2 mai 2024 |

Ecrit par le 2 mai 2024

Sérignan-du-Comtat : McDonald’s et A69, même combat ?

D’un côté, une partie des habitants de Sérignan-du-Comtat  refusent l’installation d’un McDonald’s dans leur commune. De l’autre, en Occitanie, des écologistes ne veulent  pas voir se construire l’autoroute A 69, devant relier Castres à Toulouse. A priori deux combats qui n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre.  

A Sérignan-du-Comtat,  il n’est pas question d’installer une ZAD et de se mettre en position d’en découdre avec les forces de l’ordre pour s’opposer à l’installation d’un énième fast-food. A toute « faim utile » précisons que la France qui se targue d’être la patrie de la gastronomie est le pays d’Europe qui compte le plus grand nombre de fast-food de cette enseigne américaine (plus de 1500). Mais revenons à nos amis de Sérignan, ce petit village provençal qui s’honore de son ancrage dans la nature et le respect de l’environnement. On y voit d’un mauvais œil l’installation de ce McDo de 400 M2 surtout que derrière ce projet on y découvre la future installation d’un centre commercial, d’une station-service et d’une laverie. Et tout cela à l’entrée du bourg… 

Imaginez au pays de Jean-Henri-Fabre, un des pères de l’éthologie, avec ses landes de terre en friche riches de collections botaniques uniques, et son naturoptère dédié à l’observation et la connaissance des insectes et des plantes.  C’en était trop pour les sérignanais(es).  

La modernité aurait-elle changée de camps ?
A Sérignan comme en Occitanie avec l’autoroute, c’est  la même intention qui s’exprime.  Celle de voir émerger un autre modèle. Ce qui était, il y a encore peu de temps, l’expression d’une modernité salutaire est aujourd’hui remis en cause et contesté par une partie de la population. Cela dépasse largement le cadre des écologistes engagés. La modernité aurait-elle changée de camps ? Cependant on ne saurait ignorer la parole de ceux qui sont pour, ceux qui parlent développement économique et emplois. Cas déjà évoqué ici avec la ZAC des Hauts-banquets de Cavaillon.

Dans les deux cas, à Sérignan comme en Occitanie, le fait de pouvoir participer aux décisions et en particulier si elles vous concernent directement, apparaît comme une nécessité qu’on ne saurait ignorer plus longtemps. De ce point de vue les pétitions ou les ZAD ne peuvent suffire.


Sérignan-du-Comtat : McDonald’s et A69, même combat ?

Après nous être intéressés à la petite reine on ne pouvait pas ignorer l’Automobile, un autre moyen de transport qui déchaîne aussi toutes les passions. Qu’il s’agisse de la question des émissions de C02, de la fin programmée du moteur à explosion, de la conversion hasardeuse et controversée vers le tout électrique ou encore de l’envolée des prix de l’énergie, l’automobile, est comme on dit, aujourd’hui, « un vrai sujet ». Ici en Provence, on est également plus que concerné.

Il y a encore pas si longtemps l’automobile avait toutes les vertus ou presque. Elle était à la fois un moyen de déplacement et de transport encensé, un instrument de liberté adulé et un secteur économique puissant, largement choyé et soutenu. Nous étions fiers de notre industrie automobile surtout quand elle innovait ou s’illustrait en compétition. Notre pays, a compté parmi les plus prestigieux des constructeurs automobiles. Le monde entier nous enviait des marques comme Delage, Delahaye, Talbot, Hispano-Suiza, Salmson, Hotchkiss, Voisin, Facel-Vega… Ce n’est pas être nostalgique ou passéiste que de regarder ce qui s’est fait auparavant. Ca devrait pouvoir inspirer d’avantage le futur. On gagne toujours à jeter un petit coup d’œil dans le rétroviseur, et pas uniquement pour vouloir dépasser…

Les automobiles club y ont joué un rôle essentiel
L’automobile a façonné à sa manière l’histoire de la Provence. Tout d’abord avec les routes et ensuite les autoroutes. Elles ont permis l’essor touristique et économique de la région. Les automobile-club y ont joué un rôle essentiel. Au début, d’aimables clubs élitistes réservés uniquement aux gentleman, ils se sont rapidement démocratisés. Ils ont largement participé au développement de l’automobile. Ce sont eux qui ont installé les premières signalisations (avant les plaques et les bornes Michelin) et rédigé les premiers codes de la route. Ils ont été aussi les organisateurs des premières compétitions automobiles. Celui de Marseille, créé en 1899, a donné naissance à plusieurs épreuves sportives comme le Rallye International des Alpes ou le Grand Prix Automobile de Marseille… Une époque où chaque grande ville se devait d’accueillir un Grand Prix, y compris la cité des papes avec son fameux circuit des remparts.

La route des vacances
Dans le midi nous avons d’abord la nationale 7. Avec ses 1000 km c’est la plus longue route nationale de France. Reliant Paris à Menton, cette route, appelée aussi « la route bleue », traverse 5 régions. Côté mythe c’est un peu notre route 66 ! Ses stations-services aux architectures typiques des années 50 et ses relais routiers ont intégré depuis notre patrimoine national. La Nationale 7 a également placé sur son chemin, juste à mi-parcours entre Paris et la méditerranée, quelque uns de nos meilleurs restaurants. Paul Bocuse à Collonges-au-Mont-d’Or, les frères Troisgros à Roanne, la mère Brazier à Lyon, la maison Pic à Valence, Fernand Point à Vienne. On ne saurait rêver de meilleures étapes pour la pause repas sur la route des vacances.

Pour écouter la chanson Nationale 7 nouvelle version

Une terre fertile pour le sport auto
Côté sport, nous avons, en Provence, le circuit Paul Ricard qui accueille, aujourd’hui, le Grand Prix de France de F1, la plus prestigieuse de toutes les compétions automobiles à défaut d’être la plus passionnante à suivre… Il y a aussi bien sûr le Grand-prix de Monaco. C’est dans le même coin. Nous avons également le plus mythique de tous les rallyes : « Le Monte-Carlo », dont la première édition a été remportée, en 1911, par Henri Rougier, un marseillais, sur une Turcat-Méry, une auto marseillaise.
Le sport auto en Provence c’est aussi quelques grands noms qui ont marqué de leurs empreintes l’histoire : Michèle Mouton (Grasse), Maurice Trintignant (Sainte-Cécile-les-Vignes), Jean-Louis Trintignant (Piolenc), Jean-Pierre Nicolas (Marseille), Jean Ragnotti (Pernes-les-Fontaines), Jean Alési (Avignon)…
Mais tout cela semble aujourd’hui appartenir à une époque lointaine et surtout révolue.

L’automobile a changé la vie, certes pas toujours en bien, mais elle a tant apporté qu’il semble totalement incongru de vouloir donner un coup de volant aussi brutal. Il suffit d’observer le visage d’un jeune enfant qui s’illumine au passage d’une très belle auto. Son sourire et le brillant de ses yeux en disent plus long que n’importe quel discours. Ne brisons pas nos rêves d’enfant !

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.


Sérignan-du-Comtat : McDonald’s et A69, même combat ?

D’une pratique sportive ou de loisir, le vélo pourrait bien aussi devenir une vraie alternative pour les déplacements individuels de courte distance. Crise de l’énergie oblige. Le gouvernement vient d’ailleurs d’annoncer un plan pour « faire de la France une nation vélo ». La petite reine refait, en ces temps difficiles, la une de l’actualité.

Le vélo est un engin exceptionnel et unique. Il est bon pour la santé, il est bon pour la planète et il est bon pour le portefeuille … Qui dit mieux ? Les spécialistes qualifie même le vélo de « véhicule de conception humaine à l’efficacité énergétique surpassant celle de tous les autres ». Avec 1,5 milliard d’engins en circulation, le vélo reste le moyen de locomotion le plus utilisé dans le monde. Il peut servir à beaucoup de choses. Se déplacer bien sûr, transporter des personnes ou des petites marchandises, faire du sport, y compris en appartement, se balader, faire du tourisme… Il peut même devenir, avec le Tour de France, l’un des spectacles télévisuels le plus regardé au Monde.

Un instrument de liberté
Le vélo est aussi un instrument de liberté. On se souvient tous de notre premier vélo, celui qui nous a permis d’explorer d’autres lieux, de faire de nouvelles découvertes, d’aller voir les copains (ou copines c’est selon)… bref d’élargir le cercle des possibles. Après il y aura la « mob » ou le scooter, avant la première « caisse ». Mais ça c’est une autre histoire ! Aujourd’hui, le vélo à assistance électrique élargit encore le cercle des pratiquants. Il permet à ceux qui n’en faisaient plus de s’y remettre ou à ceux qui en faisaient déjà d’aller plus loin.

Lire aussi: Le Ventoux à tout prix

Le Vaucluse : terre de vélo
Ici, en Provence on sait de quoi on parle quand on cause vélo. On a d’abord le Ventoux, sommet mythique (le graal de tous les cyclistes version Grand Sport). On estime que chaque année entre 150 et 200 000 cyclistes en font son ascension à la force du mollet.
La Provence c’est aussi le vélo de tourisme avec, pour le Vaucluse, pas moins d’une quarantaine de circuits balisés et 4 véloroutes. Le cyclisme c’est encore quelques célébrités comme Lucien Aimar, Luc Leblanc ou Richard Virenque (et toujours à l’insu de son plein gré).

La réitération d’un mouvement circulaire, propice à la méditation
Le vélo a beaucoup inspiré les artistes et les écrivains, qui nous ont fait partager leurs indéfectibles passions. Certains philosophes se sont même essayés à expliquer cet engouement. Parmi eux, citons, Jean-François Balaudé, philosophe et ancien président de l’université de Nanterre : «  le vélo constitue une sorte de métaphysique incarnée car il s’agit d’un sport ou d’un mode de déplacement caractérisé par une vitesse modérée, dénué de chocs et de traumatismes, fondé sur la réitération d’un mouvement circulaire, propice à la méditation ». Au-delà de ces considérations métaphysiques, le vélo peut être aussi un objet politique. Ainsi, n’est-il pas devenu, à son insu lui aussi, un symbole et un porte-drapeau des valeurs écologiques. Il vient s’opposer au monde polluant, individualiste voire agressif de l’automobile. Je dirais tout simplement que le vélo est un sport bienveillant et altruiste.

Eh oui, il sait vous récompenser immédiatement de vos efforts. Après une montée il y a toujours une descente. Et elle sait vous faire oublier les souffrances de la montée. Bref une certaine philosophie de la vie !

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.


Sérignan-du-Comtat : McDonald’s et A69, même combat ?

Emprunté à l’autrice de bande-dessinée Nicole Lambert, l’expression « chicouf » est la contraction de « chic », ils arrivent et « ouf », ils repartent. Elle est utilisée par les grands-parents à propos de leurs petits-enfants. Mais on pourrait aussi l’utiliser pour les touristes qui arrivent et qui repartent. On les attend avec impatience mais on est content de retrouver un peu de calme quand ils partent, en attendant bien sûr leurs retours l’année prochaine…

On se doute bien que le tourisme joue un rôle important, sinon essentiel, dans l’économie du Vaucluse. Mais on ne le mesure pas toujours avec précision. Imaginez 4 millions de touristes par an, c’est 7 fois la population du département. Une véritable migration ! Cela représente, chaque année, 21 millions de nuitées. Ca donne une idée de la renommée et de l’attractivité de la région. Côté finances, on estime que la dépense des touristes s’établit, chaque année, à plus d’un milliard d’euros (Source Vaucluse Provence Attractivité). C’est également 16 500 emplois, directs et indirects. Mais foin de chiffres. Qui sont ces « envahisseurs » ? Pourquoi viennent-ils chez nous ?

Sans les touristes, point de festivals, d’animations, de véloroutes…

Ils sont pour moitié français et moitié européens. Les français viennent principalement de la région parisienne et des départements limitrophes du Vaucluse. Pour les étrangers, depuis plusieurs années le classement reste inchangé avec en première place sur le podium la Belgique suivi des Pays-Bas et de l’Allemagne. On va dire des régions où le soleil ne brille pas 300 jours par an. Où séjournent-ils ? En priorité dans le Lubéron avec 34 % des nuitées, suivi du pays du Ventoux (28%), en troisième place on trouve le Grand Avignon (23%) et la vallée du Rhône (15%) ferme la marche. Et que font-ils, quand ils ne se prélassent pas au bord de la piscine de leur maison ou de leur camping (euh pardon hôtel de plein air)? Et bien ils se promènent et visitent. A pied, en vélo, à moto, à cheval, en voiture, en 2 CV, en Solex, en bus, en camping-car… les sites et les occasions sont nombreux. La présente chronique n’y suffirait pas pour les présenter tous. On ne remerciera pas assez ces visiteurs et touristes d’avoir donné naissance à tous ces événements qui rythment et animent nos étés. En effet, sans eux, point de festivals, d’expositions, de véloroutes, d’entretiens de nos sentiers de randonnés, de marchés provençaux tous plus authentiques les uns que les autres…

On range les parasols, les matelas de piscine et on sort le balai…

Même si ils viennent plus volontiers en été (46% des nuitées), les « chicoufs » ont également la gentillesse de ne pas nous oublier le reste de l’année. Ainsi, 25 % des nuitées sont réalisées au printemps. Merci les vacances scolaires et les ponts à géométrie variable du mois de mai. Ca ne nous empêche pas d’avoir comme un petit coup de blues quand les touristes nous quittent à la fin de l’été. On range les parasols, les matelas de piscine et on sort les balais pour ramasser les premières feuilles. Au cœur du tourbillon estival on rêvait de calme et de tranquillité et là maintenant qu’ils sont partis : « ça fait un peu vide quand même »… En tout cas, si les « chicoufs » ne revenaient pas l’été prochain ça nous manquerait, c’est sûr.

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.


Sérignan-du-Comtat : McDonald’s et A69, même combat ?

La sobriété rendue aujourd’hui nécessaire, est-elle possible et peut-elle rendre heureux ?
Cela pourrait ressembler à un intitulé d’épreuve de philosophie du baccalauréat. A cette difficile question, un village de la Drôme Provençale nous apporte la réponse. Une leçon magistrale…

Au début son nom vous rend incrédule ou vous fait sourire. Mais il existe bel et bien. Il a même donné naissance à une appellation des vins de Côtes-du-Rhône et il fait partie de la très sérieuse association des communes de France aux noms burlesques et chantants, qui compte pas moins de 41 membres. Il s’agit, vous l’avez sans doute deviné, de Vinsobres. Un charmant village, situé entre Vaison-la-Romaine et Nyons. Il fait la démonstration qu’il nous est possible d’associer plaisir et tempérance, bien-être et retenue. Sans équilibre point de salut.

Cette commune d’un peu plus de 1000 habitants et 30 domaines viticoles (excellent ratio au demeurant), a fait pour devise : « Vinsobres ou sobre vin, prenez-le sobrement » . Cette formule, attribuée à Joseph-Marie de Suarés, évêque de Vaison, grand amateur du cru en question, remonte à 1633. Si elle sonne comme le slogan d’une publicité des années 50, elle est totalement dans l’air du temps et nous montre désormais la voie à suivre. « Tout ce qui est excessif est insignifiant » disait Talleyrand. Une phrase qui ne manque pas de piquant quand on sait que le sieur Talleyrand était, ce qu’on appelle, un « très » bon vivant et grand amateur de vins. Il fut d’ailleurs, entre deux dettes de jeux, propriétaire du domaine du Château Haut Brion. C’est pour dire…

La responsabilité est commune et la valeur de l’exemple essentielle

Finie l’abondance. Il nous faut donc aujourd’hui suivre un autre chemin. Mais la sobriété ne saurait donner des résultats significatifs que si la quête et les efforts sont partagés. On pense en particulier aux joueurs de football et à certains de leurs entraineurs, aux milliardaires ou encore aux élus qui nous représentent. La responsabilité est commune et la valeur de l’exemple essentielle. Et il faut bien sûr dépasser le simple cadre national, la mondialisation de la sobriété en quelque sorte…

L’impossible retour en arrière

L’exercice n’est pas facile. Comment pouvons-nous empêcher la quête légitime de ceux qui n’ont pas accès à un minimum de confort ? Pouvons-nous imaginer de fermer les piscines, les patinoires, les stations de ski, d’interdire les sports mécaniques, le tour de France, les concerts géants, les croisières sur les paquebots, les avions privés, la circulation des véhicules à moteur thermique (y compris les jet ski)… etc ? Évidemment non (quoique pour les stades climatisés…).

Il ne s’agit pas de mettre à genou l’ensemble des secteurs économiques liées à ces activités. Les conséquences seraient bien pires que les maux. Difficile de revenir en arrière. Cependant, il nous est possible de changer de trajectoire et de savoir trouver le bon équilibre. Voilà l’enjeu et c’est en cela que notre petit village de la Drôme Provençale nous montre l’exemple : du vin oui, mais avec modération !

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.


Sérignan-du-Comtat : McDonald’s et A69, même combat ?

Je ne sais pas si pour vous c’est la même chose mais rien que t’entendre le mot « rentrée » j’ai le bourdon pour le reste de la journée. Sans doute des réminiscences du difficile retour sur les bancs de l’école, après la longue pause estivale. Et avec toutes ces mauvaises nouvelles qui s’accumulent, cette rentrée 2022, s’annonce comme particulièrement difficile. A moins que…

La rentrée doit-elle forcément être un moment anxiogène ? La fin des vacances, le retour au travail, le début de l’automne, l’arrivée des premiers frimas… Les médias, toujours empreints d’originalité, en rajoutent en nous abreuvant de « rentrées » à toutes les sauces : la rentrée des classes, la rentrée sociale, la rentrée politique, la rentrée culturelle qui elle-même se subdivise en rentrée littéraire, cinématographique, théâtrale, musicale… Sans parler des grandes surfaces qui mettent en place les fameuses fournitures scolaires dès le début du mois d’août, histoire de vous rappeler, au beau milieu des vacances : « coucou c’est bientôt le taff ! » Avouez qu’on ne nous épargne rien !

La rentrée 2022, un cru exceptionnel !

La rentrée 2022 sera, dans son genre, un cru assez exceptionnel. Entre la flambée des prix de l’énergie, le retour de l’inflation, une crise sanitaire pas totalement éradiquée, les menaces liées à la guerre en Ukraine ou encore l’accélération des incidences du changement climatique, il y a de quoi avoir le moral dans les chaussettes. Déjà que la rentrée est, pour beaucoup, un moment, dans l’année, particulièrement difficile et délicat à négocier. Qu’est ce qui pourrait tempérer nos tourments et nos déprimes automnales, et nous offrir quelques raisons d’espérer ?

Vers d’autres modèles ?

Il y a encore quelques mois de cela, la croissance et la consommation étaient érigées comme le seul modèle capable d’apporter le plein emploi, le bien-être et le progrès social. En dehors point de salut. Et hop, aujourd’hui changement total de dogme. Les crises que nous vivons actuellement nous montrent que ce modèle a vécu et qu’il ressemble de plus en plus à une impasse. Et maintenant on nous culpabilise de consommer et d’être dans l’abondance et l’insouciance, alors que il y a encore quelques temps…

Le BNB plutôt que le PIB*

Dans cette crise, qui ressemble il faut bien le reconnaître à une fin de cycle, l’économie manque de bras partout. Pas assez de professeurs ou d’instituteurs, pas assez de chauffeurs de bus, de conducteurs de train, d’infirmières, de médecins, pas assez de personnels dans les commerces, les activités de services, les entreprises de toute nature … Dans notre beau pays, depuis le début de l’année 2022, on enregistre, chaque trimestre, 520 000 démissions.

Selon la DARES** rien d’exceptionnel à cela. Cet organisme explique qu’à chaque période de reprise économique (ce qui était le cas avec la fin de la crise de la Covid), le taux de démission remonte naturellement. Nouvelles opportunités, besoin d’évolutions, le marché du travail s’ouvrant, les salariés sont tentés de changer. Dans le cas présent l’embellie économique de l’après Covid ne pourrait qu’être un feu de paille. Ne faudrait-il pas plutôt voir, dans ce qu’on a appelé « la grande démission »***, une envie d’autre chose, où le bien-être prendrait le pas sur la valeur travail, un nouvel équilibre privilégiant sa vie personnelle. Des changements qui modifieraient aussi nos rapports avec la nature et ses ressources. Un autre horizon que le toujours plus ! Le bonheur national brut plutôt que produit intérieur brut. C’est en cela que la rentré 2022 pourrait être positive : une prise de conscience qui permettrait, à minima, déboucher sur la correction de nos excès (et ils sont nombreux).

Une révolution plutôt qu’un « grand reset ». D’ici là bonne rentrée !

* Le bonheur national brut plutôt que produit intérieur brut
** Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (Ministère du Travail).
*** Mouvement née aux USA après la pandémie de la COVID. En 2021, 38 millions d’américains ont quitté du jour au lendemain leur travail.

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.


Sérignan-du-Comtat : McDonald’s et A69, même combat ?

Je suis déçu et dégouté. Alors que «j’ai tout fait comme on m’a dit…», la deuxième récolte des oliviers de notre jardin sera, cette année, mauvaise. Un leçon qui sonne comme une double morale 1) l’oléiculture est loin d’être une science exacte 2) c’est la nature qui a toujours le dernier mot. Des enseignements dont on pourrait s’inspirer dans bien des domaines…

Faire son huile ce n’est pas rien. Je suis désolé, et pardon par avance pour ceux qui ont un potager, mais c’est quand même autre chose que de faire pousser des courgettes. On a beau dire, dans « l’Olive » il y a une noblesse qu’il n’y a pas dans la pomme de terre. De ce point de vue, l’auguste fruit est à classer dans la même catégorie que la vigne. C’est prestigieux, mais on peut s’en passer, ce qui n’est pas tout à fait le cas pour les pommes de terre ou les courgettes. Comme disait le célèbre philosophe Jérôme Bonaldi: « c’est inutile donc totalement indispensable ».

Ce rameau je le coupe ou je le coupe pas ?

Mais revenons à cette récolte 2022. Je me suis entouré de nombreux conseils extérieurs, j’ai même suivi une initiation à la taille et à l’entretien. Une occasion unique de bombarder de questions les « sachants » de l’olive. J’y ai appris qu’il faut tailler mais pas trop, mais que cette année on peut cependant y aller plus franchement… qu’il faut traiter avant les pluies printanières, mais après ce n’est pas idiot non plus (l’eau de pluie fait ruisseler la fameuse bouillie bordelaise), qu’il faut fertiliser mais c’est pas obligatoire et que cela dépend de l’antériorité et de la nature du terrain, qu’il faut arroser si on peut, mais plutôt au goute à goute qu’avec les tuyères trop généreuses en eau… Je ne vous parle même pas du soin tout particulier qu’il faut apporter à la surveillance de l’arrivée d’éventuels parasites ou maladies. Bref, tout cela mérite qu’on s’y attelle avec sérieux et méthode. Ici l’improvisation n’a pas de place. Ce que j’ai fait, imaginez bien, et avec le plus grand sérieux à commencer par la délicate taille. Ce rameau je le coupe ou je le coupe pas ? Un choix difficile à chaque approche du sécateur. Faut couper ceux qui ont donné du fruit l’an passé et pas couper celui qui pourrait en donner cette année. Comment les reconnaître ? L’angoisse du débutant…

Un truc au passage, si vous vous équipez d’un outil à assistance électrique attendez-vous à avoir une taille naturellement plus généreuse. On se sent pousser des ailes au niveau du sécateur et une confiance nouvelle vous habite tout à coup.

Le résultat n’aura été que pour le feuillage

Malgré toute cette attention, ce temps passé, les intrants certifiés bio, le résultat n’aura été que pour le feuillage. Peu, très peu pour les olives ! Il y a tellement peu de fruits qu’il ne sera peut-être pas nécessaire de faire le déplacement jusqu’au pressoir ! Quelle déception ! Surtout que la première année la récolte étant très prometteuse, les spéculations et les attentes sur la deuxième étaient disons importantes, du genre ambitieuses. Amis et familles attendaient aussi ce présent de la nature ! Au fond c’est une leçon d’humilité qu’il faut savoir entendre… On ne maitrise pas la nature et c’est à nous de nous adapter à elle.

Si on croit le contraire elle saura assez vite vous le rappeler. De ces modestes oliviers à ce qui se passe en ce moment sur notre planète il n’y a qu’un pas que je vous laisse le loisir de franchir ou pas. C’est selon.

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.


Sérignan-du-Comtat : McDonald’s et A69, même combat ?

Toutes les vérités sont bonnes à dire surtout quand il s’agit de l’histoire du pastis, la boisson emblématique « dans le midi » (comme on dit de l’autre côté de la Loire). Ils sont plusieurs prétendants à revendiquer être à l’origine du fameux « pastaga ». Mais si on y regarde de plus près l’histoire du petit jaune n’est pas tout à fait celle que l’on croit…

Le pastis doit tout à l’absinthe
N’en déplaise aux marseillais le pastis n’est pas né dans la cité phocéenne sous l’inspiration du génial Paul Ricard. C’est un peu plus compliqué que cela. Pour comprendre il nous faut faire un peu de chimie et d’histoire aussi… Comme l’absinthe, le pastis est un spiritueux résultant de l’aromatisation, avec des plantes, d’un alcool neutre d’origine agricole. Quant à la version anisée de l’absinthe elle s’est développée avec l’interdiction de l’absinthe en 1915. Faut savoir que celle-ci titrant en moyenne à 70° et que la forte présence de méthanol n’était pas sans conséquences neurologiques sur  les gros consommateurs.  Première vérité : le pastis doit donc tout à l’absinthe !

Le pastis est née à Avignon
C’est Jules-François Pernod et son fils Jules-Felix, associés dans la société « Pernod père et fils », qui ont mis au point une boisson alcoolisée à base d’anis et déposé, en 1918, la marque Anis Pernod. Ils en lancèrent la même année la fabrication dans leur usine de Montfavet. La législation de l’époque ne leur autorisait que 30° d’alcool. Le succès fut immédiat.
Auparavant, l’usine de Montfavet distillait de l’extrait d’absinthe comme celle des cousins Pernod de Pontarlier. C’est cette autre branche familiale installée dans le Jura en 1805, qui introduisit, en France, celle qu’on surnomma « La fée verte ».
Sachant que dans la recette de l’absinthe on trouve aussi de l’anis le jura a donc droit aussi à un petit morceau de paternité de ce qui sera dénommé plus tard le pastis. Mais « juridiquement » on peut affirmer et avec force et détermination que le pastis est né à Avignon. Autre vérité historique rétablie.

Pontarlier contre Avignon
Face au succès de la boisson anisée des Pernod d’Avignon, les Pernod de Pontarlier lancèrent également la leur sous la marque Anis Pernod fils, en 1926. Il n’en fallut pas moins pour la guerre soit déclarée entre les deux familles. Et ça se terminera au tribunal qui donnera en définitive raison aux avignonnais avant que les deux sociétés ne fusionnent en 1928. Les petits cousins se sont réconciliés : « business is business ». Avec à la clé un transfert du siège social à Montreuil, en région parisienne. On est loin des cigales et du soleil.

Avec Paul Ricard le pastis devenait un produit dérivé du soleil
Jusque-là tout allait bien pour les Pernod. Mais en 1932, Paul Ricard fait son entrée sur le marché. Avec beaucoup d’entregent (on dirait aujourd’hui de lobbying), le Marseillais obtient le droit de vendre sa boisson anisée à 40° (le Pernod était toujours calé sur 30°). C’est vrai qu’à Marseille dans certains bars ont avait déjà anticipé l’évolution de la législation depuis un petit moment…
Outre cette progression sur l’échelle des degrés, le génie de Paul Ricard s’est surtout exprimé dans le marketing. Tout d’abord en trouvant un nom générique à sa boisson : ce sera Pastis, tiré de « pastisson » (mélange en provençal). Ensuite, il y associera son nom pour la marque. Un produit, une marque. Dans les deux cas ils étaient originaux : pastis = Ricard. Non content de cela Paul Ricard y ajouta une promesse inédite et très maline « le vrai pastis de Marseille ». Premièrement ça voulait dire que les autres étaient faux (et hop une cartouche pour le Pernod). Deuxièmement cela associait cette boisson au sud, à la Provence, aux vacances. Bref, le pastis devenait tout simplement un produit dérivé du soleil. Du grand art. Ce cas est encore étudié dans les écoles de Commerce… en particulier à Marseille.

Une législation qui fait le marché
A la faveur d’un décret-loi autorisant en avril 1938 de porter le degré d’alcool à 45°, Pernod lance Pernod 45. Deux ans plus tard, le gouvernement de Vichy décidant que la France de l’apéro, est responsable de la défaite (celle-là il fallait la faire), interdit les apéritifs à base d’alcool titrant plus de 16°. Les producteurs de vin étaient évidemment aux anges…
Cette interdiction vichyssoise tombe en 1949 et en 1951 la publicité pour le pastis est de nouveau autorisée. Pour fêter cela Pernod lance son Pastis 51 (pour l’année et non le degré d’alcool). Ensuite, en 1975, fin de la guerre entre les deux marques avec la fusion entre les deux frères ennemis. Ce sera la naissance du groupe Pernod-Ricard aujourd’hui leader mondial dans les spiritueux.
L’émergence de ce géant de l’anis n’a pas empêché la naissance de nouvelles maisons, plus artisanales, proposant des produits avec des arômes plus travaillées et plus complexes. Et Avignon me direz-vous ? Et bien la ville n’a pas perdu sa tradition car elle y fabrique toujours du Pastis sous la marque Pastis d’Avignon un produit d’exception distillé par la maison Manguin sur l’île de la Barthelasse. A consommer avec modération bien sûr !


Sérignan-du-Comtat : McDonald’s et A69, même combat ?

La ville d’Avignon peut s’enorgueillir d’avoir sur ses terres un des plus célèbres pont du monde. Tout cela grâce, en grande partie, à une banale comptine pour enfants, née semblerait-il au 15ème siècle. Être aux côtés de ponts comme le Golden Gate Bridge de San-Francisco, la Towers Bridge de Londres ou encore le Pont des Soupirs à Venise, c’est quand même quelque chose surtout pour un pont qui mène nulle part…

Un lien entre les hommes
Assurément, le pont n’est pas une construction ou un monument comme les autres. Il permet la circulation des hommes, des idées, des marchandises, au-delà des fleuves et des rivières qui constituent souvent des frontières naturelles. Celui d’Avignon, dans sa V1, a été construit à partir de 1177, il était à l’époque le seul vrai pont permettant de traverser le Rhône entre Lyon et la Méditerranée. C’était l‘unique lieu d’échange entre le Royaume de France et les États de l’Eglise. C’est dire. Rapidement, il attiré en très grand nombre visiteurs, industriels et marchands de tous poils. Et grâce au péage mis en place pour le franchir (déjà l’époque) la prospérité de la ville était assurée. Enfin presque…

Naissance divine mais histoire tragique…
A son origine, il était composé de 22 arches pour une longueur de 920 mètres, il traversait les deux bras du Rhône jusqu’à la tour Philippe Le Bel, située sur la commune de Saint André, aujourd’hui Villeneuve-lès-Avignon. C’était pour l’époque un ouvrage monumental. La légende veut qu’un jeune berger venu du Vivarais, répondant au nom de Bénézet, fut envoyé par Dieu pour construire à Avignon un pont sur le Rhône. C’est ce jeune pâtre de 12 ans qui donna ensuite au pont son vrai nom : Pont Saint Bénézet. Sa foi était telle qu’il réussit à convaincre les notables de la ville et surtout à récolter les fonds nécessaire à la construction. Tout cela en 8 ans. Une performance vite attribuée à l’intervention divine.

Victime de crues à répétition
Mais le sort s’acharna rapidement sur l’ouvrage. En 1226, après le siège de Louis VIII sur Avignon, le pont fut détruit presque intégralement. Malgré les interdictions, les avignonnais reconstruiront leur pont. En 1603, de fortes crues du Rhône firent effondrer une arche puis trois autres deux ans plus tard. Il vrai que la ville ne pouvait plus supporter la charge de l’entretien du pont. Et l’argent du péage me direz-vous ?
Il fallut attendre 1628 pour que les travaux de réparation démarrent. C’était sans compter avec une épidémie de peste qui ralentit le chantier. Et c’est en 1633 que le pont fut utilisable de nouveau. Et patatras, deux mois plus tard deux nouvelles arches sont emportées par une nouvelle crue du Rhône. En 1699, plusieurs autres arches rejoignent également les eaux du turbulent fleuve. Là on s’est dit que c’était plus la peine de s’acharner, d’autant que le pont n’étant pas très large (deux charrettes ne pouvaient se croiser) son utilisation était somme toute assez limitée. Ne subsiste aujourd’hui que 4 arches et la chapelle Saint Nicolas, dédiée à la confrérie des nautonniers (personnes conduisant des barques). Mais ce « demi pont » en fait aujourd’hui toute sa notoriété.

Un pont trop étroit…
Dans la célèbre chanson « sur le pont d’Avignon » on y danse tous en rond. En fait il ne fallait pas être très nombreux pour danser car la largueur du pont, dont le tablier n’excédait pas 4 mètres, ne permettait pas d’accueillir un grand nombre d’amateurs de rondes et autres carmagnoles. Il est, cependant, fort probable qu’on ait dansé plutôt dessous que dessus. En effet, une auberge installée au pied d’une arche sur l’ile de la Barthelasse y faisait guinguette. Un moyen d’éviter de tourner en rond.

Pour voir le pont d’Avignon dans sa reconstitution de 1550 en 3D

https://www.echodumardi.com/tag/didier-bailleux/   1/1