bancel embraye : « Le monde agricole est touché de plein fouet par les crûes, les tempêtes, la canicule mais il doit assurer notre souveraineté alimentaire. Déjà cet été, les températures proches de 40° ont impacté la production hydro-électrique du Rhône de 25%, une baisse qui a des conséquences sur l’irrigation et la navigation fluviale. La concession e la CNR a été reconduite jusqu’à 2041, ce qui prolonge notre mission d’intérêt général pour accompagner les agriculteurs vauclusiens ».

Cécile Helle se dit « Heureuse d’ouvrir ce salon puisque l’agriculture fait partie de l’histoire, de la culture, de l’identité d’Avignon. A notre niveau, nous luttons contre l’artificialisation des sols. A l’occasion de la révision de notre PLU (Plan local d’urbanisme) nous augmenterons la superficie des terres arables, depuis des années, nous proposons aux écoliers avignonnais des fruits et légumes produits ici, souvent bio. Chaque semaine, nous participons à la distribution de fruits et légumes aux familles les plus démunies et dans les épiceries sociales. Tout le monde doit pouvoir bien manger. Et puis, je n’oublie pas qu’Avignon a des centaines de chercheurs à l’INRAE de Montfavet, le Pôle d’Agro-sciences à Agroparc et le Pôle de Compétitivité Alimentaire « Innov’Alliance ». Mc Cormick France (Herbes et poivres Ducros et aides à la pâtisserie Vahiné) a aussi son siège pour la France à Avignon!“

Violaine Démaret, Bruno Bonell, Renaud Muselier, Dominique Santoni, Cécile Helle et Laurence Borie-Bancel écoutant André Bernard. ©Andrée Brunetti

C’est au tour de la présidente de l’exécutif Dominique Santoni de prendre la parole pour se féliciter de l’existence de 2 évènements qui rythment la vie agricole de Vaucluse ‘Terroir en fête’ en juin à l’Arbousière, et ‘Med’AGri’ en octobre à Châteublanc. « Le département propose des interventions sur le thème de l’irrigation. Cet été nous avons pris conscience de la valeur eau, quand le puis est à sec comme le dit le dicton populaire, parfois il a fallu envoyer des camions-citernes pour approvisionner des villages. D’ailleurs j’organiserai des Etats Généraux de l’Eau avec la Région, l’Etat, les communautés de communes, les syndicats des eaux. Madame la Préfète et Monsieur le Président de la Région Sud m’ont déjà donné leur accord! L’accès à l’eau est absolument crucial pour la viabilité des exploitations, des vignobles, pour l’attractivité de notre territoire, pour la beauté de nos paysages ».

Place ensuite à Renaud Muselier d’intervenir, d’abord pour saluer la nouvelle préfète de Vaucluse. « On se connaît tous les deux puisque vous étiez auparavant en poste dans les Alpes de Haute-Provence, vous connaissez à fond les dossiers agricoles, notamment la lavandiculture. Avec vous on va gagner du temps, d’ailleurs je vous annonce que la Première ministre Elisabeth Borne viendra à la Convention des Maires le 14 novembre. Med’Agri, c’est une rencontre avec un profession noble, les paysans, ils ont un travail exigeant, difficile mais enthousiasmant. Ils doivent faire face à une hausse exponentielle des prix, des charges énergétiques, un climat changeant. Ils représentent 25% de la superficie de Provence-Alpes-Côte d’Azur, 21 000 exploitations, un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros et ils totalisent 284 labels (pour les vins AOC de la Vallée du Rhône, de Cassis et Bandol, le Muscat de Beaumes de Venise, l’agneau de Sisteron, les foins de la Crau, les huiles essentielles de lavande en Haute-Provence, l’huile d’olive des Baux, la truffe du Tricastin…). Nous avons structuré les filières, nous avons augementé le budget de l ‘irrigation de 20%, nous sommes allés réclamer des subventions à Bruxelles. Ici on produit et on consomme responsable. Le paysans doit pouvoir vivre dignement de son travail. Avec la réforme de la PAC (Politique agricole commune) ce sont 115M€ qui seront investis en 5 ans pour une véritable transition énergétique. Les Romains avaient inventé les aqueducs, les ingénieurs du XXème siècle les barrages et le Canal de Provence, Pagnol a écrit sur les oeillets des Soubeyran dans Manon des sources, à Dubaï, en plein désert, on arrive faire pousser des plantes grâce au goutte à goutte… Il n’y a pas de raison que nous ne soyons pas innovants mais un plan de 800M€ sera nécessaire. » Le président de la Région Sud conclut :  » Grâce au Canal de Provence, nous irriguons 47 000 hectares mais un petit coup de pouce serait le bienvenu » à l’attention de Bruno Bonnell venu annoncer que sur les 54 milliards d’euros du plan « France 2030 », 3 seraient conscarés à la revitalisation de l’agriculture.

Le secrétaire général pour l’investissement le rassurera « 3 milliards seront bel et bien flêchés pour l’agro-alimentaire, les métiers d’avenir de l’agriculture. Je fais le tour de France pour inciter chacun à lancer des projets, nous en manquons, osez en déposer. Nous ne voulons pas construire une Muraille de Chine de papier, nous voulons être pragmatiques, concrets, donc simplifier les démarches, l’accès aux dossiers. Il faut faire comme au loto où tous les gagnants ont forcément tenté leur chance ».

Quant à Violaine Démaret, arrivée en Vaucluse le 23 août, elle participait pour la 1ère fois à l’inauguration de Med’Agri.  » Je suis heureuse d’être restée en Provence » dit la préfète, « Je vais être brève, 3 mots suffisent à traduire mon état d’esprit : soyez fiers de votre agriculture et de ce que vous faites, ayez confiance en vous, innovez et notre avenir sera assuré ».

Bénédicte Martin avec la médaille de l’ordre national du Mérite Agricole remis par Renaud Muselier. ©Andrée Brunetti

Parallèlement à cette inauguration a eu lieu une cérémonie de remise de l’Ordre National du Mérite Agricole à la conseillère régionale Bénédicte Martin qui se bat depuis des décennies, bec et ongles, pour les paysans. Renaud Muselier dira d’elle : « Vous êtes une femme droite, honnête, généreuse, pétillante, attentive, toujours au service des autres. Petite-fille, fille, soeur d’agriculteurs, vous vous dévouez depuis toujours à ce territoire, à ce terroir. Vraie vauclusienne, vous vous êtes engagée aux côtés de Jacques Chirac, votre mentor, en collant des affiches à 16 ans. Après être passée par Sciences-Po, vous vous êtes lancée en politique. Elue à Malaucène, puis conseillère régionale Provence Alpes Côte d’Azur, vous êtes en charge de l’agriculture, la viticulture, la ruralité et le terroir, vous vous êtes démenée pour la création du Parc Naturel Régional du Ventoux. Vous aimez et respectez les agriculteurs, vous êtes discrète, exemplaire, jamais vous ne renoncez malgré l’adversité ».

Emue, (et elle n’était pas la seule), entourée de sa maman, de son frère et de ses amis, dont Georgia Lambertin, la présidente de la Chambre d’Agriculture de Vaucluse et André Bernard pour la Chambre Régionale, Bénédicte Martin prend la parole. « Je suis partagée entre plaisir et pudeur. J’ai un amour infini pour ma terre, mon Vaucluse, ma région où vivent des gens sincères, intelligents qui savent s’adapter. Quand j’étais petite, je passais l’été dans les champs quand les autres partaient en vacances. Le monde rural c’est mon ADN, le travail ma religion. J’ai envie de vous dire ce que j’ai écrit le 26 mars 2020 quand le gel a frappé notre exploitation : « J’ai mal pour ceux qui doivent courber l’échine, la peur au ventre, qui scrutent le ciel et en l’espace d’une nuit voient réduit à néant le travail de toute une année. J’ai lu cette angoisse dans les yeux de mes parents, mais, chaque fois, ils ont su se relever, ils posaient des bougies dans les vergers pour limiter le gel avec l’énergie du désespoir. Nourrir les autres, c’est toute leur vie ».

www.med-agri.com


André Bernard, figure du monde agricole vauclusien, prend sa retraite

Lucien Stanzione, sénateur de Vaucluse, a réuni des représentants des professionnels de l’agriculture, syndicats, filières, confréries, élus et assureurs concernés par la réforme des outils de gestion des risques climatiques en agriculture. Objectif ? Ecouter et collecter les informations nécessaires à porter leur voix lors du travail parlementaire.

En lien avec les élus de la filière agraire
L’élu socialiste reste également très en lien avec Georgia Lambertin, la présidente de la Chambre d’agriculture de Vaucluse et le président de la Chambre régionale, André Bernard, également sur la question de l’irrigation. Il a également initié une démarche coordonnée avec les sénateurs de la Drôme et des Hautes-Alpes à propose de la nouvelle réglementation européenne Reach (Registration, Evaluation and Authorisation of CHemicals), notamment pour défendre l’huile essentielle de lavande.

De gauche à droite Robert Delaye (élu Chambre d’agriculture de Vaucluse et MSA), Pascal Invernon (conseiller entreprise, chambre agriculture Vaucluse) Christian Borde, Président du syndicat des PPAM de Vaucluse, Lucien Stanzione sénateur de Vaucluse, Représente Monsieur Dominique Begnis, Président de la confrérie de la Fraise de Carpentras, André BernardPrésident de la Chambre régionale PACA d’Agriculture, Jérémie Onde, Viticulteur-Domaine les Ondines à Sarrians, Philippe Vignal, responsable des marchés agricoles chez Groupama Vaucluse, représente Christophe Charransol Président de la Fédération Groupama Vaucluse, M. Landrin, agriculteur à Althen des Paluds

Les travaux parlementaires débutent demain
Le débat parlementaire sur la gestion des risques climatiques en agriculture devrait se tenir demain, mardi 8 février.

Dans le détail
Les producteurs d’huile essentielle ne sont pas opposés à l’évaluation des huiles essentielles, «mais avec des méthodes adaptées au naturel, qui tiennent compte du naturel et du vivant, et avec des moyens compatibles avec leur activité,» expliquent des membres de l’association des producteurs de l’appellation d’origine protégée huile essentielle de lavande de Haute-Provence. Leur demande ? La création d’un statut spécifique pour les plantes, leurs extraits, et leurs usages. «Ces biens sont ancestraux, nous n’avons pas le droit de laisser disparaître ces savoirs, ces productions, ni de les privatiser ; c’est un patrimoine collectif, universel.»

DR L’irrigation, enjeux essentiel de la filière agricole

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