27 avril 2024 |

Ecrit par le 27 avril 2024

Gorges du Pont-du-Diable, un site très ‘Malin’

Dans le Nord de la Haute-Savoie, entre Évian et Morzine, les Gorges du Pont-du-Diable impressionnent les visiteurs depuis presque 130 ans. Au cœur du Géoparc du Chablais, elles leur offrent en plus une rafraichissante découverte géologique.

Ici, le Diable semble un peu chez lui. C’est le Roc d’Enfer, qui domine du haut de ses 2 243 mètres. A Morzine, le plus gros village de la vallée, l’épisode des “Possédées” (phénomène collectif de convulsions et d’hallucinations), qui défraya la chronique dans les années 1850 et 1860, est encore bien présent dans les mémoires. Et, bien sûr, il y a ces fameuses Gorges du Pont-du-Diable.
C’est la Dranse qui les a creusées. La rivière, qui prend sa source au col de Bostan (d’où l’on peut presque apercevoir le sommet des… Diablerets, côté Suisse), a dû batailler pour se frayer un chemin jusqu’au lac Léman. C’était au départ un torrent sous-glaciaire, qui s’est progressivement enfoncé et a été en partie recouvert, lors du retrait du glacier, par un glissement de la moraine : c’est ce qui a formé le ‘pont’.
Mais ça, il y a quelques siècles, les habitants de la vallée ne le savaient pas encore. Alors quand ils se sont demandé comment un tel ouvrage avait pu être construit, dans un site aussi impressionnant, au milieu de la forêt et plusieurs dizaines de mètres au-dessus des tourbillons du torrent, la ferveur religieuse de l’époque a fourni une réponse évidente : ce ne pouvait être que le Diable.
« Une légende dit même que c’est à la demande des habitants de La Vernaz et de la Forclaz, les deux villages séparés par la rivière*, qui voulaient s’épargner un long détour, que le Diable a construit le pont. En échange, il aurait exigé l’âme du premier ou de la première qui franchirait l’ouvrage. Les habitants auraient alors envoyé… une chèvre déguisée en femme. Depuis, vexé, le Diable a maudit le pont et l’on peut encore voir, gravés dans le rocher, ses yeux menaçants », raconte Guillaume Rineau, qui dirige le site.

© LesGorgesDuPont-Du-Diable

Un menuisier entreprenant
Un site exploité dès la fin du XIXe siècle. Explorant les lieux, sans doute parce qu’il cherchait un moyen de convoyer des matériaux sur le cours d’eau, Jean Bochaton menuisier originaire du plateau de Gavot, en aval des gorges, eut l’idée de les équiper à des fins touristiques, pour y faire venir les riches curistes d’Évian.
Après avoir obtenu les autorisations nécessaires en 1892, il y a donc tout juste 130 ans, il aménage escaliers et passerelles et reçoit ses premiers visiteurs en 1893. Depuis, à l’image de la Dranse, l’accueil des touristes a connu des hauts et des bas : favorisé par les congés payés à partir de 1936, il a failli disparaitre avec la construction du barrage du Jotty, juste en amont, en 1949 (un débit minimum a finalement été réservé).
La dernière crise en date fut bien sûr celle du covid. Mais elle a permis d’achever les importants travaux de sécurisation et de rénovation des passerelles entamés en 2019 avec, en plus, la création d’un spectaculaire ‘pas dans vide’ (voir photo ci dessous).
Depuis la fin des confinements, les visiteurs sont revenus en masse (le site en accueille, en moyenne, 50 000 par an, d’avril à fin septembre). Ils peuvent ainsi s’émerveiller au long des 400 mètres de passerelles nichées au cœur des gorges. Mais pas seulement : l’accueil a été amélioré et largement fleuri, et dispose d’une boutique et d’une petite restauration à base de produits locaux. Et le sentier d’accès, dans la forêt de hêtres, a été mieux valorisé.

© LesGorgesDuPont-Du-Diable

Beauté des lieux… et des filles !
Inaccessible aux personnes à mobilité réduite et aux poussettes, la visite s’adresse à tous les publics malgré les 60 mètres de dénivelé du chemin d’accès et les escaliers. « Nous sommes un site spectaculaire, mais aussi un site pédagogique : il faut savoir prendre le temps de cheminer et de regarder », souligne Guillaume Rineau qui vient d’accompagner, à son rythme, « une dame de 93 ans qui est ressortie ravie ! ». En période de canicule, la visite offre, en plus, un havre de fraîcheur.
A une quinzaine de kilomètres de Thonon et à peine plus de Morzine, les gorges sont directement desservies par la D902. Une autre légende locale dit que cette route aurait dû être construite sur le versant d’en face, plus ensoleillé et moins abrupte. Mais les plus jolies filles du Jotty (le hameau où se situent justement les gorges) auraient usé de leur charme pour convaincre les ingénieurs des Ponts et Chaussées de préférer ce tracé. Diabolique, là encore !
Pourtant, à admirer les trésors qui entourent les gorges (ne manquez ni le point de vue de Tréchauffex, ni la balade au barrage du Jotty) et à sillonner cette Route des Grandes Alpes du Léman au col des Gets (régalez vous des vieux chalets, des téléphériques d’Avoriaz et bien sûr de l’Abbaye d’Aulps), on se dit que si le Diable semble ici un peu chez lui, cette vallée est pourtant bien un petit coin de paradis.

Par Eric Renevier (Eco Savoie Mont Blanc) pour Réso Eco Hebdo – www.reso-hebdo-eco.com

*Pour ces deux villages, ni le “a” ni le “z” ne se prononcent, il faut dont dire La Forcl’ et La Vern’ pour avoir l’air d’un local !

INFOS PRATIQUES
Gorges du Pont du Diable
205 route des Grandes Alpes (D902)
Lieu dit « Le Jotty » – 74200 LA VERNAZ
Coordonnées GPS : 46.304670, 6.615782
Transports en commun : ligne régulière “Lihsa n°91” Thonon-Morzine (www.sat-leman.com)
Ouvert d’avril à fin septembre
Gratuit pour les moins de 4 ans ; 14 euros pour les enfants ; 18 euros pour les adultes (à partir de 16 ans).
Contact : 04 50 72 10 39 ; info@lepontdudiable.com
Infos : https://lepontdudiable.com

© LesGorgesDuPont-Du-Diable

Gorges du Pont-du-Diable, un site très ‘Malin’

Unique en son genre, le parc de loisirs Dino-Zoo situé dans le Doubs fête cette année ses 30 ans. Trente années pendant lesquelles le parc n’a cessé de s’enrichir de sculptures ultra réalistes de dinosaures, bien sûr, mais aussi d’attractions, d’animations pédagogiques et autre cinéma 4D. Un besoin de se réinventer qui se poursuit aujourd’hui avec l’arrivée d’un tout nouveau dinosaure long de 50 mètres, le Seismosaurus et d’importants projets de transformation du site chiffrés à 3,5M€ sur trois ans.

En 1992, date de la création du Dino-Zoo, le premier Jurassic Park n’est pas encore sorti sur les écrans et personne ne s’intéresse aux dinosaures. Personne, sauf Guy Vauthier, amateur de géologie et de paléontologie. Une idée un peu folle trotte dans sa tête depuis la fin des années 1980 : imaginer un parc de loisirs dédié aux grands reptiles et à la préhistoire. Après un voyage aux États-Unis, bluffé par le parc Disney, l’autodidacte se lance dans l’aventure en faisant le pari d’installer son parc dans le massif jurassien à Charbonnières-les-Sapins, dans le Doubs. Un ancrage régional primordial pour Guy Vauthier qui gère déjà le Gouffre de Poudrey situé non loin de là. « En France, il n’y avait pas encore de Disneyland Paris ni de Parc Astérix, avec le Futuroscope (né cinq ans plus tôt), c’était l’un des premiers parcs à thème de France. Le public d’alors était plus habitué aux foires », explique Geoffroy Vauthier, fils de Guy et actuel directeur du site. Dès la première année d’ouverture, Dino-Zoo réalise 80 000 entrées. Sur une promenade de 2,5 kilomètres, le parc compte seulement une quinzaine de sculptures (contre 80 dinosaures aujourd’hui) mais il profite de l’attrait de la nouveauté et de la sortie en 1993 du film de Spielberg. Celui-ci génère une véritable dinomania planétaire. Cet alignement des étoiles participe à l’envol du parc local. En l’espace de quelques années, ce dernier devient un incontournable dans la région et enregistre aujourd’hui plus de 120.000 visiteurs par an.

Une entreprise familiale
Consciente qu’il ne faut pas se reposer sur ses acquis, l’entreprise familiale va grandir en multipliant les nouveautés avec notamment l’ouverture des premières attractions au début des années 2000. Le parc ouvrira également un restaurant, inaugurera la vallée des Hommes, élargissant ainsi son thème au-delà des dinosaures, développera les animations pédagogiques, dont des fouilles paléontologiques dans le sable à la recherche de fossiles et le cinéma 4D…  

© Frédéric Chevalier

Aujourd’hui Dino-Zoo est dirigé par Geoffroy Vauthier, diplômé d’une école dédiée à la gestion de parcs de loisir. Après avoir fait ses armes notamment chez Disney, il revient au sein du parc familial en 2012. Depuis la mort de son père, il pilote cet héritage au côté de ses deux sœurs July et Cynthia, recevant également l’aide de sa mère qui s’occupe par ailleurs du Gouffre de Poudrey. « À Dino-Zoo nous avons une philosophie familiale, avec des collaborateurs qui sont là depuis plus de dix ans. Et bien que nous soyons passés d’une TPE à une petite PME - qui compte plus de 40 salariés pendant les vacances – nous voulons rester un slow parc », affirme le directeur qui depuis son arrivée a consolidé la clientèle et augmenté le temps de visite. « Aujourd’hui le site attire au-delà de la région : de Lyon à Strasbourg. On fait jusqu’à deux heures maximum de route pour venir chez nous ». 

3,5M€ d’investissements
Dino-Zoo réalise un chiffre d’affaires de deux millions d’euros par an et consacre environ 400.000 euros d’investissements annuels, notamment dans de nouveaux équipements. Aujourd’hui, Dino-Zoo s’agrandit avec un nouveau parcours de 200 mètres jalonné de dix nouvelles sculptures ultra réalistes de dinosaures, conçues en collaboration avec des scientifiques. « Nous travaillons notamment depuis dix ans avec le paléontologue suisse Frédéric Pittet. C’est un vrai fan du parc, il était déjà présent comme touriste à l’ouverture. Il réalise pour nous les textes des panneaux, les dossiers pédagogiques dédiés aux scolaires et aux équipes de médiateurs du parc… ». Pour les 30 ans du site, un tout nouveau dinosaure long de 50 mètres, le Seismosaurus, a été installé. « C’est le plus grand dinosaure à avoir foulé notre terre. Son nom signifie “celui qui fait trembler la terre”. Ce spécimen XXL constitue la plus grande réplique de dinosaure en France. Il aura nécessité cinq semi-remorques et deux grues pour son implantation sur les hauteurs du parc. Vivant à la période du jurassique supérieur, cet herbivore pouvait peser jusqu’à 30 tonnes », commente Geoffroy Vauthier.

© Dino-Zoo

Un muséum pour attirer les plus grands
Les modifications à venir du parc préhistorique ne s’arrêtent toutefois pas à la seule présence de nouveaux habitants inanimés. « Nous sommes à un tournant dans notre développement, lance le directeur. Nous allons investir 3,5 millions d’euros sur trois ans pour changer le visage du site ». Au programme : la création d’une toute nouvelle zone d’accueil, la refonte et le passage sur deux étages du restaurant, le développement d’une inédite attraction familiale mécanique pour 2024 et la création d’un véritable muséum dédiée à la paléontologie. « Dans la configuration actuelle, nous ne pouvons accueillir que quatre bus scolaires maximum (environ 200 à 250 enfants) par jour. À terme, nous devrions pouvoir en recevoir huit, notamment grâce la création d’un pavillon d’accueil digne de ce nom, avec des vestiaires et des toilettes. L’accueil actuel deviendra une nouvelle brasserie », précise Geoffroy Vauthier. Côté restauration la révolution sera de mise avec le nouveau restaurant sur deux étages : « Ce sera la fin du surgelé ! S’enthousiasme le directeur. Nous allons passer nos cuisines en frais et changer tous nos systèmes de production en réalisant des plats sous-vide conservables une semaine. Cela devrait nous permettre de servir 600 couverts par jour, tout en gérant les flux au client près. Nous devrions ainsi faire baisser considérablement nos déchets ». Reste le projet de muséum : prévu pour 2028, il vise à attirer une clientèle plus âgée d’adolescents et d’adultes. Une tranche d’âge que le parc peine à faire venir. « Les adultes accompagnent leurs enfants, mais ne trouvent pas toujours de quoi les captiver sur la durée. Avec ce futur bâtiment nous allons pouvoir nourrir leur curiosité. Il y aura notamment des ateliers pédagogiques (comment dégage-t-on un fossile ?…), une muséographie de squelettes dont quelques-uns authentiques et également un labo privé pour l’accueil des étudiants en paléontologie de Besançon et de Nancy… ».
Ce vaste programme de transformation a notamment bénéficié du plan France relance à hauteur de 800 000€ et du soutien financier de la région et des autres collectivités locales. « Ils croient en nous et nos projets s’inscrivent dans le schéma touristique de la région. Nous sommes ainsi présents sur l’autoroute via les panneaux d’information touristiques. Dans le Doubs, seul deux établissements privés le sont : la grotte d’Oselle et nous. C’est une vraie reconnaissance ».

Frédéric Chevalier, Journal du Palais, pour RésoHebdoÉco

Infos pratiques :
Le parc Dino-Zoo rue de la préhistoire à Charbonières-les-Sapins, aux abords de la RN-57, dans le Doubs, à 20 minutes de Besançon. Tarifs : 16 ans et plus : 13,50 €, de 5 à 15 ans : 12 €, de 3 à 4 ans : 9,50 € et enfants de moins de 3 ans : gratuit. Contact : 03 81 59 31 31, www.dino-zoo.com


Gorges du Pont-du-Diable, un site très ‘Malin’

Toutes les vérités sont bonnes à dire surtout quand il s’agit de l’histoire du pastis, la boisson emblématique « dans le midi » (comme on dit de l’autre côté de la Loire). Ils sont plusieurs prétendants à revendiquer être à l’origine du fameux « pastaga ». Mais si on y regarde de plus près l’histoire du petit jaune n’est pas tout à fait celle que l’on croit…

Le pastis doit tout à l’absinthe
N’en déplaise aux marseillais le pastis n’est pas né dans la cité phocéenne sous l’inspiration du génial Paul Ricard. C’est un peu plus compliqué que cela. Pour comprendre il nous faut faire un peu de chimie et d’histoire aussi… Comme l’absinthe, le pastis est un spiritueux résultant de l’aromatisation, avec des plantes, d’un alcool neutre d’origine agricole. Quant à la version anisée de l’absinthe elle s’est développée avec l’interdiction de l’absinthe en 1915. Faut savoir que celle-ci titrant en moyenne à 70° et que la forte présence de méthanol n’était pas sans conséquences neurologiques sur  les gros consommateurs.  Première vérité : le pastis doit donc tout à l’absinthe !

Le pastis est née à Avignon
C’est Jules-François Pernod et son fils Jules-Felix, associés dans la société « Pernod père et fils », qui ont mis au point une boisson alcoolisée à base d’anis et déposé, en 1918, la marque Anis Pernod. Ils en lancèrent la même année la fabrication dans leur usine de Montfavet. La législation de l’époque ne leur autorisait que 30° d’alcool. Le succès fut immédiat.
Auparavant, l’usine de Montfavet distillait de l’extrait d’absinthe comme celle des cousins Pernod de Pontarlier. C’est cette autre branche familiale installée dans le Jura en 1805, qui introduisit, en France, celle qu’on surnomma « La fée verte ».
Sachant que dans la recette de l’absinthe on trouve aussi de l’anis le jura a donc droit aussi à un petit morceau de paternité de ce qui sera dénommé plus tard le pastis. Mais « juridiquement » on peut affirmer et avec force et détermination que le pastis est né à Avignon. Autre vérité historique rétablie.

Pontarlier contre Avignon
Face au succès de la boisson anisée des Pernod d’Avignon, les Pernod de Pontarlier lancèrent également la leur sous la marque Anis Pernod fils, en 1926. Il n’en fallut pas moins pour la guerre soit déclarée entre les deux familles. Et ça se terminera au tribunal qui donnera en définitive raison aux avignonnais avant que les deux sociétés ne fusionnent en 1928. Les petits cousins se sont réconciliés : « business is business ». Avec à la clé un transfert du siège social à Montreuil, en région parisienne. On est loin des cigales et du soleil.

Avec Paul Ricard le pastis devenait un produit dérivé du soleil
Jusque-là tout allait bien pour les Pernod. Mais en 1932, Paul Ricard fait son entrée sur le marché. Avec beaucoup d’entregent (on dirait aujourd’hui de lobbying), le Marseillais obtient le droit de vendre sa boisson anisée à 40° (le Pernod était toujours calé sur 30°). C’est vrai qu’à Marseille dans certains bars ont avait déjà anticipé l’évolution de la législation depuis un petit moment…
Outre cette progression sur l’échelle des degrés, le génie de Paul Ricard s’est surtout exprimé dans le marketing. Tout d’abord en trouvant un nom générique à sa boisson : ce sera Pastis, tiré de « pastisson » (mélange en provençal). Ensuite, il y associera son nom pour la marque. Un produit, une marque. Dans les deux cas ils étaient originaux : pastis = Ricard. Non content de cela Paul Ricard y ajouta une promesse inédite et très maline « le vrai pastis de Marseille ». Premièrement ça voulait dire que les autres étaient faux (et hop une cartouche pour le Pernod). Deuxièmement cela associait cette boisson au sud, à la Provence, aux vacances. Bref, le pastis devenait tout simplement un produit dérivé du soleil. Du grand art. Ce cas est encore étudié dans les écoles de Commerce… en particulier à Marseille.

Une législation qui fait le marché
A la faveur d’un décret-loi autorisant en avril 1938 de porter le degré d’alcool à 45°, Pernod lance Pernod 45. Deux ans plus tard, le gouvernement de Vichy décidant que la France de l’apéro, est responsable de la défaite (celle-là il fallait la faire), interdit les apéritifs à base d’alcool titrant plus de 16°. Les producteurs de vin étaient évidemment aux anges…
Cette interdiction vichyssoise tombe en 1949 et en 1951 la publicité pour le pastis est de nouveau autorisée. Pour fêter cela Pernod lance son Pastis 51 (pour l’année et non le degré d’alcool). Ensuite, en 1975, fin de la guerre entre les deux marques avec la fusion entre les deux frères ennemis. Ce sera la naissance du groupe Pernod-Ricard aujourd’hui leader mondial dans les spiritueux.
L’émergence de ce géant de l’anis n’a pas empêché la naissance de nouvelles maisons, plus artisanales, proposant des produits avec des arômes plus travaillées et plus complexes. Et Avignon me direz-vous ? Et bien la ville n’a pas perdu sa tradition car elle y fabrique toujours du Pastis sous la marque Pastis d’Avignon un produit d’exception distillé par la maison Manguin sur l’île de la Barthelasse. A consommer avec modération bien sûr !


Gorges du Pont-du-Diable, un site très ‘Malin’

Alors que le thermomètre ne cesse de grimper, le bon plan pourrait bien être de se rafraîchir dans les superbes grottes qui maillent le département de l’Hérault. L’atmosphère des grottes, propice à la méditation, procure rapidement bien-être et apaisement. A moins d’être claustrophobe, leur visite provoque un ravissement inégalé, pour les adultes comme pour les enfants. Alors suivez-nous dans notre périple à la découverte des quatre grottes aménagées de l’Hérault !

La grotte des Demoiselles
C’est à deux pas de Ganges et de l’emblématique pic Saint-Loup, au cœur du massif du Thaurac, que la grotte des Demoiselles reçoit les explorateurs. Le temps d’une visite féerique, ils arpentent ses salles aux volumes impressionnants et découvrent ses concrétions, fruits du travail de l’eau au fil des siècles. Rythmée par les anecdotes du guide, cette promenade au décor de calcaire offre un spectacle inédit et hors du temps, qui a participé à la réputation de celle qu’on surnomme depuis toujours “la grotte des fées”.

Terre de légendes 
La légende de la grotte des Demoiselles a parcouru les Cévennes. Elle raconte qu’un jour, un jeune berger nommé Petit Jean se mit à la recherche d’une brebis qui manquait à l’appel alors qu’il se trouvait sur le plateau du Thaurac. Cette recherche le mena devant la grotte et il entendit soudain les cris de la bête. Il décida de surmonter sa peur et d’entrer dans le gouffre. Il fit alors une chute terrible, interminable, et crut être tombé dans le palais des abîmes… 
Lorsqu’il reprit connaissance, le jeune garçon se rendit compte qu’il se trouvait dans une salle aux proportions exceptionnelles, parées de colonnes scintillantes autour desquelles des fées dansaient. Le choc lui fit perdre connaissance. Il se réveilla quelques heures plus tard à l’extérieur de la grotte et entouré de ses bêtes, dont la brebis disparue. Un mystère dont il fit part aux habitants des villages avoisinants, racontant à qui voulait l’entendre la légende de la grotte des fées.

Un palais souterrain
Découverte officiellement en 1884 par le pionnier de la spéléologie Édouard Alfred Martel, la grotte des Demoiselles est accessible au public depuis 1931. Dès son ouverture, ses aménageurs ont choisi de faciliter l’aventure des explorateurs en installant le premier funiculaire touristique souterrain construit en Europe. En l’empruntant depuis la station du Pavillon d’accueil, les visiteurs de la grotte réalisent une ascension de 54 mètres qui les mènent jusqu’aux immenses salles de la cavité. 
Au fil du parcours et des explications des guides, ils ont accès à une succession de trésors géologiques : stalagmites, stalactites, coulées de calcites, grandes colonnes, draperies translucides… Au début de l’exploration, ils sont amenés à contempler l’aven, un puits naturel qui servait d’entrée aux hommes et aux animaux avant l’ouverture officielle de la grotte et l’installation du funiculaire. 
Un autre temps fort de la visite est l’arrivée dans la fameuse salle de la cathédrale. Ses dimensions extraordinaires – 50 mètres de plafond, 48 mètres d’envergure et 120 mètres d’étendue – lui permettent de rivaliser avec Notre-Dame-de-Paris et lui ont valu son surnom. La dimension religieuse a été renforcée par la présence de l’une des stalagmites les plus renommées de l’histoire de la géologie : “la Vierge à l’enfant”. La silhouette de cette sublime concrétion naturelle, née du travail de l’eau et de la roche, est aujourd’hui un symbole choyé et admiré par tous.

Informations pratiques
Lieu : Grotte des Demoiselles, 34190 Saint-Bauzille-de-Putois.
Tarifs : 13,50 € par adulte, 11,50 € pour les jeunes de 13 à 17 ans, 9,50 € pour les enfants de 4 à 12 ans et gratuit pour les enfants de moins de 4 ans.
Billetterie en ligne : www.demoiselles.com.

La grotte de Clamouse
Nichés tout près du Pont du Diable, dans les gorges de l’Hérault, près de Saint-Guilhem-le-Désert, les paysages souterrains de la grotte de Clamouse tirent leur nom du bruit (la clameur) généré par sa rivière souterraine lorsqu’elle est en crue. Fréquentée depuis le néolithique, elle fut redécouverte en 1945 par des spéléologues montpelliérains, après l’assèchement des cavités. Depuis 1967, le public est invité à la parcourir. L’invitation n’est pas restée sous silence puisque plus de 3 millions de visiteurs ont d’ores et déjà sillonné ses galeries.

Un patrimoine naturel exceptionnel
Classée par le ministère de l’Écologie, ainsi que par le Patrimoine mondial de l’Unesco, la grotte de Clamouse est réputée en raison de la richesse de ses concrétions. Les visites guidées classiques permettent d’approcher les éléments les plus précieux de ce monde souterrain : orgues, fistuleuses, draperies, fleurs de calcite, cristaux d’aragonite et excentriques… Remarquablement soulignées par un jeu de lumière, ces sculptures naturelles donnent matière à rêver. Prenez le temps de vous aventurer au sein de la “cathédrale” et de “la salle à manger”, vous serez subjugué par le travail de l’eau et de la terre.

Faire le plein d’adrénaline
Proposé en alternative à la visite guidée classique, le Spéléopark de la grotte de Clamouse possède deux niveaux afin de faciliter l’accès au plus grand nombre. Ludique, le parcours “Émotion” convient parfaitement aux familles (à partir de 8 ans), alors que le parcours “Grand frisson” est réservé aux aventuriers les plus sportifs (à partir de 12 ans). Les deux difficultés sont ponctuées d’ateliers divers, tels que des ponts de singes et des tyroliennes, qui permettent de se dépasser tout en admirant la vue. Tout au long des parcours, un guide fournit des explications géologiques et didactiques sur les lieux.
Les animateurs proposent également un ‘escape game’ afin de pousser l’immersion à son maximum. Les deux versions, familiale et sensations fortes, exigent des aventuriers qu’ils usent de leur logique pour répondre aux énigmes et tenter d’accéder au trésor de la grotte. 

Informations pratiques
Lieu : Grotte de Clamouse – Route de Saint-Guilhem-le-Désert – RD4 – 34150 Saint-Jean-de-Fos.
Horaires : en été, la grotte est accessible tous les jours, en continu, de 10h00 à 17h30.
Tarifs : 14,40 € par adulte, 12,40 € en tarif réduit (jeunes à partir de 13 ans, étudiants, demandeurs d’emploi), 7,80 € pour les enfants de 3 à 12 ans, gratuit pour les moins de 3 ans. Spéléopark à partir de 32 €. La billetterie en ligne donne accès à un tarif préférentiel, rendez-vous sur www.clamouse.com/fr/billetterie.

© Arthur Lansonneur

La grotte de Labeil
C’est dans l’impressionnant cirque de Labeil, aux portes de l’Aveyron, que la grotte et sa rivière souterraine accueillent aujourd’hui les « explorateurs ».

Dans les profondeurs de l’histoire 
Cachée dans les contreforts du Causse du Larzac, au cœur du cirque dolomitique de Labeil, cette grotte mystérieuse a accueilli ses premiers visiteurs il y a plus de 5 000 ans. Attirés par sa rivière souterraine, dont on ignore encore aujourd’hui l’origine, ses occupants de la première heure ont laissé derrière eux quelques traces de leur présence : sépultures, parures, céramiques… Découverts dans les années 1960 lors d’une campagne de fouilles, ces objets ont permis de révéler l’attraction ancestrale des hommes pour cette superbe cavité parée de cristaux. 
Pourtant, avant d’être un arrêt touristique de renom, la grotte a longtemps servi à une activité tout à fait surprenante… En effet, elle fut longtemps utilisée comme cave à roquefort !

Paré pour l’aventure 
De nos jours, l’aventure débute encore par le passage au sein de l’ancienne cave. Elle s’ouvre sur la rivière souterraine qui a fait la réputation de la cavité. Ce spectacle insolite donne lieu à une balade hors du temps, rythmée par le clapotis de l’eau et les reflets du cours d’eau sur les concrétions minérales de la grotte. En suivant le chemin et les explications du guide, les visiteurs découvrent un réseau cristallisé rarement observé, composé de cristaux aux couleurs étonnantes et d’une impressionnante réserve de sédiments (basaltes de l’Escandorgue, sables dolomitiques…). 
Fait rare, la grotte aménagée sert de décor à une aventure ‘hors piste’, intitulée ‘safari familial’, qui convient aux grands et aux petits spéléologues. Équipés d’une lampe frontale et d’une carte, ils peuvent parcourir les galeries de la grotte et contempler ses merveilles avec davantage de liberté et sans artifice.

Informations pratiques
Lieu : Grotte de Labeil – Hameau Labeil – D151 – 34520 Lauroux.
Site Internet : www.grotte-de-labeil.com.
Horaires pour la saison 2022 : les visites guidées sont organisées tous les jours à 11 h, 14 h, 15 h, 16 h et 17 h.
Tarifs : visite guidée : 11,60 € par adulte, 6,90 € pour les enfants de 3 à 12 ans et 10,90 € pour les étudiants / Safari familial” : 23,40 € par adulte, 17,80 € pour les enfants de 5 à 12 ans et 20€ pour les étudiants.

Les grottes de la Devèze
C’est dans le discret village de Courniou, au cœur du Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc, que les grottes de la Devèze accueillent les amateurs d’aventures souterraines. Renommée pour la splendeur de ses stalactites et stalagmites, colonnes, draperies, fleurs d’aragonite, fistuleuses… et pour sa fameuse salle des Bijoux, la cavité a gagné le surnom de “Palais de la fileuse de verre”, un clin d’œil à la finesse du travail de l’eau et du temps.

Un trésor bien timide
Découverte en 1886 par des ouvriers de la ligne de chemin de fer Mazamet-Bédarieux, la cavité a rapidement attiré les plus grands spéléologues de l’époque : Édouard Alfred Martel, Georges Milhaud, Robert de Joly… Impressionnés par la richesse de ses galeries et les rares concrétions qu’elles renferment, les experts des profondeurs n’ont eu de cesse de la sillonner, découvrant années après années de nouvelles “salles” spectaculaires. L’ouverture au public, en 1933, n’a jamais ralenti le travail des spéléologues. De nos jours, ils parcourent encore les galeries des grottes de la Devèze à la recherche d’autres trésors.

Un palais aux couleurs éclatantes
Dans la grotte de “la Fileuse de verre”, l’eau a travaillé la roche avec force et précision. Avec les siècles, cet ouvrage a donné naissance à d’impressionnantes concrétions : stalactites, cascade pétrifiée, draperies, fistuleuses, fleurs d’aragonite… Elles reposent sur 3 niveaux, l’un réservé aux spéléologues et les deux autres accessibles au public. Résultat, les visiteurs peuvent sillonner ses galeries durant près d’une heure et traverser 7 salles qui renferment des concrétions colorées et excentriques. 
Pour découvrir la nature de ces sculptures naturelles, ainsi que la faune, vivante ou disparue, qui leur tient compagnie, un espace de découverte est accessible à la sortie de la grotte. L’exposition et le film 3D proposés offrent une véritable initiation à la spéléologie scientifique.

Informations pratiques 
Lieu : Grottes de la Devèze – esplanade de la Gare – 34220 Courniou.
Horaires : en juillet et août, des visites sont organisées toutes les 30 minutes de 11h à 18h.
Tarifs : 9,50 € par adulte, 6 € pour les enfants de 6 à 12 ans, gratuit pour les moins de 6 ans.
Réservations par téléphone au 04 67 97 03 24 ou par mail à grottedeladeveze@orange.fr.

Par Virginie Moreau et Louise Brahiti (pour Hérault Juridique & Economique et RésoHebdoEco – www.reso-hebdo-eco.com)


Gorges du Pont-du-Diable, un site très ‘Malin’

La ville d’Avignon peut s’enorgueillir d’avoir sur ses terres un des plus célèbres pont du monde. Tout cela grâce, en grande partie, à une banale comptine pour enfants, née semblerait-il au 15ème siècle. Être aux côtés de ponts comme le Golden Gate Bridge de San-Francisco, la Towers Bridge de Londres ou encore le Pont des Soupirs à Venise, c’est quand même quelque chose surtout pour un pont qui mène nulle part…

Un lien entre les hommes
Assurément, le pont n’est pas une construction ou un monument comme les autres. Il permet la circulation des hommes, des idées, des marchandises, au-delà des fleuves et des rivières qui constituent souvent des frontières naturelles. Celui d’Avignon, dans sa V1, a été construit à partir de 1177, il était à l’époque le seul vrai pont permettant de traverser le Rhône entre Lyon et la Méditerranée. C’était l‘unique lieu d’échange entre le Royaume de France et les États de l’Eglise. C’est dire. Rapidement, il attiré en très grand nombre visiteurs, industriels et marchands de tous poils. Et grâce au péage mis en place pour le franchir (déjà l’époque) la prospérité de la ville était assurée. Enfin presque…

Naissance divine mais histoire tragique…
A son origine, il était composé de 22 arches pour une longueur de 920 mètres, il traversait les deux bras du Rhône jusqu’à la tour Philippe Le Bel, située sur la commune de Saint André, aujourd’hui Villeneuve-lès-Avignon. C’était pour l’époque un ouvrage monumental. La légende veut qu’un jeune berger venu du Vivarais, répondant au nom de Bénézet, fut envoyé par Dieu pour construire à Avignon un pont sur le Rhône. C’est ce jeune pâtre de 12 ans qui donna ensuite au pont son vrai nom : Pont Saint Bénézet. Sa foi était telle qu’il réussit à convaincre les notables de la ville et surtout à récolter les fonds nécessaire à la construction. Tout cela en 8 ans. Une performance vite attribuée à l’intervention divine.

Victime de crues à répétition
Mais le sort s’acharna rapidement sur l’ouvrage. En 1226, après le siège de Louis VIII sur Avignon, le pont fut détruit presque intégralement. Malgré les interdictions, les avignonnais reconstruiront leur pont. En 1603, de fortes crues du Rhône firent effondrer une arche puis trois autres deux ans plus tard. Il vrai que la ville ne pouvait plus supporter la charge de l’entretien du pont. Et l’argent du péage me direz-vous ?
Il fallut attendre 1628 pour que les travaux de réparation démarrent. C’était sans compter avec une épidémie de peste qui ralentit le chantier. Et c’est en 1633 que le pont fut utilisable de nouveau. Et patatras, deux mois plus tard deux nouvelles arches sont emportées par une nouvelle crue du Rhône. En 1699, plusieurs autres arches rejoignent également les eaux du turbulent fleuve. Là on s’est dit que c’était plus la peine de s’acharner, d’autant que le pont n’étant pas très large (deux charrettes ne pouvaient se croiser) son utilisation était somme toute assez limitée. Ne subsiste aujourd’hui que 4 arches et la chapelle Saint Nicolas, dédiée à la confrérie des nautonniers (personnes conduisant des barques). Mais ce « demi pont » en fait aujourd’hui toute sa notoriété.

Un pont trop étroit…
Dans la célèbre chanson « sur le pont d’Avignon » on y danse tous en rond. En fait il ne fallait pas être très nombreux pour danser car la largueur du pont, dont le tablier n’excédait pas 4 mètres, ne permettait pas d’accueillir un grand nombre d’amateurs de rondes et autres carmagnoles. Il est, cependant, fort probable qu’on ait dansé plutôt dessous que dessus. En effet, une auberge installée au pied d’une arche sur l’ile de la Barthelasse y faisait guinguette. Un moyen d’éviter de tourner en rond.

Pour voir le pont d’Avignon dans sa reconstitution de 1550 en 3D

Gorges du Pont-du-Diable, un site très ‘Malin’

Il fait le buzz, car on l’associe au château de Poudlard dans Harry Potter ou encore à celui de DownTown Abbey. Rocher Portail est considéré comme l’un des plus beaux châteaux de Bretagne. Sa discrète notoriété ne fait que croitre depuis que le jeune propriétaire Manuel Roussel a décidé de l’ouvrir au public il y a 5 ans, et d’y organiser prochainement une école de sorcellerie avec diners ensorcelés… ouverts au moldus bien sûr !

Nous commencerons la visite par la grange, une fois n’est pas coutume, puisque c’est ce qui fait actuellement la notoriété de Rocher Portail. Transformée en espace réceptif (après 1 million d’euros d’investissement et une rénovation de grande qualité), son charme désuet attire chaque samedi des mariages de standing.
Mais cet automne, aux vacances, cette grande salle sera le théâtre d’une toute autre féérie : l’ouverture de l’école des sorciers, avec capes et balais volants, et grandes tablées pour des diners en présence de professeurs de magie. Tout pour plaire aux inconditionnels de la saga Harry Potter ! Même si, pour cause de droits protégés par Warner Bros, chaque référence au best-seller doit se volatiliser.
Ainsi, comme au château de Cheverny qui s’est associé à l’image de Tintin pour faire venir les curieux, Rocher Portail pourrait bénéficier de cette carte grand public. Mais c’est bien le domaine dans son ensemble qui mérite toutes les attentions des visiteurs, par l’élégance sobre des lieux, la richesse de ses intérieurs, ses jardins et potagers, et son histoire originale.

©StudioCarlito_7Jours

400 ans d’histoire… d’hommes d’affaires !
Cet édifice s’est élevé à partir de 1596, selon les désirs de Gilles Ruellan, un modeste breton devenu grand homme d’affaires et conseiller privé à la cour, auprès du roi Henry IV, de la reine Marie de Médicis et du Cardinal de Richelieu. « Gilles Ruellan est un homme étonnant,  il officie d’abord dans le commerce de toiles pour les voiles de navire, dans ce secteur de Fougères et Saint-Malo», indique Manuel Roussel.  « Cet homme a le sens des affaires, il devient -pour le compte de la monarchie- le collecteur de « billot » en Bretagne, relevant les taxes sur les barriques de cidre, vin, bière… Une charge lucrative ! »  Doué en affaires et en politique, car pendant les guerres de religion entre les protestants et les catholiques, il finance tantôt du côté de la Ligue, tantôt du côté du roi. Il amasse rapidement fortune, acquiert plusieurs domaines et fait édifier de nobles demeures dont le château de Rocher Portail.

Manuel Roussel, propriétaire de Rocher Portail depuis 2017. ©StudioCarlito_7Jours

Ce domaine sera légué à la famille Farcy au 17e siècle, une famille très puissante de l’Ouest de la France. En 1866 la famille De Boutray acquiert le domaine, «Alexandre De Boutray y fait des travaux de rénovation par Jobbé-Duval dans un souci de conservation». C’est ainsi que l’édifice gardera son identité caractéristique des constructions du 17e au fil des siècles.

Passage secret et tapisseries uniques
Manuel Roussel est un enfant pays, qui rêvait d’acquérir ce château toujours habité et fermé au public, pour l’ouvrir à tous. 30 ans plus tard, ce vœu s’est exaucé. En 2017 il devient propriétaire de ce domaine de 60 hectares où trône le Château du Rocher Portail, y découvre du mobilier transmis de génération en génération, une série de tapisseries murales du 17e siècle, des salles richement décorées de polychromies au plafond, un passage secret qui servit au Marquis de la Rouerie (grand chef de la chouannerie bretonne lors de la période révolutionnaire), des lettres et correspondances avec la cour du Roi, un poème de Victor Hugo datant de 1838… « On va de découverte en découverte ! »  indique-t-il encore émerveillé.

 

©StudioCarlito_7Jours

De chaque recoin rejaillit une histoire. « Le château a accueilli 120 collégiens de Saint-Malo pendant la 2de guerre, ils ont vécu ici pendant 3 ans, sous le regard du colonel allemand Von Aulock. »
Quant à ce surnom de Downtown Abbey français, en référence à la série anglaise sur la vie des domestiques au XIXe siècle, « c’est parce qu’ont été conservées l’ensemble des chambres des 35 domestiques dans leur état d’origine, dans les combles. »
De multiples trésors qui valent de nombreuses reconnaissances, comme ces 2 étoiles au Guide vert Michelin des monuments, et le prix Villandry pour les jardins conformes aux aménagements originaux du XVIIe siècle.
En 2020,  il fait partie des quelques propriétaires-gestionnaires de monuments historiques familiaux qui s’unissent au sein du réseau « Les Audacieux du Patrimoine », développant des activités économiques durables, respectueuses de l’histoire, de l’identité des lieux et de l’environnement. 

Informations pratiques :
Château Le Rocher portail
Visites de 14h à 18h, sauf le samedi.
Jeux, animations, exposition.
Visites nocturnes les mercredis soir d’été (du 27 juillet au 17 août) à la lueur des bougies, dans une ambiance théâtrale et musicale, puis feu d’artifice.

Par Laora Maudieu, du magazine 7Jours en Bretagne pour ResoHebdoEco – www.reso-hebdo-eco.com


Gorges du Pont-du-Diable, un site très ‘Malin’

Pour sa dernière à la tête du festival d’Avignon,  Olivier Py lance, cette année, un thème pour le moins universel « Il était une fois… ». Hommage à la narration et aussi énorme pied de nez  à la désinformation et aux fakes news devenus, aujourd’hui, les nouveaux soldats d’une guerre redoutable. 

Cette 76ème édition, que chacun espère « normale », se veut pleine de promesses.  D’abord ce choix de la narration avec cette ambivalence : raconter des histoires et ne pas se laisser avoir par les histoires… Savoir séparer le bon grain de l’ivraie.  Une vigilance, pour ne pas dire un combat, de tous les instants. 

Une place toute particulière faite aux femmes
Cette année, le festival accordera aussi une place toute particulière aux femmes. Et au même moment où Olivier Py et Paul Rondin tenaient leur traditionnelle conférence de presse de présentation, le 25 mars dernier,  les talibans annonçaient la fermeture des  collèges et lycées pour filles.Une triste actualité, une de plus… 
Et comme par le plus grand des hasards (mais au fond en est-ce totalement un?) la réalisation de l’affiche du festival in a été confiée à Kubra Khademi, une artiste afghane. Féministe et refugiée en France depuis 2015, cette jeune femme milite au travers de ses œuvres pour les libertés dans son pays. La nudité des corps des femmes de son dessin met en scène « des corps libres ». On ne pouvait en pareilles circonstances y voir meilleure prise de parole.  Malheureusement c’était sans compter sur des réseaux sociaux qui favorisent beaucoup le développement de la bêtise humaine. En effet, quelques agités du clavier y vont vu « provocation », « vulgarité » ou « incitation à la pédophilie »… Qu’auraient pensé ces mêmes censeurs décérébrés « des demoiselles d’Avignon » de Pablo Picasso : une vision de la femme trop anguleuse pas assez ronde… et que dire aussi des nus de Titien ou de Botticelli ? Restons plus que jamais vigilant pour ne pas se laisser embarquer dans le flot de la stupidité. 

La résilience à l’affiche 
Autre thème autre narration. Les organisateurs ont également souhaité, cette année, mettre en avant la résilience, bien que ce concept, aujourd’hui mis à toutes les sauces, finit par en perdre un peu de ses saveurs initiales.  Juste un exemple.  Il fallait oser nommer « plan de résilience économique et sociale » le plan de lutte contre l’inflation du précédent gouvernement. Ne pas tomber dans le piège des histoires une fois de plus…
Mais revenons à notre cher festival. Si la résilience est aussi un thème de l’édition 2022 c’est pour rappeler une fois  de plus que la culture et  le théâtre sont là pour nous aider à vivre et à surmonter les tourments du monde (Dixit O. Py). Et en ce moment y’a du taf !  

Un off plein comme un œuf 
Avignon c’est aussi bien sûr le off avec une offre d’une incroyable variété. Toutes les audaces et talents s’y expriment dans une effervescence  revigorante et souvent foutraque.  Cette année, 1540 spectacles sont annoncés on revient sur des chiffres d’avant Covid (c’est comme pour J.C. y a un avant et un après).  Avignon fera cette année son come back du plus grand festival de spectacles vivants en France. Et sur les 1540 spectacles annoncés , 1068 seront joués pour la première fois dans la cité des papes. Si à cela vous ajoutez un Opéra rénové, une nouvelle salle, la Scala (la plus grande du Off), et une maison Jean Vilar remise à neuf on aura  toutes les raisons de se laisser porter cette année encore par le festival d’Avignon. Une façon aussi  de rendre hommage au travail d’Olivier Py et de son équipe  On pourra ainsi écrire  « Il était une fois… Olivier Py »


Gorges du Pont-du-Diable, un site très ‘Malin’

A chaque produit remarquable, sa capitale. Les calissons sont forcément d’Aix, les bêtises de Cambrai, les noix de Grenoble (quoique le Périgord est aussi sur le coup), les cerises du Ventoux (ça c’est plus récent, faut enfoncer le clou), les cocos de Paimpol (qui l’eut cru ?), les oignons de Roscoff, le piment d’Espelette (évidemment), les rillettes du Mans (incontournables), les anchois de Collioure (quoique pêchés pour la plus part dans l’Atlantique eh oui…), les lentilles du Puy, les citrons de Menton (vraiment exceptionnels) etc, etc… Mais pour le melon ? Quelle ville peut prétendre au titre de capitale ?

De nombreux prétendants
Tout d’abord il convient de faire, dans un premier temps, un choix régional. C’est essentiel et fondateur. Il existe, en France, 5 départements producteurs de cette cucurbitacée. Trois sont dans le sud : Tarn-et Garonne, Hérault et Vaucluse ; et deux quasiment dans « le Nôôrd » : les Deux-Sèvres et la Vienne. Nous avons écarté les productions espagnoles et marocaines. Pour le Maroc, nouvel entrant sur les étals de nos primeurs, il est à noter qu’il est inscrit sur les étiquettes de certains d’entre eux (obligatoires merci l’Europe) Melon Charentais…produit au Maroc. On pourrait  comprendre qu’il s’agit d’une variété et non un lieu de production mais en l’espèce comme les deux se confondent il y a de quoi y perdre son latin. Le consommateur en parfait comptable de ses deniers pourrait se dire : « Tiens des melons charentais au prix du marocain, voilà la bonne affaire ! ». On n’est pas loin de la tromperie. Mais bon.

Méditerranéenne ou atlantique ?
Revenons en France et au dilemme qui nous occupe, le melon doit-il être sous influence méditerranéenne ou atlantique ? On peut imaginer ce que pensent les uns des autres.
Rappelons cependant qu’il faut beaucoup, beaucoup  de soleil (et accessoirement aussi beaucoup d’eau) pour faire un bon melon et qu’entre les deux climats il n’y a pas photo. Signalons à toutes fins utiles que le melon nous vient, à son origine, d’Afrique, continent où chacun sait, et sans faire injure aux habitants de la Vienne et des Deux-Sévres, que le soleil y est particulièrement présent.

« Melon de Cavaillon ça sonne quand même mieux que melon de Castelsarrasin ou de Béziers. »

Un melon sans capitale
Comme nous sommes un poil chauvin, et que nous l’assumons totalement, on va donner le point aux départements sudistes. Une fois ce pré requis, les zones de production étant tellement larges qu’il nous faut zoomer un peu plus. Sur ces 3 départements quelle ville peut se revendiquer d’être la capitale du Melon ? On aurait tendance à dire « naturellement » Cavaillon tout d’abord pour la rime. Melon de Cavaillon ça sonne quand même mieux que melon de Castelsarrasin ou de Béziers.
Si Cavaillon l’emporte à l’indice de « notoriété spontanée » c’est que l’histoire et la tradition y sont pour beaucoup !
Alexandre Dumas (le père), nous dit-on, appréciait tellement les melons de Cavaillon qu’il a passé un deal avec la municipalité de l’époque. En échange du don d’un exemplaire de la totalité de son œuvre gigantesque (près de 400 ouvrages) à la bibliothèque de la ville il a reçu sous forme d’une rente viagère 12 melons par an. La date de cet accord remontant à 1864 et celle de la mort de l’auteur du comte de Monte-Cristo à 1870 on peut dire la bibliothèque de Cavaillon n’a pas fait une mauvaise affaire. 72 melons contre l’intégralité de l’œuvre de Dumas je prends aussi !
Et c’est à partir de cette histoire, nous dit-on toujours que la confrérie des chevaliers du Melon de Cavaillon serait née. Défense de sourire ce n’est pas plus bête que la confrérie des goustiers d’andouille de Guémené. Entre l’andouille et le melon… je vous laisse choisir.

Cavaillon s’est naturellement imposée
De par sa position géographique Cavaillon s’est vite imposée comme une capitale de production maraichère. La richesse de ses terres, son ensoleillement et son système d’irrigation et puis au début du XIXe  l’arrivée du train jusqu’à Paris ont fait de Cavaillon ‘The capitale of the Melon’. En effet, les parisiens voyant arriver les melons de Cavaillon, ils les ont naturellement appelé « de Cavaillon ». S’ils avaient embarqué à Orgon, autre gare maraichère de la région, l’histoire en aurait été sans doute différente… Comme quoi cela tient pas à grand-chose…

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.


Gorges du Pont-du-Diable, un site très ‘Malin’

Le 5 aout 1963, André Malraux, alors ministre chargé des affaires culturelles, lançait une vaste campagne de ravalement des principaux bâtiments de Paris. Il s’agissait d’enlever la grisaille incrustée sur les pierres des bâtiments de  laplace Vendôme, de l’Opéra Garnier, du Conseil d’État, de l’Hôtel-de-Ville ou encore du Louvre… Ainsi, entre 1960 et 1972, sur les 80 000 immeubles que compte Paris, 68 000 ont été ravalés.

« Malraux blanchit Paris »

Cette opération d’envergure value au ministre du général de Gaulle le jeu de mots « Malraux Blanchit Paris », eu égard à son soi-disant penchant pour une certaine poudre blanche. Ce fait historique  – pas le mauvais jeu de mots qui y est associé – me revient en mémoire en découvrant, il y a quelques semaines, le nouveau visage de l’abbaye de Sénanque.
En effet, le hasard de nos promenades pédestres nous emmena ce jour-là jusqu’à ce joyau de l’art cistercien de la vallée de la Sénancole.
En travaux depuis deux ans le site voyait son chantier enfin se terminer. Comme beaucoup de visiteurs présents ce jour-là nous nous sommes amusés à jouer les inspecteurs des travaux finis. Concernant Sénanque ce n’était pas une rénovation mais un sauvetage. L’église abbatiale s’enfonçait inexorablement dans le sol et sa nef menaçait de s’effondrer. Les travaux furent lancés en 2019, grâce à un appel aux dons publics, complété ensuite par une campagne menée par le sémillant Stéphane Bern, l’ami des rois et des vielles pierres (pas forcément la même chose).

La blancheur et l’éclat d’origine
Les travaux de sauvetage étaient donc terminés ou presque, mais les ouvriers ont profité des immenses échafaudages installés (une bagatelle de 80 tonnes)  pour nettoyer façades et toitures, ces dernières étant faites de lauze. Puisqu’on y était et qu’il restait encore un peu de produit c’est tout le corps de bâtiment de l’abbaye qui y passa. Ainsi, l’abbaye la plus célèbre de Provence est devenue toute blanche. Murs et toits compris. Blanchie façon Malraux ! Tant pis pour toutes les cartes postales, guides touristiques et autres sets de table qui, du coup, deviennent totalement dépassés et obsolètes.
Ca va finir par ‘re-griser’ me direz-vous. Certes, mais il faudra être patient. En s’offrant ce sérieux coup de jeune notre abbaye a de quoi rendre jaloux ses sœurs provençales : Silvacane et Thoronet. Incontestablement ces travaux de rafraichissement ont su lui redonner sa blancheur et tout son éclat d’origine.

Un patrimoine comme le grand témoin de notre histoire
La France est le pays qui dispose sans doute de la plus grande richesse patrimoniale immobilière. En 2020, 45 684 monuments historiques étaient recensés. Et comme le disait déjà Malraux, un jour où sa lucidité n’avait d’égal que de la fluidité de son élocution, « ce patrimoine est le grand témoin de notre histoire » et dans le cas de la France cette histoire est particulièrement riche et mouvementée. Malraux poursuit avec la grandiloquence qui le caractérise : « Versailles, bâti pour le roi, conquis par le peuple, sauvé par la nation ».

Rénover, une idée neuve !
Cette idée de rénovation et de protection des monuments anciens est en fait une chose assez récente, elle remonte au 19e siècle. Avant, on n’y prêtait que peu d’attention, le passé n’avait sans doute pas la même valeur. Dans des temps encore plus anciens on démontait (ou on pillait suivant les cas) les pierres des anciens bâtiments pour en construire de nouveaux.
Outre la transmission (on dit aujourd’hui devoir de mémoire) cette préservation du passé est plus que nécessaire. Elle offre aussi l’avantage d’attirer de plus en plus de touristes. Dans les années 2000, l’abbaye de Sénanque recevait chaque année 250 000 visiteurs. Les moines ont voulu freiner un petit peu, car cela ne correspondait plus avec leur règle de vie.

Le passé : un mauvais clin d’œil au présent
Dans ce culte du passé on peut aussi y voir un mauvais clin d’œil au présent. Nous pourrions ainsi dire que si on préserve autant le passé c’est peut être que nous ne sommes pas sûr que le présent ait un vrai futur.
Aujourd’hui, on ne construit plus ou peu avec l’idée du temps… Témoigner et laisser des traces dans l’histoire n’est plus une priorité. Autre temps autres mœurs. Mais ne boudons pas notre plaisir et allons re-visiter Sénanques, avec sa blancheur retrouvée et son champ de lavandin en fleur vous pourrez faire une nouvelle photo pour l’histoire !

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.

https://www.echodumardi.com/tag/chronique/   1/1