19 avril 2024 |

Ecrit par le 19 avril 2024

Un ‘super-héros’ au Capitole studios

Connaissez-vous Badman ? Sa combinaison noire luisante s’est invitée au cinéma Capitoles studios pour l’avant première du film ‘Super-héros malgré lui’.

Archicomble. Pas un siège orphelin de son propriétaire ce vendredi 3 décembre au Capitole studios Le Pontet. Un tour d’horizon et la puissance fédératrice de Philippe Lacheau se révèle. Adultes, adolescents, familles entières, enfants, tous se sont donnés rendez-vous pour une épopée saveur Marvel, ou Dc Comics, c’est selon. « Quelle ambiance de folie ce soir, la salle est blindée ! Merci infiniment », se réjouit le réalisateur et acteur Philippe Lacheau en tournée promotionnelle avec le coréalisateur Julien Arruti. Lorsqu’on lui demande où est passé Tarek Boudali, voilà qu’il prend son téléphone et l’appelle en direct. La cool attitude, une répartie à la pointe, un humour cassant qui épouse parfaitement les codes de la jeunesse, le tout dans un pull décontracté avec casquette. La marque de fabrique du quarantenaire.

Il faut dire que le monsieur a fait du rire son empire. On ne compte plus les Babysitting 1 et 2, les Nicky Larson ou autre Alibi.com. Le réalisateur est coutumier des salles et surtout du Capitole studios où il y rencontre son public pour la énième fois. A la question de savoir pourquoi il ne s’aventure pas hors des contrées de l’humour pour goûter au drame : « je ne pense pas que les gens voudraient me voir dans ce registre ». La réponse de la salle est unanime, le public veut rire et oublier l’atmosphère oppressante de la 5e vague qui se profile. L’auditoire est conquis par la vitalité du duo. Le petit Maël descend de son siège pour offrir un jeu de foot, une autre fan offre des figurines Nicky Larson. Le jeune Lorenzo négocie même un rôle dans le prochain film sur une partie de pierre-papier-ciseaux. Il gagnera, début de la gloire.

« Apprenti comédien en galère, Cédric décroche enfin son premier rôle dans un film de super-héros. Un soir, alors qu’il emprunte la voiture de tournage, il est victime d’un accident qui lui fait perdre la mémoire. À son réveil, vêtu de son costume de justicier et au milieu des accessoires du film, il est persuadé d’être devenu le personnage du film avec une mission périlleuse à accomplir. Mais n’est pas héros et encore moins super-héros qui veut… Et encore moins Cédric », détaille le synopsis du film.

Comment prendre les codes qui font l’ADN et le succès des plus grandes productions Marvel, se les approprier et tourner le tout au ridicule succulent. Combinaison, slow motion, musique de super-héros, Avengers de seconde main, justicier masqué qui perd son pantalon, et affaire de cœur à la Spiderman. Le tout sur un fond de conflit familial avec un fils qui tente désespérément de voir les yeux de son paternel briller de fierté. Les actions s’enchainent à un rythme endiablé, peut-être un peu trop ? Les situations comiques autour du sexe nourrissent presque toutes les facéties. On regrettera ce ressort un peu trop usé. En revanche, mention spéciale pour les traditionnelles scènes de combat qui surprennent par leur réalisation calibrée et quelques effets spéciaux ambitieux.

Chaque élan pour rétablir la justice et sauver l’opprimé tourne littéralement au fiasco. On s’en délecte. Les super-héros dévoilent leurs failles, leur côté gauche, leur humanité en fin de compte. La puissance de cette comédie ? Sa dimension cocasse, rocambolesque, abracadabrantesque. L’écriture est rondement menée, les scènes se font écho, les péripéties gratifient de l’effet papillon. Chaque action a des conséquences hilarantes sur les autres. La narration révèle toutefois quelques faiblesses. Des passages un peu décousus et des passerelles entre la vie de super-héros et la vie de livreur quelques fois légères. Mais le public suit le fil narratif avec aisance, en témoignera une dame qui hurlera de rire dans la pénombre au fond de la salle.

Au cinéma le 9 février 2022. Tous les films à l’affiche au Capitole studios : cliquez ici.

Lire aussi : ‘Permis de construire’ en Corse, quel chantier !


Un ‘super-héros’ au Capitole studios

Venue samedi dernier au cinéma ‘Capitole’ du Pontet avec une partie des acteurs et le producteur du long-métrage, Dominique Besneard, Charlotte de Turckheim a parlé de la dictature de l’apparence, de la chasse aux kilos, du business des régimes en tous genres, de l’obsession du body-building. « L’essentiel est de se sentir bien dans sa peau. Le corps est un élément de notre vie, pas toute notre vie. »

Tourné là où elle habite, les Alpilles, entre Fontvieille, Les Baux et Eygalières, au grand air, en pleine nature, ce film met en scène un groupe d’ados en surpoids et en cure « jeûne – détox » dans un mas tenu par la réalisatrice et Lola Dewaere, (fille du regretté Patrick Dewaere) dont c’est le 1er long-métrage au cinéma.

La réalisatrice explique : « Les jeunes comédiens m’ont confié leur corps, parfois douloureux. J’ai voulu faire sourire sans me moquer d’eux, être drôle mais pas méchante, pourtant les ados sont souvent très cruels entre eux ». Avoir une taille de guêpe ne rend pas forcément heureux. Dans une station thermale, tous les curistes, jeunes et vieux, gros et maigres ont le même peignoir blanc, ils sont égaux. Charlotte de Turckheim a un regard souriant, bienveillant, émouvant sur les « dodus », elle ne sombre pas dans le pathos. Son film donne confiance en soi, quelle que soit son apparence physique. Trop forte, Charlotte !


Un ‘super-héros’ au Capitole studios

Les Soroptimist d’Avignon proposent de les rejoindre pour assister à la projection du film ‘Made in Bangladesh’. Les  bénéfices de la soirée sont destinés à l’association ‘Adaïkalam’ (le refuge en Tamoul) qui a créé et gère ‘La maison d’Agathe’ un foyer pour fillettes orphelines indiennes.

Cette initiative a lieu dans le cadre ‘d’Oranger le monde’ de l’Unesco (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) ‘Non à la violence à l’égard des femmes’ et est relayé, à Avignon, par les Soroptimist. Celles-ci s’engagent sur le terrain à l’occasion des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, événement international annuel qui débute le 25 novembre, date de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et se poursuit jusqu’au 10 décembre, date de la Journée des droits humains, mais aussi, depuis 1956, Journée internationale du Soroptimist (SI Day).

Les infos pratiques
Jeudi 9 décembre 2021, à partir de 18h30, au Cinévox, place de l’horloge à Avignon. Tarif unique 17€. 19h15, Inscription obligatoire ici.  Ou par lettre accompagnée de son chèque auprès de Michèle Michelotte, 6 rue Molière à Avignon. Cinéma le Vox, place de l’Horloge à Avignon. 18h30 Accueil du public autour d’un thé indien et de quelques douceurs. Soirée organisée dans le respect des règles sanitaires – Pass obligatoire et masque à l’intérieur de la salle.

Au programme
‘Made in Bangladesh’, le combat d’une ouvrière pour toutes les ouvrières. Un film de Rubaiyat Hossain. Ouverture de la soirée par Christine Martella, Présidente du Soroptimist d’Avignon et projection  du film du Soroptimist International. Également, présentation de l’association Adaïkalam par son Président Ranga Ariapouttry ;19h30 projection du film ‘Made in Bangladesh, durée 1h35. 21h15, table ronde avec trois intervenantes et échanges avec les participants ; 23h Fin de la soirée.

En savoir plus
Made in Bangladesh a reçu le prix d’interprétation féminine au Festival du film de Saint-Jean-de-Luz. « Ils t’ont payé tes heures ? » « Tu parles ! » « Ils sont juste bons à s’engraisser sur notre dos. » « Combien produisez-vous de tee-shirt par jour ? » « 1 650. » « Dis-toi que 2 ou 3 de ces tee-Shirts équivalent à 1 mois de salaire. » « Vous vous foutez de moi ? » « Je veux mon argent ! » « Va-t-en ! » « Je ne retournerai pas travailler là-bas. Je préfère me marier. » « Vous savez ce que c’est ? » « C’est le code du travail. » « Je viens inscrire un syndicat. » « Ne t’implique pas trop. J’en ai vu qui finissaient en prison pour ça. » « Rentre, repose-toi et réfléchis. » « Je suis sûr que tu comprendras que ce syndicat est une erreur. » « Non monsieur. » « Il veut que j’abandonne le syndicat. » « De quel droit ? » « Dis-lui que tu en es la présidente. »  « Apa, nous sommes des femmes. » « Fichues si on est mariées. » « Fichues si on ne l’est pas. »

Le film
« Le terrible drame de l’effondrement de l’immeuble du Rana Plaza en avril 2013 -plus de 1100 morts- a mis en lumière la condition des ouvrières du textile au Bangladesh. Ce pays est devenu en quelques années l’un des « ateliers de confection » de la planète, répondant à l’appétit insatiable des consommateurs occidentaux, aiguillonnés par les grandes marques, pour ce qu’il est désormais convenu d’appeler la « fast fashion ». » Dans son film au titre évocateur, Made in Bangladesh, Rubaiyat Hossain brosse un tableau édifiant, mais sans manichéisme, de la vie de ces ouvrières, entre oppression économique et domination patriarcale. 


Un ‘super-héros’ au Capitole studios

Philippe Lacheau (réalisateur et acteur) et Julien Arruti (acteur) font une halte au cinéma Capitole studios Le Pontet pour l’avant-première du film ‘Super-héros malgré lui’, vendredi 3 décembre à 19h15.

Parmi les acteurs à l’affiche du film : Alice Dufour, Jean-Hugues Anglade, Rayane Bensetti et Saverio Maligno. L’histoire ? Apprenti comédien en galère, Cédric décroche enfin son premier rôle dans un film de super-héros. Un soir, alors qu’il emprunte la voiture de tournage, il est victime d’un accident qui lui fait perdre la mémoire. A son réveil, vêtu de son costume de justicier et au milieu des accessoires du film, il est persuadé d’être devenu le personnage du film avec une mission périlleuse à accomplir. Mais n’est pas héros et encore moins super-héros qui veut… Et encore moins Cédric.

Billetterie disponible en caisse ou sur internet. Pass sanitaire obligatoire.

L.M.


Un ‘super-héros’ au Capitole studios

Les avant-premières se succèdent au Capitole studios Le Pontet. Apres Charlotte Gainsbourg et Benoît Magimel, place à Eric Fraticelli et Philippe Corti pour le film ‘Permis de construire’.

Ce mercredi 24 novembre, Eric Fraticelli inonde humblement la salle de son accent chantant. Simplicité et authenticité caractérisent le Corse originaire de Bastia et acteur-réalisateur du film ‘Permis de construire’. Le voilà en symbiose avec le public, les questions/réponses prennent des airs de discussion de comptoir dans un bar du coin. Il aborde l’humanité, ces valeurs universelles qui s’estompent et le contexte angoissant de crise. L’humour, quelle arme formidable pour apaiser les cœurs et nous plonger dans l’éther le temps d’une soirée.

« Je n’avais jamais réalisé de film avant celui-ci, même pas de court métrage », souligne-t-il. Alors quand Warner vient le solliciter avec le pitch sur les bras, le voilà « surpris, avec une lourde tâche ». Challenge réussi avec brio pour le timide qui jadis se cachait derrière l’humour pour exister. Pas un seul instant sans que le public ne rit à gorge déployée. Un rire qui fait du bien, presque cathartique. Philippe Corti présent sur la scène ponctuera : « dans un film ou il n’y que des Corses, je joue un Portugais ! »

Le topo en quelques lignes. Dentiste à Paris, Romain (joué par un Didier Bourdon à la pointe de son art), vient de perdre son père qu’il n’a pas vu depuis des années. A sa grande surprise, ce dernier lui a laissé un terrain en héritage, ainsi qu’une dernière volonté : y faire construire la maison où il aurait aimé finir ses jours. Seul problème : ce terrain se situe en Corse. Toute une croisade s’engage alors pour décrocher le graal : le fameux permis de construire. Parallèle qu’il nous est impossible de réprimer avec les permis de construire en France continentale, véritable épopée s’il en est. Le film brosse les stéréotypes toujours solides sur les Corses et tente de les déconstruire au gré des séquences. Le Corse n’est pas austère, il a besoin de temps. Une fois que la confiance est acquise, il vous donne tout.

Au milieu : le réalisateur-acteur du film, Eric Fraticelli, à droite, l’acteur Philippe Corti. Crédit photo: Linda Mansouri

La route de Romain sera jalonnée d’obstacles. Les aventures loufoques et les déconvenues se succèdent. Didier Bourdon, loin d’être inconnu, nous gratifie de son génie et de sa palette de jeu infinie. Mention spéciale aux bruitages et autres onomatopées hilarantes… Tout le film use à souhait de la ‘macagna’ (prononcer magagne), l’humour corse emblématique, quelques fois noir, tranchant, mais toujours succulent. Collision entre le continental pressé, parisien de surcroît, et le Corse enveloppé de sérénité et du chant des cigales. A l’aéroport, à l’hôtel, sur la place du village, chaque personnage joue sa partition à merveille. De l’architecte complètement folklo, à la femme de ménage dictatrice, en passant par les agriculteurs en pick-up noir, la distribution est de haute volée.

Au-delà du rire, la narration émeut. Elle évoque les liens du sang, l’abandon, la rédemption. Impossible de résister aux paysages de l’île de beauté. Les vues aériennes défilent, le maquis plongeant, l’eau bleu azur, les falaises rocheuses, les rues pavées. Une véritable carte postale filmée à Balagne, en Haute-Corse. Les lieux ne sont pas choisis au hasard, ils forment l’âme du village : le bar, la mairie, le maquis, les routes sinueuses… Les couleurs sont chaudes, le cadrage est précis, les chants traditionnels amplifient l’émotion. En regardant cette production, le public redécouvre la loyauté des corses, leur solidarité, leur parole immuable.

Le film qui fait partie de la ‘Sélection officielle de l’Alpe d’Huez 2021’ a commencé sa tournée en Corse, vous l’aurez deviné. « Je vis en Corse, autant vous dire que j’avais la pression ! Cela aurait très difficile de poursuivre la tournée si le film n’avait pas été validé chez moi. » Nulle crainte, ‘Permis de construire’ a recueilli une ‘standing ovation’ franche et sincère. Eric Fraticelli peut donc continuer à faire résonner son accent du soleil dans les salles de l’hexagone.

Sortie en salle le 12 janvier 2022 (bande annonce). Toutes les informations sur les films à l’affiche ainsi que les prochaines avant-premières : https://www.capitolestudios.com/


Un ‘super-héros’ au Capitole studios

Le mercredi 24 novembre 2021, de 17h30 à 19h, le film ‘L’hymne à l’inclusion’ réalisé par Tarik Ben Salah, d’une durée de 50 minutes, sera projeté au cinéma Le vox, place de l’Horloge à Avignon. Souad Zitouni, députée de Vaucluse, sera la marraine de cette projection gratuite, ouverte à toutes celles et ceux qui souhaitent en savoir davantage sur l’inclusivité des personnes en situation d’autisme en entreprise. A l’issue de cette projection, un temps d’échange est prévu avec la salle.

Plus d’informations, cliquez ici.

L.M.


Un ‘super-héros’ au Capitole studios

Avec un sujet fort et universel : le cancer. Mot tabou, qui, face à la maladie, évoque notre impuissance, notre culpabilité, notre solitude, notre tristesse, notre honte, voire notre courage à la combattre.

C’est Emmanuelle Bercot (auteur de « La fille de Brest » sur le combat du docteur Irène Frachon contre le laboratoire Servier qui a commercialisé le Médiator) qui réalise ce film. « J’avais envie de faire un mélo autour de l’idée « c’est quoi mourir de son vivant? »

Elle choisit un prof de théâtre d’une quarantaine d’années(Benoît Magimel) atteint d’un cancer incurable, sa mère (Catherine Deneuve) et un médecin d’origine libanaise (Gabriel Sara) qui joue son propre rôle d’oncologue : « Il est l’humanité-même du film, ni sombre, ni cynique, ni pessimiste, mais sympa, chaleureux, il insuffle de la joie de vivre. De même, le personnel soignant a été filmé dans un hôpital de la région parisienne, j’ai préféré avoir ces professionnels de la santé plutôt que des comédiens dont les gestes et les déplacements dans les couloirs, auraient eu moins de justesse » précise la réalisatrice.

Autre personnage à part entière de ce film, la musique, qui fait émerger un supplément d’âme à l’ensemble, avec une partition originale du compositeur Eric Neveux, mais aussi du Gerschwin, une version rauque de « Voyage voyage », le tango « El choclo » et des préludes de Bach revisités façon jazzy par le pianiste Jacques Loussier. « J’ai été marquée, quand j’ai visité le service du professeur, par des séances de musicothérapie ou de danse qui redonnent ponctuellement le sourire aux malades » ajoute Emmanuelle Bercot.

Avant-première au Capitole studios le 12 novembre dernier. Crédit photo: Capitole studios

Dans « De son vivant », il n’y a ni mystère, ni miracle. On sait dès le début que le malade n’a que quelques mois à vivre, finalement ce sera un an, quatre saisons ponctuées par la végétation des arbres qui l’entourent et une musique de plus en plus grave, qui passe des cordes au saxophone ou à l’harmonica. Et le déroulé du scénario s’articule autour d’une palette de sentiments, de nuances parfaitement suggérées par le jeu de Benoît Magimel. Du déni de la maladie à l’acceptation, la résignation, en passant par la sidération, la dépression, la colère et la révolte. Le comédien qui puise en lui des ressources intenses de sensibilité, d’intuition pour évoluer avec la maladie. « J’ai voulu gérer ma transformation physique, ma fragilité grandissante, mais il ne s’agissait ni de déchéance, ni de décrépitude. J’ai dû perdre des kilos, mais comme le Covid a coupé le tournage en deux temps, j’avais repris du poids entre-temps. Pour avoir des joues plus creuses, j’ai demandé à mon denstiste de dévisser des pivots, ma voix, son débit, son timbre aussi ont changé, j’avais la trouille. Je suis un homme différent aujourd’hui ».

Quant à la maman, interprétée par Catherine Deneuve qui, pendant la suspension du tournage pour confinement a été soignée pour un AVC, elle a trouvé très difficile voire pénible de jouer ce personnage « Elle est très maternelle dans la vie », explique la réalisatrice, « Elle a été bouleversée par le scénario, elle a senti l’épreuve intime que cela allait être. Elle parle même de « sa » maladie, alors que c’est celle de son fils », une mère omniprésente, aimante, de plus en plus impuissante qui finit par accepter l’inacceptable, le départ de son petit, de son poussin avant elle.

Benoî Magimel et Emmanuelle Bercot pour l’avant-première du film au Capitole studios. Crédit photo: Capitole studios

Et Emmanuelle Bercot d’évoquer le mot « orphelin » (quand on perd ses parents), terme qui n’a pas d’équivalent quand on perd un enfant. Elle cite Delphine Horvilleur, rabbin, qui dans son livre « Vivre avec nos morts » parle du mot hébreu « shakoul » qui pourrait bien traduire ce que vit un parent endeuillé et qui vient du monde végétal. « Une branche de vigne dont on a vendangé le fruit, qui est amputée d’un grain, dont le bourgeon s’assèche, bref, un bout de vie qui l’a quittée ». Mais n’allez pas croire que ce film soit mortifère. Il est émouvant, éprouvant, mais aussi lumineux et optimiste. C’est un hymne à la vie. Avant de partir, l’important est « De ranger le bureau de sa vie », comme dit le docteur, « Savoir dire au revoir à ses proches » explique Benoît Magimel.

« De son vivant » sortira le 24 novembre (Capitole du Pontet).


Un ‘super-héros’ au Capitole studios

Alex Berger, qui vient de donner naissance au ‘Centre de la couleur de Roussillon’ (notre article à lire ici), s’est confié à L’Echo du mardi sur la production audiovisuelle en Vaucluse.

Producteur-concepteur de renom, père de la série ‘Le bureau des légendes’ (série française la plus exportée dans le monde, doit-on le souligner), Alex Berger s’est notamment illustré à travers ses sociétés de production. Lors d’un entretien au sein de l’écomusée Ôkhra dont il est le nouveau président, le ponte du petit écran s’est livré sur la création audiovisuelle en Vaucluse. Notre département, qui offre un vaste décor pour le petit comme le grand écran, ne voit malheureusement pas beaucoup d’équipes de tournage fouler son sol à l’année. Pendant ce temps en Région Occitanie, les productions se multiplient : Demain nous appartient, Ici tout commence, Un si grand soleil…

Le Vaucluse et ses paysages ont pourtant inspiré les cinéastes depuis plus d’un siècle. Dès 1910 était tournée ‘La passerelle tragique’ à l’Isle-sur-la-Sorgue, en 1918, Louis Feuillade réalisait un film muet, ‘Vendémiaire’ sur le Rhône. En 1936, Sacha Guitry filmait ‘Le roman d’un tricheur’ à Cavaillon, en 1937, Michèle Morgan et Jean Gabin étaient à Sarrians pour ‘Gueule d’Amour’ de Jean Grémillon. Et courant 1965, avec Anna Karina et Jean-Paul Belmondo Jean-Luc Godard s’installait à Bonpas pour ‘Pierrot le fou’…

Au-delà du tournage épisodique, comment faire naître une économie locale pérenne et encourager la sédentarité des différents corps de métier en Vaucluse ?

Une histoire de cohérence

« Quel paradoxe de vouloir construire des studios fermés quand on a des décors extérieurs aussi incroyables. Mais pour produire localement des projets audiovisuels, il faut les outils et des infrastructures », explique Alex Berger. Ce dont le Vaucluse a besoin ? Une volonté politique solide « qui se décline sur le terrain, tant dans l’organisation et l’accueil des projets, que dans la formation et les avantages, notamment en matière d’aide ou de fiscalité. » Impulser cette nouvelle économie en Vaucluse représente selon le producteur la meilleure façon de préserver l’environnement et le patrimoine, tout en attirant des compétences et des investisseurs. On ne compte plus les retombées économiques de l’implantation des feuilletons qui représentent un véritable cercle vertueux pour un territoire. Une carte postale est en quelques sortes envoyée chaque soir aux Français via leur écran.

La production audiovisuelle apparaît alors comme « l’extension de la politique touristique. » Les productions ? « Ce sont finalement comme des touristes qui font voyager notre département, notre région partout. » Mais pour ce faire, le Vaucluse doit « être totalement en ligne avec la Région. » La région Occitanie est devenue la 2e région de tournage après l’Île-de-France. Alex Berger explique cette position par la politique régionale « déclinée sur tout le spectre des administrations et des acteurs locaux. » Les vauclusiens ont tout intérêt à comprendre les fondements d’une politique d’accueil attractive en vue d’implanter cette industrie.

« Il faut faciliter la prise de décision, apparaitre comme le meilleur choix d’implantation pour les productions françaises, européennes et mondiales. Quelques années sont nécessaires pour coordonner chaque point d’entrée du territoire avec une offre complète et ainsi faciliter leur venue. Il faut une régularité pour faire éclore une économie, c’est à dire une production sédentarisée comme ‘Plus belle la vie’ à Marseille. »

Le producteur-concepteur Alex Berger ©Samuel Kirszenbaum

Une histoire d’attractivité

Le cadre est posé, découlent alors une ribambelle de réflexions à mener collectivement. « Comment attirer le producteur ? Comment organiser en un seul lieu l’obtention des permis ? Quelles sont les infrastructures et les services proposés : hôtellerie, restauration, catering, artisans pour la construction des décors, gestion de l’environnement, transports, locations de matériaux, plateaux de tournages, post production ‘son-image-effets spéciaux’…? »

Et de rappeler la prouesse des actions entreprises ailleurs : « Ce qui est fait à Marseille, Montpellier, Roubaix ou Tourcoing est compliqué, il y a une vraie concertation de tous les politiques. Tourner un film ne se résume pas à donner un permis. Pour que la structure d’accueil voit le jour, il faut une cohérence absolue de tous les acteurs politiques. Mais aussi, former une équipe à cette politique et nouer les liens avec les acteurs nécessaires.»

‘La belle histoire’ (1992). Scène tournée dans les ocres de Roussilon

Une histoire de formation

« Il est étonnant de constater que dans un département aussi riche en décors naturels, avec un festival de théâtre et du lyrique, on ne trouve pas la formation la plus pointue de France. Où sont les talents : auteurs, scénaristes, techniciens, comédiens ? Propose-t-on des formations pour les métiers de l’audiovisuel localement, en lien avec le rectorat ? Aujourd’hui, les jeunes se forment prioritairement à Paris car c’est la première ville/région de l’audiovisuel en France. Mais d’autres régions se montrent très actives depuis quelques temps, comme les Hauts-de-France avec le Festival séries Mania par exemple. »

L’attractivité est le maître-mot. « Il ne s’agit pas juste de faire comme les autres, il faut dessiner une stratégie cohérente, inclusive, et s’y tenir. Demain, la production se déroulera sans doute en Paca, au-delà de Marseille, ou potentiellement à Cannes. » La formation encourage par ailleurs la sédentarité avec des débouchés d’emploi et attire par la même occasion d’autres métiers de services.

Tournage ‘Grand ciel’, juillet 2019 @Remi Deloche

Une histoire de chef d’orchestre

« Je ne compte plus les personnes qui souhaitent ouvrir une école de scénaristes ou d’auteur-réalisateurs. Regardons ce que propose la SCAD à ses élèves US à Lacoste. » Niché au cœur du Luberon, le village de Lacoste accueille en effet depuis 2002 un campus universitaire américain très réputé, le Savannah College of Art and Design (SCAD), l’une des meilleures écoles d’art aux Etats-Unis. Durant toute l’année, des étudiants en photographie, publicité, architecture ou encore cinéma viennent s’imprégner de la culture française.

« Nous devons intégrer le savoir américain tout en l’adaptant à la réalité du modèle français. D’où l’intérêt de fabriquer des programmes d’enseignement commun et de les étendre via les campus physiques ou numériques. Les enseignants et les personnes issues du métier sont légion dans le Vaucluse ou les départements limitrophes. »

Le vil­lage d’Op­pède-le-Vieux dans ‘Ga­zon Mau­dit’ avec Alain Chabat (1995)

« Nous devons faire comme nous l’avons fait pour la série ‘Le Bureau des légendes’ : montrer que nous avons une stratégie et les gens qualifiés pour l’exécuter. Nous pourrions décider d’aménager une production en Vaucluse, faire écrire des scénaristes locaux, faire jouer des comédiens, faire travailler des techniciens, monter une production locale récurrente. Ce serait un bon amorçage économique. »

Une industrie qui peut rapporter beaucoup au territoire de par son retour sur investissement et les impôts locaux. « Il faut une vision. En Vaucluse, on coche presque toutes les cases, mais il faut un chef d’orchestre, un producteur. On me l’a déjà demandé et j’ai dit oui. Maintenant, existe-t-il la volonté politique d’installer cette économie-là localement ? À nous d’écrire le scénario… »


Un ‘super-héros’ au Capitole studios

Inspirées du livre éponyme de Karine Tuil édité chez Gallimard et couronné en 2019 du Prix Interallié et du Goncourt des Lycéens, ‘Les choses humaines’ sont inspirées d’un fait-divers : une jeune femme victime d’un viol dépose plainte contre son agresseur.

Pas manichéen
En 2h18, ce thriller social interroge la société, son rapport au féminisme, à la culture du viol. Ni noir, ni blanc, ni manichéen, il dissèque la complexité des protagonistes, ‘Lui’, ‘Elle’, leur famille respective, les jugements à l’emporte-pièce et au napalm des réseaux sociaux. En cette ère post ‘#Metoo’, Yvan Attal prend son temps, du recul, donne la parole aux deux camps, suscite la réflexion, le débat pour que chacun se forge son opinion en son âme et conscience sans céder à l’air du temps et à l’emballement médiatico-judiciaire.
Avec une mère féministe à tout-crin qui n’a pas de mots assez durs contre les oppresseurs mâles (Charlotte Gainsbourg), un père septuagénaire, toujours vedette de télévision, aussi cynique et libidineux que désinvolte (Pierre Arditi), Alexandre (Ben Attal), brillant étudiant en Californie est tour à tout touchant, égoïste, aimé, détesté, arrogant. Il est accusé d’avoir abusé de Mila, dont on ne sait si elle est sous son charme ou son emprise et surtout, si elle est ou non consentante.
Les questions fusent tout au long des images : la violence sexuelle est-elle incontestable ou ressentie ? L’accusé forcément cruel et la victime assoiffée de vengeance ? Elles ont été posées, à l’issue de la projection au réalisateur Yvan Attal et à Charlotte Gainsbourg venus présenter le film en avant-première au Capitole.

Ne pas trahir les femmes violées
« Je ne voulais pas trahir les femmes violées, explique Yvan Attal. Mais je ne voulais pas non plus accabler le jeune homme accusé de viol à 22 ans. L’instruction judiciaire de cette affaire a duré 30 mois, c’est long, c’est dire si tous les témoignages ont été passés au crible, recoupés, décryptés, pour comprendre le déroulement des faits. J’ai aussi souhaité montrer qu’on ne peut pas avoir un avis tranché en deux secondes, en hurlant avec les loups sur internet. Juger est difficile. Dans ce film, plus de deux vies sont gâchées, celle du ‘violeur’ présumé, celle de la victime, mais aussi celles de leurs familles. »
Et le réalisateur filme en lents et longs plans-séquences la plaidoirie de l’accusation et de la défense, comme l’interrogatoire au scalpel de la jeune Mila à la barre devant la Cour d’Assises.
Quant à Charlotte Gainsbourg, qui interprète la maman d’Alexandre, elle avoue « Je n’ai pas choisi le jugement de Salomon, je connais mon fils, il est doux, attentionné, gentil, jamais il n’aurait violenté qui que ce soit. Je vois bien aussi dans quel état désespéré est Mila, elle ne ment pas. Mais, dans ce rôle, je suis une mère avant d’être une féministe ».
« A chacun sa vérité » comme l’aurait écrit Pirandello. En tout cas ‘Les choses humaines’ qui ont clôturé la dernière soirée du Festival de Deauville et décroché ‘Le Chabrol d’Or’ sortiront au Capitole le 1er décembre.

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