16 septembre 2025 |

Ecrit par le 16 septembre 2025

Vérités sur l’histoire du pastis

Toutes les vérités sont bonnes à dire surtout quand il s’agit de l’histoire du pastis, la boisson emblématique « dans le midi » (comme on dit de l’autre côté de la Loire). Ils sont plusieurs prétendants à revendiquer être à l’origine du fameux « pastaga ». Mais si on y regarde de plus près l’histoire du petit jaune n’est pas tout à fait celle que l’on croit…

Le pastis doit tout à l’absinthe
N’en déplaise aux marseillais le pastis n’est pas né dans la cité phocéenne sous l’inspiration du génial Paul Ricard. C’est un peu plus compliqué que cela. Pour comprendre il nous faut faire un peu de chimie et d’histoire aussi… Comme l’absinthe, le pastis est un spiritueux résultant de l’aromatisation, avec des plantes, d’un alcool neutre d’origine agricole. Quant à la version anisée de l’absinthe elle s’est développée avec l’interdiction de l’absinthe en 1915. Faut savoir que celle-ci titrant en moyenne à 70° et que la forte présence de méthanol n’était pas sans conséquences neurologiques sur  les gros consommateurs.  Première vérité : le pastis doit donc tout à l’absinthe !

Le pastis est née à Avignon
C’est Jules-François Pernod et son fils Jules-Felix, associés dans la société « Pernod père et fils », qui ont mis au point une boisson alcoolisée à base d’anis et déposé, en 1918, la marque Anis Pernod. Ils en lancèrent la même année la fabrication dans leur usine de Montfavet. La législation de l’époque ne leur autorisait que 30° d’alcool. Le succès fut immédiat.
Auparavant, l’usine de Montfavet distillait de l’extrait d’absinthe comme celle des cousins Pernod de Pontarlier. C’est cette autre branche familiale installée dans le Jura en 1805, qui introduisit, en France, celle qu’on surnomma « La fée verte ».
Sachant que dans la recette de l’absinthe on trouve aussi de l’anis le jura a donc droit aussi à un petit morceau de paternité de ce qui sera dénommé plus tard le pastis. Mais « juridiquement » on peut affirmer et avec force et détermination que le pastis est né à Avignon. Autre vérité historique rétablie.

Pontarlier contre Avignon
Face au succès de la boisson anisée des Pernod d’Avignon, les Pernod de Pontarlier lancèrent également la leur sous la marque Anis Pernod fils, en 1926. Il n’en fallut pas moins pour la guerre soit déclarée entre les deux familles. Et ça se terminera au tribunal qui donnera en définitive raison aux avignonnais avant que les deux sociétés ne fusionnent en 1928. Les petits cousins se sont réconciliés : « business is business ». Avec à la clé un transfert du siège social à Montreuil, en région parisienne. On est loin des cigales et du soleil.

Avec Paul Ricard le pastis devenait un produit dérivé du soleil
Jusque-là tout allait bien pour les Pernod. Mais en 1932, Paul Ricard fait son entrée sur le marché. Avec beaucoup d’entregent (on dirait aujourd’hui de lobbying), le Marseillais obtient le droit de vendre sa boisson anisée à 40° (le Pernod était toujours calé sur 30°). C’est vrai qu’à Marseille dans certains bars ont avait déjà anticipé l’évolution de la législation depuis un petit moment…
Outre cette progression sur l’échelle des degrés, le génie de Paul Ricard s’est surtout exprimé dans le marketing. Tout d’abord en trouvant un nom générique à sa boisson : ce sera Pastis, tiré de « pastisson » (mélange en provençal). Ensuite, il y associera son nom pour la marque. Un produit, une marque. Dans les deux cas ils étaient originaux : pastis = Ricard. Non content de cela Paul Ricard y ajouta une promesse inédite et très maline « le vrai pastis de Marseille ». Premièrement ça voulait dire que les autres étaient faux (et hop une cartouche pour le Pernod). Deuxièmement cela associait cette boisson au sud, à la Provence, aux vacances. Bref, le pastis devenait tout simplement un produit dérivé du soleil. Du grand art. Ce cas est encore étudié dans les écoles de Commerce… en particulier à Marseille.

Une législation qui fait le marché
A la faveur d’un décret-loi autorisant en avril 1938 de porter le degré d’alcool à 45°, Pernod lance Pernod 45. Deux ans plus tard, le gouvernement de Vichy décidant que la France de l’apéro, est responsable de la défaite (celle-là il fallait la faire), interdit les apéritifs à base d’alcool titrant plus de 16°. Les producteurs de vin étaient évidemment aux anges…
Cette interdiction vichyssoise tombe en 1949 et en 1951 la publicité pour le pastis est de nouveau autorisée. Pour fêter cela Pernod lance son Pastis 51 (pour l’année et non le degré d’alcool). Ensuite, en 1975, fin de la guerre entre les deux marques avec la fusion entre les deux frères ennemis. Ce sera la naissance du groupe Pernod-Ricard aujourd’hui leader mondial dans les spiritueux.
L’émergence de ce géant de l’anis n’a pas empêché la naissance de nouvelles maisons, plus artisanales, proposant des produits avec des arômes plus travaillées et plus complexes. Et Avignon me direz-vous ? Et bien la ville n’a pas perdu sa tradition car elle y fabrique toujours du Pastis sous la marque Pastis d’Avignon un produit d’exception distillé par la maison Manguin sur l’île de la Barthelasse. A consommer avec modération bien sûr !


Vérités sur l’histoire du pastis

La ville d’Avignon peut s’enorgueillir d’avoir sur ses terres un des plus célèbres pont du monde. Tout cela grâce, en grande partie, à une banale comptine pour enfants, née semblerait-il au 15ème siècle. Être aux côtés de ponts comme le Golden Gate Bridge de San-Francisco, la Towers Bridge de Londres ou encore le Pont des Soupirs à Venise, c’est quand même quelque chose surtout pour un pont qui mène nulle part…

Un lien entre les hommes
Assurément, le pont n’est pas une construction ou un monument comme les autres. Il permet la circulation des hommes, des idées, des marchandises, au-delà des fleuves et des rivières qui constituent souvent des frontières naturelles. Celui d’Avignon, dans sa V1, a été construit à partir de 1177, il était à l’époque le seul vrai pont permettant de traverser le Rhône entre Lyon et la Méditerranée. C’était l‘unique lieu d’échange entre le Royaume de France et les États de l’Eglise. C’est dire. Rapidement, il attiré en très grand nombre visiteurs, industriels et marchands de tous poils. Et grâce au péage mis en place pour le franchir (déjà l’époque) la prospérité de la ville était assurée. Enfin presque…

Naissance divine mais histoire tragique…
A son origine, il était composé de 22 arches pour une longueur de 920 mètres, il traversait les deux bras du Rhône jusqu’à la tour Philippe Le Bel, située sur la commune de Saint André, aujourd’hui Villeneuve-lès-Avignon. C’était pour l’époque un ouvrage monumental. La légende veut qu’un jeune berger venu du Vivarais, répondant au nom de Bénézet, fut envoyé par Dieu pour construire à Avignon un pont sur le Rhône. C’est ce jeune pâtre de 12 ans qui donna ensuite au pont son vrai nom : Pont Saint Bénézet. Sa foi était telle qu’il réussit à convaincre les notables de la ville et surtout à récolter les fonds nécessaire à la construction. Tout cela en 8 ans. Une performance vite attribuée à l’intervention divine.

Victime de crues à répétition
Mais le sort s’acharna rapidement sur l’ouvrage. En 1226, après le siège de Louis VIII sur Avignon, le pont fut détruit presque intégralement. Malgré les interdictions, les avignonnais reconstruiront leur pont. En 1603, de fortes crues du Rhône firent effondrer une arche puis trois autres deux ans plus tard. Il vrai que la ville ne pouvait plus supporter la charge de l’entretien du pont. Et l’argent du péage me direz-vous ?
Il fallut attendre 1628 pour que les travaux de réparation démarrent. C’était sans compter avec une épidémie de peste qui ralentit le chantier. Et c’est en 1633 que le pont fut utilisable de nouveau. Et patatras, deux mois plus tard deux nouvelles arches sont emportées par une nouvelle crue du Rhône. En 1699, plusieurs autres arches rejoignent également les eaux du turbulent fleuve. Là on s’est dit que c’était plus la peine de s’acharner, d’autant que le pont n’étant pas très large (deux charrettes ne pouvaient se croiser) son utilisation était somme toute assez limitée. Ne subsiste aujourd’hui que 4 arches et la chapelle Saint Nicolas, dédiée à la confrérie des nautonniers (personnes conduisant des barques). Mais ce « demi pont » en fait aujourd’hui toute sa notoriété.

Un pont trop étroit…
Dans la célèbre chanson « sur le pont d’Avignon » on y danse tous en rond. En fait il ne fallait pas être très nombreux pour danser car la largueur du pont, dont le tablier n’excédait pas 4 mètres, ne permettait pas d’accueillir un grand nombre d’amateurs de rondes et autres carmagnoles. Il est, cependant, fort probable qu’on ait dansé plutôt dessous que dessus. En effet, une auberge installée au pied d’une arche sur l’ile de la Barthelasse y faisait guinguette. Un moyen d’éviter de tourner en rond.

Pour voir le pont d’Avignon dans sa reconstitution de 1550 en 3D

Vérités sur l’histoire du pastis

Pour sa dernière à la tête du festival d’Avignon,  Olivier Py lance, cette année, un thème pour le moins universel « Il était une fois… ». Hommage à la narration et aussi énorme pied de nez  à la désinformation et aux fakes news devenus, aujourd’hui, les nouveaux soldats d’une guerre redoutable. 

Cette 76ème édition, que chacun espère « normale », se veut pleine de promesses.  D’abord ce choix de la narration avec cette ambivalence : raconter des histoires et ne pas se laisser avoir par les histoires… Savoir séparer le bon grain de l’ivraie.  Une vigilance, pour ne pas dire un combat, de tous les instants. 

Une place toute particulière faite aux femmes
Cette année, le festival accordera aussi une place toute particulière aux femmes. Et au même moment où Olivier Py et Paul Rondin tenaient leur traditionnelle conférence de presse de présentation, le 25 mars dernier,  les talibans annonçaient la fermeture des  collèges et lycées pour filles.Une triste actualité, une de plus… 
Et comme par le plus grand des hasards (mais au fond en est-ce totalement un?) la réalisation de l’affiche du festival in a été confiée à Kubra Khademi, une artiste afghane. Féministe et refugiée en France depuis 2015, cette jeune femme milite au travers de ses œuvres pour les libertés dans son pays. La nudité des corps des femmes de son dessin met en scène « des corps libres ». On ne pouvait en pareilles circonstances y voir meilleure prise de parole.  Malheureusement c’était sans compter sur des réseaux sociaux qui favorisent beaucoup le développement de la bêtise humaine. En effet, quelques agités du clavier y vont vu « provocation », « vulgarité » ou « incitation à la pédophilie »… Qu’auraient pensé ces mêmes censeurs décérébrés « des demoiselles d’Avignon » de Pablo Picasso : une vision de la femme trop anguleuse pas assez ronde… et que dire aussi des nus de Titien ou de Botticelli ? Restons plus que jamais vigilant pour ne pas se laisser embarquer dans le flot de la stupidité. 

La résilience à l’affiche 
Autre thème autre narration. Les organisateurs ont également souhaité, cette année, mettre en avant la résilience, bien que ce concept, aujourd’hui mis à toutes les sauces, finit par en perdre un peu de ses saveurs initiales.  Juste un exemple.  Il fallait oser nommer « plan de résilience économique et sociale » le plan de lutte contre l’inflation du précédent gouvernement. Ne pas tomber dans le piège des histoires une fois de plus…
Mais revenons à notre cher festival. Si la résilience est aussi un thème de l’édition 2022 c’est pour rappeler une fois  de plus que la culture et  le théâtre sont là pour nous aider à vivre et à surmonter les tourments du monde (Dixit O. Py). Et en ce moment y’a du taf !  

Un off plein comme un œuf 
Avignon c’est aussi bien sûr le off avec une offre d’une incroyable variété. Toutes les audaces et talents s’y expriment dans une effervescence  revigorante et souvent foutraque.  Cette année, 1540 spectacles sont annoncés on revient sur des chiffres d’avant Covid (c’est comme pour J.C. y a un avant et un après).  Avignon fera cette année son come back du plus grand festival de spectacles vivants en France. Et sur les 1540 spectacles annoncés , 1068 seront joués pour la première fois dans la cité des papes. Si à cela vous ajoutez un Opéra rénové, une nouvelle salle, la Scala (la plus grande du Off), et une maison Jean Vilar remise à neuf on aura  toutes les raisons de se laisser porter cette année encore par le festival d’Avignon. Une façon aussi  de rendre hommage au travail d’Olivier Py et de son équipe  On pourra ainsi écrire  « Il était une fois… Olivier Py »


Vérités sur l’histoire du pastis

A chaque produit remarquable, sa capitale. Les calissons sont forcément d’Aix, les bêtises de Cambrai, les noix de Grenoble (quoique le Périgord est aussi sur le coup), les cerises du Ventoux (ça c’est plus récent, faut enfoncer le clou), les cocos de Paimpol (qui l’eut cru ?), les oignons de Roscoff, le piment d’Espelette (évidemment), les rillettes du Mans (incontournables), les anchois de Collioure (quoique pêchés pour la plus part dans l’Atlantique eh oui…), les lentilles du Puy, les citrons de Menton (vraiment exceptionnels) etc, etc… Mais pour le melon ? Quelle ville peut prétendre au titre de capitale ?

De nombreux prétendants
Tout d’abord il convient de faire, dans un premier temps, un choix régional. C’est essentiel et fondateur. Il existe, en France, 5 départements producteurs de cette cucurbitacée. Trois sont dans le sud : Tarn-et Garonne, Hérault et Vaucluse ; et deux quasiment dans « le Nôôrd » : les Deux-Sèvres et la Vienne. Nous avons écarté les productions espagnoles et marocaines. Pour le Maroc, nouvel entrant sur les étals de nos primeurs, il est à noter qu’il est inscrit sur les étiquettes de certains d’entre eux (obligatoires merci l’Europe) Melon Charentais…produit au Maroc. On pourrait  comprendre qu’il s’agit d’une variété et non un lieu de production mais en l’espèce comme les deux se confondent il y a de quoi y perdre son latin. Le consommateur en parfait comptable de ses deniers pourrait se dire : « Tiens des melons charentais au prix du marocain, voilà la bonne affaire ! ». On n’est pas loin de la tromperie. Mais bon.

Méditerranéenne ou atlantique ?
Revenons en France et au dilemme qui nous occupe, le melon doit-il être sous influence méditerranéenne ou atlantique ? On peut imaginer ce que pensent les uns des autres.
Rappelons cependant qu’il faut beaucoup, beaucoup  de soleil (et accessoirement aussi beaucoup d’eau) pour faire un bon melon et qu’entre les deux climats il n’y a pas photo. Signalons à toutes fins utiles que le melon nous vient, à son origine, d’Afrique, continent où chacun sait, et sans faire injure aux habitants de la Vienne et des Deux-Sévres, que le soleil y est particulièrement présent.

« Melon de Cavaillon ça sonne quand même mieux que melon de Castelsarrasin ou de Béziers. »

Un melon sans capitale
Comme nous sommes un poil chauvin, et que nous l’assumons totalement, on va donner le point aux départements sudistes. Une fois ce pré requis, les zones de production étant tellement larges qu’il nous faut zoomer un peu plus. Sur ces 3 départements quelle ville peut se revendiquer d’être la capitale du Melon ? On aurait tendance à dire « naturellement » Cavaillon tout d’abord pour la rime. Melon de Cavaillon ça sonne quand même mieux que melon de Castelsarrasin ou de Béziers.
Si Cavaillon l’emporte à l’indice de « notoriété spontanée » c’est que l’histoire et la tradition y sont pour beaucoup !
Alexandre Dumas (le père), nous dit-on, appréciait tellement les melons de Cavaillon qu’il a passé un deal avec la municipalité de l’époque. En échange du don d’un exemplaire de la totalité de son œuvre gigantesque (près de 400 ouvrages) à la bibliothèque de la ville il a reçu sous forme d’une rente viagère 12 melons par an. La date de cet accord remontant à 1864 et celle de la mort de l’auteur du comte de Monte-Cristo à 1870 on peut dire la bibliothèque de Cavaillon n’a pas fait une mauvaise affaire. 72 melons contre l’intégralité de l’œuvre de Dumas je prends aussi !
Et c’est à partir de cette histoire, nous dit-on toujours que la confrérie des chevaliers du Melon de Cavaillon serait née. Défense de sourire ce n’est pas plus bête que la confrérie des goustiers d’andouille de Guémené. Entre l’andouille et le melon… je vous laisse choisir.

Cavaillon s’est naturellement imposée
De par sa position géographique Cavaillon s’est vite imposée comme une capitale de production maraichère. La richesse de ses terres, son ensoleillement et son système d’irrigation et puis au début du XIXe  l’arrivée du train jusqu’à Paris ont fait de Cavaillon ‘The capitale of the Melon’. En effet, les parisiens voyant arriver les melons de Cavaillon, ils les ont naturellement appelé « de Cavaillon ». S’ils avaient embarqué à Orgon, autre gare maraichère de la région, l’histoire en aurait été sans doute différente… Comme quoi cela tient pas à grand-chose…

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.


Vérités sur l’histoire du pastis

Le 5 aout 1963, André Malraux, alors ministre chargé des affaires culturelles, lançait une vaste campagne de ravalement des principaux bâtiments de Paris. Il s’agissait d’enlever la grisaille incrustée sur les pierres des bâtiments de  laplace Vendôme, de l’Opéra Garnier, du Conseil d’État, de l’Hôtel-de-Ville ou encore du Louvre… Ainsi, entre 1960 et 1972, sur les 80 000 immeubles que compte Paris, 68 000 ont été ravalés.

« Malraux blanchit Paris »

Cette opération d’envergure value au ministre du général de Gaulle le jeu de mots « Malraux Blanchit Paris », eu égard à son soi-disant penchant pour une certaine poudre blanche. Ce fait historique  – pas le mauvais jeu de mots qui y est associé – me revient en mémoire en découvrant, il y a quelques semaines, le nouveau visage de l’abbaye de Sénanque.
En effet, le hasard de nos promenades pédestres nous emmena ce jour-là jusqu’à ce joyau de l’art cistercien de la vallée de la Sénancole.
En travaux depuis deux ans le site voyait son chantier enfin se terminer. Comme beaucoup de visiteurs présents ce jour-là nous nous sommes amusés à jouer les inspecteurs des travaux finis. Concernant Sénanque ce n’était pas une rénovation mais un sauvetage. L’église abbatiale s’enfonçait inexorablement dans le sol et sa nef menaçait de s’effondrer. Les travaux furent lancés en 2019, grâce à un appel aux dons publics, complété ensuite par une campagne menée par le sémillant Stéphane Bern, l’ami des rois et des vielles pierres (pas forcément la même chose).

La blancheur et l’éclat d’origine
Les travaux de sauvetage étaient donc terminés ou presque, mais les ouvriers ont profité des immenses échafaudages installés (une bagatelle de 80 tonnes)  pour nettoyer façades et toitures, ces dernières étant faites de lauze. Puisqu’on y était et qu’il restait encore un peu de produit c’est tout le corps de bâtiment de l’abbaye qui y passa. Ainsi, l’abbaye la plus célèbre de Provence est devenue toute blanche. Murs et toits compris. Blanchie façon Malraux ! Tant pis pour toutes les cartes postales, guides touristiques et autres sets de table qui, du coup, deviennent totalement dépassés et obsolètes.
Ca va finir par ‘re-griser’ me direz-vous. Certes, mais il faudra être patient. En s’offrant ce sérieux coup de jeune notre abbaye a de quoi rendre jaloux ses sœurs provençales : Silvacane et Thoronet. Incontestablement ces travaux de rafraichissement ont su lui redonner sa blancheur et tout son éclat d’origine.

Un patrimoine comme le grand témoin de notre histoire
La France est le pays qui dispose sans doute de la plus grande richesse patrimoniale immobilière. En 2020, 45 684 monuments historiques étaient recensés. Et comme le disait déjà Malraux, un jour où sa lucidité n’avait d’égal que de la fluidité de son élocution, « ce patrimoine est le grand témoin de notre histoire » et dans le cas de la France cette histoire est particulièrement riche et mouvementée. Malraux poursuit avec la grandiloquence qui le caractérise : « Versailles, bâti pour le roi, conquis par le peuple, sauvé par la nation ».

Rénover, une idée neuve !
Cette idée de rénovation et de protection des monuments anciens est en fait une chose assez récente, elle remonte au 19e siècle. Avant, on n’y prêtait que peu d’attention, le passé n’avait sans doute pas la même valeur. Dans des temps encore plus anciens on démontait (ou on pillait suivant les cas) les pierres des anciens bâtiments pour en construire de nouveaux.
Outre la transmission (on dit aujourd’hui devoir de mémoire) cette préservation du passé est plus que nécessaire. Elle offre aussi l’avantage d’attirer de plus en plus de touristes. Dans les années 2000, l’abbaye de Sénanque recevait chaque année 250 000 visiteurs. Les moines ont voulu freiner un petit peu, car cela ne correspondait plus avec leur règle de vie.

Le passé : un mauvais clin d’œil au présent
Dans ce culte du passé on peut aussi y voir un mauvais clin d’œil au présent. Nous pourrions ainsi dire que si on préserve autant le passé c’est peut être que nous ne sommes pas sûr que le présent ait un vrai futur.
Aujourd’hui, on ne construit plus ou peu avec l’idée du temps… Témoigner et laisser des traces dans l’histoire n’est plus une priorité. Autre temps autres mœurs. Mais ne boudons pas notre plaisir et allons re-visiter Sénanques, avec sa blancheur retrouvée et son champ de lavandin en fleur vous pourrez faire une nouvelle photo pour l’histoire !

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.


Vérités sur l’histoire du pastis

Cet été, Didier Bailleux nous propose de revisiter des lieux, des événements, des produits locaux, des us et coutumes, tous typiquement provençaux et qui font tout les charmes et les spécificités de notre région. Et cela en toute subjectivité. Première étape le Mont Ventoux.

En vélo (avec ou sans assistance), à pied, à moto, en mobylette, en roller, en triporteur, en véhicule d’époque, en camping-car ou plus simplement en auto  tout le monde veut ‘faire le Ventoux’. On dit même ‘vaincre le Ventoux’. Mais ça c’est plutôt pour les cyclistes ou les coureurs à pieds. ‘Le géant de Provence’ agit comme un aimant. Impossible d’y résister. Depuis sa première ascension connue, en 1336, par le poète Pétrarque, 700 000 personnes y grimpent chaque année. Grimper au Ventoux c’est plus qu’un lieu de promenade, c’est un défi, un accomplissement, et pour certains un graal…

La montagne monument
Le mont Ventoux a toujours fasciné. Ce lieu d’ascension permet de prendre de la hauteur au propre comme  au figuré. Taquiner les étoiles fait toujours rêver. Cette montagne, haute de 1912 mètres, dans son métrage le plus favorable, est unique. Elle offre à son sommet un panorama à 360° époustouflant. Elle présente également la particularité d’être visible depuis la plaine pratiquement sous tous ses angles. A des dizaines de kilomètres autour, on la voit toujours. Elle est là comme un phare, un repère. Elle a quelque chose de majestueux. Sa présence rassure.

Le Ventoux : visible à des dizaines de kilomètres autour. Il est là comme un phare, un repère.

Un lieu d’exploits
Celui qui est également surnommé ‘le mont chauve’ (les guides touristiques sont riches en figures allégoriques)  est rapidement devenu le terrain d’exploits et de compétitions sportives prestigieuses. On pense d’abord  aux courses cyclistes : Tour de France, Paris Nice et Dauphiné Libéré pour les plus connues. Le Tour de France, l’a escaladé à 18 reprises, dont 10 fois comme arrivée d’étape. La palme de l’ancienneté revient aux sports mécaniques avec l’organisation en 1902 de la première course de côte. Cette épreuve ouverte aux autos, puis ensuite aussi aux motos et side-cars s’arrêtera en 1976, pour la plus grande déception  de tous ses amateurs. Les coureurs à pieds ne sont pas en reste puisque la première épreuve du ‘Marathon du Ventoux’ fût organisée en 1908 par l’Union Sportive de Carpentras. Cette compétition existe toujours.

Le Tour de France au sommet du Ventoux en juillet dernier.

Le Ventoux rend fou
Le Ventoux a également été le théâtre de quelques exploits hors du commun : le 7 aout 1921, Gustave Daladier pose son avion sur le plateau au col des Tempêtes. Le 14 octobre 1967, Julien Bouteille, 70 ans fait l’ascension du versant sud avec un vélo sans selle. Il mettra un peu moins de deux heures. Le 3 juillet 1983, André Derve réalise la montée en triporteur, un engin pesant 52kg. Il lui faudra 4 heures en passant par le versant Nord (un peu moins pentu). En 2003, la première montée en roller est réalisée par Thibaut Dejean. Cet exploit donnera ensuite naissance à une compétition régulière le ‘Roller aventoux’. Des cyclistes téméraires se sont essayés au plus grand nombre de montées sur 24 heures. Le record en revient à Jean-Pascal Roux avec 11 montées et par le versant sud s’il vous plait ! Le Ventoux rend fou !

On y vend tout
Si cette montagne est une vraie icône, elle est aussi devenue avec le temps une marque qui fait vendre.  La première initiative revient sans doute à Jean Bugatti le fils d’Ettore (le constructeur automobile) qui en 1938 baptisa son modèle type 37, un élégant et performant coupé bicolore du nom de Ventoux. Sans aucun doute la plus belle et la plus désirable des autos de son temps.
Côté bouche le Ventoux excelle également. Récemment les cerises produites autour du Ventoux ont obtenus le prestigieux IGP une première en France pour ce fruit.
Il y a aussi bien sûr l’appellation Ventoux pour le vin (ex coteaux du Ventoux) qui a obtenu son AOP en 1973. Avec 7000 hectares et ses 140 domaines c’est la deuxième plus importante appellation des côtes-du-Rhône.

Quand une ‘célèbre marque’ rencontre une autre ‘marque’ tout aussi connue mondialement.

Ultime consécration, la renommée de cette montagne est telle qu’elle fait même l’objet de détournement comme cela avait été le cas en 2021 dans les colonnes de l’Echo du mardi avec un canular du 1er avril consacré en 2021 au lancement d’une crème dessert ‘Ventoux’ par ceux qui font déjà celle du ‘Mont blanc’. Même la Patrouille de France n’hésite pas à associer sa célèbre ‘marque’ avec ce monument de la montagne (voir photo ci-dessus).

N’oublions pas non plus la célèbre truffe du Ventoux (il s’agit du champignon bien entendu).  Nous ne serions pas complet si nous omettions  toutes les boutiques et autres échoppes qui utilisent la dénomination : on a ainsi des garages du Ventoux, des bars du Ventoux, des hôtels du Ventoux, des restaurants du Ventoux, des glaciers du Ventoux…  Bref le Ventoux vend tout.  Mais sans forcément y perdre son âme.

Didier Bailleux

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.


Vérités sur l’histoire du pastis

Quel est le point commun entre un restaurant traditionnel et le restaurant d’insertion ‘Graines de piment’ qui a ouvert ses portes le mois dernier à Avignon ? Dans les deux cas les femmes et les hommes qui y travaillent sont au cœur du sujet. Mais pas tout à fait pour les mêmes raisons. Dans le premier cas tous les établissements vous le diront : ils ont beaucoup de difficultés à trouver du personnel. Certains réduisent leurs nombres de tables ou leurs amplitudes d’ouverture faute de main d’œuvre. 

Des difficultés à recruter
Avec la crise sanitaire et la fermeture prolongée des établissements beaucoup d’employés sont allés chercher du travail ailleurs. Souvent pour des horaires moins contraignants, voire de meilleures conditions de salaire… Moins nombreux, les candidats sont aujourd’hui devenus plus exigeants. On estime ainsi qu’un emploi de saisonniers sur trois reste encore à pourvoir pour cet été.  De l’autre côté, le restaurant Graines de piment, met des jeunes au centre de son projet en proposant à certains, sous mandat de justice, des jobs en cuisine ou en salle. Le restaurant comme un lieu d’accueil, de remobilisation et de valorisation des compétences acquises.  

Pour se remettre debout !
Pour les amateurs d’étymologie, il est intéressant de noter que le mot restauration vient du verbe restaurer – jusque-là rien de bien surprenant- mais au XIIe siècle restauration signifiait « remettre en état », « remettre debout ». On est bien dans le sujet comme on dit ! Pour revenir à nos restaurants  nous avons  donc d’un côté des restaurants qui cherchent du personnel et de l’autre un restaurant qui en forme. Peut-être qu’en se mettant en relation les deux pourraient s’entendre ? Cela ne pourrait sans doute pas satisfaire tous les besoins mais c’est une première étape qui pourrait créer une dynamique. On pourrait aussi proposer à d’autres cabossés de la vie de retrouver du travail et une place… à table ! 

Pas uniquement des endroits pour se sustenter
Du potentiel sur Avignon il n’en manque pas. On ne dénombre pas moins de 675 points de restauration (fast-food et ventes à emporter compris). Si on ne compte que les restaurants ça fait un établissement pour 135 habitants, ce qui place la cité papale en troisième position dans le classement départemental. La première place revient à Vaison-la-Romaine et la deuxième à l’Isle-sur-la-Sorgue. N’oublions pas que les restaurants ne sont pas uniquement des endroits pour se sustenter mais qu’ils sont aussi porteurs de convivialité, de partage et de mixité sociale. Des valeurs aujourd’hui, en ces temps difficiles, plus que nécessaires. 

En tout cas si vous êtes en quête d’une bonne table, dans un endroit magnifique (4, place de la principale) avec un accueil au top et tout cela à des prix légers, n’hésitez à faire une halte gourmande aux Graines de piment. Vous œuvrez pour ces jeunes et pour les autres restaurants de la ville. C’est aussi le moyen de saluer le travail fantastique que font tous ceux qui les encadrent. C’est aussi cela la solidarité.

Didier Bailleux

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.


Vérités sur l’histoire du pastis

‘Aller à la mer’ est une promesse forte.  La lumière, l’horizon sans fin, la brise du large, le sentiment de liberté, la mer a un caractère irrésistible. Elle est liée aux vacances et à nos souvenirs d’enfance. Encore aujourd’hui c’est un plaisir qui fait braver les kilomètres, les bouchons, sans oublier bien sûr les difficultés pour trouver une place de parking… Je ne sais pas si pour vous c’est pareil, mais on y arrive toujours trop tard ! Mais une fois sur place, on oublie tout, ou presque. A nous ce plaisir indescriptible de se retrouver face à cette immensité, forcément bleue, belle et rassurante.

A Carry on sait faire preuve de créativité
Ce préambule pour vous dire qu’en ces belles journées de printemps l’envie de mer étant à son comble nous décidâmes de nous rendre à Carry-le-Rouet. Charmante station balnéaire, de 5 800 âmes (l’hiver), qui s’est fait connaître dans les années 1930 par l’acteur Fernandel. Tombé amoureux de ce petit port de pêche, il y fit construire une maison de vacances avec accès direct à la mer. Encore aujourd’hui l’empreinte de Fernand Joseph Désiré Contandin (de son vrai nom) est importante à Carry-le-Rouet. Un centre culturel et une plage y portent son nom.

Accessible depuis le quai Pierre Maleville, cette petite plage de galets, auparavant privée, a été rendue au domaine public. On peut toujours y voir l’ancienne maison de l’acteur et l’escalier qui lui donne accès. Nous prenons la direction de cette plage pour rejoindre le sentier du Lézard. Pour une fois qu’un sentier côtier n’est pas baptisé des douaniers…  On sait faire preuve de créativité à Carry.

Pas moins de 13 interdictions !
Notre allant ne fut que de courte durée quand nous découvrîmes les panneaux de signalisation qui marquaient l’entrée de la plage. 3 panneaux pour afficher les 13 interdictions ! Pire que d’entrer dans l’espace Shengen. A moins que soit un gag, un clin d’œil à l’interprète du Schpountz qui savait aussi se railler de ses contemporains. Mais non c’est du sérieux.

De l’interdiction de pique-niquer, de pêcher, de fumer, de promener son chien, de jouer au ballon, de se baigner habillé ou nu, tout y est. Un véritable inventaire à la Prévert, la poésie en moins. On aurait aimé peut être un mot de bienvenue, un peu d’empathie et une invitation à respecter ces lieux magnifiques. Mais non, point de considération juste des injections. Et pas moins de 13… comme les desserts provençaux ! On se demande si on peut encore y pénétrer de peur de ne pas être en capacité de respecter toutes ces règles. Étonnant aussi qu’un post soixante-huitard de passage n’y est pas ajouté : « il est interdit d’interdire ». La boucle eut été bouclé et le trait humoristique. 

Trop de règles, tue les règles
Mais pourquoi cette pluie d’interdictions ? Sans doute trop de touristes, trop d’incivilités… La faute en revient certainement aux comportements de certains. Nous pourrions aussi être tentés de parler d’excès de zèle de la part de nos chers élus si souvent promptes à réglementer et à encadrer. La peur d’être tenu pour responsable en cas de manquement, voire d’accident, est un motif plus qu’acceptable. Mais ne tombons pas dans cette facilité. Peut-être que la façon de faire aurait pu être différente et elle y aurait sans doute gagné en efficacité. Trop de règles, tue les règles.

Carry-le-Rouet n’est pas seule
Désolé pour Carry-le-Rouet, cible de ces critiques, mais ces panneaux, lui confère d’emblée le statut de mètre étalon en la matière. Mais que la cité chère au cœur de Fernandel se rassure elle n’est pas seule dans cette démesure.
Peut-être que vos pas vous ont conduit un jour dans le Gard aux cascades du Sautadet du côté de la Roque-sur-Cèze. Si c’est le cas à l’entrée du  site vous n’avez pas pu échapper à cette grande banderole avec cette mention en français et en anglais : « Site dangereux Baignade interdite, prudence 30 morts depuis 1960 ». Là on frappe fort ! Peut-être que c’est l’unique moyen de convaincre les amateurs de baignade de rester sur la berge. En tout cas se baigner au Sautadet c’est un sport local très prisé… A moins que ce soit pour beaucoup comme un défi nécessaire.
Faut-il réglementer les espaces de liberté ? Voilà la question. Si on les réglemente seront-ils toujours des espaces de liberté ? Vous avez l’été pour y réfléchir et en particulier si vous êtes sur la plage !

Didier Bailleux

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.


Vérités sur l’histoire du pastis

Ce n’est pas la lavande qui est dangereuse, mais c’est l’Europe ! C’est par cette phrase que pourrait se conclure l’imbroglio causé l’été dernier par le projet de réglementation de la Commission Européenne relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des substances (CLP). Cette réglementation prévoit de classer les molécules mises sur le marché et de les répertorier comme allergènes, cancérigènes ou perturbateurs endocriniens. De leur côté, les producteurs de lavande craignent qu’une mention obligatoire, indiquant que l’huile de lavande peut créer des allergies, dissuade les consommateurs et les fabricants de cosmétiques d’utiliser ce produit. Tollé général. Dans le sud, la filière de la Lavande c’est plus de 9 000 emplois directs et 17 000 indirects, et au-delà de son poids économique on s’attaque à un symbole, à toute une région. On est visé au cœur. C’est ‘l’âme de la Provence’ chère à Jean Giono qui est directement attaquée. C’est comme si on obligeait les Parisiens à démonter la Tour Eiffel au motif qu’en la regardant du bas elle peut donner le torticolis et que du haut elle peut présenter des risques pour les dépressifs…

Ils réfléchissent molécule par molécule
Pour Alain Aubanel, président du comité interprofessionnel des huiles essentielles françaises : « le problème c’est qu’ils réfléchissent molécule par molécule, alors que dans les huiles essentielles de lavande par exemple, il y en a plus de 600. Ils refusent de considérer les huiles essentielles comme une substance globale. » Et cerise sur le gâteau, le thym et le romarin seraient également concernés. On a coupé des têtes pour moins que cela…
Face à la déflagration causée,  la représentation française de la commission européenne prend la parole à l’automne et affirme qu’il n’est pas prévu qu’on interdise l’huile essentielle de lavande, de thym ou de romarin…  et estime que les craintes de l’industrie française des huiles essentielles sont, de leur avis, infondées et prématurées. ‘Prématurées’ ce dernier mot a de quoi interpeller…

Rétropédalage ou incompréhension ?
Une chose est sûre on se méfie tellement de l’Europe et de sa réglementation tatillonne que chacun de ses gestes ou propos sont prétexte à contestation ou, à minima, à la plus grande méfiance (pour ne pas dire défiance). Le degré de confiance en l’Europe est sans doute au plus bas de l’échelle de Richter (qui rappelons-le mesure l’énergie sismique des tremblements de terre). Et quand on n’a plus confiance dans sa représentation qu’elle soit nationale ou européenne c’est le début des difficultés pour le fonctionnement de nos démocraties.  

Un besoin de tout normer
On a de quoi s’interroger sur ce besoin de vouloir tout réglementer, tout normer ; de la courbure des concombres à la taille des étiquettes des soutiens-gorge*… C’est la société du contrôle et de la maitrise qui est en marche, quitte à sacrifier à la liberté, à la créativité ou tout simplement au plaisir de l’improvisation. Certes on vous répondra que sans les normes nous polluerions beaucoup plus, qu’il y aurait plus de morts sur les routes… etc. Mais n’y-a-t-il pas un équilibre à trouver ? Et n’y-a-t-il pas d’autres priorités que l’étiquetage préventif des bouteilles d’huile essentielle ? Ne peut-on pas faire aussi confiance aux consommateurs ? Cette infantilisation prend aujourd’hui un caractère vraiment insupportable. « Nous sommes en responsabilité » vous diront ceux qui nous gouvernent, c’est de notre devoir que de protéger… ‘Protéger’ le mot est lâché, et toutes les justifications qui l’accompagnent sont aujourd’hui permises (comme l’état d’urgence sanitaire avec la Covid). L’Etat ne peut être providentiel sur tout et tout le temps.  « Arrêtez d’emmerder les Français !» disait déjà en son temps  Georges Pompidou.
Moi, de mon côté je continuerai, quoi qu’il arrive, à utiliser l’huile essentielle de Lavande, car au-delà de ses propriétés  antioxydantes et antiseptiques, c’est sans doute la meilleure barrière à tous les insectes volants ou rampants qui en veulent à notre peau.

Didier Bailleux

*Propos du député François-Xavier Bellamy, tête de liste Les Républicains aux élections européennes en 2019. Affirmations qui n’engagent que son auteur.


Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.

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