18 mai 2024 |

Ecrit par le 18 mai 2024

(Vidéo) Deux médecins vauclusiens luttent contre les déserts médicaux dans la Creuse

Le centre-ville d’Avignon n’a pas l’apanage des déserts médicaux, il existe d’autres territoires où le manque de médecin ce fait cruellement sentir. Notamment dans la Creuse où deux médecins vauclusiens pionniers participent à l’opération ‘Une semaine pour soigner nos villages’ qui vise à faciliter l’accès aux soins des patients dans les déserts médicaux en zone rurale.

C’est à Ajain dans le département de la Creuse que le collectif Médecins Solidaires a lancé son premier centre médical solidaire à l’automne dernier.
Le principe : basé sur le concept de ‘temps partagé solidaire’ des médecins venus de toute la France se succèdent chaque semaine, auprès d’une population dépourvue de médecin généraliste depuis plus de 2 ans après le départ à la retraite de ce dernier.
Une aventure novatrice qui a séduit deux praticiens vauclusiens, le docteur Pierre Aubois et le docteur Perrine Molinié qui se sont directement portés parmi les premiers volontaires pour participer à cette action reposant sur principe simple : demander peu à beaucoup de médecins plutôt que beaucoup à peu.

Les 7 médecins pionniers du Centre médical solidaire d’Ajain dont les médecins vauclusiens Perrine Molinié (au centre en pull vert) et Pierre Aubois (2e à droite) ainsi que le docteur Martial Jardel, co-fondateur du collectif Médecins Solidaires.

Les praticiens de la Tour d’Aigues en première ligne
Agé de 68 ans, Pierre Aubois, est un médecin généraliste au statut de retraité actif, et médecin sapeur-pompier volontaire depuis 40 ans. Installé de 1984 à 2021 à la Tour d’Aigues, dont il est à l’origine de la création de la Maison de santé, il effectue aujourd’hui des missions de remplacement. Au centre médical d’Ajain, le docteur vauclusien a exercé une semaine en novembre 2022, puis à nouveau en janvier 2023.
Pour sa part, Perrine Molinié a effectué son internat de médecine à la faculté d’Aix-Marseille, dont elle sort diplômée en 2018 d’un DES de médecine générale. Exerçant principalement dans le Vaucluse, la praticienne de 34 ans originaire des Yvelines y effectue diverses missions de remplacements avant de rejoindre comme collaboratrice le docteur Pierre Aubois à la Tour d’Aigues, de 2020 à 2022. Si elle aussi est intervenue en novembre dernier dans la Creuse, elle est revenue le mois dernier au centre médical solidaire d’Ajain.

« C’est vraiment gratifiant d’avoir un tel sentiment d’utilité. »

Docteur Perrine Molinié

Retour aux fondamentaux de la médecine
« Avec ce dispositif, nous revenons aux fondamentaux de notre métier de généraliste : nous prenons le temps de discuter avec les patients de leur cas, insiste le docteur Perrine Molinié. Nous n’avons pas l’impression de travailler à la chaine, comme cela est devenu la norme dans de nombreux cabinets, mais de faire de la médecine qualitative. C’est vraiment gratifiant d’avoir un tel sentiment d’utilité. »
Même satisfaction pour le docteur Pierre Aubois pour qui « il est très enrichissant de pouvoir assurer une prise en charge cohérente et pérenne des patients en harmonisant nos pratiques médicales, grâce à un système de transmission très bien conçu. C’est bluffant de voir qu’une telle qualité de prise en charge est possible. Les patients sont très satisfaits et ne cessent de nous remercier ! »

Comment marche ce concept unique en France ?
Imaginé par le docteur Martial Jardel, jeune médecin généraliste de 32 ans, de retour de son ‘Tour de France des remplacements’ entrepris en 2021, où il était parti plusieurs semaines en camping-car à la rencontre de ses confrères en zone rurale, ce projet collectif a pris corps avec la rencontre avec Emmanuel et Christophe Brochot. Ensemble avec ces derniers, fondateurs de l’association Bouge ton Coq, qui agit depuis plus de deux ans en apportant des réponses innovantes aux besoins essentiels des habitants des territoires ruraux, ils ont donc cofondé en 2022 l’association Médecins Solidaires afin d’ouvrir ce premier centre médical expérimental en temps partagé solidaire dans la Creuse.
Pour cela, ils se sont entourés de 7 médecins pionniers, dont les généralistes vauclusiens que le docteur Martial Jardel avait rencontrés lors de son Tour de France des remplacements.
Ouvert depuis octobre 2022, le centre médical d’Ajain a permis de viabiliser de manière opérationnelle le bon fonctionnement du concept, lui permettant de remporter l’adhésion des patients et d’assurer la continuité des soins. Il peut accueillir plus de 20 patients par jour de 9h à 19h en semaine et de 9h à 12h le samedi.

« Nous avons su créer en quatre mois un modèle organisationnel inédit en fédérant un collectif de partenaires publics, collectivités et entreprises en soutien de notre  solution innovante » souligne Emmanuel Brochot.
Tout a ainsi était mis en place au centre de santé Médecins Solidaires d’Ajain pour assurer la continuité des soins et permettre aux généralistes d’exercer dans les meilleures conditions : logistique coordonnée par une équipe permanente, outils novateurs de transmission, logement et voiture mis à disposition.

100 médecins volontaires pour près de 2 000 consultations
Les retours des premiers médecins généralistes à avoir rejoint l’aventure sont unanimes sur la qualité du dispositif et nombreux sont ceux à vouloir réitérer l’expérience. En tout, 100 médecins généralistes de tous les profils (âge, origine géographique, statut) se sont désormais portés volontaires. De quoi assurer plus de 2 000 consultations depuis l’ouverture du Centre médical solidaire. Dans le même temps, 600 patients, sur les 1 200 habitants du village, ont également choisi le cabinet Médecins Solidaires d’Ajain comme médecin traitant.
La mobilisation d’une population significative de médecins généralistes a par ailleurs déjà permis de remplir le calendrier du centre médical jusqu’en octobre prochain.
« Beaucoup de nos confrères sont heureux de pouvoir contribuer à une initiative qui porte un message d’espoir, d’action et d’enthousiasme, se réjouit le docteur Martial Jardel. On est très nombreux à avoir choisi ce métier par humanisme et par envie d’aider les patients. La situation actuelle est très compliquée mais on se doit de trouver une nouvelle voie. Au sentiment d’impuissance, on veut opposer l’enthousiasme. A la tétanie, on veut opposer le mouvement. Et tenter de proposer des solutions, à notre échelle, en misant sur le collectif et la solidarité, dans un esprit de confraternité bienveillante. »

Etendre ce concept de laboratoire de ruralité
Le Collectif Médecins Solidaires envisage d’étendre le dispositif dans les prochains mois sur d’autres territoires ruraux sous dotés. « Avec ce projet innovant, notre souhait est de contribuer à répondre aux besoins criants des territoires ruraux, confirme Gabriel du Passage, porteur du projet Médecins Solidaires au sein de l’association Bouge ton Coq. Nous sommes déjà prêts à dupliquer le modèle et entamons des discussions avec plusieurs collectivités. »
« Nous avons une forte ambition et beaucoup de détermination mais pas encore d’objectif chiffré, explique le docteur Paul-Henri Lambert, médecin pionnier de la première heure. C’est le nombre de médecins qui nous rejoindront qui définira le nombre de centres médicaux que l’on pourra ouvrir. Les besoins sont énormes, partout. »


(Vidéo) Deux médecins vauclusiens luttent contre les déserts médicaux dans la Creuse

L’Agence d’urbanisme Rhône-Avignon Vaucluse propose, dans le cadre de son webinaire ‘Le réveil de l’Aurav’ une visio-conférence consacrée aux déserts médicaux, l’état des lieux de la situation vauclusienne et les solutions pouvant être apportées.

Les infos pratiques
Déserts médicaux, états des lieux en Vaucluse et solutions. Jeudi 30 mars de 9h à 9h45. La demande de participation se fait par courrier auprès de aurav@aurav.org .

MH


(Vidéo) Deux médecins vauclusiens luttent contre les déserts médicaux dans la Creuse

Afin de former de futurs professionnels de santé, de lutter contre les déserts médicaux, de soutenir l’innovation et de déployer la télémédecine, la Région Sud investit 2,2 millions d’euros pour améliorer l’offre de soins dans trois départements : le Var, les Alpes-de-Haute-Provence et le Vaucluse.

Cet engagement s’inscrit dans un protocole d’accord sur l’adaptation et la modernisation de 17 établissements publics de santé signé par la Région et l’Agence Régionale de Santé, qui représente un coût total de 632 millions d’euros, dont 79 millions d’euros pour la Région. « La bonne santé de nos
concitoyens est une priorité, a déclaré Renaud Muselier, président de la Région Sud. Nous engagerons ainsi 710 millions d’euros pour la santé dans les 6 années à venir. »

Parmi les 6 projets qui seront financés dans la région pour répondre à ces enjeux, deux se situent en Vaucluse : la création d’une Maison des Femmes et des enfants portée par le Centre Hospitalier Henri Duffaut à Avignon, ainsi que l’aide à l’extension du logiciel informatique labellisé de la Maison de santé pluriprofessionnelle de Rasteau.

V.A.


(Vidéo) Deux médecins vauclusiens luttent contre les déserts médicaux dans la Creuse

L’expression de « déserts médicaux », popularisée par les médias, est fréquemment utilisée pour désigner les régions où les habitants rencontrent des difficultés d’accès aux soins, en raison du manque de professionnels de santé ou d’infrastructures à proximité. « Cette question du déficit d’offre dans certains territoires renvoie à la question plus large et ancienne de l’inégale répartition spatiale de la ressource médicale en France, qui date au moins du XVIIIe siècle », comme le rappelle une étude parue dans Cairn. Ce sujet constitue de nos jours une préoccupation majeure pour les Français et les pouvoirs publics.

Si l’on se penche uniquement sur l’accessibilité des infrastructures hospitalières, un indicateur d’Eurostat permet de dresser un état des lieux de la proximité des établissements par département en France métropolitaine. Il indique la part de la population qui vit à moins de 15 minutes en voiture d’un hôpital.

Naturellement, ce sont les territoires urbains avec une forte densité de population qui affichent les taux les plus élevés. La totalité (ou presque) des habitants d’Île-de-France se trouvent à moins d’un quart d’heure d’un hôpital, 99,6 % dans le Rhône, 99,0 % en Loire-Atlantique et 98,2 % dans le Nord et les Bouches-du-Rhône.

Sur les 96 départements métropolitains étudiés, 46 présentent un taux supérieur à 90 % et 18 un taux inférieur à 80 % – pour la plupart situés dans le centre du pays (Auvergne, Nouvelle-Aquitaine), dans la région Grand Est et en Corse. Tout en bas de l’échelle, on retrouve la Corrèze, la Haute-Corse et la Creuse, où environ le tiers de la population habite à plus de 15 minutes de route d’un établissement de soins.

À l’échelle de l’Union européenne, certains territoires sont encore moins bien lotis : 89 ont plus de la moitié de leurs habitants qui vivent à plus d’un quart d’heure d’un hôpital. La plupart d’entre eux sont situés dans des régions faiblement peuplées, souvent situées à la périphérie de l’UE : dans les régions intérieures de l’Espagne et du Portugal, ainsi que les régions rurales des pays d’Europe de l’Est (Hongrie, Pologne, Roumanie, Croatie, Slovénie). Plusieurs territoires en Suède sont également concernés.

De Tristan Gaudiaut pour Statista

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