7 septembre 2025 |

Ecrit par le 7 septembre 2025

Veni, vidi, Verdi : le triomphe de la Scala de Milan aux Chorégies

« Sublime! Unique! Magique! Que du bonheur! Quel enchantement! Felicita! » Voilà les mots que l’on a le plus entendus mercredi 20 juillet vers minuit quand les 8313 spectateurs ont quitté les gradins du Théâtre Antique, tous le sourire aux lèvres.

Cette ‘Nuit italienne’ programmée par Jean-Louis Grinda, le directeur des Chorégies restera à coup sûr dans les annales. Pensez donc, 220 musiciens et choristes de la Scala à Orange. L’alliance de deux lieux dédiés à l’art, la musique, l’excellence. Avec ‘La Fenice’ à Venise, la ‘Scala’ est l’autre scène d’Italie du Nord incontournable pour les amateurs de lyrique et d’opéra. Il suffit de citer quelques-uns des chefs qui ont dirigé le ‘Teatro alla Scala’ de Milan pour s’en convaincre : Toscanini, Giuliani, Abbado, Muti, Barenboim et depuis 2015 Riccardo Chailly ont forgé la réputation de l’orchestre, renforcé par 6 longues trompettes égyptiennes mercredi soir.

Et Verdi de la 1ère à la dernière note pour enflammer un public conquis. Verdi a créé la plupart de ses opéras à la Scala et les lyricomanes du Théâtre Antique ont savouré les ‘tubes’ extraits de Nabucco, Les Lombards, Don Carlo, Le Trouvère, la Force du Destin et évidemment Aïda, trissé pour un public debout pendant un quart d’heure qui tapait dans ses mains et en mesure l’air des trompettes ! Un partage à l’unisson des deux côtés de la scène, à tel point que Riccardo Chailly, dans un premier temps s’est tourné vers le public pour diriger puis a contemplé avec délice l’échange entre ses musiciens et choristes et les spectateurs avant d’applaudir le public.

« Orange se souviendra de la Scala, mais c’est sûr que la Scala se souviendra de cette soirée inoubliable à Orange » a commenté en français et en roulant les « r », un spectateur italien venu spécialement de Milan pour voir son orchestre préféré triompher à ciel ouvert dans ce théâtre romain dédié à l’Empereur Auguste.


Veni, vidi, Verdi : le triomphe de la Scala de Milan aux Chorégies

Giselle, chef-d’oeuvre du ballet romantique
Créé en 1841, à l’Académie royale de Musique de Paris Giselle est l’un des ballets les plus dansés au monde. C’est pour cette raison que le chorégraphe Kader Belarbi a voulu être fidèle à l’esprit de la partition tout en apportant une touche personnelle. Il a alors entamé des recherches sur les différentes ‘Gisèle’ afin de projeter cet héritage et de respecter la tradition avec le regard de ce que nous sommes aujourd’hui.

Mais qu’est ce qu’un ballet romantique ?
Être romantique, c’est sortir de l’ennuyeuse répétition du quotidien et divaguer vers le rêve. La ballerine sera donc insaisissable, évanescente vêtue d’un tutu blanc et chaussée de satin. Et évidemment dans le romantisme l’amour est plus fort que la mort.

Un ballet en 2 actes sur une musique d’Adolphe Adam (1803-1856)
Dans un village, au moment des vendanges. Giselle, une jeune paysanne, est amoureuse d’un bel inconnu. De lui, elle ne sait que son nom : Loys. Mais le braconnier Hilarion, épris de Giselle, et que la jalousie rend perspicace, soupçonne quelque grand seigneur. En ce jour de vendanges, la danse s’est emparée de tout le village. Comme à l’accoutumée, Giselle danse à perdre haleine, malgré un cœur fragile et au grand désespoir de sa mère.

Lundi 18 juillet. 21H30. 18 à 100€.Théâtre antique d’Orange. 04 90 34 24 24 24. billetterie@choregies.com


Veni, vidi, Verdi : le triomphe de la Scala de Milan aux Chorégies

Et comme pour chaque Fête Nationale, une ‘Marseillaise’ XXL a retenti en ouverture, au pied du mur d’Auguste, entonnée par la contralto québécoise Marie-Nicole Lemieux, la basse Nicolas Courjal, le ténor Cytille Dubois, la soprano australienne Eleanor Lyons, 300 choristes, les musiciens de l’Orchestre Nexus et les 7 000 spectateurs du Théâtre Antique, tous debout. Un moment de communion et de ferveur républicaines en amont de cet ‘Everest’ de la musique sacrée dirigé par le chef John Nelson, 80 ans, habitué des partitions liturgiques(on l’a vu dans ‘La grande messe des morts’ de Berlioz, ‘La création’ de Haydn, ‘La Passion selon Saint-Mathieu’ de Bäch).

Cette ‘Messe solennelle’, Beethoven a mis plus de 4 ans pour la composer. Elle est dédiée à l’Archiduc d’Autriche Rodolphe, son ancien élève devenu ami puis mécène à qui il a dédicacé nombre de partitions, comme ‘Le Trio l’Archiduc’ ou ‘Le Concerto pour piano n° 5 L’Empereur’ qu’on a entendu ici même la semaine dernière, sous les doigts de Pierre-Laurent Aymard. C’est une oeuvre monumentale qui transcende les 5 mouvements traditionnels d’une messe : Kyrie – Gloria – Credo – Sanctus – Agnus dei, en latin, avec une palette de trompettes, de cors, de timbales, de percussions qui ont embrasé Orange, avant de revenir au recueillement et au pianissimo d’un solo de violon. On passe du gigantesque symphonique à la flûte seule d’un oiseau, des ‘tutti’ monumentaux à la fugue d’un Jean-Sébastien Bäch.

Près d’une heure et demi d’enchantement, une standing ovation des milliers de spectateurs ravis mais inquiets à cause de l’odeur de pins calcinés et des tourbillons de cendres venues de l’incendie de La Montagnette, entre Graveson et Tarascon, à quelques encablures de là.


Veni, vidi, Verdi : le triomphe de la Scala de Milan aux Chorégies

Après un été 2020 ‘confiné’, 2021 a été l’année de la renaissance… Avec la diva Cecilia Bartoli, le violon pop-rock vivaldien de Nemanja Radulesco, le retour de Roberto Alagna dans Samson et la rencontre flamboyante Béjart-Queen.

Et pour 2022, Jean-Louis Grinda, le directeur artistique veut encore « diversifier le programme, élargir le public ». La saison débutera en juin avec Musiques en Fête, en direct sur France 3, le prime le plus regardé de l’année. Mais les Chorégies entreront dans le vif du sujet le 7 juillet avec le chef Myung-Whun Chung et les 100 musiciens du Philharmonique de Radio France qui accompagneront le pianiste Nicolas Angelich (programme pas encore connu). Le lendemain un inédit ‘Elisir d’amore’ de Donizetti qui n’a jamais été donné devant le mur d’Auguste…et dont tout le monde connaît le tube ‘Une furtiva lagrima’ : avec le ténor René Barbera, la chanteuse américaine Pretty Yende détectée par Placido Domingo et le baryton Erwin Schrott.

Beethoven pour le 14 juillet
Le 14 juillet, la ‘Missa solemnis’ de Beethoven, « L’Everest de la musique sacrée » interprétée par 7 chœurs, des dizaines de musiciens, les sopranos Patricia Petibon et Marie-Nicole Lemieux, le ténor Cyrille Dubois et la basse Nicolas Courjal dirigés par John Nelson. Le 18 juillet, ‘Giselle’, le plus grand ballet romantique français écrit par Adolphe Adam, mis en scène par le chorégraphe Kader Benlarbi, ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris.

La Scala de Milan puis Chaplin
Un temps fort, annulé l’an dernier, mais les Chorégies attirent les plus grands, la preuve. ‘La Scala’ de Milan dirigée par son chef iconique Riccardo Chailly sera à Orange le 20 juillet pour un concert des ouvertures et chœurs les plus connus de Verdi, Nabucco, Aida, La force du destin, Traviata, Rigoletto… Bref, un régal ! Le 30, ciné-concert Spécial Chaplin, après ‘Le kid’ l’an dernier, ‘Les lumières de la ville’ l’été prochain.
En août, ‘La symphonie du nouveau monde’ d’Anton Dvorak le 5 et le lendemain, le second opéra de l’édition 2022 : ‘La Gioconda’ d’Amilcare Ponchielli mise en scène par le directeur artistique des Chorégies, Jean-Louis Grinda.
Les Chorégies qui ont failli disparaître en 2018, à l’aube de leurs 150 ans, ont été sauvées par la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur qui a d’ailleurs multiplié par 3 sa subvention (750 000€ au lieu de 250 000€) pour compenser la limite de jauge en 2021. De son côté, l’Etat a abondé de 350 000€ sa dotation. En tout, leur budget global est passé en 6 ans de 51 à 65M€, un festival qui s’autofinance à plus de 85%, ce qui est rarissime.

Réservations à partir du 10 décembre : 04 90 34 24 24 ou billetterie@choregies.com

www.choregies.fr

https://www.echodumardi.com/tag/choregies/page/2/   1/1