21 août 2025 |

Ecrit par le 21 août 2025

Ménerbes : la Maison Dora Maar se met au vert

La Maison Dora Maar et l’Hôtel de Tingry à Ménerbes ouvrent leurs portes pour une exposition ‘Vert Terrestre’  portée par l’association Nancy B Negley, présentant les œuvres de l’artiste de renommée internationale Piotr Klemensiewicz, du 14 avril au 30 mai 2022.

Déjà pensionnaire en 2008, le sculpteur et peintre français revient cette fois-ci avec une série d’œuvres à dominante verte autour de ’la perception du paysage et de la sensation de la nature’. Un travail des couleurs pour lequel Klemensiewicz est reconnu, lui qui les considère comme dotées d’un “langage visuel propre qui fait taire les mots”.

Un vernissage aura lieu le samedi 16 avril à 17h.

A.D.

Horaires : du lundi au vendredi uniquement sur rendez vous | Samedi de 11h à 13h et 14h à 17h | Entrée Libre. Adresse : l’Hôtel de Tingry | Rue Cornille | Ménerbes France. Contact : MacKenzie Mercurio | mmercurio@maisondoramaar.org | 07 67 52 79 94

L’artiste Piotr Klemensiewicz à l’hôtel de Tingry.

Ménerbes : la Maison Dora Maar se met au vert

Comme les Carrières des lumières, le château des Baux-de-Provence dédie une exposition à l’artiste niçois Yves Klein, connu notamment pour la teinte de bleu éponyme.

Les fameuses peintures monochromes de Klein s’exposent au château des Baux-de-Provence. Si l’artiste est principalement connu pour ces tableaux-là, il a également exploré d’autres formes artistiques durant sa carrière comme le ‘body art’ ou encore le ‘happening’ qui est une forme d’art éphémère qui ne laisse que de simples traces des œuvres comme la photographie ou la vidéo.

Durant cette exposition, organisée par Culturespaces en association avec les Archives Yves Klein, les visiteurs pourront découvrir la vie d’Yves Klein et admirer 11 panneaux grands formats mêlant photographies et reproductions des œuvres les plus emblématiques de l’artiste. L’exposition ‘Bleu, bleu, bleu : l’aventure Klein’ pourra être visitée dès le samedi 9 avril prochain, et ce, pendant un an.

Du samedi 9 avril 2022 au dimanche 9 avril 2023. Château des Baux-de-Provence. Grande Rue. Les Baux-de-Provence.

V.A.


Ménerbes : la Maison Dora Maar se met au vert

« La guerre d’Algérie, histoire commune, mémoires partagées ? » C’est la question posée par l’exposition itinérante, conçue sous l’égide de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, que l’on peut découvrir aux Archives départementales de Vaucluse, du 10 janvier au 25 février.

Cette exposition passe en revue les liens entre la France à travers trois parties : de 1830 à 1954, de la conquête à la colonisation, puis de 1954 à 1962 durant la guerre d’Algérie et enfin l’histoire des mémoires de la guerre d’Algérie. L’occasion d’évoquer également la pluralité des parcours et des mémoires autour d’un conflit qui continue à susciter de vifs débats.

Du lundi au vendredi de 8h30 à 17h. Entrée libre. Archives Départementales de Vaucluse, Palais des papes – Avignon 04 90 86 16 18 http://archives.vaucluse.fr Masque et pass sanitaire obligatoires

L.M.


Ménerbes : la Maison Dora Maar se met au vert

Artothèque accueille 220 adhérents dont beaucoup sont des artistes établis dans le Luberon tels que des peintres, des sculpteurs et des photographes, dont des célébrités mondialement connues. François Cance, président de l’association -qui a pour but de promouvoir l’art contemporain- organise, tout au long de l’année, des visites d’ateliers d’artistes, des expositions, des rencontres ainsi que des conférences. Il dévoile son calendrier 2022 et se remémore les aventures vécues en 2021.

«Ce que je recherche ? Interroge François Cance, La liberté dans la création. J’ai travaillé 35 ans chez BNP Paribas, lorsque j’avais besoin de m’échapper de ma vie professionnelle, je téléphonais à des sculpteurs, des peintres, des photographes et j’allais passer une heure avec eux dans leur atelier. C’était pour moi une véritable respiration que de côtoyer un créateur.»

Lors d’un mariage à Dakar
«Un jour, lors d’un mariage à Dakar, je feuillette une revue locale et je tombe sur un article évoquant Ousmane Sow. Je l’appelle et passe une heure avec lui. Je l’ai revu 15 ans après alors que Jean-Paul Blachère créait sa fondation d’entreprise éponyme pour participer au développement de l’Afrique en aidant à la création contemporaine et la promotion de ses artistes. Le monde sert à ça : établir des contacts.» 

Dans l’avion
«Un jour, alors que j’étais en avion, au lieu de prendre un journal ou une revue, je me suis mis à converser avec la personne assise à côté de moi. Cette dame férue d’art avait possédé une galerie à Barcelone. Elle était devenue l’assistante de Marc Albouy président d’Electra-EDF à Paris. Je lui parle du sculpteur Pollès dont je me suis beaucoup occupé. Je lui explique que l’artiste fond lui-même ses pièces –ce qui est très rare- en Toscane à côté de Pietrasanta. Je lui précise qu’il est en train de travailler sur un pantographe électronique ce qui engage un certain coût. Elle me répond qu’elle va en parler à son patron.»

François Cance lors de l’assemblée générale d’Artothèque au Phébus à Joucas qui a réuni 120 membres. L’association en compte 220.

Electra-EDF
«Un mois après, Marc Albouy me rappelle. Nous prévoyons de passer trois jours en Toscane pour rencontrer Pollès et voir ses œuvres. Nous avons participé à une fusion. Lorsque Marc Albouy a vu le pantographe il a décidé de diligenter un ingénieur pour la mise en œuvre la partie électronique électronique ce qui a conduit à déposer un brevet EDF-Pollès*. Six mois après, il me joint à nouveau pour me donner le contact d’une de ses amies qui s’occupe de Bagatelle, à Paris évoquant la possibilité d’une exposition. C’est ainsi, il y a 15 ans, que Pollès a été exposé à l’Orangerie, il y avait le pantographe manuel et aussi l’électronique, la projection du film sur la fusion –à l’initiative de Marc Albouy qui l’avait commandé-. Tout cela a été réalisé grâce à Marc Albouy et, avant lui, grâce aux contacts humains.»
*Dans les années 1990, le sculpteur Pollès a développé, en collaboration avec le centre de recherche EDF, un pantographe électrique utilisant, pour la première fois, une pointe de touche électronique enregistrant le point de contact avec la matière et ses coordonnées. Source Note technique Lithias sur la 3D.

Pourquoi ?
«Lorsque j’ai pris ma retraite il y a 25 ans, j’avais envie de rassembler des artistes, c’est devenu l’association Artothèque. Nous étions 30. Puis à ces artistes se sont greffés des amis. L’association a pris de l’ampleur au fur et à mesure des rencontres organisées au Domaine de la Citadelle à Ménerbes, à la Maison Dora Maar, au Château de la Nerthe à Châteauneuf-du-Pape. J’ai eu la chance d’obtenir des lieux de grande qualité qui ont trouvé leur public, les gens sont venus et ont demandé à adhérer à l’association. Tout cela s’est fait simplement, amicalement, au gré de contacts. 

En 2022
A l’heure où nous écrivons nous ne savons pas si le programme qui suit sera maintenu. Nous vous invitons donc à vous rapprocher de l’association pour en avoir confirmation. Éternel optimiste, homme bienveillant et grand amoureux de l’art –plutôt contemporain-, François Cance a prévu de fêter le gâteau des rois dimanche 30 janvier à 16h chez le peintre William Hanon, 92 rue de la République à Apt.
Dimanche 24 avril nous ferons un pique-nique chez Christiane Filliatreau à Bioux, chemin de l’Oratoire, pour y découvrir ses sculptures et poteries.
Samedi 21 mai à 15h, Pierre Brun se prêtera à une visite de la manufacture Brun de Vian-Tiran à l’Isle-sur-la-Sorgue.
Dimanche 29 mai, Christian Desailly à Gordes exposera 6 artistes Nanou et Bernard Autin, Christine Bozza, Marine Guillemot, Marc Nucera et Jacques Salles.
Dimanche 12 juin Julien Allègre, sculpteur, ouvrira son atelier situé chemin de Cairanne, 382 Zac camp Bernard à Sablet.
Au cours de l’été Hans Silvester, photographe –qui a notamment photographié des poules dans le monde entier-, le chef Xavier Mathieu étoilé au guide Rouge Michelin pour le Phébus à Joucas et un conférencier évoqueront le bien-être animal.
Vendredi 9 septembre Babouchka à Coustellet accueillera les peinture et gravures de Fabienne Péry-Meylan.
En octobre prochain, Denis Brihat exposera ses photos à la Librairie le Bleuet à Banon.
Enfin, ne novembre aura lieu l’assemblée générale qui se déroulera dans le nouveau bâtiment de la Lustrerie Mathieu 432 Route de Croagne à Gagas.

En 2021
Les adhérents d’Artothèque ont ainsi visité les ateliers de Sylvia Tailhandier. En mai et septembre dernier la librairie Le bleuet à Banon a exposé des sculptures de Marc Nucera et les photos d’Eric Meylan. Toujours en mai dernier un pique-nique s’est tenu chez le peintre Eva Vorfeld à Bioux pour découvrir ses oeuvres. En juin, à l’Isle-sur-la-Sorgue, il était question de rencontrer Nanou peintre et Bernard Autin, sculpteur. Ce même mois, le photographe et journaliste François Bringer a ouvert 4 jours son atelier à Bonnieux. En juin, les époux Canat, dans leur propriété de Ménerbes ont accueilli une expo du peintre Galatioto et des photos d’Alain Wieder autour du parc de sculptures de Joël Canat. En juillet, le mas de Sudre a mis en scène les œuvres du peintre Philippe d’Orsay, les sculptures de Bérengère d’Orsay et les sculptures animalières d’Olivia Trégaut. En août c’était au tour de Marie-Laure Gérard-Becuwe d’exposer ses sculptures au Phébus à Joucas. En septembre dernier, c’est lors d’un pique-nique chez elle, à Gargas, que Claudine Borsotti, laissa découvrir ses sculptures aux adhérents.

Les infos pratiques
Artothèque. Promotion de l’art et des artistes. François Cance. 06 80 05 53 07. artothèquecance@orange.fr


Ménerbes : la Maison Dora Maar se met au vert

‘Mots et maux de femmes’, l’exposition photographique des violences faites aux femmes est visible sur les grilles du tribunal judiciaire d’Avignon jusqu’au vendredi 10 décembre. Placée sous le haut patronage du président de la République Emmanuel Macron, cette ‘expographie’ itinérante dans l’Hexagone est née de l’envie d’un couple désireux de se mobiliser en faveur des femmes victimes de violence. L’une travaille dans le secteur social, l’autre à l’expérience de la communication et de la conduite de projet. Ce sont aussi des parents conscients que la lutte contre les violences intra familiales doit faire partie intégrante de l’éducation.
Bénéficiant du soutien de plus de 300 femmes célèbres, ‘Mots et maux de femmes’ présente 24 clichés illustrant les violences faites aux femmes. Ces photos, accrochées autour de l’enceinte du palais de justice de la cité des papes situés 2 boulevard Limbert, ont été notamment dévoilée en présence de Ghani Bouguerra, président du tribunal judiciaire d’Avignon et président du CDAD (Conseil départemental d’accès au droit) de Vaucluse, Stanislas Vallat, procureur de la République et adjoint du tribunal judiciaire d’Avignon, Stéphane Carchon-Veyrier, coordinateur pour le collectif ‘Mots et maux de femmes’ ainsi que Souad Zitouni, députée de Vaucluse et Cécile Helle, maire d’Avignon.


Ménerbes : la Maison Dora Maar se met au vert

L’exposition ‘Reg’Art’ se tiendra du samedi 4 au dimanche 12 décembre à la Chambre de métiers et de l’artisanat de Vaucluse. A cette occasion, la chapelle Sainte-Praxède accueillera 30 œuvres originales exceptionnelles, témoins de la richesse d’un patrimoine artisanal d’exception, ainsi que de nombreux conférenciers, passeurs d’histoire, qui retransmettront leur connaissance des métiers d’art et des techniques ancestrales

C’est la chapelle Sainte-Praxède, au sein de la Chambre des Métiers, qui accueillera cette 11e édition de savoir-faire d’exception. Meubles, bijoux, faïences, céramiques, porcelaines, luminaires, grès, bronzes, acier, marbres, pâtes de verre, vitraux, coraux, miroirs, tissus, émaux, cuirs, plumes, perles, paillettes, fils d’or, rotin, acier, gypse, laiton, cuivre, mousselines, toutes ces matières sculptées par des hommes et des femmes passionnés ont une âme.
« Créée en 1998, Reg’Art est devenu le rendez-vous de référence incontournable des métiers d’art de notre région et au-delà » a expliqué la nouvelle présidente de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de Vaucluse, Valérie Coissieux.
« Cette manifestation est l’occasion de partager la qualité du fait-main, du beau, de l’élégance, du design, de la créativité de nos artisans qui sont d’authentiques artistes. C’est une économie locale, non délocalisable » a-t-elle insisté.
En tout, 29 professionnels sélectionnés par un jury exposeront leurs œuvres originales, témoins du rayonnement de l’artisanat d’art qui compte 180 artisans ‘qualifiés en métiers d’art’ en Vaucluse (dont 42% sont des femmes).

Consommer local en consommant artisanal
Parmi eux, Roy Baierlein, créateur, pièce par pièce, de montres mécaniques à remontage manuel à Entraigues depuis 1983 et dont l’atelier est classé Entreprise du patrimoine vivant (EPV), Mathieu Gilet de Monteux qui a suivi les cours de la prestigieuse Ecole Boulle et qui sculpte du mobilier en cuivre, Guillaume Aznar de Carpentras, qui propose une imposante ‘Lampe Dubaï’ (1,70m), inspirée des gratte-ciel en mosaïque, vitrail et émail.
En signe de transmission vers les jeunes générations, les élèves de Sciences et technologies du design et des arts appliqués (STD2A) du lycée Mistral d’Avignon montreront ‘Voie lactée’, une parure de forme ondulante, parabole de planètes.
Une série de conférences et démonstration sont également au programme, avec Jacques Hokmayan, 90 ans, qui a créé 10 000 modèles de chaussures pour la marque ‘Pierre Cardin’ et qui viendra raconter l’épopée des souliers, un gros plan sur la technique de la pierre sèche qui imbrique des moellons sans mortier, le musée Vouland qui présentera une collection d’arts décoratifs du XVIe au XVIIIe siècle.
Courez à la chapelle Sainte-Praxède, 35 Rue Joseph Vernet, admirer toutes ces œuvres de prestige qui prouvent qu’on peut consommer local en consommant artisanal.

Contact : www.cmar-paca.fr
04 90 80 65 42


Ménerbes : la Maison Dora Maar se met au vert

Vous vous en souvenez encore. Ses lumières, ses vibrations, la pénombre et ces sensations qui ne vous quittent plus. Pourquoi les Carrières de lumières dans les Baux-de-Provence demeure l’une de nos plus belles expériences sensorielles et artistiques ?

La première fois que nos pieds foulent le sol irrégulier, une course folle s’engage. Tous les recoins nous appellent pour livrer leurs secrets. En haut de l’escalier, près de la porte de sortie, sur le point culminant, à côté des marches, nos jambes ont la bougeotte. Visiteurs ébahis, nous voilà lancés dans un mini jogging improvisé, tentant vainement d’explorer chaque angle, de peur de passer à côté de l’histoire. Même si la projection propose les mêmes œuvres iconiques des plus grands génies torturés, chaque spot offre une expérience à la saveur différente. Vite, certaines toiles ne s’affichent que quelques secondes, choisissez votre repère…

Crédit photo : Linda Mansouri

Le prolongement artificiel de notre bras ? Parlons-en. Douloureuses minutes durant lesquelles un combat de l’esprit s’engage. Vous vous l’êtes promis, pas de téléphone, juste en prendre plein les mirettes et se délecter du spectacle. De toute façon, mère nature vous a gâté d’un organe plus performant que tous les smartphones réunis : la haute définition de votre œil n’a d’égal que sa sophistication. La lutte se poursuit corps et âmes, puis tout à coup, malheur.

Crédit photo : Linda Mansouri

La nature humaine révèle ses faiblesses. La main est déjà dans la poche, l’application photo ouverte, nous voilà photographes sur les marches de Cannes. Contorsions périlleuses, crampes musculaires, zoom, et parfois même quelques vidéos, aventuriers que nous sommes. Quand même dommage que tatie Jeanine ne voit pas cet endroit en esquisse virtuelle. Seulement voilà, combien d’entre nous contemplent à nouveau les photos de ses escapades quelques mois après ? Alors autant profiter de l’instant T pour imprimer l’image la plus fidèle, avant que le temps nous arrache ces précieuses minutes.

Crédit photo : Linda Mansouri

Férus d’art, amoureux de la peinture, simples curieux de la technique ou nostalgiques de l’histoire. Pendant plus d’une heure, les âmes se retrouvent sur le même bateau narratif. Tout le monde se regarde, les silhouettes slaloment habilement pour éviter la collision. De temps à autre, un « pardon », « oups », « désolé » lorsque notre corps percute une masse. Inutile de nous confondre en excuses, la musique couvre le son de notre voix. Les enfants virevoltent. Où que vous soyez, les gens vous regardent. Du moins, pas vous, mais le visage doré aux dimensions magistrales de Vincent Van Gogh, derrière votre tête.

Crédit photo : Linda Mansouri

L’expérience est mémorable car elle fait appel à un de nos sens le plus puissant, la vue. Les œuvres défilent de manière si limpide que l’on se croirait presque au cinéma, le scenario s’écrit sous nos yeux. Les œuvres sont peintes en temps réel, on discerne alors la texture qui se pose, le mouvement du pinceau, la matière qui se dilue. Quelle prouesse technique vertigineuse offerte par les 1001 rétroprojecteurs derniers cris au-dessus de nos têtes. La narration est parfaite, les pigments des fleurs et autres pommes tranchent avec les portraits noir et blanc et les formes cylindriques contemporaines. Les peintures s’effacent progressivement pour laisser apparaître la suite du spectacle dans un ballet millimétré. L’ingénierie du procédé est de haute volée.

Crédit photo : Linda Mansouri

La hauteur des carrières mirobolantes vient laisser son empreinte dans la construction de nos souvenirs. Nos silhouettes fragiles révèlent honteusement leur insignifiance face à l’immensité du lieu frais. Les carrières et leur blancheur calcaire convoquent les ordres de grandeur, notre place dans le cosmos et l’égo surdimensionné de l’Homme qui pourtant n’est qu’atome. Les portraits colossaux révèlent leurs détails, la moustache, les taches de rousseur, le sourire en coin, le regard pétillant ou mort qui vous suit. Tout est décuplé, les courbes comme nos émotions.

Crédit photo : Linda Mansouri

Voilà que le sol irrégulier nous fait tituber, contribuant ainsi à perdre nos repères spatiaux-temporels pour se plonger un peu plus dans le surréalisme de l’œuvre. La puissance de cette exposition hors norme tient de sa faculté d’immersion inouïe. Vient ensuite l’ouïe. La musique épouse parfaitement l’univers des peintures, chaque percussion vibrante appuie l’histoire qui défile sous nos yeux. Cigales pour accompagner les peintures provençales. Tantôt entrainante, tantôt reposante, angoissante, ou électrique, les pulsions de la musique nous emmènent très loin.

Le gong final vient de sonner, les applaudissements vibrants s’éternisent. Il est temps de sortir pour laisser ce rêve envelopper d’autres visiteurs. Pourquoi seulement notre corps immobile ne daigne pas bouger d’un iota ?

La nouvelle exposition présente les plus beaux chefs-d’œuvre de Cezanne, visibles jusqu’au 2 janvier 2022. Lire aussi : Baux-de-Provence, Honneur aux chefs d’œuvre de Cezanne. Plus d’informations, cliquez ici.

Crédit photo : Linda Mansouri

Ménerbes : la Maison Dora Maar se met au vert

Les amoureux d’art peuvent se délecter d’une fascinante exposition à Apt, jusqu’au 19 mars 2022. Guidé par les explications passionnantes de Justine Bernardoni, L’Echo du mardi s’est plongé dans ce voyage artistique signé la Fondation Blachère.

« Aller au-delà de la simple copie », c’est en substance la mission que s’est donnée la pléiade d’artistes d’Afrique et de la diaspora. Pour cette exposition ‘Re-création’, les prodiges de la matière réinventent le message, affirment leur opinion politique, réinterprètent les formes, inversent les rôles. Dans la pénombre de cette salle principale, la lumière jaillit des œuvres pour inonder notre visage. Elle éclaire notre esprit comme elle écorche notre conscience. Ne cherchez pas à vous y soustraire, le regard des protagonistes sur les murs vous suivra, où que vous alliez. Les œuvres nous jugent, l’inquisition nous plonge dans les méandres historiques des rapports entre Occident et Afrique.

Si l’art européen a été au centre du monde artistique pendant des siècles, n’a-t-il pas été lui-même influencé par l’art africain au début du 20e siècle ? Occident et Afrique, les liens sont réinterprétés, le dogme est chamboulé. Ainsi, Laure, la servante noire prend la place d’Olympia dans l’œuvre d’Aimé Mpané et passe au premier plan, reléguant à l’arrière celle qui a été admirée depuis 1863.

Des grands classiques tels que Le déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet ou La grande odalisque de Jean-Auguste-Dominique Ingres, des plongées au cœur de l’univers et des influences de grands maîtres comme Pablo Picasso ou Paul Gauguin, ou des genres incontournables telle la nature morte, tout est mis en œuvre par les artistes invités dans cette exposition pour re-créer, ré-inventer, re-visiter.

Les œuvres exposées appartenaient déjà à la Collection Blachère, d’autres ont été réalisées par des artistes venus en résidence de création ou prêtées par des galeries, musées et collectionneurs amis. A suivre, quelques œuvres sélectionnées par nos soins, dont la puissance d’évocation n’a d’égal que la beauté artistique.

‘A reversed retrogress : scene 2’, de Mary Sibande (Afrique du sud)

Une sculpture aussi énigmatique que poignante. Les dimensions confèrent une aura magnétique à ces racines gigantesques qui accaparent l’espace et menacent de nous engloutir. L’artiste évoque son « alter-ego », Sophie, et aborde la construction de l’identité dans le contexte post-apartheid sud-africain, ainsi que les stéréotypes véhiculés sur la femme noire. Les racines tentaculaires dont elle semble se libérer forment un lien ombilical à la fois vital mais dont il faut un jour se défaire. La couleur mauve fait référence à ‘Purple rain protest’ de 1989, une manifestation durant laquelle la police pulvérisa de la teinture violette pour distinguer les manifestants contre l’apartheid. Coup de cœur de la rédaction, cette œuvre est universelle. Sa poésie fait écho à chaque histoire, chaque racine qui nous empêche d’éclore. Rang social, culture, famille, couleur politique, ces racines sont-elles des chaînes ou les garde-fous de notre existence ?

Mary Sibande, ‘A Reversed Retrogress: Scene 2’. Crédit photo: Linda Mansouri

‘Un ballo in maschera’, Yinka Shonibare CBE (Angleterre-Nigéria)

L’artiste prend le parti de remplacer ses toiles par du tissu wax ‘kitenge’. Le tissu, présupposé comme africain, devient primordial dans sa démarche artistique. Yinka affuble le portrait des saints de masques africains inspirés de la vaste collection de Picasso. Il met en avant par cette revisite l’importance de ces masques dans la naissance de l’art moderne. ‘Un ballo in maschera’ propose une imitation grandeur nature de l’opéra de Giuseppe Verdi de 1858. Inspiré par l’assassinat du roi de Suède lors d’un bal masqué à l’Opera de Stockholm en 1752, il use de l’élaboration de ce drame costumé pour mettre en scène l’arrogance des classes aisées du siècle des Lumières. Dans l’ilot central, les silhouettes colorées attirent le regard incrédule. Les couleurs sont vives, le style est royal, le tissu est noble. Un pied de nez aux codes vestimentaires et à leur symbolique. Face au carcan civilisationnel et au poids de la doxa, les hommes s’approprient les codes, créent leur propre signature. Joli !

Yinka Shonibare CBE ‘Un ballo in maschera’. Crédit photo: Linda Mansouri

‘La vierge bleue’, Marc Padeu (Cameroun)

La généreuse et flamboyante auréole de la vierge bleue est mystique. Elle nous attire comme un amant, véritable brasier ardent dans la pénombre de la salle. Les couleurs vives et le bleu dominant tranchent avec les toiles voisines et leur sobriété. L’artiste interroge les rapports permanents entre Occident et Afrique au cours de l’histoire, la place de la religion et sa représentation. Faisant directement référence à l’iconographie de la vierge dans la peinture européenne, il questionne par la même occasion la représentation des modèles noirs dans celle-ci. Cette vierge bleue prenant pour modèle une femme africaine, entourée de tentures aux motifs traditionnels camerounais est vêtue d’un drap bleu qui laisse apparaitre dans son plissé des masques emblèmes et témoins de la culture de l’artiste. Marc Padeu nous dévoile les possibilités d’un éclectisme religieux dans lequel les traditions restent bien ancrées face à l’influence d’une religion dominante.

La vierge bleue de Marc Padeu Cameroun. Crédit photo: Linda Mansouri

‘Film noir dans un cadre doré’, Clay Apenouvon (Togo)

Nous voilà nez-à-nez avec une œuvre dégoulinante de métaphores. La puissance de l’art réside dans la liberté d’interprétation de celui qui contemple. Aucune grille de lecture ne prévaut, chaque âme plonge dans une œuvre avec le prisme de ses influences, de ses racines, de son histoire. Ici, l’œuvre traite des cadres dorés, rigides et confortables, synonymes pour l’artiste de la culture européenne. L’installation réalisée avec son matériaux phare, le film plastique, dégouline d’objets pris au piège dans ce déversement de plastique visqueux. L’artiste nous engage à concevoir un renouvellement social au lieu de se cantonner à un cadre dépassé. Il s’agit bien de recréer pour ne pas s’enliser dans une histoire et l’art immuable. Pour d’autres, cette œuvre évoque la pollution des pays développés, dont les résidus de leur vie douillette se déversent lâchement sur les espaces naturels du tiers monde. Le noir, mazout, pétrole, plastique, une couleur forte de 1000 symboliques. La condescendance et le mépris dégoulinent, faisant fi de toute morale et plaçant l’égoïsme des pays du nord au centre de leurs propres échelles de valeurs. Impossible de rester immobile face à l’impuissance de nos élites, à l’heure des COP et autres sommets du climat.

Film noir dans un cadre doré,  Clay Apenouvon 

‘Renaissance 4’, Angele Estoundi Essambla (Cameroun)

Clou du spectacle, cerise sur le gâteau, crème de la crème. Dans le prolongement de la salle principale, une petite fille nous remue les entrailles. Nous voilà baissant la tête, n’osant pas défier son doux regard redoutable. Le jeu de lumière est tellement bien calibré que l’œil se trouve obnubilé par cette source éblouissante. Dans une série de photographies, l’artiste représente des corps qui s’imposent avec grâce dans les mêmes tenues et poses choisies autrefois par la renaissance hollandaise pour symboliser le faste et la noblesse de l’élite européenne. Pourtant, ces cols en fraise et dentelle, expression de la richesse d’une Europe qui s’est bâtie sur un commerce colonial, ne peuvent révéler la splendeur blanche sans la présence du corps noir contrasté. Le poids du jugement dans un regard.

‘Renaissance 4’, Angele Estoundi Essambla Crédit photo: DR

Les artistes présentés : Clay Apenouvon (Togo), Moustapha Baidi Oumarou (Cameroun), Moufouli Bello (Bénin), Wim Botha (Afrique du Sud), Angèle Etoundi Essamba (Cameroun), Pierre Man’s (RDC), Franck Kemkeng Noah (Cameroun), Roméo Mivekannin (Bénin), Aimé Mpané (RDC), Hassan Musa (Soudan), Marc Padeu (Cameroun), Yinka Shonibare CBE (Angleterre-Nigéria), Mary Sibande (Afrique du Sud), Maya-Inès Touam (France/Algérie), Dagmar Van Weeghel (Hollande).

Tour d’horizon en vidéo

Ménerbes : la Maison Dora Maar se met au vert

Du 15 novembre au 4 décembre, une exposition aura lieu en partenariat avec le SDIS 84, l’Amicale des Sapeurs-pompiers de Sorgues et le concours de la famille Cabagni.

Connaissez-vous l’histoire des sapeurs-pompiers de Sorgues ? Créé le 25 janvier 1933, le corps des sapeurs-pompiers de Sorgues ne dispose au départ que d’un simple dépôt incendie, place Charles de Gaulle, sous l’ancienne mairie, pour stocker le matériel et la fameuse motopompe. Les sapeurs-pompiers de Sorgues, aujourd’hui intégrés au Service départemental d’incendie et de secours de Vaucluse, ont une longue expérience du feu et de la protection civile. Depuis leur première caserne, avenue de Cessac, inaugurée dans les années 1950 à leur installation récente dans le centre de secours renforcé route de Vedène, toute l’histoire est aujourd’hui retracée dans cette exposition.

À l’origine de cette exposition, le Major Guy Cabagni, ancien sapeur-pompier volontaire aujourd’hui décédé, souhaitait montrer l’intemporalité de la dévotion de ces femmes et de ces hommes au service de la population. Cette rétrospective met à l’honneur les anciens pompiers tout en montrant l’évolution de leurs missions jusqu’à nos jours.

Pôle culturel – Hall d’exposition. Entrée libre. Plus d’informations : 04 86 19 90 90.

L.M.

https://www.echodumardi.com/tag/exposition/page/18/   1/1