2 mai 2024 |

Ecrit par le 2 mai 2024

Bourses crypto : malgré les scandales, Binance restait roi sur le marché

Même si la période de crise traversée par les crypto-monnaies semble être passée, avec les deux cryptodevises phares, le Bitcoin et l’Ethereum, qui rebondissent actuellement à leurs niveaux de mai 2022, le secteur continue de faire face à des défis réglementaires et juridiques. Après que le PDG de FTX (aujourd’hui disparue), Sam Bankman-Fried, ait été reconnu coupable de blanchiment d’argent et de fraude plus tôt ce mois-ci, Changpeng Zhao, ancien directeur de la bourse crypto Binance, a démissionné dans le cadre d’un accord annoncé mardi dernier avec les autorités américaines. Il a notamment accepté de plaider coupable de violation des lois états-uniennes contre le blanchiment d’argent. 

Comme le montre notre graphique basé sur les données compilées par les analystes spécialisés de The Block, les déboires juridiques de Binance (dont certains remontent à plus d’un an) n’ont pour le moment pas nui à la domination de la plateforme d’échange en matière d’activité commerciale. Avec un volume d’échanges de 3 300 milliards de dollars entre le 1er janvier et le 23 novembre 2023, la bourse crypto fondée en 2017 conserve toujours une très nette longueur d’avance sur ses plus proches concurrents : Upbit, OKX et Coinbase, qui enregistrent entre 300 et 600 milliards d’échanges sur la période.

Il est important de noter que, même si toutes ces bourses de crypto-monnaies affichent des mouvements de fonds massifs en 2023, les échanges ont tout de même considérablement diminué en volume par rapport à l’année précédente pour la plupart des acteurs majeurs du marché. Par exemple, entre janvier et juillet 2022, Binance avait déjà dépassé les chiffres accumulés de janvier à novembre 2023.

Depuis sa création, le secteur des cryptomonnaies reste considéré comme un « Far West de la finance » aux yeux des législateurs, en raison de sa nature décentralisée et fortement non réglementée. Pour le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, les décisions concernant FTX et Binance sont d’excellents exemples du fait que ce secteur ne peut pas fonctionner en dehors des directives établies pour les entreprises et les produits financiers sans subir de répercussions. « Au cours du mois dernier, le ministère de la Justice a poursuivi avec succès les PDG de deux des plus grandes bourses de crypto-monnaies au monde dans deux affaires pénales distinctes », a déclaré Garland dans un communiqué de presse. « Le message ici doit être clair : utiliser les nouvelles technologies pour enfreindre la loi ne fait pas de vous un perturbateur, cela fait de vous un criminel« .

De Tristan Gaudiaut pour Statista


Bourses crypto : malgré les scandales, Binance restait roi sur le marché

Ces dernières années, l’engouement pour les cryptomonnaies ne s’est pas démenti. Malgré une grande volatilité, les actifs numériques fondés sur la technologie blockchain, comme le Bitcoin ou l’Ethereum, suscitent l’intérêt croissant des particuliers à travers le monde – du moins dans certains pays.

Comme le révèlent les enquêtes du Global Consumer Survey de Statista, l’Inde, le Brésil, la Corée du Sud, les États-Unis et le Canada sont des exemples de pays où le nombre d’utilisateurs/propriétaires de cryptomonnaies a considérablement augmenté entre la période 2018/2019 et 2021/2022. En Inde, par exemple, la part d’internautes ayant investi dans les actifs numériques a plus que triplé, passant de 8 % à 27 %. Aux États-Unis et au Canada, le taux d’adoption a également été multiplié par trois, pour atteindre autour de 15 % des répondants cette année.

Sur d’autres marchés en revanche, l’engouement pour les cryptomonnaies a été plus modeste. C’est le cas notamment en France, où la part de détenteurs de crypto-actifs parmi les personnes interrogées en ligne est « seulement » passée de 4 % à 10 % entre 2018/2019 et 2021/2022. En Chine, l’intérêt pour ces nouvelles formes d’investissement a même plus ou moins stagné sur la période étudiée, probablement à cause du durcissement de la réglementation chinoise à l’égard des cryptos.

De Tristan Gaudiaut pour Statista


Bourses crypto : malgré les scandales, Binance restait roi sur le marché

N’étant pas émises par un gouvernement ou une banque centrale, les cryptomonnaies décentralisées comme le Bitcoin entretiennent souvent des relations délicates avec les institutions gouvernementales et financières. Dans certains pays, cela a conduit à la mise en place de restrictions légales d’utilisation (banques, paiements), voire même à des interdictions pures et simples d’achat et de possession pour les citoyens. Selon les données publiées cette semaine par le Financial Times, le Bitcoin est actuellement considéré comme illégal dans 6 pays : Bolivie, Maroc, Algérie, Égypte, Népal et Bangladesh.

D’autres États, comme la Turquie et la Chine, ont récemment pris la décision de restreindre l’utilisation des cryptomonnaies. Le premier a interdit les paiements en Bitcoin au mois d’avril, face à l’écroulement de la Lire turque et à l’engouement de sa population pour les cryptodevises. De son côté, la Chine a annoncé en mai qu’elle interdisait son utilisation aux institutions financières et banques du pays, officiellement pour protéger son économie du trading spéculatif. Mais pour certains analystes, cette défiance du régime chinois envers le Bitcoin s’explique aussi par le lancement de sa propre monnaie virtuelle nationale, davantage « contrôlable » et dont il souhaite étendre l’usage.

De Tristan Gaudiaut pour Statista


Bourses crypto : malgré les scandales, Binance restait roi sur le marché

Combien les investisseurs ont-ils réellement gagné grâce au boom des cryptomonnaies l’année dernière ? En raison de la nature décentralisée de cette technologie, il est difficile de procéder à une analyse géographique des parties engagées dans les transactions avec une certitude absolue. Mais la société de logiciels Chainalysis a publié une estimation décente, qui se base sur les données de transactions Bitcoin issues des services dont elle assure le suivi.

Les analystes de l’entreprise estiment ainsi que les investisseurs américains ont gagné 4 milliards de dollars grâce au Bitcoin en 2020, soit quatre fois plus que dans le second pays du classement, la Chine. Un résultat qui peut paraître surprenant dans la mesure où la Chine enregistre historiquement (et de loin) les volumes bruts de transactions de cryptomonnaie les plus élevés. Comme supposé par l’étude, les États-Unis ont probablement dépassé les gains réalisés en Chine grâce aux énormes flux entrants qui ont eu lieu vers la fin de l’année dernière et qui ont généré des gains notables.

Les plus gros gains d’investissement ont été réalisés à la fin de l’année 2020, lorsque le prix du Bitcoin a bondi de 11 471 dollars mi-octobre à un peu plus de 29 000 dollars fin décembre. Cette période a été particulièrement lucrative pour les investisseurs américains, qui ont réalisé la majorité de leurs gains sur la plateforme d’échange Coinbase, introduite en Bourse cette année. Les investissements dans les cryptomonnaies restent néanmoins une entreprise risquée, comme en témoigne la brutale dégringolade du Bitcoin au mois de mai. La célèbre cryptodevise avait atteint un sommet historique en avril à près de 65 000 dollars. Mais à l’heure actuelle, son prix se situe autour de 37 000 dollars (30 000 euros).

De Tristan Gaudiaut pour Statista

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