2 mai 2024 |

Ecrit par le 2 mai 2024

Théâtre La factory, Audrey Vernon présente Billion dollar baby

«J’aurais pu te faire naître durant les Trente glorieuses, la Belle époque… non, toi ce sera extinction de masse, un truc assez rare qui n’arrive que toutes les 30 millions d’années; mais c’est super de voir la fin du film !»
Il était une fois Audrey Vernon. Une maman faussement candide qui écrivait à son enfant à naître. Elle lui décrit le monde, à sa façon, retranscrivant des faits historiques, décryptant les postures des grands de ce monde, la machine du ‘capital’, la terre, les espèces animales… Une épopée très documentée tissée dans la partition mondiale. Ça pourrait être triste, cynique, froid et pourtant c’est tout le contraire : terriblement humain, rigolo, déjanté et intelligent. Audrey en vraie intellectuelle de gauche et lanceuse d’alerte sait très bien faire passer les messages et on en redemande. Un spectacle intelligent, mené à un train d’enfer qui concerne absolument tout le monde.

La Factory. Billion dollar baby. Seule en scène à partir de 14 ans. Audrey Vernon. Jusqu’au 17 juillet Relâche le 11 juillet. Chapelle des Antonins à 21h50. 5, rue Figuière à Avignon. Réservation des places ici.


Théâtre La factory, Audrey Vernon présente Billion dollar baby

Quand on entre au Théâtre de l’Oulle, on ne sait pas où l’on atterri. On arrive tout d’abord sur la  place Crillon, toujours très chic et dépourvue de ses immenses terrasses parce qu’il fait un froid de gueux. Puis on s’approche de ce qui semble être un bar resto ? Que nenni, un bar où on ne peut pas mettre un pied devant l’autre tellement l’endroit est couru. On boit, on converse collé serré comme dans une rame de métro mais en plus convivial.

On s’excuse, on se faufile en essayant de trouver un itinéraire. Ça y est, derrière la petite cloison de l’entrée, on retrouve le visage familier de Laurent Rochut, le directeur artistique de la Factory ‘La fabrique permanente d’art vivant à Avignon’ qui gère trois salles : le Théâtre de l’Oulle place Crillon, la Salle Tomasi rue Bertrand et la Chapelle des Antonins rue Figuière, le tout dans Avignon intramuros. Auprès d’Alice Dubois, rivée à son ordi portable, il accueille les spectateurs venus en nombre. Ils sourient. Chacun fait la queue, joyeux, pour un échange de billets. On parle d’Audrey Vernon qui, en fausse ingénue, secoue le cocotier, de la Zad de Pertuis qui sera là ce soir et prendra la parole après le spectacle. Rien que cela en dit long. Pourquoi ? Parce qu’on peut penser que même au théâtre on surfe sur l’actu. La question ? Est-ce que c’est justement pour l’actu ou par conviction ? Et là on se rend compte qu’Audrey Vernon est très suivie par les assos. Signe que conviction y est et que l’image de la comédienne est porteuse.   

Une salle remplie

Tout le monde est installé
Ça y est. Tout le monde est installé. 194 places tout de même. Laurent Rochut s’avance sur la scène encore sombre, sans lumière, sans micro, sans rien, il prend la parole. La salle s’installe dans un silence impatient. «On a tendance à penser que le seul truc qui va mal en ce moment, c’est la santé et pourtant Audrey va nous rappeler qu’il y a plein d’autres choses qui ne vont pas bien et que la santé est là pour cacher cette forêt. Dans les théâtres on parle de la vraie politique, celle de la Cité et non pas de la politique politicienne qui consiste à spéculer, au gré d’éléments de langage. Notre rôle ? Ramener les vrais sujets sur le devant de la scène.»

L’autre Fest’hiver ?
Avec humour et malice, il ajoute. «On a le plus beau spectacle du Fest’hiver tout en n’en faisant pas partie. On est puni, on n’est pas gentil, alors on est au coin. On n’a pas le droit de faire avec les autres scènes d’Avignon. On fait mieux qu’eux parce qu’on vous propose 2 autres spectacles, une sortie de résidence de la compagnie de danse contemporaine ‘Evolves’ pour ‘#Bêtise’ samedi 29 janvier à 18h puis Home movie, théâtre contemporain avec la compagnie des Lucioles les 4 et 5 février à 20h.»

 

Laurent Rochut

Billion dollar baby
Reprenons. Jeudi soir (27 janvier 2022) Audrey Vernon dans ‘Billion dollar baby, lettre à mon bébé à naître’ avait fait le plein du Théâtre de l’Oulle. La comédienne, enceinte jusqu’aux yeux, nous sort la tête du Covid pour aborder les thèmes majeurs qui secouent la planète : Les destins de l’humanité au prise avec le capitalisme dévoreur de monde, fossoyeur de la raison et de la nature… Et pourtant on rit à gorge déployée !

Un spectacle drôlissime
Oui, oui ! Audrey Vernon écrit à son bébé et, pour lui, revisite l’histoire, l’évolution des sociétés et leurs ravages, la destruction ou l’isolement des peuples primitifs, met au jour les enjeux, les mots qu’on ‘bidouille’ pour en cacher le sens et surtout les intentions. Comme à son habitude, le spectacle est ultra documenté, proposant une revisite de l’histoire, des angles de réflexions politiquement totalement inédits, incorrects, dérangeants révélant la face cachée et, surtout, le cynisme des grands de ce monde.

Audrey Vernon

Comment épouser un milliardaire
Audrey Vernon est déjà très connue du grand public, notamment pour avoir écrit et interprété ‘Comment épouser un milliardaire’, sur l’explosion des inégalités et la privatisation de la richesse mondiale. L’histoire ? Comment une jeune comédienne décide d’arrêter son métier pour épouser un milliardaire. Au fil de son spectacle, la comédienne explique «Comment 1 810 personnes ‘ultra riches’ ont réussi à s’approprier les richesses naturelles, humaines et breveté les semences… »

Une intellectuelle rigolote
Audrey Vernon commence le théâtre à 13 ans, âge à partir duquel elle découvre les grands auteurs français et parmi eux Claudel. Elle intègre le cours Florent. A 21 ans, elle passe une audition devant Dominique Farrugia, pour Canal +. On lui demande d’être fraîche et pétillante, elle arrive sombre et déprimée. Elle veut rater l’audition. Canal + la rappelle. Elle y restera 10 ans. Elle voulait réciter les grands auteurs classiques. On lui demande d’écrire des chroniques sur l’actualité. Elle est confrontée au traitement froid de l’information. Ça la bouscule. Elle se rend compte que le mot ‘pauvre’ est tabou, particulièrement à la TV, qu’on prononce très peu le mot ‘milliardaire’, notion encore vague à l’époque. Elle commence à s’intéresser à l’économie, dévore le Fig éco, Challenges, des ouvrages spécialisés. Son talent et une documentation fouillée construiront sa renommée. Elle explique tout cela ici, et c’est captivant. Depuis ? Ses décryptages enchantent. Elle est le caillou dans la chaussure qui éveille les consciences et on adore.

Billion dollar baby en 2019 ; Fukushima work in progress une légende japonaise en 2015 ; Chagrin d’amour en 2014 ; Marx et Jenny en 2012 ; Comment épouser un milliardaire en 2009 ; Le spectacle le plus drôle du monde en 2005.

 

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