27 avril 2024 |

Ecrit par le 27 avril 2024

Un ‘Olympia’ en 2024 à Avignon : la salle Confluence Spectacles et ses 1650 places

Située à deux pas de la gare TGV d’Avignon, la salle Confluence Spectacles ouvrira ses portes au public en février 2024. Les plus grands noms de la scène française s’y produiront. Confluence Spectacles ambitionne de devenir une des salles les plus incontournables d’Avignon, et plus largement du Vaucluse.

Ce ne sera pas Bruno Coquatrix qui veillera sur la plus grande salle de spectacles de Vaucluse, mais quatre mousquetaires, quatre potes devenus partenaires d’un même projet : reprendre la structure éphémère de l’Opéra Confluence, vouée à disparaître quand se sont terminés les travaux de rénovation de l’opéra de la place de l’Horloge au cœur d’Avignon en 2021, qui date de 1825.

Les quatre investisseurs majeurs sont donc, René Kraus, le directeur général. Ce fou de cinéma, à la tête du plus grand complexe d’Avignon, le Cinéma Capitole MyCinewest au Pontet, créateur des ‘Rencontres du Sud’ depuis 2010, producteur et membre de l’Académie des César. Directeur d’exploitation : Christian Dupré, qui gérait jusque-là la technique des 11 salles du multiplex d’Avignon-Nord. Patrice Fabre, restaurateur aux ‘Terrasses des Saveurs’ au Pontet, qui sera chargé de l’espace bar-snacking à l’entrée pour proposer un lieu d’échange aux spectateurs. Et enfin, Grégory Cometti, créateur du ‘KFT’ (Kafé-Théâtre à Saint-Galmier, sa ville natale proche de Saint-Etienne) qui portera la programmation, une proposition populaire, éclectique, accessible à tous, y compris aux personnes à mobilité réduite, et à prix réduits.

De gauche à droite : Christian Dupré, Gregory Cometti, René Kraus, Patrice Fabre. ©Cyril Cortez

Une salle pour tous

« Celle salle sera un ancrage pour le grand public », précise Christian Dupré avant que ne commence la visite du chantier, ce mardi 12 décembre après-midi en Courtine. « L’implantation, ici, constitue un avantage majeur, au carrefour des axes Montpellier – Lyon – Marseille, au cœur d’un nouveau lieu de vie, un quartier en plein essor qui bientôt proposera 43 000 m² de logements, bureaux et commerces », ajoute René Kraus. 

Quand on pénètre dans la salle où s’activent des artisans, on découvre qu’elle a été modifiée, sa contenance agrandie. Entre les sièges de velours rouge de ‘La Fenice’ à Venise et ceux de l’ancien opéra de Liège. D’autres fauteuils confortables seront installés, du matériel sonore et des poursuites lumière high-tech. Une dalle béton a été coulée sur 400 m² pour les concerts hip-hop ou de musique électro où les jeunes spectateurs pourront s’éclater en dansant. « En tout, elle aura la même jauge que l’Olympia » (qui a accueilli Johnny, Sylvie Vartan, les Beatles, Gilbert Bécaud ou Charles Aznavour), commente, pas peu fier, Christian Dupré. Sans oublier un parking attenant gratuit de 450 places qui sera surveillé les soirs de spectacles. Ni les loges flambant-neuves qui sont déjà installées.

©Cyril Cortez

Un projet important pour Avignon

Cécile Helle qui participait à la visite se félicite : « C’est en 2018 que l’architecte catalan Juan Busquets était venu à l’Université d’Avignon pour présenter son projet pour le nouveau quartier Confluence. Il connaît par coeur les remblas de Barcelone et il a dessiné ici un projet global d’aménagement, une grande allée, un parc linéaire, qui raccordera les Allées de l’Oulle au partage des eaux du Rhône et de la Durance, tout en préservant la végétation et en favorisant la mobilité douce ». Elle ajoute : « Par sa programmation éclectique et grand public, elle complètera l’offre culturelle déjà riche d’Avignon et participera encore plus à son rayonnement et à son attractivité ».

Quant au Président du Grand Avignon, Joël Guin, il insiste : « C’est un projet audacieux, issu d’une belle synergie entre les secteurs public et privé qui impactera positivement l’économie du Grand Avignon. D’autant plus que Confluence s’inscrit dans une dynamique urbaine et culturelle avec le démarrage du projet ‘Motion’ du Groupe Patriarche et du projet ‘Inspir’Avignon’ des groupes Icade et Primosud sur 43 000 m².

La programmation

Le directeur artistique, Grégory Cometti a longuement détaillé la programmation de l’An I de Confluence Spectacles qui sera lancé dans moins de 2 mois, le 15 février. « Déjà 16 000 billets ont été vendus, c’est complet pour les trois soirées de Gad Elmaleh, peut-être devrons-nous en prévoir une 4ᵉ », explique-t-il. Sont annoncés Christophe Willem, la révélation de ‘La nouvelle Star’ 2006, pour l’inauguration, l’acteur et humoriste Vincent Dedienne, longtemps chroniqueur dans ‘Quotidien’ chez Yann Barthès le 16 février, mais aussi Enrico Macias, Sheila, Frédéric François, Anne Roumanoff, Jean-Baptiste Guégan, le ‘sosie’ de Johnny, les Gypsies d’Arles avec Chico…

Pour découvrir tout le programme de 2024, cliquez ici.

De l’humour, du cirque, de la danse classique, de la magie, des concerts, du théâtre, « Mais pas trop pour ne pas concurrencer les salles permanentes d’Avignon, précise Grégory Cometti. On part de zéro, d’une page blanche, on a tout à écrire. On a déjà programmé 70 dates jusqu’en décembre, après, en année pleine, il y en aura une centaine avec des jauges différentes, modulables. Mais on peut tirer notre épingle du jeu entre les tournées des grosses productions pour les Zénith de Montpellier, Marseille et Toulon. » Côté tarifs : « On est privé. Donc, on doit gagner de l’argent pour ne pas couler, mais c’est un juste équilibre à trouver pour offrir des places peu chères au jeune public par exemple. Pour certains spectacles d’humour la place est à 29€. Pour Gad Elmaleh, c’est complet pour les 3 dates de juin, même si c’est plus cher, les gens sont prêts à payer sans discuter, ils font l’effort naturellement. »

Avec Confluence Spectacles, la Cité des papes écrit son futur dans un nouvel écrin. Un lieu d’échange et de partage culturel qui renforcera le rayonnement international d’Avignon, ville d’exception.

©DE-SO

Coût total : 3M€
Jauge : 1650 places
Parking : 450 places gratuites
Espace scénique : 450 m²


Un ‘Olympia’ en 2024 à Avignon : la salle Confluence Spectacles et ses 1650 places

Un téléphérique à Avignon ? L’idée avait déjà été avancée par la maire d’Avignon lors de sa première campagne des municipales de 2014. A l’époque, ce projet avait autant suscité l’étonnement que les railleries. Nos confrères de France bleu Vaucluse en avaient même fait un ‘1er avril’ en 2017. Persévérante, Cécile Helle a remis le sujet sur le tapis lors des vœux 2023 aux acteurs économiques locaux. Cette perspective avait alors engendré largement moins de moqueries. Il faut dire que depuis, des projets de téléphériques urbains ont fleuri un peu partout en France, comme à Toulouse où la ville rose a mis en service le plus long transport urbain par câble de l’Hexagone. C’est d’ailleurs à Toulouse que la maire d’Avignon a convié la presse locale afin de découvrir ce mode de transport présentant l’avantage de franchir de grand obstacle à moindre coût tout en limitant l’emprise foncière.

Mis en service en mai dernier à Toulouse, avec ses 3 kilomètres Téléo est aujourd’hui le plus long téléphérique urbain jamais construit en France. Fin 2016, c’est pourtant Brest qui, après quelques déboires a finalement remis au gout du jour le téléphérique dans le paysage des villes françaises. Depuis, les projets se sont multipliés. Certain ont déjà vu le jour comme à Saint-Denis de la Réunion, qui vient tout juste de fêter ses 1 an d’activité ce mercredi 15 mars avec 1,49 million de voyageurs en 12 mois de fonctionnement.
D’autres sont sur les rails, ou plutôt sur les câbles, comme à Ajaccio ou Grenoble où l’on en aux phases de DUP (Déclaration d’utilité publique) pour des mises en exploitation respectivement espérées pour fin 2024 et début 2025.
Pour leur part, Marignane, pour relier l’aéroport de Marseille-Provence à la gare SNCF de Vitrolles, Bordeaux, pour franchir la Garonne, Nice, pour rejoindre Saint-Laurent-du-Var, l’Île-de-France, entre Créteil et Villeneuve-Saint-Georges, sont à des degrés différents d’avancement de leurs projets. A l’inverse, il a aussi ceux qui ont fait machine arrière, comme Orléans et Lyon, en raison tout particulièrement de l’opposition des riverains à cette solution de mobilité.

Le meilleur moyen de franchir les obstacles
Tous ces projets ont en commun la nécessité de devoir franchir des obstacles : fleuve, autoroute, rocade, colline, lycée, quartier d’habitation… Et avec sa rocade, son emprise ferroviaire SNCF, le Rhône, la Durance et même ses remparts, des obstacles Avignon n’en manque pas.
« Comparativement à d’autres modes de transport en commun, un téléphérique urbain est le meilleur moyen de franchissement des obstacles », précise Denis Baud-Lavigne, animateur de l’activité Transport Urbain par Câble en France au sein du groupe Poma, leader mondial dans le domaine à qui l’on doit le nouveau téléphérique de Toulouse. 
En effet, grâce à sa grande capacité de franchissement (la portée la plus importante à Toulouse est de l’ordre de 1 000 mètres) et sa faible emprise au sol, le téléphérique apparaît aujourd’hui comme une des solutions les plus économiques et les plus écologiques en matière de déplacement urbain. Peu polluant, peu bruyant, ce mode de transport avait d’ailleurs été plébiscité pour ses qualités vertueuses par le Grenelle de l’Environnement de 2009.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il existe plus de 180 réseaux de téléphériques à travers le monde mais finalement peu encore en France.

Si le téléphérique urbain est un mode de transport en commun relativement nouveau en France, il en existe plus de 180 dans le monde. Principalement en Amérique Latine, où Poma est apparu, dès 2004, comme un pionner des transports urbain par câble mais aussi maintenant en Afrique. (source : stationdeski.net)

« C’est une solution innovante », explique Cécile Helle, maire d’Avignon, venue spécialement dans la ville rose pour un retour d’expérience grandeur nature. A Toulouse, Tisséo collectivités, le syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération de Toulouse a opté donc opté pour un téléphérique comprenant 5 pylônes et 3 stations. De quoi permettre d’offrir aux 5 000 voyageurs quotidiens un temps de trajet de 10 minutes là, où il faudrait compter 40 à 50 mn en voitures et sans bouchons entre l’université Paul-Sabatier et le campus de cancérologie Oncopole avec une fréquence de 1 minute 30 en période de pointe et 2 mn 30 le reste du temps.

Mistral et téléphérique : une cohabitation possible ?
Pour cette visite en compagnie d’un groupe de techniciens de la Communauté d’agglomération du Grand Avignon, qui a la compétence transport pour le territoire intercommunal, et de Técélys, le délégataire des transports du Grand Avignon, Cécile Helle ainsi que Fabrice Martinez-Tocabens, son adjoint délégué aux mobilités, ont pu tester les infrastructures dans des conditions particulièrement venteuse. Ici, pas de Mistral mais du vent d’Autan avec des rafales soufflant à plus de 70 km/h durant le trajet emprunté par la petite délégation avignonnaise.
Au final, malgré des bourrasques régulières le ressenti n’est pas désagréable dans ces cabines de 34 places (un mixte de places assises et debout permettant aussi voyager avec un vélo ou d’accueillir un fauteuil roulant ou une poussette).

Cécile Helle, maire d’Avignon et Fabrice Martinez-Tocabens, son adjoint délégué aux mobilités, testent le téléphérique de Toulouse sous les bourrasques du vent d’Autant.

« Notre téléphérique est conçu pour fonctionner jusqu’à 108km/h de vent, assure Jérôme Brandalac, conseiller auprès du directeur général des services chez Tisséo. Nous réduisons la vitesse d’exploitation à partir de 80km/h de vent et nous l’arrêtons à 92km/h pour des raisons de confort. » Depuis sa mise en service en mai dernier, l’infrastructure n’a, à ce jour, connu aucune mise à l’arrêt en raison du vent alors que Tisséo avait tablé sur 3 jours d’immobilisation dans son plan d’exploitation.
« Le vent n’est pas plus un problème que par rapport aux autres modes de transport », confirme Patrick Vial, chargé de mission systèmes au sein de Tisséo collectivités, puisque le métro, en aérien, et le tramway de Toulouse voient aussi leur vitesse commerciale être impactée par le vent.

Comment ça marche ?
Quand un fabricant travaille sur la possibilité de réaliser un téléphérique urbain, il étudie d’abord les données locales provenant de l’étude et de la cartographie de la rose des vents. Objectif : déterminer la moyenne des pics de vents nécessitant une éventuelle mise à l’arrêt de l’infrastructure et ainsi déterminer un taux de disponibilité acceptable répondant aux besoins du maître d’ouvrage.

« Il existe ensuite des réponses techniques », insiste Denis Baud-Lavigne de Poma. En effet, si la majorité des équipements de transport urbain par câble mis en service à travers le monde n’utilise qu’un câble (plus de 80%), il existe d’autres infrastructures utilisant 3 câbles.
A ce jour, l’isérois Poma maîtrise l’ensemble de ces technologies avec, comme à Toulouse, un téléphérique comprenant 3 câbles (2 câbles porteurs et 1 câble tracteur), où, comme à Saint-Denis de la Réunion, 1 seul câble, à la fois tracteur et porteur, pour ce téléphérique de 2,7km.
Le nombre de câble permet, entre autre, de mieux stabiliser les nacelles.
Ainsi, une infrastructure ‘mono câble’ est généralement opérationnelle jusqu’à 80km/h de vent. Pour une ‘tri-câble’, la résistance au vent peut atteindre les 100 voir 110km/h. Un autre critère rentre également en ligne de compte dans la stabilisation de l’ensemble : l’écartement des câbles.
« C’est le cas à New-York où, en raison d’un effet venturi lié à la présence des immeubles de Manhattan, il y a de fortes contraintes de vents qui ont nécessité la mise en place de câbles espacés de 3 mètres contre 1 mètres à Toulouse par exemple », détaille Denis Baud-Lavigne. De quoi permettre au téléphérique de la ‘grosse pomme’ de continuer de fonctionner jusqu’à des rafales atteignant les 108km/h.

A Toulouse, les cabines comptent 34 places (assises et debout). C’est plutôt vers ce format que la Ville d’Avignon privilégierait. A New-York, cette capacité est portée à 110 places (toujours assises et debout) alors que Poma a déjà réalisé des téléphériques d’une capacité de 200 places où plus petit, comme à Saint-Denis de la Réunion (46 cabines de 10 places assises).

Des contraintes de confort plus que de sécurité
Ces limites de vitesses du vent ne concernent cependant pas le niveau d’utilisation maximal des téléphériques urbains en toute sécurité. En effet, ce mode de transport encaisse des vents bien plus fort comme à la Réunion où, selon nos confrères de Réunion 1, l’installation conçue pour faire face aux conditions cycloniques peut résister à des vents de plus de 250 km/h.
Ainsi, si le seuil de 110km/h est évoqué c’est plutôt pour des raisons de confort d’accueil des passagers. « Ce sont d’abord des contraintes de confort des usagers qui limitent l’utilisation, et cela bien avant les aspects sécuritaires », confirme l’animateur de l’activité Transport Urbain par Câble en France de Poma.
A Toulouse, les 15 cabines (+1 de réserve) s’appuie donc sur cette technologie dite ‘3S’ permettant de prendre appui sur 5 pylônes, dont le plus haut culmine à 71 mètres, au lieu d’une vingtaine si la solution du mono câble avait été retenue. Le coût est deux fois plus important mais cela permet de limiter l’emprise au sol.

Imaginer la ville du futur
Conquise par l’équipement connecté au métro, au tramway et au bus de la capitale de l’Occitanie, Cécile Helle estime « qu’il faut faire, comme à Toulouse, en associant toutes les formes de mobilité dans la réflexion menée sur les déplacements de l’agglomération avignonnaise. Il n’y a pas de solution unique et il nous faudra les combiner pour améliorer l’accessibilité d’Avignon. Car l’enjeu est de renforcer l’attractivité et le développement économique de notre territoire. »

Si aujourd’hui aucune étude n’est réalisée par le Grand Avignon, Cécile Helle souhaiterait que si un projet de téléphérique urbain devait voir le jour il puisse relier la gare TGV et le nouveau quartier de Confluence aux allées de l’Oulle. Le tracé direct ferait moins de 2 kilomètres. Autre alternative, desservir la zone de Courtine avec un parcours de 2,3km environ.

L’édile avignonnaise songe ainsi déjà à relier le centre-ville, depuis les allées de l’Oulle jusqu’à la gare TGV de Courtine et son nouveau quartier d’Avignon-Confluence dont le chantier du premier macro-lot devrait enfin bientôt débuter. Pour la maire d’Avignon, cette liaison aérienne serait aussi l’occasion de renforcer l’image de ville du futur qu’elle entend impulser entre son cœur historique et ces quartiers en devenir.
« Nous avons une très forte notoriété patrimoniale. Il faut la compléter par une image nouvelle. Quand on veut attirer des entreprises, de nouveaux acteurs culturels et économiques cela compte », martèle la maire d’Avignon qui souhaiterait que le téléphérique s’appuie sur ‘l’axe civique’ imaginé par l’urbaniste catalan Joan Busquets a qui le Grand Avignon et la Ville ont confié en 2017 le projet urbain de Confluence (voir image ci-dessous).

Dans la vision du maire d’Avignon, le téléphérique pourrait aussi s’appuyer sur ‘l’axe civique’ imaginé par l’urbaniste catalan Joan Busquets a qui le Grand Avignon et la Ville ont confié en 2017 le projet urbain de Confluence.

Mais pour cela, il faudra d’abord convaincre le Grand Avignon qui devra financer cet équipement qui aura coûté 100M€ pour Toulouse (70M€ pour l’infrastructure, le reste comprenant la maintenance et l’entretien ainsi que des investissements divers). Il faudra également être persuasif avec les ABF (Architectes des bâtiments de France), les gardiens de l’orthodoxie patrimoniale que Toulouse aura cependant réussi à séduire en changeant la forme des pylônes (de rond à carré).
Reste enfin, à séduire surtout la population avec ce projet novateur qui présente cependant l’avantage de nécessiter une faible emprise au sol (compter 25m2 à 30m2 pour un pylône ‘3S’) et un coût bien plus avantageux qu’un tramway pour franchir les emprises SNCF, la station d’épuration ou bien encore la rocade. Autre atout du téléphérique, moins d’expropriation, surtout dans cette zone où il y a peu d’habitation et moins de couteuses déviations des réseaux (eaux, électricités, gaz, assainissement…).


Un ‘Olympia’ en 2024 à Avignon : la salle Confluence Spectacles et ses 1650 places

Paul-Roger Gontard, maire-adjoint à l’urbanisme de la Ville d’Avignon a initié une rencontre avec les acteurs de la construction, les professionnels et les décideurs pour imaginer les 3 prochains quartiers de la ville : Bel Air, Joly Jean et Courtine-Confluence. Mission ? Mieux construire pour mieux habiter. Plus de 100 personnes ont planché.

Paul-Roger Gontard aime l’action. Et l’action chez lui doit être, au préalable, bien pensée, formalisée et se transformer en une expérience constructive puisqu’elle interviendra sur la vie quotidienne des habitants des trois nouveaux quartiers d’Avignon : Bel Air, Joly Jean et Courtine-Confluence.

Le thème de cette rencontre ?
« Améliorer la qualité d’usage des logements construits pour mieux répondre aux besoins de leurs occupants et retrouver le désir d’habiter en ville ». Le rapport, rendu public en septembre 2021 ‘Habiter la France de demain’ est devenu un référentiel pour améliorer la qualité d’usage des logements, répondre aux nouveaux besoins des occupants et surtout retrouver le désir d’habiter en ville.

Paul-Roger Gontard et Laurent Girometti

Le rapport qui fait bouger les lignes
Pour l’occasion Paul-Roger Gontard a invité Laurent Girometti, l’un des cosignataires du ‘Référentiel du logement de qualité’ remis à Emmanuelle Wargon, ancien ministre, en septembre 2021 qui, depuis, est devenu un référentiel pour les acteurs du logement.

Les ateliers de Bénézet pour bâtir la ville de demain
«Nous souhaitons bâtir la ville de demain avec l’ensemble de nos partenaires de façon à impulser une vision dynamique du territoire avec la réalisation concrète des quartiers de demain et la reconstruction de la ville sur elle-même. La première thématique de ces ateliers Bénezet –le 1er constructeur cher à la ville- sont le logement car nous devons faire face à de nouvelles contraintes environnementales, climatiques, les crises énergétique, sanitaire qui ont bouleversé les demandes des français, notamment sur la qualité d’habiter. Nous devons tenir compte également à la loi Climat et résilience, la RE 2020 (Règlementation environnementale), la nouvelle formule du PLU (Plan local d’urbanisme) et la hausse des matières premières dans le bâtiment.»

Qui planche ?
Les fabricateurs de la ville : promoteurs immobiliers, des architectes, acteurs du logement social,  économistes, paysagistes, bureaux d’étude, des représentants de l’Etat, de collectivités territoriales, élus, associations, l’Aurav (Agence d’urbanisme Rhône Avignon Vaucluse), le Caue (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement), l’Ordre des architectes de Paca, Citadis et la SPL G2A. Les appels à projets à venir ? Ils concerneront  Joly Jean, Bel Air et Courtine-Confluence.

Au fil de la matinée ?
«Une table ronde avec des experts de la construction, des retours d’expérience sur la qualité d’habiter de demain, le marché du logement. Puis six ateliers par petits groupes pour travailler à l’échelle du quartier, de l’immeuble, du logement, de son organisation intérieure. Dans un même temps ? Le processus de décision, les itérations entre les acteurs de la fabrication de l’immeuble, les collectivités et la ville : à quel moment partage-t-on la décision, quand fait-on un retour d’expérience ? Objectif ? Élaborer une charte offrant les grandes orientations, qui d’ailleurs, complètera la partie règlementaire et les ambitions pour la qualité d’habiter.»

DR Courtine-Confluence

Changer de paradigme
Il est aussi question de résister à l’éparpillement urbain et donc à la tentation du logement individuel qui grignote les espaces et coûte cher aux collectivités en termes d’infrastructures afin de rassembler du petit collectif avec un bâtiment à l’épaisseur maîtrisée (pas trop importante), aux logements traversants ou à double orientation, bien conçus et répondant à la demande des habitants telles que les mobilités, les espaces verts et services afin que la ville reste attractive.

Qu’est-ce qu’un logement bien conçu ?
Aujourd’hui la demande est à un espace à double orientation, bien ventilé –nord sud ou est ouest-, baignant dans la lumière naturelle, avec une cuisine possiblement séparable du reste du logement, le tout rythmé de rangements, et offrant des espaces extérieurs. Également, les usagers demandent une bonne isolation phonique et thermique corrélée à la diminution des charges grâce à la performance énergétique du bâtiment.

Faits de société
Dans le rapport, les personnes interrogées : aménageurs, architectes, économistes du bâtiment, bailleurs, observent la diminution de la taille des logements, la décohabitation et donc la multiplication de demandes de logements, la pénurie de ceux-ci, la recherche de 2 pièces pour les personnes âgées, une augmentation de la largeur des circulations ainsi que des salles de bain PMR (personnes à mobilité réduites) et, depuis le confinement, même si auparavant la demande existait, la demande d’extérieurs.

Plus de 100 personnes étaient réunies lors des ateliers de Bénezet

Actuellement ?
Au niveau national, voire même européen, le rapport évoque une métropolisation accélérée ; une pression de l’optimisation des logements avec la disparition de l’entrée et de la cuisine en tant que pièces ; un ralentissement de la construction depuis deux décennies renforcé par la réticence des municipalités à trop densifier la ville.

Ce qui a contribué à dégrader le logement ?
Les achats en Vefa (Vente en état futur d’achèvement) ce qui fait perdre la main au bailleur social sur la qualité de l’ouvrage. Le coût de la production des logements contrôlé par le triptyque, foncier, coût de la construction, marges promoteur dont la solvabilité des ménages n’est devenue qu’une variable d’ajustement fixée par les banques. On y évoque aussi les investisseurs privés ‘peu regardants sur la qualité d’usage plutôt focalisés sur les labels énergétiques et environnementaux’. Pour y remédier ? La création d’un cercle vertueux initié par les collectivités territoriales grâce à une politique foncière forte, l’usage de la préemption pour limiter l’inflation.

La parole est à…
Laurent Girometti, « Nous avons mis en évidence avec François Leclercq une tendance à une certaine dégradation de la qualité des logements produits, notamment sur des caractéristiques d’habitabilité, de confort et de qualité d’usage. Nous avons concentré notre travail sur le logement et comment se donner des éléments de références pour qu’il soit de qualité et cela, sans inventer des solutions disruptives. Cela passe par le calcul des bonnes surfaces, le correct dimensionnement du salon et de la cuisine. C’est revenir à des principes de conception de logements oubliés ou laissés de côté depuis trop longtemps. Sur ce plan, nous avons plus de marge de manœuvres en construction, car pour la réhabilitation on essaie de tendre vers ces principes mais bien évidemment on travaille avec l’existant. Ce sont des principes de surfaces, de volumes, de ventilation en créant des logements traversants, des rangements, veiller à l’orientation, la hauteur sous plafond, la ventilation de l’ensemble, d’éclairement naturel en durée et intensité. Le but ? Travailler sur les priorités, les règles du jeu locales dans un objectif de qualité.»

Ce que je retiendrai de cette journée à Avignon ?
«La qualité des échanges et une intégration de toutes les problématiques pré-citées, souligne Laurent Girometti. En écoutant les discours introductifs de Mme Cécile Helle et de Paul-Roger Gontard on sent une volonté s’inscrire dans une vraie action publique tout en y travaillant avec toutes les parties prenantes ce qui est le meilleur atout pour instaurer le dialogue.»

Dr Courtine Confluence, un quartier à inventer

La conclusion
«La restitution des ateliers de Bénezet se fera en fin d’année dont la deuxième étape aura lieu début 2023, assure Paul-Roger Gontard. Pour le moment ? Il s’agit de définir les ambitions et une vision des logements de demain sur le territoire. Désormais en plus du coût de construction de l’immeuble il est question du coût de fonctionnement de celui-ci, également son inscription dans un contexte méditerranéen, et la prise en compte des retours d’expérience. Lors des ateliers il était surtout question de l’exposition des contraintes et des options pouvant y répondre.»

Ne pas reproduire les erreurs du passé
«Cette charte devrait être proposée l’année prochaine et utilisée par les acteurs de la construction et de la réhabilitation, rappelle l’adjoint à l’urbanisme. La démonstration ? Une démarche plurielle dans un esprit de coopération gagnant-gagnant. Le monde est en train de changer et ce que nous construisons aujourd’hui sera utilisé par les générations futures d’où notre responsabilité à construire durablement, et dans la mesure où les m2 dans notre ville se réduisent comme peau de chagrin. Nous ne pouvons pas reproduire les erreurs d’urbanisation du passé.»

Stopper l’étalement urbain
«Sur les 6 000 logements qui vont être produits dans le contexte du NPNRU (Nouveau programme national du renouvellement urbain), un tiers se fera dans la ville sur elle-même et les deux autres tiers dans le diffus ou les Zac (zone d’activités concertées) portées par la commune, détaille l’adjoint au maire. On ne peut plus désormais grignoter sur les espaces naturels et agricoles qui ne sont plus des terres à bâtir mais font partie d’une ville équilibrée de demain. Nous aurons à inventer un collectif d’habitats.»

Proposer des alternatives
«L’enjeu ? Proposer à nos habitants qui quittent la ville pour aller dans les villages périphériques de revenir dans des formes d’habitats qui leur conviennent car la règle du zéro artificialisation va énormément contraindre les espaces à urbaniser souligne Paul-Roger Gontard. La maison avec jardin va devenir rare. Il faut proposer des alternatives avec des espaces lumineux, des extérieurs généreux, de l’intimité, de la modularité avec des services en plus grand nombre et des prix compétitifs.»

Comprendre, dialoguer, statuer

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