29 avril 2024 |

Ecrit par le 29 avril 2024

La 19ième édition des Rencontres de l’Eloquence organisées par le Barreau d’Avignon a eu lieu vendredi 27 octobre au Théâtre du Chêne Noir

C’est tout un spectacle qui revient chaque année depuis près de 20 ans sur la scène du Théâtre du Chêne Noir.
« Assurément la place de ces Rencontres ne peut être que dans un théâtre » comme aime à le rappeler son Directeur Julien Gelas. C’est un lieu privilégié pour accueillir les joutes oratoires de ces avocats du Barreau ayant prêté serment cette année. Ce concours permet à de jeunes avocats volontaires, de montrer leur talent d’orateur devant leurs pairs mais également devant le public régulier du Théâtre du Chêne Noir, et là l’auditoire , est devant eux et non pas derrière comme dans une salle d’audience !

Le Bâtonnier Maître Jean-Maxime Courbet dans son discours d’ouverture donne en creux les critères de ce concours
Maître Jean-Maxime Courbet définit les Rencontres de l’Eloquence comme « une manifestation de la culture orale de notre profession, partie de nous-mêmes à laquelle nous sommes viscéralement attachés, une tradition qui résiste et qui continue à prospérer malgré la volonté de certains. Chaque année, les participants ont su capter l’attention de l’auditoire, inspirer la réflexion, incarner la puissance de la parole…. également avec humour. Ils deviennent quelquefois des orateurs aguerris ou des comédiens malgré eux.

Maître Mickaël Viéra, lauréat de la précédente édition en Maître de Cérémonie
C’est à Maître Mickaël Viéra, lauréat de la précédente édition qu’ a incombé la lourde tâche de présenter les candidates et l’ unique candidat. Il n’a rien perdu de son panache et de son humour qu’il nous avait révélé l’année dernière avec « La Justice est elle une balance ? »
Il nous prédit rire et émotion pour «  ce carré d’As, déterminés à être l’As de trèfle qui piquera vos cœurs et vos esprits » : Maître Johanne Lescop ( Le Silence), Maître Guilaine Michel ( Erreur 404), Maître Kim Rodriguez ( Le temps passe t-il vraiment?) Maître Théo Secondi ( Bref, j’ai prêté serment).

Les Rencontres de l’Eloquence ? Un passage initiatique pour les 3 femmes et 1 homme qui ont eu le courage d’y participer
Peu d’effets de manche pour cette édition, manque de souffle peut-être ( mais l’exercice est périlleux) mais sûrement pas manque d’imagination. Et il en faut de l’imagination pour broder, argumenter, déployer des trésors de circonvolutions et ce pendant près de 15 minutes autour de ces 4 sujets aussi farfelus pour un juriste et pouvant se synthétiser ainsi : se demander ce qui pousse à devenir avocat, pour laisser le temps ( des dossiers) passer en faisant les 100 pas dans la salle des pas perdus devant le silence éloquent de son client qui est peut être victime d’une erreur judiciaire.

L’Art du seul en scène récompensé
Plaidoiries construites , sujets argumentés, dramaturgie respectée, humour présent : personne n’a démérité mais c’est un concours ! Après une demi-heure de délibération c’est Maître Guilaine Michel qui a remporté ce prix de l’éloquence 2023 avec son «  erreur 404 », rapprochant les erreurs judiciaires à ce fameux message sibyllin qui s’invite sur nos ordinateurs quand une ressource ou une page Web n’est pas trouvée.
La fête de la parole a continué autour d’un verre dans la Salle Coltrane du Chêne Noir où nous pouvions, nous public parler à notre tour et à notre aise avec les candidates et le candidat encore plus loquaces et enfin libérés…de la parole.


La 19ième édition des Rencontres de l’Eloquence organisées par le Barreau d’Avignon a eu lieu vendredi 27 octobre au Théâtre du Chêne Noir

C’est Gérard Gélas qui a créé cette équipe en 1967 et métamorphosé l’ancienne Chapelle Ste Catherine en lieu de création et de bouillonnement permanent dès 1971.
Depuis 2020, son fils Julien Gélas, auteur, metteur en scène, compositeur et pianiste a pris la suite et il vient de présenter la prochaine saison avec une thématique : la femme. « Elle, cette oubliée de l’histoire, qui depuis des siècles subit injustices et carcan social » annonce-t-il en préambule.

Et c’est par un symbole que s’ouvre la saison, avec l’auteure Tristane Banon, qui a osé brisé le silence, 10 ans avant « #me-too » avec l’affaire D.S.K. Au cours d’une conférence jeudi prochain à 19h, intitulée La paix des sexes. En amont elle tient à préciser : « Je suis une femme, pas une victime. Héroïser la victime c’est tuer la guerrière, assassiner la créatrice. La guerre des genres est un tango funeste. Désormais les lois de l’égalité existent, c’est à nous de réfléchir aux moyens de la faire appliquer. Bien des batailles féministes restent à mener. S’aliéner la moitié de l’humanité pour y parvenir est une hérésie ».

Le 6 octobre, « Amoreamaro », dans le cadre de la Semaine italienne d’Avignon avec Maria Mazzotta, qui a travaillé avec les compositeurs Ludovico Einaudi et Goran Bregovic. Elle vient des Pouilles et sera accompagnée à l’accordéon par Bruno Galeone pour des chants méditerranéens. Le 8, place à Pirandello avec une comédie : « La fuite ». Suivra « Hedda Gabler », du dramaturge Henrik Ibsen. Le 21 octobre, retour au Chêne d’une habituée, l’inoubliable interprète de « Jeux interdits » en 1952 avec Georges Poujouly ou de la série TV « Le Château des oliviers » tournée dans les Alpilles. Elle proposera une soirée « Humour, poésie, musique » avec des textes de Prévert, Hugo, La Fontaine, Desnos ou Michaux avec Nicolas Celoro au piano.

Le samedi 5 novembre, reprise d’ « Asia », une pièce bouleversante sur l’intolérance, le fanatisme. L’histoire vraie d’une Pakistanaise chrétienne, mère de trois enfants, accusée de blasphème et condamnée à mort. Elle sera interprétée par la lumineuse Pauline Dumas. Le 19, Denis Lavant et Samuel Mercer exploreront les mille pages des « Carnets en marge » de Roland Dubillard pour en extraire les pensées les plus drôles, absurdes, burlesques qui dynamitent le langage. Le 25, « George Sand » avec Céline Dupas-Hutin qui nous plonge dans l’intimité de l’écrivain(e), son coeur, son enfance, sa vie d’artiste avec Frédéric Chopin.

Le public lors de la présentation.

En décembre, le 2, une autre figure de la femme : « Euridice », les 25, 28 et 29 janvier , une création de Julien Gélas destinée aussi aux enfants « La belle et la bête ». Un spectacle total avec 7 comédiens sur scène, de la danse, de l’escrime, de la magie, de la video, des costumes et du numérique.

Robin Renucci, désormais directeur du Théâtre National de la Criée, sur le Vieux-Port à Marseille mettra en scène deux figures tragiques de femmes : « Bérénice » le 18 mars et « Andromaque » le 19. En avril, place à la musique avec d’abord le 21, un jeune prodige pianiste, François Moschetta, seul en scène. Il parlera de Mozart et de sa musique avec partitions et anecdotes. Et le week-end des 22-23 « Piano et tuto » avec André Manoukian qui aura sélectionné plusieurs dizaines de pianistes autodidactes qui ne seront pas pas passés par les cours de solfège et le conservatoire mais qui se sont laissé guider par les tutos d’internet. Ces solistes amateurs se succèderont sur scène et le jury, aidé du public, élira les meilleurs qui pourront ultérieurement se produire dans les Carrières des Baux de Provence.

Enfin le 12 mai, Liane Foly dans « La folle repart en scène ». Une voix, un talent, des imitations, de l’humour, bref un grain de « Foly » pour conclure cette 55ème Saison du Chêne Noir.

Contact : 04 90 86 74 87www.chenenoir.frcontact@chenenoir.fr


La 19ième édition des Rencontres de l’Eloquence organisées par le Barreau d’Avignon a eu lieu vendredi 27 octobre au Théâtre du Chêne Noir

Julien Gélas, le co-directeur du Théâtre du Chêne noir également auteur, compositeur et metteur-en-scène met un pavé dans la marre. Puisque le Covid-19 contraint le festival d’Avignon ‘In’ et ‘Off’ à se taire, pourquoi ne pas en profiter pour ériger de nouvelles règles afin de redonner sa place à la culture plutôt qu’aux ‘marchands’ du Temple et revenir à l’esprit du festival insufflé par Jean Vilar ? Julien Gélas l’affirme ce sera le changement ou la mort du festival. Voici sa réflexion.

«Nous nous retrouvons cette année à Avignon sans festival, sans artistes, sans spectateurs. Privés de la magie du théâtre, celle qui nous fait se réunir dans l’éphémère et l’éternel les corps et les esprits. Cette magie comme but, et comme chemin, anime depuis des années le Théâtre du Chêne Noir. Depuis l’origine du festival Off initié par le Théâtre des Carmes et le Théâtre du Chêne Noir il y a plus de cinquante ans, nos sociétés ont connu de profondes transformations qui ont elles-mêmes bouleversé l’esprit du Festival d’Avignon.

Les dérives

La crise que nous traversons nous prive de toutes les joies du festival, mais aussi de toutes ses dérives, dérives qui depuis des années n’ont cessé d’être soulignées, discutées, sans que nous ayons ensemble la détermination suffisante pour les infléchir. Le temps du silence auquel nous sommes contraints, est le temps du changement.

Pour un retour à l’esprit du festival ?

L’esprit d’un festival poétique, populaire, élitaire (qui élève au sens noble du mot) cher à Jean Vilar et aux fondateurs, s’est retrouvé asservi à l’idéal mercantile planétaire d’une société qui privilégie la quantité à la qualité, le divertissement à l’approfondissement, avec pour première victime les spectateurs. De ces transformations, l’image du festival s’en est trouvé ternie, substituant dans une dérégulation toujours plus puissante l’idée de marché à celle d’art.

Changer en profondeur

L’occasion nous est donnée de changer en profondeur les choses, de retrouver des règles qui redonneront de la grandeur et de l’esprit au festival. Car par ces dérives, ce ne sont pas simplement l’image et la vie artistique du festival à Avignon qui sont abimées, c’est aussi l’esprit du théâtre qui est menacé et dont Avignon est un des emblèmes. Nous avons cru, ou fait semblant de croire, comme la colombe qui voulait voler plus vite en se privant d’air, que nous pourrions tout faire sans règles, sans éthique, simplement par « opportunité ».

Halte à la dérégulation

Liberté ne signifie pas dérégulation, au contraire, il n’est pas de liberté sans règles. Tous les artistes connaissent cette règle d’or. Une liberté sans règles n’est pas une liberté, c’est un chaos, et c’est ce qu’est devenu à Avignon le festival. Ainsi certaines questions se posent, combien de vrais théâtres en juillet à Avignon ? Combien de théâtres accompagnent les compagnies en proposant des conditions techniques sérieuses, combien de théâtres sont prêts à partager les risques financiers avec les compagnies et les artistes ? Combien de théâtres ouvrent parce qu’il y a amour du spectacle vivant et non de la rente qu’il procure ? Si en conscience l’on répondait à ces questions, au moins la moitié des lieux n’auraient plus droit de cité.

Nécessaire réforme

Beaucoup se cachent derrière l’idée de pluralité, et de ‘retombée’ économique et au nom d’elles, conduisent les compagnies à la ruine. Il faut saluer et encourager les dernières prises de position de Pierre Beffeyte qui vont dans le bon sens. Des réformes sont attendues et nous ne manquerons d’être présents pour les accompagner et les réaliser. »

 


La 19ième édition des Rencontres de l’Eloquence organisées par le Barreau d’Avignon a eu lieu vendredi 27 octobre au Théâtre du Chêne Noir

Après l’enthousiasme suscité par la diffusion de la création Chêne Noir de ‘La Putain respectueuse’ vendredi 3 avril  avec près de 10 000 vues sur les réseaux sociaux !, l’équipe du théâtre du Chêne noir propose un nouveau rendez-vous : le concert piano solo composé et interprété par Julien Gelas, depuis la page facebook du théâtre et sur sa chaîne Youtube.  Entre performance et profondeurs des mélodies, un voyage sonore dans l’univers du classique, de la pop, du rock et du blues… Après avoir conquis la Chine lors de nombreuses tournées ces dernières années -qui avaient rassemblé plusieurs dizaines de milliers de spectateurs- il était revenu aux racines avignonnaises en mai dernier pour une soirée unique, que nous vous proposons de partager tous ensemble… chacun chez soi! En attendant le bonheur de se retrouver dans les salles du Chêne noir, une belle soirée de concert. 

Vendredi 17 avril. 20h30.

Pour y assister ICI ou sur sur Facebook

 

https://www.echodumardi.com/tag/chene-noir/   1/1