24 décembre 2025 |

Ecrit par le 24 décembre 2025

Depuis 1835, la Distillerie A. Blachère s’affaire pour créer des saveurs, séduire et fidéliser sa clientèle

Sandrine et son mari Raphaël Vannelle représentent la 8ᵉ génération de cette success-story familiale implantée à Châteauneuf-du-Pape depuis bientôt 200 ans.

« 2025 a été une bonne année, les consommateurs ont plébiscité les produits authentiques, régionaux dont ils connaissent l’histoire en toute transparence. Qui les fabrique, où, avec quels moyens, quelles matières premières, leur sourcing. Ils préfèrent ça aux fonds de pension venus on ne sait d’où », explique Raphaël Vannelle.

Bilan 2025 ? 1 300 000 bouteilles de sucré vendues. Avec en vedette le fameux Pac à l’eau au citron qui vient de fêter ses 60 ans et se vend comme des petits pains (800 000 unités), suivi du Fun Bleu au goût intense de chlorophylle. « Cet été, nous avons proposé des magnums pour ces deux produits phares avec une centaine de bouteilles numérotées qui ont fait un tabac ! »  Côté alcools, 150 000 bouteilles ont été commercialisées comme le Pastis Marra ou Le Camarguais, des liqueurs comme l’Origan du Comtat, l’Elixir du Mont-Ventoux et une nouveauté, la verveine avec bouchon cacheté à la cire. Également de la Crème de Cassis et de myrtille. « Nous avons aussi une gamme supplémentaire de Marcs de Châteauneuf millésimés de 2010 à 2015 qui élargit la gamme. »

Près d’une trentaine de sirops sortent de la Distillerie A. Blachère, menthe, grenadine, fraise, framboise, orange, melon, lavande, orgeat, pêche, figue, violette, anis, barbe à papa. Et des saveurs supplémentaires comme réglisse, banane, fruits de la passion, kiwi, caramel.  « Et surtout du cola sans bulles, peu sucré donc peu calorique qui s’arrache », précise le patron.

©Andrée Brunetti / L’Echo du Mardi

Malgré la crise, la hausse du prix des matières premières, de l’énergie, du prix du verre, du transport et la baisse du pouvoir d’achat, « Nous avons bloqué nos prix depuis 3 ans mais nos ventes ont progressé, notre chiffre d’affaires aussi à 5M€ (+6%). Mais cela est dû à l’apport de nouveaux clients car notre clientèle habituelle, elle, a freiné sur les dépenses (-4% à -5%). Nous avons aussi élargi et intensifié notre rayon de commercialisation vers le Var, les Alpes-Maritimes, mais aussi Toulouse, nous avons également tous les réseaux de la grande distribution de proximité à Avignon Nord et Sud, dans le Luberon, les Alpilles. »

Un grand projet à partir de 2026, annonce Raphaël Vannelle. « Moderniser, agrandir, restructurer notre outil, notre site de production, de stockage, d’accueil et de vente, ici à Châteauneuf-du-Pape. Avec Sandrine, on y réfléchit depuis 7 ans, c’est long le temps administratif avec toutes les normes, un vrai parcours du combattant. Mais nous le faisons pour conforter notre maison, pour la pérenniser, pour que la Distillerie Auguste Blachère demeure pendant encore de longues années, des décennies, pour nos enfants. Nous le faisons aussi pour nos 14 salariés, ils ont souvent des tâches physiques pénibles, porter des volumes importants de cartons de bouteilles, cela facilitera leur quotidien, les soulagera. »

Et comme Raphaël Vannelle a une autre corde à son arc, la BD, il a déjà coché la date du 13 juin prochain sur son agenda. Ce jour-là, il fera venir comme parrain du festival Châteauneuf en Bulles 2026, l’actuel dessinateur de Tanguy et Laverdure, Sébastien Philippe. Les Chevaliers du Ciel avaient été créés il y a plus de 60 ans par Albert Uderzo et Jean-Michel Charlier. Et donné en 2005 un film avec Benoît Magimel et Clovis Cornillac tourné en partie à la Base Aérienne 115 d’Orange-Caritat.

Raphaël Vannelle. ©Andrée Brunetti / L’Echo du Mardi

Depuis 1835, la Distillerie A. Blachère s’affaire pour créer des saveurs, séduire et fidéliser sa clientèle

Le Vaucluse, terre de cinéma, la preuve ! Après le dernier Lelouch, Finalement en 2024, voici Avignon, réalisé par Johann Dionnet en plein festivals (le In et le Off) qui sortira le 18 juin et qui était présenté en avant-première chez René Kraus, au cinéma Capitole MyCinewest au Pontet. Toute l’équipe était présente ou presque : Elisa Erka, Rudy Milstein, Lyes Salem et Baptiste Lecaplain. Une guest-star inattendue était présente : le Pac à l’eau.

On le sait tous, les comédiens galèrent à Avignon pour se faire connaître, pour trouver une salle qui les programme en juillet quand il y a plus de 1 500 offres de spectacles dans le Off. Par une chaleur torride, ils doivent monter et démonter le décor en un temps record pour laisser la place aux suivants, certains hypothèquent même leur maison pour financer leur séjour ou leur prooduction. Chacun connaît aussi les préjugés entre ceux qui sont dans le privé et ceux qui sont subventionnés, ceux qui innovent et créent et ceux qui jouent des classiques du répertoire, ceux qui préfèrent les grands textes tragiques et regardent avec un brin de mépris le théâtre de boulevard et les comédies.

Johann Dionnet, lui-même comédien, venu souvent à Avignon a voulu dans ce long métrage « rendre hommage au spectacle vivant, à cette énergie, ce rythme frénétique des comédiens, éparpillés au milieu d’une foule compacte de touristes qui monte et descend la Rue de la Ré avec une lenteur extrême. Cette pugnacité des artistes qui tractent toute la journée pour attirer le public. » Il y a ajouté une dimension romantique avec une romance entre un comédien un peu has been, Stéphane, qui croise une tête d’affiche, Fanny, à qui il ment et le quiproquo est prétexte à rebondissements.

« C’est une ode au théâtre, au festival de Vilar comme aux artistes, techniciens et metteurs en scène, dit Baptiste Lecaplain qui tient le rôle principal dans Avignon. C’est à la fois une fierté et une responsabilité pour moi car je ne suis pas le mec le plus ‘bankable’ du cinéma. Ce film est rafraîchissant, sincère, universel. Le tournage a été joyeux. Un vrai cadeau. »

Il faut aussi savoir que Baptiste Lecaplain est absolument addict au Pac à l’eau de la Distillerie A. Blachère. Depuis qu’il a découvert ce sirop de citron artisanal et familial, il s’en fait livrer des cartons entiers. Les propriétaires de la distillerie de Châteauneuf-du-Pape, Sandrine et Raphaël Vannelle étaient présents avec leurs enfants mardi au cinéma, lors de la projection du film en avant-première. La Présidente de l’exécutif, Dominique Santoni était là aussi. En Vaucluse, les industries culturelles et créatives font partie de l’ADN du territoire, du théâtre au grand écran en passant par les studios d’animation. D’ailleurs le Conseil Départemental a versé 20 000€ de subventions pour Avignon

Une fois de plus, le Vaucluse prouve qu’il a du talent. Il attire les tournages de films et il rayonne grâce à des pépites comme A. Blachère.


Depuis 1835, la Distillerie A. Blachère s’affaire pour créer des saveurs, séduire et fidéliser sa clientèle

Fondée en 1835, la distillerie A. Blachère est la plus ancienne de Provence. Elle a d’abord été implantée par Auguste Blachère, au XIXème siècle, Rue Molière à Avignon. Face au succès et à la nécessité de s’agrandir, elle a déménagé au milieu des vignes à Châteauneuf du Pape. C’est en 1993, il y a 30 ans, que Sandrine Blachère et son mari Raphaël Vannelle, ont pris la direction de l’entreprise familiale créée par l’arrière grand-père.

« La société était alors en difficultés. Avec Sandrine, on a mis une dizaine d’année pour la remettre à flots, la redresser, retrouver l’équilibre. » explique Raphaël Vannelle, le directeur. « On a déposé la marque ‘Pac’ “ en 1962 et l’exploitation a débuté l’année d’après. On a élagué parmi les références, on a viré la crème de bananes et celle de cacao qui ne se vendaient plus, on a gardé les valeurs sûres comme ‘L’élixir du Mont-Ventoux’ ou L’origan du Comtat’ qui, selon la légende, en 1882, pour l’épidémie de choléra a soulagé nombre de malades, on a relooké les étiquettes du Pastis Camarguais et de la liqueur ‘La Comtadine’, des vieux marcs millésimés de Châteauneuf-du-Pape qu’on trouve dans notre boutique ».

Raphaël Vannelle, directeur de la Distillerie A. Blachère

Et surtout, tous les deux ont eu une idée de génie, de tout miser sur le ‘Pac Citron’ (ou Pac à l’eau pour les Provençaux). Ils ont relancé ce sirop de citron naturel, sans colorant ni sucre ajouté, qu’on sert avec de l’eau bien fraîche et des glaçons, qu’on s’arrache partout et pas seulement en Vaucluse. Des fans se sont même fait prendre en photo en haut du Corcovado au Brésil. Le reporter de l’émission « Echappées belles à Aix-en-Provence », diffusé le 28 janvier sur TV 5, Ismaël Khelifa a pris un Pac à l’eau en guise d’apéro sur le Cours Mirabeau. Depuis, les demandes affluent du monde entier sur l’ordinateur de Raphaël Vannelle!

« Le Pac, c’est le vaisseau-amiral de la Distillerie, on en vend plus de 800 000 bouteilles par an, il est suivi par une autre création-maison, le ‘Fun Blue’. Un sirop de menthe au goût renforcé de chlorophylle, de couleur turquoise qui s’arrache partout, en particulier sous les tropiques, aux Caraïbes où il rappelle l’eau des lagons », on en écoule entre 250 et 300 000 chaque année », ajoute le patron.

L’Histoire des sirops de la Distillerie A.Blachère en étiquettes.

Ce sont les deux sirops qui connaissent le plus grand succès, mais il y en a d’autres qui sortent de l’espace « embouteillage » flambant neuf de la distillerie. « Un investissement de 500 000€, subventionné à hauteur de 20% par France-Relance, qui permettra à terme de produire 6 000 bouteilles à l’heure ».

Des sirops de fraise, framboise, melon, pêche, réglisse, abricot ou barbe à papa, si prisée des enfants.-

A côté de cette ligne de production se trouve l’herboristerie et ses sacs de jute ou de papier emplis de lavande, gingembre, orange amère, cannelle, giroflier, origan, thym, romarin, sauge, menthe, millepertuis, fenouil, absinthe, angélique, verveine qui entrent dans la composition de liqueurs et élixirs, stockés à l’abri de la lumière et à température constante, au pied d’un antique alambic en cuivre.

Une partie de l’herboristerie et des alambics de la Distillerie A. Blachère.

La Maison A. Blachère cultive la proximité, elle a le souci de l’empreinte carbone et travaille avec des voisins, l’Imprimerie de l’Ouvèze à Sorgues pour ses étiquettes (1,3 million par an), Smurfit au Pontet pour ses cartons, des jus de citrons qui viennent d’un fournisseur de la région niçoise, des palettes « made in France ». « Nous sommes un des derniers indépendants de France, aujourd’hui. Même les sirops Eyguebelle dans la Drôme ont été rachetés, nous on résiste. » précise Raphaël Vannelle.

Blachère, c’est une histoire d’amour. Lui qui connaît sa femme Sandrine (la gérante de la distillerie) depuis l’âge de 16 ans est totalement investi : « Blachère c’est notre âme, notre famille, (mes enfants Rose et Ronan, leurs grands-parents), notre patrimoine, celui de la Provence, notre histoire privée et professionnelle, intimement liée. C’est la tradition, mais c’est aussi la modernité, l’ancrage dans le réel d’aujourd’hui. D’ailleurs mon fiston m’a montré des jeunes youtubers qui en boivent dans leurs soirées, ils s’approprient le ‘Pac’. Je parraine aussi deux jeunes champions de skate – board qui ont une planche rose fluo avec ces 3 lettres imprimées et qui font des compétitions partout ! »

Côté chiffre d’affaires  » On a cartonné pendant le Covid, on a continué avec la canicule, + 15% l’été dernier. Mais hélas le prix de l’énergie a flambé, facture d’électricité x 4, celui des matières premières a carrément explosé : + 100% pour le sucre, + 70% pour le verre, sans parler du papier et de la colle pour les étiquettes, du bois pour les palettes, du coup cela a divisé par 2 la progression à deux chiffres de notre chiffre d’affaires. »

Le festival de BD de Châteauneuf-du-Pape dont le directeur de la distillerie A. Blachère et passionné de BD, Raphaël Vannelle, est l’organisateur.

Ce que le grand public ne sait pas forcément, c’est que Raphaël Vannelle est un fou de BD, il a une collection que les spécialistes lui envient, il peut faire un voyage à l’autre bout de la planète pour dégoter un dessin rare. Du coup, il a comme ami Claude Viallat, le peintre né à Nîmes qui a exposé au Centre Pompidou, à la Biennale de Venise, à New-York ou au Japon, qui a aussi créé les vitraux de l’Eglise Notre-Dame-des-Sablons à Aigues-Mortes. Claude Viallat est fou de tauromachie et collectionne en bandes dessinées tout ce qui représente l’image du taureau. La BD l’a donc naturellement rapproché de Raphaël Vannelle. Il a déjà dessiné, en édition limitée, des étuis pour le Champagne Ruinart. Pour les 60 ans du Pac, il a créé une étiquette pour les bouteilles, un nombre aléatoire d’entre elles deviendront des collectors, avis aux amateurs ! 

L’étiquette réalisée par le peintre nîmois Claude Viallat

Mais une autre rencontre, avec le célébrissime artiste urbain, pochoiriste, C 215 (Christian Guémy de son vrai nom) va également se voir lors du 60ème anniversaire. Raphaël Vannelle avait envoyé un carton de sirop au citron à son association, de là était née une amitié. L’artiste a réalisé 3 oeuvres pour l’anniversaire à venir qui deviendront elles aussi des étiquettes pour une partie aléatoire des bouteilles, de futurs musts pour les collectionneurs. A titre d’information, C125, spécialiste du street – art, pour concrétiser son soutien aux populations en souffrance après le début de la Guerre en Ukraine, a tagué sur des immeubles de 25m de haut des portraits d’enfants qui endurent ce drame, l’invasion des chars et les bombardements russes. Il a aussi imaginé, à la façon d’Eugène Delacroix, une « Liberté guidant le peuple » aux couleurs jaune et bleue de l’Ukraine sur la terrasse de l’Ambassade de France à Kyev. Une quinzaine de photos de ses oeuvres ont même été exposées dans la Galerie des Fêtes de l’Hôtel de Lassay, à la demande de la présidente de l’Assemblée Nationale, à Paris, en février.

En attendant ces 60 ans prévus au deuxième semestre 2023, Raphaël Vannelle espère que le prix des matières premières va retomber pour offrir à nouveau à ceux qui consomment les sirops et alcools de la Distillerie Blachère des tarifs qui redescendent un peu. Il attend aussi avec impatience les régates nautiques des Jeux Olympiques de juillet 2024 prévus au large de Marseille, pour y voir la mosaïque d’un des bancs de La Corniche Kennedy qui surplombe la mer. Elle figurera un « Pac/à l’eau » (clin d’ oeil à PACA – Provence Alpes Côte d’Azur). Un « zeste » d’immortalité pour cette petite bouteille de sirop de citron née à Avignon et connue universellement.

www.paccitron.com – 04 90 83 55 65

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