21 août 2025 |

Ecrit par le 21 août 2025

Comment est utilisée l’eau douce en France ?

D’après les données du Commissariat général au développement durable (CGDD), environ 30 milliards de mètres cubes d’eau sont prélevés chaque année en France pour répondre aux besoins des activités humaines. Comme le montre notre infographie, près de la moitié (46 %) de l’eau douce prélevée sert à refroidir les centrales électriques, de loin la plus importante part des prélèvements.

Cependant, comme le spécifie le CGDD, l’eau prélevée n’est pas nécessairement consommée : elle est souvent restituée après usage, dans des proportions qui varient selon les activités. Dans le cas du refroidissement des centrales électriques par exemple, une partie de l’eau prélevée s’évapore, alors que l’eau utiliser pour alimenter les canaux de navigation est intégralement restituée. 

Si l’agriculture ne représente que le quatrième poste de prélèvement d’eau douce (12 % du total), elle était le poste le plus important de consommation d’eau : entre 2010 et 2019, l’agriculture représentait à elle seule 58 % de la consommation d’eau douce en moyenne en France.

De Valentine Fourreau pour Statista


Comment est utilisée l’eau douce en France ?

Bien que les taux de noyade soient les plus élevés chez les jeunes enfants âgés de 1 à 4 ans, le fait de pouvoir apprendre à nager le plus tôt possible est un enjeu de société majeur en matière de prévention des risques liés à l’eau. Dans le cadre d’une étude internationale sur les risques, l’institut Gallup a interrogé en 2019 environ 150 000 personnes âgées de 15 ans et plus dans 142 pays ou territoires. Les résultats révèlent qu’une majorité (55 %) des personnes interrogées dans le monde déclaraient ne pas savoir nager sans assistance. Dans le détail, les femmes représentent la majorité d’entre elles : à l’échelle mondiale, près de six hommes sur dix (57 %) disaient savoir nager, contre seulement une femme sur trois (32 %).

Si plus de huit répondants sur dix – hommes (89 %) comme femmes (85 %) – affirmaient savoir nager en Europe du Nord et de l’Ouest, les inégalités de genre restaient particulièrement importantes en Amérique latine et aux Caraïbes (71 % des hommes ; 33 % des femmes), en Afrique du Nord (53 % ; 17 %), ainsi qu’en Afrique australe (56 % ; 26 %). Comme le montre notre infographie, les taux les plus faibles dans l’ensemble de la population sont mesurés en Afrique de l’Est, en Afrique centrale et de l’Ouest, ainsi qu’en Asie du Sud et de l’Est, où moins de la moitié des hommes et moins d’un quart des femmes déclaraient savoir nager seuls.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la noyade est responsable d’environ 300 000 décès chaque année dans le monde et les pays à revenu faible et intermédiaire enregistrent la quasi-totalité (plus de 90 %) des décès par noyade involontaire. Toujours selon les chiffres de l’OMS, les régions du Pacifique occidental et de l’Asie du Sud-Est comptent le plus grand nombre de décès par noyade (représentant plus de la moitié de ce fardeau mondial), tandis que la région africaine affiche le taux de décès par noyade le plus élevé rapporté à la population : 5,6 décès pour 100 000 habitants en 2021, soit plus du triple que celui mesuré dans les régions européenne et américaine.

De Tristan Gaudiaut pour Statista


Comment est utilisée l’eau douce en France ?

La baignade et les sports nautiques sont des activités extrêmement populaires durant la période estivale. Chaque année, l’Agence européenne pour l’environnement publie son évaluation de la qualité sanitaire et environnementale des eaux de baignade. Et, comme le montre notre infographie, c’est Chypre, la Bulgarie, la Grèce, l’Autriche et la Croatie qui arrivaient en tête pour la qualité de leurs eaux de baignade en 2024 : plus de 95 % des sites de ces pays avaient une eau jugée de qualité « excellente » l’année dernière.

En France, environ 75 % des sites ont obtenu cette distinction en 2024 (sur plus de 3 300 surveillés), un score correct bien qu’il soit inférieur à la moyenne de l’Union européenne (85,4 %). Dans le détail, 8,5 % des sites restants présentaient une eau de « bonne » qualité, 2,1 % étaient classés en niveau « suffisant » et 1,5 % « mauvais », ce qui correspond à 332 sites de baignade dans l’UE. Seulement 4 pays comptaient 3 % ou plus d’eau de baignade de mauvaise qualité : la France (3,4 %, soit 115 sites de baignade), les Pays-Bas (3,9 % ou 29 sites), la Suède (4,0 %, ou 19 sites) et l’Estonie (4,6 % pour un total de trois sites).

De Valentine Fourreau pour Statista


Comment est utilisée l’eau douce en France ?

Le Syndicat Rhône Ventoux lance des travaux de renforcement de la capacité de traitement de la station d’épuration de Châteauneuf-du-Pape. L’opération s’inscrit dans le cadre du diagnostic du Syndicat issu de son schéma directeur d’assainissement finalisé en 2018 sur le système d’assainissement de la commune castelpapale.

Ce bilan fait apparaître des intrusions d’eaux claires parasites impactant le fonctionnement du système de collecte et de traitement, notamment en période de pluie. Par ailleurs, lors des les périodes de vendange et de vinification, la station, initialement prévue pour une capacité de 7 000 Equivalent habitant (EH), reçoit des charges d’activité 2 à 3 fois supérieures.
« Cela représentait une non-conformité administrative et une obligation de mise en conformité imposée par les services de l’Etat », explique Syndicat Rhône Ventoux.

Pour y remédier, le Syndicat, qui assure les compétences eau potable et assainissement collectif, va donc fiabiliser le système de traitement et pérenniser la station de traitement dont un arrêté vient d’autoriser de porter sa capacité à 13 000 EH.
Les travaux, d’un montant de 1M€, consistent à ajouter, en amont des ouvrages existants, un ouvrage complémentaire qui permettra le traitement de la charge de pollution supplémentaire reçu pendant la période de vendanges. Ce chantier constitue également l’occasion de mettre en conformité les équipements d’autosurveillance de l’installation avec les attentes réglementaires pour une station de plus de 10 000 EH et de renforcer le génie civil. Ces aménagements devraient être achevés avant l’été prochain.

L.G.

À propos du Syndicat Rhône Ventoux
Le Syndicat Rhône Ventoux assure la gestion du service de l’eau potable, de l’assainissement collectif et de l’assainissement non collectif pour les communes situées des portes d’Avignon au Mont Ventoux. Pour l’eau potable, le Syndicat regroupe 37 communes et assure la production et la distribution de l’eau potable. Pour l’assainissement, le Syndicat regroupe 31 communes et assure la collecte et la dépollution des eaux usées de 110 000 habitants. Le Syndicat Rhône Ventoux a confié l’exploitation du service à la société Suez.


Comment est utilisée l’eau douce en France ?

Alors que pression s’accroît régulièrement sur la ressource en eau, le soutien financier l’agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse va permettre au Syndicat Rhône Ventoux de poursuivre ses efforts pour garantir une gestion durable de l’eau potable sur les 37 communes du Vaucluse qu’il dessert.

Plus de 6km de canalisations remplacées
En 2025, plus de 6 200 mètres de réseaux vétustes ou fragiles seront remplacés dans le cadre d’un programme de modernisation, soutenu financièrement par l’agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse.
Huit communes sont concernées par ce programme (voir détail dans l’encadré en fin d’article) : Aubignan, Bédoin, Le Beaucet, Lafare, Malemort-du-Comtat, Mazan, La Roque-sur-Pernes et Saint-Hippolyte-le-Graveyron.
Pour le syndicat Rhône Ventoux qui a vu le jour en 1947, l’objectif est clair : « réduire les fuites, préserver la ressource et améliorer le rendement de réseau, dans un contexte où chaque goutte compte ».

Sécuriser l’alimentation en eau tout en évitant le gaspillage de la ressource
Le coût total des travaux s’élève à 2,64M€, dont 50% sont financés par l’Agence de l’Eau, soit 1,32M€ de subventions. « Un soutien déterminant, qui permet au Syndicat de maintenir un haut niveau d’investissement sur le long terme », expliquent les responsables de Rhône Ventoux pour qui « en renouvelant ses réseaux, le Syndicat Rhône Ventoux œuvre concrètement à sécuriser l’alimentation en eau potable des habitants, tout en agissant activement en faveur de la lutte contre le gaspillage de l’eau. »

L.G.

Les secteurs concernés par les travaux en 2025 :
– Aubignan : Avenue Majoral Jouve
– Bédoin : Route de Flassan
– Le Beaucet : Route départementale 210
– Lafare : Chemin des collets
– Malemort du Comtat : RD 77
– Mazan : Rue de l’allée
– La Roque sur Pernes : VC2
– Saint-Hippolyte le Graveyron : Chemin de la Roque Alric


Comment est utilisée l’eau douce en France ?

Entretien avec l’hydrogéologue Konstantinos Chalikakis, porteur de GeEAUde, la chaire partenariale d’Avignon Université lancée il y a tout juste un an. Avec cet outil unique en France, réunissant le monde scientifique et les acteurs socio-économiques de l’eau, l’enseignant-chercheur entend favoriser une meilleure connaissance de cette ressource aussi fragile qu’invisible.

Quel état des lieux peut-on dresser sur la ressource en eau aujourd’hui en France ?
« Actuellement, et d’après les chiffres officiels, 18 millions de mètres cubes d’eau sont extraits chaque jour afin de répondre à nos besoins quotidiens en eau potable. Cette eau provient de plus de 33 000 captages répartis sur l’ensemble du pays. Deux tiers de ces prélèvements proviennent des eaux souterraines et un tiers a pour origine de l’eau de surface. 18 millions de mètres cubes par jour, c’est énorme ! »

Et en Vaucluse ?
« Dans le département, la part des eaux souterraines dans notre eau potable est particulièrement importante puisqu’elle s’élève à 96%. Dans l’ensemble, le Vaucluse bénéficie d’une bonne dotation en ressources en eau. L’aquifère karstique de Fontaine-de-Vaucluse, classé depuis l’été dernier parmi les 200 sites géologiques d’exception à l’échelle mondiale (voir encadré), en est un exemple remarquable. Ce bassin d’alimentation exceptionnel, couvrant environ 1 160 km², se distingue aussi par les débits de la source de Fontaine-de-Vaucluse particulièrement élevés. Il y a aussi le grand bassin sédimentaire profond du Miocène du Comtat Venaissin qui s’étend depuis le sud de Carpentras jusqu’à Valréas. Ce sont des eaux souterraines de très bonne qualité qui ont un ‘âge’, c’est-à-dire un temps de séjour dans le milieu souterrain, de 10 000 ans en moyenne, mais on peut remonter à 40 000 ans à certains endroits. Et, bien sûr, les aquifères alluviaux du Rhône et de la Durance qui alimentent Avignon et une bonne partie des communes du département… On ne se rend pas forcément compte à quel point le Vaucluse est bien doté. Pour autant, ce n’est pas parce qu’il y a des ressources qu’il ne faut pas faire attention. »

« La pérennité d’une ressource, c’est sa capacité à se renouveler de façon naturelle. »

C’est-à-dire ?
« On parle souvent de quantité sans parler de la qualité et vice versa. Mais il faut toujours associer ces deux aspects. C’est le problème de la différence entre la pérennité et la gestion durable. La pérennité d’une ressource, c’est sa capacité à se renouveler de façon naturelle. La gestion durable, c’est comment on exploite cette ressource pour arriver à répondre à nos besoins actuels sans mettre en péril les besoins des prochaines générations. Aujourd’hui, il y a 18 millions de m3 d’eau qui sont prélevés chaque jour en France. La question est de savoir si dans le même temps, il y a aussi 18 millions de m3 qui entrent dans nos hydro-systèmes. Et quelle est la qualité de ces eaux entrantes. Et, là, on ne parle que d’eau potable, il faut aussi ajouter les autres usages comme les besoins agricoles en irrigation par exemple. »

« Produire du savoir pour qu’il reste dans nos placards cela n’a pas d’intérêt. »

Est-ce pour mieux comprendre la complexité de ces interactions que GeEAUde, la 4e chaire universitaire partenariale d’Avignon Université, a vu le jour en juin dernier sur le site d’Agroparc ?
« Il s’agit d’un outil unique en France consacré aux eaux souterraines regroupant le monde universitaire et les partenaires socio-économiques : l’équipe d’hydrogéologues de l’Université d’Avignon, l’Inrae, l’IFPEN, le DPT 84 et la Région, ainsi que les gestionnaires territoriaux comme les syndicats mixtes, les collectivités, les industriels de l’eau, les parcs naturels… Bref un rassemblement de tous les acteurs, des gens dont l’eau fait partie du quotidien. Le principe de la GeEAUde, c’est de produire et partager de la connaissance sur l’eau souterraine. Car produire du savoir pour qu’il reste dans nos placards cela n’a pas d’intérêt. Il s’agit donc de créer de vrais échanges autour de nos savoir-faire et nos expériences. Dans cette logique, nous venons de publier une carte mondiale et la base de données associée, ouverte à tous, recensant toutes les sources d’eau douce sous-marines y compris celles non-répertoriées mais dont on peut calculer la probabilité de présence. Avec GeEAUde, nous sommes aussi là pour mieux accompagner le monde politique à prendre les décisions, les plus éclairées que possible, en matière de gestion de l’eau en les aidant dans la compréhension des hydro-systèmes et leur évolution future. »

Vous avez aussi un rôle auprès du grand public ?
« Lors d’opérations comme la fête de la science qui se déroulent sur notre territoire, je pose chaque fois les mêmes questions au grand public : D’où vient l’eau que vous buvez ? D’où vient l’eau du robinet de Vaucluse ? Ils mentionnent systématiquement qu’on boit l’eau du Rhône et de la Durance alors que presque la quasi-totalité de l’eau potable du département provient des eaux souterraines, certes avec des interactions avec le Rhône et la Durance parfois. Cela veut dire que nous, en tant qu’universitaires et plus généralement le monde qui produit de la connaissance, nous nous sommes ratés quelque part. Nous n’avons pas été capables d’expliquer au grand public que l’eau souterraine, c’est un trésor invisible. Mais parce qu’on ne la voit pas, on pense parfois qu’elle n’existe pas. Cette méconnaissance, c’est la raison principale pour laquelle cette ressource est souvent mal gérée. »

Vous avez une vision très ouverte de la science ?
« La science, ce n’est pas réservé qu’aux scientifiques. C’est l’affaire de tout le monde. Expliquer la science au grand public est crucial pour une société plus informée, sensibilisée, participative, responsable et ainsi résiliente face aux défis contemporains. Si on veut que les gens comprennent les sujets, il faut qu’ils participent à l’observation. Si on demandait par exemple à tous les Vauclusiens qui ont un puits ou un forage de nous envoyer régulièrement les niveaux d’eau dans ces captages, tout en expliquant l’intérêt de faire cela, nous aurions une meilleure visibilité de ce qu’il se passe dans nos hydro-systèmes souterrains. Nous, nous sommes là pour développer de la connaissance, tout en ayant l’obligation morale et éthique d’informer le grand public et d’accompagner aux transitions. Au sein de GeEAUde on a déjà démarré et nous allons multiplier les actions en science participative. »

Votre message est-il entendu ?
« Aujourd’hui, les gens perçoivent les effets du changement climatique. Ils voient ce qu’il se passe autour d’eux. Parfois, il y a soudainement trop d’eau comme lors des inondations à Vaison-la-Romaine ou à Aramon. Et puis, il y en a de moins en moins. Le débit du Rhône a ainsi baissé de 15% depuis les années 1970. Globalement, il y a donc moins d’eau et pourtant cela ne nous empêche pas d’avoir des pelouses bien vertes ou de disposer de fontaines municipales sans recyclage. On continue de prendre de l’eau du robinet, c’est-à-dire l’eau potable, pour, par exemple, nettoyer les routes, nos voitures ou encore arroser nos pelouses. »

« C’est comme si nous utilisions une barrique de Châteauneuf-du-Pape de 20 ans d’âge pour faire une casserole de coq au vin et, en outre, le surplus, on le jette. »

Vous êtes en train de me dire qu’une commune peut laver sa chaussée avec une eau potable qui a passé 10 000 ans dans le sous-sol ?
« Oui, c’est exactement ça. On prend un produit d’excellence qui a passé beaucoup d’années dans le milieu souterrain, et qui se renouvelle très lentement, en oubliant toute la valeur que peut avoir cette eau. Dans un territoire de vignoble comme le nôtre, c’est comme si nous utilisions une barrique de Châteauneuf-du-Pape de 20 ans d’âge pour faire une casserole de coq au vin et, en outre, le surplus, on le jette. Si on veut utiliser une autre image : l’eau souterraine c’est comme l’argent dans la banque. Sauf que l’on ne sait pas combien on a sur son compte. Pourtant on continue à faire des achats et on dépense sans compter… et on ne sait pas combien on rentre en salaire. Le risque, c’est qu’un jour nous n’ayons plus d’argent. C’est aussi simple que cela. »

Heureusement, toutes les eaux n’ont pas 10 000 ans ?
« Non, il y a des eaux qui sont beaucoup plus ’jeunes’, c’est-à-dire avec un temps de séjour dans le milieu souterrain relativement court. Le temps de renouvellement de l’eau de la nappe du champ captant de la Barthelasse, par exemple, c’est de l’ordre de quelques semaines, tandis que pour l’aquifère sédimentaire du Miocène de Carpentras c’est plusieurs centaines voire milliers d’années. Cela dépend des territoires car le monde n’est pas juste et équitable, et cela commence par l’eau. On peut avoir ainsi des communes qui sont sur un territoire manquant de ressources en eau souterraine et, juste à côté, un village qui aura la chance de disposer d’une certaine abondance. Cependant, nous constatons que l’eau ne jaillit plus du sous-sol dans certains puits artésiens de notre territoire. Cela signifie que l’eau ne remonte plus sous l’effet de la pression et que le niveau des nappes a déjà commencé à baisser de façon significative par endroit en Vaucluse, à cause de la surexploitation. La pérennité de la ressource n’est donc plus assurée. »

« Combien de temps va-t-on continuer à utiliser 2 à 5 litres d’eau potable pour transporter nos urines ou nos excréments dans nos toilettes ? »

Que faut-il donc faire pour la préserver ?
« Aujourd’hui, en France, le volume d’eau potable extrait et distribué est calculé sur une base de 150 litres par jour et par habitant. Combien d’eau boit-on ? Le reste c’est pour d’autres usages (cuisine, douche, toilettes, fuite, piscine, arrosage…) et encore, on n’intègre pas les usages industriels, économiques, agricoles, agro-alimentaires… C’est absurde. Nous n’aurions jamais dû nous retrouver dans une situation où l’on consomme toute cette eau-là. Il faut donc que nous fassions un effort collectif en ayant des comportements différents. Combien de temps va-t-on continuer à utiliser 2 à 5 litres d’eau potable pour transporter nos urines ou nos excréments dans nos toilettes ? Croit-on réellement que chaque fois que nous actionnons notre chasse d’eau l’équivalent de 5 litres de pluie tombent sur notre territoire pour assurer la pérennité de la ressource ? La réutilisation des eaux, les ‘eaux grises’, serait déjà une bonne chose. Et, là, on ne parle que de pérennisation de la quantité, pas des problèmes de qualité. Il ne faut pas oublier non plus la nature dans tout cela. Les arbres, les rivières, nos écosystèmes ont aussi besoin d’eau. »

Crédit : Geaude

Les solutions sont les mêmes partout ?
« Les besoins et les contraintes ne sont pas les mêmes dans le Sud que dans le Nord de la France. Par exemple, à l’échelle européenne et nationale, il y a une volonté de passer à une irrigation sous pression. C’est plutôt une bonne chose car ce type d’irrigation permet d’utiliser moins d’eau qu’une irrigation gravitaire où l’on inonde un champ grâce à des canaux qui y transportent l’eau. Pourtant, suivre strictement ces directives en Vaucluse serait une erreur car, en été, et c’est un paradoxe, l’irrigation gravitaire dans les zones cultivées de la plaine d’Avignon remonte le niveau de l’aquifère alors qu’il devrait plutôt baisser durant cette période où ce territoire accueille encore plus de monde. En plus de cela, les canaux d’irrigation servent à l’évacuation des eaux, notamment lors des fortes pluies. Et puis, ces aménagements historiques, comme le canal Saint-Julien par exemple, ont une histoire exceptionnelle et ont permis de récolter un nombre incroyable d’observations et de données. Si on abandonne les canaux d’irrigation on verra rapidement les dégâts dans quelques années. L’irrigation gravitaire doit donc être adaptée à notre territoire qui n’est pas homogène partout. On peut donc l’arrêter en partie mais il faut le faire de la façon la plus intelligente possible selon les particularités (caractéristiques, fréquence…) des différentes zones puisqu’au sein même du Vaucluse, les besoins et les contextes ne sont pas les mêmes entre le nord-est, l’est et l’ouest du département, le sommet du mont-Ventoux, le plateau d’Albion ou les villages du sud du Luberon. Il faut adapter nos besoins aux contextes. »

Il nous faut donc repenser notre manière d’aménager nos territoires ?
« Les architectes et les urbanistes ont effectivement aussi un rôle à jouer en imaginant d’autres façons de gérer l’eau dans les bâtiments et les aménagements urbains. On a vu récemment à Valence les conséquences de très importantes chutes de pluie. Des phénomènes qui vont être amenés à se répéter de plus en plus à l’avenir. Il faut concevoir des capacités de tampon, de stockage, de ralentissement et d’écrêtage. Ce qui est arrivé en Espagne, les hydrologues l’avaient prévu. Et, malgré cela, on a donné le droit de construire à des endroits où il ne fallait pas construire. On parle des catastrophes naturelles mais, en fait, c’est une inondation. Un phénomène certes accentué par les changements climatiques mais cela reste une inondation. Et une inondation, cela arrive tout le temps. Si on décide de construire dans une zone inondable, il faut être conscient qu’un jour ou l’autre, peut-être pas notre génération, mais la génération prochaine va se retrouver noyée. »

« Ce que nous faisons à Avignon a des conséquences à Marseille. »

Que faut-il faire à l’avenir, n’est-ce pas trop tard ?
« Tout ce que nous faisons, nous aurions dû le faire il y a 30-40 ans mais il n’est jamais trop tard pour commencer. Nous devons penser aux besoins humains mais aussi à la préservation de nos écosystèmes. Il faut aussi prendre en compte les conflits d’usage entre les habitants, le sur-tourisme, les activités de loisirs, la production d’énergie, l’économie, l’agriculture… Le tout en prenant conscience de la complexité des interconnexions entre les systèmes hydrologiques. Beaucoup de choses dépendent de ce que nous faisons en amont. Ce que nous faisons à Avignon a des conséquences à Marseille. Ce que nous faisons dans la montagne de Lure a un impact à l’ouest de Vaucluse. »

Cette gestion de l’eau nécessite une réflexion à qu’elle échelle ?
« Nous avons fait beaucoup d’erreurs car nous sommes des êtres humains avec des faiblesses. Nous aimons la facilité, aller plus vite, avoir une abondance et du confort. Mais, au final, une goutte d’eau n’a pas de frontières. Elle traverse tout. Toute l’eau continentale, qu’elle soit polluée ou non, ’jeune’ ou ‘vieille’, arrive in fine dans la mer. La gestion de l’eau nécessite une réflexion à plusieurs échelles. Locale d’abord pour une gestion des ressources en eau des communes, l’optimisation des usages et des réseaux de distribution (domestiques, agricoles et industriels) ; régionale ensuite pour la coordination entre territoires et une gestion équilibrée des aquifères et des rivières partagées ; nationale après pour l’élaboration de politiques publiques, la réglementation des usages, etc. ; et internationale enfin pour la coopération sur les ressources partagées, notamment pour les fleuves et les bassins transfrontaliers et les plans d’adaptation au changement climatique. L’échelle pertinente dépend du contexte, chaque niveau est crucial mais une approche multi-échelles est essentielle pour une gestion durable et efficace de l’eau. Les gens ne se rendent pas compte à quel point tous les milieux sont liés entre eux. J’insiste : ce que nous faisons en amont peut détériorer ou même détruire un autre écosystème en aval. Il ne faut donc pas oublier que, quoi que l’on fasse en surface, on va le retrouver, dans les sous-sols. Cela peut prendre quelques années, mais on va le retrouver. »

Reprise de l’entretien publié également dans l’édition 2025 du ‘Vaucluse en chiffres’

Fontaine-de-Vaucluse : un site géologique exceptionnel
La Fontaine de Vaucluse figure parmi les 200 sites exceptionnels géologiques du monde. Cette décision a été officiellement prise par l’Union internationale des sciences géologiques (IUGS) lors de son 37e congrès qui s’est tenu en Corée-du-Sud le 27 août dernier. En France, 5 autres sites géologiques patrimoniaux ont été aussi sélectionnés : les volcans holocènes du Puy-de-Dôme, la dalle aux ammonites à Digne-les-Bains, la Mer de glace dans le massif du mont Blanc, la série ophiolitique de l’île de La Désirade dans les Caraïbes et la Montagne Pelée à la Martinique.
Crédit : Hocquel A. VPA


Comment est utilisée l’eau douce en France ?

Un nouveau contrat de DSP (délégation de service public) a été signé pour 7 ans entre l’opérateur Suez et la Communauté de Communes du Pays d’Orange en Provence (CCPOP), entre Yann Bompard et la Directrice Région Sud Suez, Laurence Perez.

Ce contrat, qui concerne l’eau potable et l’assainissement et qui est entré en vigueur le 1ᵉʳ janvier dernier, concerne les communes de Caderousse, Courthézon, Jonquières et Orange, soit 20 000 abonnés et 45 000 habitants. Avec le changement climatique qui accroît la pression sur la ressource en eau (épisodes de sècheresse plus intenses et a contrario de pluies hivernales plus rares, mais indispensables pour recharger les nappes phréatiques), il est nécessaire d’avoir une gestion plus raisonnée et plus économe de ce bien précieux.

Du coup, ce contrat prévoit d’améliorer la performance des réseaux en eau potable et de limiter les fuites en renforçant la surveillance 24h sur 24. « Ainsi, 390 000 m³ seront économisés, précise la directrice de Suez. Sera également réduite l’intrusion des eaux pluviales parasitées dans le système d’assainissement en scannant les canalisations en identifiant les zones de fragilité. »

De son côté, le président de la CCPOP, Yann Bompard se réjouit que « le prix du m³ soit de 3,44€ pour les habitants de la Communauté de Communes, contre une moyenne nationale en France de 4,65€. » Il est vrai qu’on n’est pas égaux face aux tarifs qui concernent l’abonnement, la consommation, l’entretien et le coût de l’assainissement des eaux usées. Puisque, selon un rapport récent, le prix du m³ en Vaucluse est de 4,09€, dans le Gard de 4,60€, dans les Bouches-du-Rhône de 3,52€ et dans les Alpes-de-Haute-Provence, 3,36€.

Les deux partenaires se sont félicités d’avoir « un service de l’eau fiable, performant et durable au bénéfice des habitants de l’ensemble du territoire. »


Comment est utilisée l’eau douce en France ?

Ca coule de source : Cristaline est toujours l’eau préférée des Français et la plus vendue en 2024, avec 70 bouteilles par seconde.

Avec 268 millions de bouteilles d’1,5litre en packs de 12, elle trône sur la plus haute marche du podium, d’après l’étude de consommation de NielsenlQ publiée par les éditions Olivier Dauvers. Et justement l’une des 21 sources de Cristaline est celle de Sainte-Cécile, captée à Cairanne, dans le Vaucluse qui cohabite avec les vins des Côtes-du-Rhône, dans une nappe de myocène qui date de 18 000 ans, à environ 200 mètres de profondeur. Et Cristaline figure aussi en 2ème place avec 220 millions de bouteilles vendues dans une autre contenance (50cl) et devant l canette de Red Bull en 25cl (73,8 millions), 5ème l’eau des volcans d’Auvergne, Volvic (73,7 millions).

Créée en 1992 par Pierre Castel et Pierre Papillaud (décédé en 2017), elle est le fleuron du groupe « Roxane » qui est composé de Rozana, Vals et Vernière entre autres. Elle est depuis 2010 « l’eau préférée des Français » et se caractérise « par une bactériologie saine, une absence de chlore » selon la direction. Elle écrase la concurrence par un rapport qualité-prix nettement moins cher que les autres. Elle est également plus légère puisque son poids a diminué de 60%, passant de 50g à 20g de plastique pour chaque bouteille. Depuis 2016, le bouchon est solidaire, donc ne se perd pas dans la nature et limite l’impact environnemental.

En 2023, Cristaline a détrôné le fameux pastis créé par Paul Ricard (dans le 14ème arrondissement de Marseille, quartier Sainte-Marthe), ce qui ne s’était jamais produit depuis qu’existent les études sur les habitudes des consommateurs. Elle s’est également diversifiée en plus des eaux « plates » avec des eaux « gazéfiées » ou « arômatisées ».

Aujourd’hui, si on prend en compte toutes les bouteilles de Cristaline commercialisées, 1,8 milliard pour celles d’une contenance de 1,5l, auxquelles on ajoute celles de 50cl et 100 cl, cela représente, tenez-vous bien, 2,4 milliards de flacons… C’est à dire que chaque seconde, sont vendues 70 bouteilles.

DR Cristaline

Comment est utilisée l’eau douce en France ?

Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, vient d’annoncer les lauréats du premier appel à projet du fonds d’investissement en hydraulique agricole. Si 14 projets se trouvent en Occitanie, pas un ne se trouve dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

En déplacement dans l’Aude, Annie Genevard, la ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, vient de dévoiler les lauréats financés au titre du fonds d’investissement hydraulique agricole. Au total, 48 projets sont retenus dans toute la France pour un montant de 20M€. Objectif ? Accompagner les investissements destinés à l’irrigation de parcelles agricoles, pour contribuer à sécuriser l’accès à l’eau des exploitations dans des conditions durables et respectueuses de la ressource en eau.

14 projets retenus en Occitanie, aucun en Provence-Alpes-Côte d’Azur
Les types de projets sont divers : 17 projets sont des retenues dont 11 sont des retenues collinaires, 11 projets sont des créations ou des extensions de réseaux d’irrigation, 11 autres projets concernent la rénovation ou l’optimisation du patrimoine hydraulique, 4 la réhausse ou l’agrandissement du patrimoine hydraulique, 4 la rénovation ou la réhabilitation de réseaux d’irrigation. Un projet, celui d’Argelès-sur-Mer) consiste en de la réutilisation des eaux usées pour l’irrigation de 600 nouveaux hectares.
Sur les 48 projets, 14 se trouvent en Occitanie, région les plus déficitaires en eau mais aucun ne se trouve en Provence-Alpes-Côte d’Azur (voir carte ci-dessous). Les plus proches se situent dans l’Hérault et au Nord de Lyon.

« Sans eau, il n’y a pas de vie, il n’y a pas d’agriculture, il n’y a pas d’alimentation. »

Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt

« Sans eau, il n’y a pas de vie, il n’y a pas d’agriculture, il n’y a pas d’alimentation, précise la ministre. Or, l’eau manque cruellement dans une partie du pays alors qu’elle crée des inondations dramatiques ailleurs.  Dans ce contexte, pour renforcer l’accès à l’eau et adapter notre agriculture au changement climatique, des combinaisons de solutions doivent être mobilisées et adaptées à l’échelle locale. Elles allient évolutions de pratiques agricoles et investissements dans l’hydraulique. Le fonds hydraulique agricole contribue à accompagner et accélérer la réalisation des projets locaux et à soutenir les efforts demandés aux agriculteurs pour une gestion plus sobre et plus efficace de la ressource en eau. Les 48 projets qui seront ainsi financés par l’Etat contribuent à aider nos agriculteurs à se projeter vers l’avenir malgré la menace du réchauffement climatique. »

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