29 avril 2024 |

Ecrit par le 29 avril 2024

Festival d’Avignon 2024 : Tiago Rodrigues a su trouver les mots pour (nous) le dire

La salle de la FabricA était comme à l’accoutumé comble, le public avignonnais impatient de découvrir la programmation de la 78ème édition du Festival d’Avignon dévoilée par son directeur Tiago Rodrigues, festival qui aurait pu être sacrifié pour cause de Jeux Olympiques mais qui finalement aura lieu avec une semaine d’avance, du 29 juin au 21 juillet soit 2 jours de plus qu’en 2023

Tiago Rodrigues ne nous a pas surpris en commençant encore son allocution par: » Bonjour je m’appelle Tiago Rodrigues et je travaille au Festival d’Avignon » une manière pour lui de rappeler qu’il est Un parmi les 750 salariés employés en Juillet mais que le Festival se travaille toute l’année car il faut du temps et des moyens humains pour préparer une fête, la fête de l’Art vivant.



Pourquoi faire cette fête au milieu du chaos du monde ?
Pourquoi faire encore et encore ce festival depuis 1947, geste fondateur de Jean Vilar ?
La réponse est dans le titre de l’éditorial du programme «  Chercher les mots » , il est tout simplement emprunté à la réponse d’une spectatrice venant pour la première fois au Festival d’ Avignon et à qui on demandait de définir cette expérience. L’équipe de Tiago Rodrigues s’est emparée de cette réponse «je cherche les mots » pour affirmer le soutien aux artistes « qui cherchent les mots, les sons, les gestes et les images pour dire et habiter le monde ». Pourquoi ce festival ? pour chercher ensemble les mots pour parler « d’un monde menacé par la guerre, les inégalités, les extrémismes et l’urgence climatique »

Un festival de promesses et de créations
Plus de jours et moins d ‘oeuvres présentées marquent une évolution du modèle : il s’agit de soutenir et d’accompagner les artistes en production, d’offrir plus de représentations donc plus de jauge. La moyenne des places par spectacle était de 2800 en 2023, elle sera de 3500 en 2024.

Le festival c’est :
23 jours
21 lieux dans Avignon
15 communes
37 projets artistiques dont 35 spectacles et 2 expositions
Plus de 300 rencontres : cinéma ; débat, expositions, lecture, concerts, formation
219 représentations
121 500 places en vente
83% de créations avec plus de la moitié en première mondiale
La parité absolue entre artistes
70% produit ou co-produit avec le Festival d’Avignon
51% théâtre, 49% de danse, cirque , musique
et une affiche d’ocre et de lumière qui invite à la découverte sous la chaleur du Sud.

L’artiste complice, le chorégraphe Boris Charmatz sera présent tout au long de cette édition
Il présentera 3 projets : une restitution d’ateliers «  Cercles » avec le défi de faire danser en cercle , amateurs ou professionnels, sur l’herbe du Stade Bagatelle de l’Ile de la Barthelasse à Avignon. Dans ce même lieu il proposera également «  Liberté Cathédrale » dansée et chantée par le Tanztheater Wuppertal Pinau Baush ( dont il est le directeur depuis 2022) et les danseurs de Terrain. Il sera également à La FabricA avec Forever d’après la pièce emblématique Café Muller de Pinau Baush. La pièce à l’origine dure 40min , elle est ici proposée dans une version de 7h vue comme une répétition jouée en boucle sur du Purcell afin de créer un autre rapport au temps et à l’espace. Boris Charmatz ajoute malicieusement que le temps nécessaire à cette immersion serait idéalement de 2h pour le spectateur…avant qu’il ne parte…s’il le souhaite.

Portrait de Boris Charmatz © César Vayssié

La Cour d’honneur accueillera 3 spectacles
L’ouverture de la 78e édition à la Cour d’honneur est confiée à la performeuse espagnole Angélica Liddell qui s’inspire dans «  Dämon, el funeral de Bergman » des funérailles du cinéaste Bergman.La metteuse en scène polonaise Marta Gornicka nous avait proposé en 2023 , dans la cour du musée Calvet, une lecture annonciatrice de son Mothers, A Song for a Wartime qui réunira un choeur de femmes d’Ukraine, de Pologne et de Biellorussie pour raconter la guerre. Le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski est également très attendu avec sa création « Elisabeth Costello, Septs leçons et cinq contes moraux » qui installera un débat théâtral sur des questions inconfortables.

Portrait de Marta Górnicka © Esra Rotthoff

La Carrière de Boulbon recevra La Comédie Française dans «  Hécube, pas hécube » écrit et mis en scène par Tiago Rodrigues
Tiago Rodrigues s’empare du texte d’Euripide pour offrir à la troupe de la Comédie Française une adaptation moderne de cette tragédie : l’histoire d’Hécube vient percuter la vie personnelle de la comédienne qui l’incarne : Elsa Lepoivre.

La langue espagnole est la langue invitée
« Choisir une langue et non pas un pays permet de connecter le monde et non pas de le diviser par des frontières. »On voyagera donc en Argentine avec « Une ombre vorace » de Mariano Pensotti qui est le spectacle itinérant du Festival dans plus de 12 communes. L’argentin Tiziano Cruz interrogera le colonialisme et le triomphe du néo-libéralisme. Gabriel Calderon nous soumettra une variation singulière de Richard III ( Historia senglar..), la péruvienne Chela de Ferrari met en scène des mal-voyants d’après la Mouette de Tchekhov, le metteur en scène chilien Malicho Vaca Valenzuela nous propose une cartographie intime de Santiago. Il y aura aussi de la danse avec La Ribot qui évoquera Jeanne 1ère de Castille, du chant avec Silvia Pérez Cruz et du cirque avec “Qui som ?”de Baro d’evel.

Des retrouvailles , des découvertes et des inattendus
Retrouvaille avec le metteur en scène Gwenael Morin qui pendant 4 ans propose une création autour de la langue invitée. En 2024 il s’attaque à Cervantes avec un Quichotte qu’il va jouer pratiquement tous les jours en nocturne dans les jardins de la Maison Jean Vilar.
Retrouvaille avec Caroline Guiela Nguyen qui retrouve après Saïgon (2017) le plateau du gymnase Aubanel pour Lacrima : secrets et savoir-faire autour de la confection d’une robe de mariée. L’actuelle directrice de la Comédie de Gebève est également très attendue avec Absalon, Absalon d’après William Faulkner, une première mondiale aux promesses électrisantes autour de la guerre de Sécession.“La Vie secrète des vieux”de Mohamed El Khatib sera présenté à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon.

La soirée unique de clôture de cette 78ième édition sera cette année à l’Opéra Grand Avignon
C’est la chanteuse espagnole Silvia Pérez Cruz qui aura l’honneur de distiller à 23h59 les premières notes de son récital Toda la vida, un dia. Cette soirée est en partenariat avec Les Sud à Arles.Programme complet notamment pour les Territoires cinématographiques d’Utopia, les Fictions de France Culture, les expositions, les lectures, les débats etc….sur le site du Festival.

Portrait de Sílvia Pérez Cruz © Alex Rademakers

Une politique tarifaire attractive : on peut multiplier les commandes et conserver le tarif réduit tout au long du festival grâce à la carte festival ou la carte 3 clés. Après avoir acheté la carte lors de la 1ère commande, si on ne trouve pas de billets pour certains spectacles,on peut revenir régulièrement sur le site, et bénéficier du tarif réduit au fur et à mesure des achats .

Infos pratiques :
Carte Festival.
25€. Demandeur d’emploi. 1€. Professionnel du spectacle vivant. 20€.
Carte 3 Clés. 1€. réservée au moins de 25 ans. Ou étudiant. Bénéficiaire des minima sociaux.
Billetterie ouverte depuis le 6 avril
Site Internet : festival-avignon.com
Prévente chez Fnac Avignon-République et Le Pontet de 13h à 18h (adhérents uniquement) Site fnacspectacles.com
À partir du 22 mai par téléphone 04 90 14 14 14, du mercredi au samedi de 13h à 19h
Festival d’Avignon.Cloître Saint-Louis, 20 rue du Portail Boquier, Avignon.04 90 27 66 50.


Festival d’Avignon 2024 : Tiago Rodrigues a su trouver les mots pour (nous) le dire

Pour la 17e édition, le Club de la Presse Grand Avignon-Vaucluse a remis ses prix Coups de Cœur #Off2023.

« L’homme et le pêcheur », à Pierre de Lune/Quartier Luna par la Compagnie Teatro Picaro (19h15).
Sur un ponton au bord d’un étang, un désespéré, dûment équipé d’une grosse pierre au bout de la corde pendue à son cou, s’apprête à se suicider. Un pêcheur imperturbable, sur ce même ponton, strictement vêtu d’un costume noir et doté de petites lunettes rondes, tient soigneusement sa canne… dépourvue de fil. Le désespéré tente d’entamer la conversation, à quoi le pêcheur résiste. Renouvelant le duo clown blanc / Auguste, les deux protagonistes entrent pourtant dans un échange tantôt surréaliste, tantôt – très souvent même – cocasse mais largement ouvert sur les mondes intérieurs, les peurs et les regrets d’un bilan de vie, dans un rapport poétique au monde. De coup de théâtre en coup de théâtre, en passant par la matérialisation en quelques traits astucieux de ce dont le désespéré est porteur, la rencontre revêt une dimension profonde, existentielle, que la chute rend dans toute sa dimension tragique après tant d’éclats de rire.
Comme avec les mots, les accessoires et les costumes, le duo joue avec le quatrième mur, incluant ainsi le spectateur dans son propos. Par la grâce de la mise en scène très visuelle et enjouée, différents niveaux de compréhension et de réflexion font de cette pièce un spectacle tout public.

« Arrête avec tes mensonges », au Théâtre du Rempart par la Compagnie Velours & Macadam (22h40).
Adaptée du roman autobiographique de Philippe BESSON paru en 2017 et mise en scène par Valentin NERDENNE, cette pièce relate une grande histoire d’amour qui se déroule en 1984 sur un fond d’homosexualité. Désirs interdits mais aussi un rêve : aimer sans retour, sans condition. Une mise en scène et 4 comédiens talentueux, une jolie surprise pour exprimer le « soi intérieur » de la joie, de la poésie, un rythme disco et des paillettes sur fond d’une dramaturgie tragique. Cette mise en scène, la chorégraphie, la scénographie, les costumes et la musique subliment le livre poétique de Philippe BESSON et nous transmet un message fort sur l’acceptation de soi, de la différence, de la transmission tout en favorisant un moment « hors du temps », de rêve, de poésie. Les scènes de la rencontre amoureuse sont teintées de respect, et nous touchent par l’intimité qu’elles dégagent. Nous sortons de cette pièce pétillante sur un sujet grave avec la joie au coeur.

« Nos histoires », au Théâtre le Cabestan par la Compagnie Glapion (12h35).
Création réalisée par deux femmes pour les femmes mais aussi pour tout être humain vivant une relation d’emprise. Elles démontent avec réalisme le processus de cette relation allant de la joie à la dévalorisation de l’être mental et physique. Le décor, les lumières, la musique et la chorégraphie soulignent avec justesse les violences et la toxicité de l’emprise où les maux se traduisent par le corps et l’ambiance anxiogène plutôt que par les mots. L’originalité de cette pièce réside dans le choix de l’interprétation par deux talentueux comédiens des quatre personnages. Une pièce émouvante par l’actualité de son sujet, par l’originalité de sa mise en scène et la magnifique interprétation des comédiens. La prise de conscience de l’emprise n’est pas toujours facile mais lorsqu’une main bienveillante est tendue l’espoir et la reconstruction d’une autre vie sont possibles. Cette touchante pièce nous le démontre avec subtilité.


Festival d’Avignon 2024 : Tiago Rodrigues a su trouver les mots pour (nous) le dire

Dans le cadre du festival d’Avignon, la Factory – théâtre de l’Oulle accueillera Solomiya Chubaï pour un concert de chants ukrainien, ce lundi 17 juillet à 16h30.

Initié par Kseniya Kravtsova, artiste plasticienne ukrainienne installée en France depuis 20 ans, et Laurent Rochut, directeur de la Factory, le concert devait initialement avoir lieu en même temps que la soirée hommage au poète Grégory Chubaï, en mars dernier. Après un report et un tas de péripéties, le concert aura finalement lieu ce lundi 17 juillet à 16h30 à la Factory.

Le concert sera précédé d’une performance interactive présentée par Kseniya Kravtsova et Noam Cadestin autour de la mémoire et de sa fragilité : « Ukraine, les cinq sens en exil ». Suivront des témoignages d’Ukrainiens vivant en France qui partageront leurs souvenirs du pays à travers leurs sensations : « Raconte-moi, comment c’est chez toi… »

Enfin, Solomiya Chubaï, chanteuse, compositrice et fille du poète Grégory Chubaï, rendra hommage à son père disparu à la suite des répressions soviétiques. Ses compositions jazz et rock donneront voix à la poésie ukrainienne.

Lundi 17 juillet à 16h30 au Théâtre de l’Oulle, 19 place Grillon, Avignon. Billetterie en cliquant ici.


Festival d’Avignon 2024 : Tiago Rodrigues a su trouver les mots pour (nous) le dire

C’est en 1982 que Gérard Vantagiolli a ouvert ce théâtre dans la rue iconique des Teinturiers, ses roues à aubes, ses platanes et ses calades. Avec sa femme Danielle qui le dirige, ils ont tissé depuis 41 ans des liens avec les plus grands, Annie Girardot, Judith Magre, Jean-Louis Trintignant, Michaël Lonsdale.

Jusqu’au 29 juillet, ils proposent une quinzaine de pièces, en alternance au Chien qui fume et dans la salle plus intime du Petit chien, à quelques mètres de là, Rue Guillaume-Puy.

Au « Chien qui fume », la journée s’ouvre à 10h30 par « Une opérette à Ravensbrück » pour défier le mal par le rire, écrite par la résistante Germaine Tillion, elle-même déportée, qui précisait : « Même dans les situations les plus tragiques, le rire est un élément revivifiant. On peut rire jusqu’à la dernière minute ». Légèreté et gravité, horreur et grotesque se côtoient dans une mise en scène de Claudine Van Beneden.

12h35 : « Le voyage de Molière », 8 comédiens déchaînés sur scène, la vie d’une troupe, d’un groupe fou de théâtre avec le Grenier de Babouchka. Un peu plus tard, à 15h, Corinne Touzet, a quitté son uniforme de gendarme dans « Une femme d’honneur » pour interpréter « Europeana, une brève histoire du 20ème siècle », deux guerres, la contraception, mai 68, voyage sur la lune, dans une mise en scène de Virginie Lemoine.

Virginie Lemoine (à gauche) met en scène Corinne Touzet (à droite) © Andrée Brunetti

A 17h, « Dernière histoire d’amour » qui se déroule en 1943 à Paris sous l’occupation, une reprise de l’an dernier signée Gérard Vantaggioli. Suivra à 19h15 Clémentine Célarié, habituée du lieu, qui se met en scène dans « Je suis la maman du bourreau » ou comment, une mère qui chérit son fils découvre qu’elle a enfanté un monstre. Sous l’armure d’une femme sévère éclate le cœur en miettes d’une maman. Le roman éponyme de David Lelait-Helo avait obtenu le Prix Claude Chabrol en 2022. Enfin à 21h15 : « Colorature » de Stephen Temperley, l’histoire d’une soprano américaine qui chantait faux et massacrait les plus grands airs de Puccini, Verdi ou Donizetti. Une castafiore interprétée par Agnès Bove accompagnée au piano par Grégori Baquet.

Voilà pour « Le chien qui fume ». Côté « Petit chien », le déroulé de la programmation débute à 10h30 par « Gregor Samsa », sorte de « Métamorphose » de Kafka, douce et ironique, avec un humour grinçant mâtiné de tendresse, dans une adaptation de Sarkis Tcheumlekdjian. Les jours impairs, le même metteur en scène propose « La dernière allumette », quand la petite marchande d’Andersen survit grâce à un petit Gavroche.

Olivier Lejeune jouera Sacha Guitry © Andrée Brunetti

A 12h15 : « Le temps retrouvé » de Marcel Proust avec Xavier Marchand seul en scène. A 13h45 : « 60 jours de prison » de Sacha Guitry. En août 44, le dramaturge, soupçonné de crime de collaboration avec les nazis, se retrouve derrière les barreaux. Jour après jour, il raconte cette expérience carcérale, l’absurdité de la situation, la cohabitation avec ses codétenus, les geôliers. C’est Olivier Lejeune, qu’on a vu dans le film  « Les aventures de Rabbi Jacob » ou au théâtre dans « Mémoires d’un tricheur » qui campe le rôle de cet auteur prolifique pendant 1h20.

Toujours au « Petit chien » à 15h45 : « Pannonica, baronne du jazz », jouée par Natacha Régnier qui interprète cette femme née Rothschild qui quitte Paris et son mari pour New-York, vit une passion  avec le pianiste Thelonious Monk, devient mécène de jazzmen noirs. Itinéraire méconnu d’une femme d’exception. 17h40 : « Dissident, il va sans dire » de Michel Vinaver. Une mère et son fils, dans les années 70, aux prises avec les transformations de l’époque.

De retour sur la scène du « Petit Chien » à 19h30, Myriam Boyer qui ne chante pas, mais dit les paroles de chansons de Carco, Cocteau, Queneau, Mouloudji. Tout en nostalgie. « J’avais tous ces textes en moi, les voix de Fréhel ou de Damia, j’ai juste voulu me faire plaisir » a-t-elle confié. Enfin à 21h15 : « Les vilaines », une reprise de l’été dernier avec des meneuses de revues. Mais au-delà des paillettes, des plumes et du satin, des coups de griffes en coulisses. Une mise en scène d’Elsa Bontempelli à partir d’œuvres de son papa, l’inoubliable auteur-compositeur-interprète de « Quand je vois passer un bateau », Guy Bontempelli.

Contacts : www.chienquifume.com 


Festival d’Avignon 2024 : Tiago Rodrigues a su trouver les mots pour (nous) le dire

Le festival Villeneuve en Scène revient pour sa 26ème édition qui aura lieu du 10 au 22 juillet. L’inauguration aura lieu ce samedi à 17h à la plaine de l’abbaye.

Rare espace du festival d’Avignon hors les murs, porté par la ville de Villeneuve les Avignon, financé par l’Etat, les collectivités territoriales et des partenaires privés, Villeneuve en Scène est le festival des théâtres itinérants. Il a lieu à la plaine de l’Abbaye et dans le centre historique de la ville. Son inauguration aura lieu ce samedi 8 juillet à 17h à la plaine de l’Abbaye pour un début des festivités lundi 10 juillet.

Cette année encore le festival sera accessible à tous les publics avec des spectacles pour toute la famille comme celui de théâtre équestre « Avant la Nuit d’après » de la Cie Equinote, le spectacle « Passage du Nord-Ouest » du Groupe Tonne ou « Le Cabaret Renversé » de la compagnie La Faux Populaire. Les plus jeunes pourront assister à « Vrai » de la Cie Sacekripa ou à la très visuelle « Valse à Newto » de la compagnie Le Grande Jeté ! et leur mobile au cœur du Cloître de la Collégiale.

Dans une démarche « d’inclusions des populations », les tarifs d’entrée aux spectacles font partie des plus bas du festival d’Avignon. L’offre de billetterie s’adapte à chacun, en proposant notamment un Pass Agglo pour les habitants du Grand Avignon, un tarif réduit pour les publics se rendant au festival en bus et bien d’autres tarifs réduits.

Le festival est également affilié au Collectif des festivals éco-responsables et solidaires en Région Sud (Cofees). De la gestion du site à l’accueil des publics en passant par la restauration et l’accueil des compagnies, la démarche environnementale du festival se fait en concertation avec plusieurs partenaires.

En 2023, le Festival Villeneuve en Scène c’est…

  • 26ème édition
  • 150 représentations
  • 12 compagnies itinérantes
  • 13 spectacles
  • 13 jours de festival
  • Des spectacles Plaine de l’Abbaye et dans le centre historique de Villeneuve Lez Avignon

© Festival Villeneuve en Scène

Programmation

Anatomie du désir – Les choses de rien : 22h – Clos de l’Abbaye (Sous Chapiteau)
Du 10 au 22 juillet (Relâche le 16 juillet) – 1h20

Continent – Komplex Kapharnaüm : 22h – École Montolivet (Plein air)
Du 10 au 20 juillet (Relâche le 16 juillet) – 1h

Avant la nuit d’après – Equinote : 21h – Verger (Sous Chapiteau)
Du 10 au 22 juillet (Relâche le 16 juillet) – 1h15

Le cabaret renversé – La faux populaire : 20h30 – Clos de l’Abbaye (Sous Chapiteau)
Du 10 au 22 juillet (Relâches les 13, 16 et 20 juillet) – 1h20

Passage du nord-ouest – Groupe tonne : 19h – Verger (Plein air)
Du 10 au 22 juillet (Relâche le 16 juillet) – 1h20

La boîte de pandore – CIE betterland : 20h45 – La Chartreuse (Centre ville)
Du 10 au 20 juillet (Relâches les 14 et 18 juillet) – 1h

Valse à newton – Le grand jeté ! : 20h – Cloître de la collégiale (Plein air)
Du 10 au 22 juillet (Relâches les 14 et 16 juillet) – 45 min

Skolstrejk – CDN Nancy Lorraine : 18h – Salle des conférences (Centre ville)
Du 10 au 22 juillet (Relâches les 14 et 16 juillet) – 50 min

Autrement qu’ainsi – CIE Yann Lheureux : 19h – Placé du Cloître (Plein air)
Du 10 au 19 juillet (Relâches les 14 et 16 juillet) – 40 min

Vrai – Sacékripa : 18h – École Montolivet (Centre Ville)
Du 10 au 22 juillet (Relâche le 16 juillet) – 1h

Short People – CIE Vilcanota : 18h – Clos de l’Abbaye (Plein air)
Du 10 au 22 juillet (Relâche le 16 juillet) – 35 min

Rire de tous les mots – CIE tsf : 18h30 – Médiathèque Saint-Pons (Centre ville)
Du 10 au 22 juillet (Relâche le 16 juillet) – 1h15

Dissolution – CDN Nancy Lorraine : 16h – Salle des conférences (Centre ville)
Du 10 au 22 juillet (Relâche le 16 juillet) – 50 min

www.festivalvilleneuveenscene.com

J.R.


Festival d’Avignon 2024 : Tiago Rodrigues a su trouver les mots pour (nous) le dire

Jusqu’au 25 juillet, une triple exposition se tient à la Maison Jean Vilar en hommage à la Cour d’honneur, à la comédienne Catherine Sellers et au graphiste Marcel Jacno.

Acte 1 du Festival d’Avignon 2023 : le pèlerinage à la Maison Jean Vilar, ce mercredi 5 juillet, où les citations se succèdent. D’abord Jean Bellorini, l’actuel directeur du TNP (Théâtre National Populaire) déclare : « Ne rien effacer, prolonger ». Françoise Nyssen, ancienne ministre de la Culture et présidente du Festival : « La mémoire est l’avenir ». Enfin Tiago Rodrigues, le nouveau directeur du festival : « La pensée et l’action de Jean Vilar nous inspirent et nous guident. Nous devons conserver cette mémoire de la culture. Je suis chez moi chez Jean Vilar ».

Avant eux, la maire d’Avignon n’avait pas caché son émotion dans « Ce temple du théâtre, de la culture populaire. » Cécile Helle qui a salué le retour d’Hortense Archambault, co-directrice du festival avec Vincent Baudriller (2004-2013) désormais présidente de cette glorieuse Maison Jean Vilar. « Cette ville est complexe, pleine de contrastes, notre défi est de faire tomber les barrières entre l’intra et l’extra-muros pour que tous les Avignonnais se sentent ici chez eux, y compris ceux qui vivent au-delà des remparts. Et que tout le monde ensemble réfléchisse aux mots et aux maux de notre temps ».

Enfin, la Préfète, Violaine Démaret a évoqué « Le tic-tac du compte à rebours. Le jour-J. On y est. Depuis des mois (elle est arrivée dans le Vaucluse le 23 août dernier), je travaille avec mes équipes et tous les services de l’Etat pour que tout se passe bien dans Avignon, cette ville-monde, cette capitale du théâtre ». Et de conclure : « Le monstre sacré n’est pas sur scène, c’est le public qui vit son rêve éveillé ».

3 expositions à voir jusqu’au 25 juillet :

  • « L’œil présent continue », des coulisses aux représentations, Christophe Raynaud de Lage photographie les spectacles depuis 18 ans. Cour d’honneur, Carrière de Boulbon, vent et pluie sont à la fois cadres et personnages.
  • Catherine Sellers, 50 ans de théâtre avec les photos, affiches, costumes de cette comédienne qui a joué Racine, Claudel, Tchekhov, Handke, Camus. Elle fut aussi l’égérie de Marguerite Duras (« Détruire, dit-elle », « Jaune le soleil », « La femme du Gange »).
  • Oh Jacno ! Un hommage graphique à Marcel Jacno (1904-1989), dessinateur d’alphabets qui ont fait les beaux jours des pubs pour les paquets de Gauloises bleues (1946), du logo du TNP de Jean Vilar (1951), du Festival d’Avignon avec ses 3 clés, de parfums de Guerlain et Chanel.

Une promenade photographique de Jean Vilar à Avignon est toujours proposée au-dessus de la Cour d’honneur, en montant au Jardin des Doms. Depuis 2021, déjà 500 000 visiteurs l’ont vue en déambulant, au détour d’un bosquet ou d’une allée et découvert en noir et blanc Gérard Philipe, Maria Casarès, Philippe Noiret, François Chaumette, Silvia Montfort, Georges Wilson, Maurice Béjart en pull marin et Jean Vilar en salopette.

Contacts : 8, Rue de Mons – Avignon accueil@maison jeanvilar.org         


Festival d’Avignon 2024 : Tiago Rodrigues a su trouver les mots pour (nous) le dire

Une mise en scène sobre pour un homme prolixe
Deux hommes sur le grand plateau de la FabricA: L’animateur et blogueur culturel Michel Flandrin et Tiago Rodrigues, directeur du festival d’Avignon depuis septembre 2022. Une table basse, 2 verres d’eau. Le décor est posé, la salle de 600 places est pleine à craquer. Les avignonnais sont venus en nombre pour rencontrer le nouveau directeur du Festival d’Avignon qui a occupé la scène pendant près de 2h avec humour ,décontraction ,générosité….et diplomatie.

Inventer et interpréter le Festival d’Avignon comme une partition
Il l’a dit à plusieurs reprises auparavant et le répète ce soir : le festival d’Avignon a déjà été écrit – brillamment – par ses prédécesseurs. Il s’agit maintenant de continuer à interpréter cette partition en mettant en relief, en soulignant , variant, révélant…et quelquefois ajouter des notes ?
Il résume son projet comme l’improbable mariage entre pluralité artistique et accès le plus simple au plus grand nombre : « rendre facile l’accès à ce qui est complexe »

A questions pertinentes, réponses flamboyantes
Michel Flandrin a posé les bonnes questions , celles que tout le monde attendait…mais le suspense reste entier. Pourquoi avoir postulé à la direction du festival ? Une idée de la programmation ? De nouveaux lieux ? Des artistes associés ? Un pays invité ? Des clefs d’interprétation ?
Celles et ceux qui étaient venus pour commencer à « étudier » leur programmation en seront pour leurs frais. Les seules indiscrétions – maîtrisées- sont : les artistes ne seront pas associés mais complices, pas de pays mais une langue invitée ( l’anglais), de nouveaux lieux apparemment végétaux ( forêt, parc?) un festival de poche itinérant confié à un artiste qui se prolongerait au delà du festival.

Merci Tiago Rodrigues pour tout ce mystère
Merci de ne pas nous avoir placés en consommateurs effrénés de culture, de spectacles,. Nous sommes venus pour rencontrer l’homme, l’artiste pas pour avoir déjà un catalogue de propositions.
Merci de nous avoir cependant dévoilé l’indicible : le plaisir de la rencontre, de l’inattendu, de l’imprévu, qu’il y aura « des histoires formidables en juillet 2023 » et que chaque édition aura des déçus différents !
Diplomate quand on lui demande sa position vis à vis des propos du Ministre de l’Intérieur quant à la difficulté de maintenir certains festivals au nom de la sécurité en 2024 ( Jeux Olympiques,) botteur en touche ( à juste titre car solution difficile) quand à l’accès difficile aux spectacles gratuits, clairvoyant quand à la réduction rapide de l’impact carbone. La dramaturgie de la partition reste intacte.

Au service des angoisses collectives et non pas de mes inquiétudes individuelles
Voilà tout est dit ! pendant son mandat- 4 ans – nous ne verrons pas de spectacles de Tiago Rodrigues au festival. Dommage ? On a eu l’occasion de le rencontrer plusieurs fois au Festival d’ Avignon : Dès 2015 avec Antoine et Cléopâtre ( révélation et choc artistique) puis Sopro pour ce qui est de ses créations, Iphigénie ou la Cerisaie pour la mise en scène. Pas plus tard que la veille de cette rencontre et même le jour même , une de ses pièces «  Le Choeur des Amants » était jouée à la Garance de Cavaillon, le lendemain au théâtre d’Arles. On espère donc voir ses créations ou reprise tout au long de l’année programmée dans notre région.
Car le théâtre, c’est toute l’année ! Et l’univers de Tiago Rodrigues nous est maintenant indispensable.

Possibilité de visionner l’entretien en entier du Mardi 8 novembre 2022 à la FabricA sur le site : festival-avignon.com


Festival d’Avignon 2024 : Tiago Rodrigues a su trouver les mots pour (nous) le dire

Edmond Volponi vient de décéder à l’âge de 94 ans. Journaliste, photographe – tout particulièrement du Festival d’Avignon, patron de presse, éditeur… c’est une véritable figure de la cité des papes qui vient de disparaître.

Homme d’image et de lettre, Edmond Volponi vient de s’éteindre à l’âge de 94 ans. Alors jeune journaliste et photographe pour le journal ‘Le Provençal’ (l’ancêtre du quotidien actuel ‘La Provence’), ce marseillais d’origine débuta sa carrière à Avignon dans les années 1950. C’est là qu’il rencontrera la troupe de Jean Vilar et commence à photographier le Festival d’Avignon. Pendant des années il réalisera ensuite des clichés des grands noms de l’événement théâtral : Jean Vilar, Gérard Philipe, Jeanne Moreau, Michel Bouquet, Monique Chaumette, Jean Paul Moulinot… Malgré ses talents de prise de vue comme le démontre ci-dessous l’un de ses clichés, qui sera édité en timbre en 2002 par La Poste, où l’on voit un jeune garçon se précipiter sur une fontaine publique du quartier de la Balance pour se rafraîchir, Edmond Volponi se consacrera davantage à l’écriture. En tant que journaliste mais aussi en tant qu’écrivain.

La photographie ‘Enfant à la Fontaine’ prise par Edmond Volponi dans le quartier de la Balance à Avignon illustre une série de timbre éditée en 2002 par La Poste sur le thème ‘Le siècle au fil du timbre’.

C’est ainsi, que devenu responsable du centre départemental du ‘Dauphiné Libéré’ (aujourd’hui Vaucluse Matin), il va suivre l’édition 1968 du Festival. La manifestation théâtrale devient alors, quelques mois après les ‘évènements’ de mai 68 le lieu de toutes les contestations. Il en tirera un ouvrage intitulé ‘Alors, camarade Vilar. Ou la chronique échevelée de l’été 68 avignonnais’ (voir couverture ci-dessous).

Imprimerie et meilleur hebdo de France
En 1973 il créé, avec son épouse Marie-Thérèse décédée en mai 2020, l’entreprise PSP (Presse service publication). D’abord installée dans l’ancienne biscuiterie Alary, rue de la République, à Villeneuve-lès-Avignon, cette imprimerie déménagera ensuite dans la zone de la Courtine à Avignon. La société sera reprise en 1991 par l’éditeur de journaux gratuits Comareg, son principal client, pour devenir Hebdoprint (Paru-Vendu) jusqu’en 2011, date de la liquidation judiciaire du groupe.
Durant ces années, il devient également éditeur et directeur du journal vauclusien ‘Le Comtadin’. Laissant une liberté totale à son ‘irrévérencieuse’ rédaction (Hugues Masoch, Louis Armengol, René Diez…) le titre de presse local obtiendra même le prix du meilleur hebdo de France ! Un succès d’estime qui ne se traduira pas forcément dans les ventes du journal.
En 1995, Edmond Volponi cédera finalement l’hebdomadaire à Yves Rousset-Rouard. Le producteur de cinéma de ‘Emmanuelle’ et des ‘Bronzés’, aussi maire de Ménerbes de 1995 à 2014, ayant pour mission de le maintenir à flot.

Le Kodak Retina 2 : l’appareil photo avec lequel Edmond Volponi a débuté sa carrière dans les années 1950.

Installé à Villeneuve-lès-Avignon, l’homme de presse et d’image profitera de sa retraite pour y ouvrir une galerie : ‘L’évasion imagière’ située rue des Recollets. Pendant plus de 10 ans il y réalisera des expositions comme en 2019 où il rendait hommage à l’acteur Gérard Philippe disparu 60 ans plus tôt. Durant cette période, il écrira notamment ‘Alors petit, tu t’es bien régalé ?’, une autobiographique où il raconte la libération de Marseille par les alliées en août 1944. Alors âgé de 16 ans, l’adolescent était coursier pour une banque située sur la Canebière. Durant cet été agité, il aidait, avec ses copains, à déblayer les ruines consécutives aux bombardements avant de s’engager ensuite à la Croix rouge comme brancardier et secouriste.

Quelques années auparavant, en 2015, celui qui était aussi administrateur de la fondation Calvet depuis 2016, officier de la Légion d’Honneur et officier des Arts et Lettres, participera à la Maison Jean Vilar à l’exposition ‘Avignon, le rêve que nous faisons tous’ des photographes de la presse quotidienne locale sur le Festival d’Avignon depuis les années 1950.

La cérémonie civile des obsèques d’Edmond Volponi se tiendra le jeudi 10 novembre à 14h au crématorium de Nîmes.

L.G.


Festival d’Avignon 2024 : Tiago Rodrigues a su trouver les mots pour (nous) le dire

Avec le « Moine Noir » d’Anton Tchekov , Kirill Serebrennikov clame sa liberté retrouvée à travers la folie des hommes. Tout est permis dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes ( enfin) utilisée et magnifiée.Il y avait juste ce qu’il fallait de vent pour ajouter à la folie des hommes ce souffle de liberté.

Andreï Kovrine, intellectuel surmené, part se reposer à la campagne chez son ami Péssôtski qui l’a élevé et sa fille Anna. Péssôtski est obsédé par son jardin, ses serres, ses fleurs,le mystère de l’orme, et la question de la relève. Andreï est lui habité par les hallucinations d’un moine noir.

Une mise en scène flamboyante
La rupture d’Andreï, Serebrennikov choisit de la représenter par la multiplication des points de vue et des langues. On y entendra un Andreï en américain, en allemand et en russe incarnés successivement par3 formidables acteurs. Ce procédé de répétition ajoute à la transe que nous éprouvons face à l’occupation du plateau : choeurs révolutionnaires ou mystiques, danseurs-derviche tourneurs, ombres et silhouettes vaporeuses, serres en bois se transformant au gré des 4 chapitres, procédés vidéo qui doublent la réalité et révèlent des visages inquiétants. Nous sombrons nous aussi peu à peu dans un tournis sensoriel à défaut de folie.

Les différents thèmes abordés se percutent
Il y a d’abord une ode à la nature avec de merveilleux couchers et levers de soleil qui mettent tout le monde d’accord. Il y a ensuite cette question lancinante de s’inquiéter sur l’avenir des serres, sur les méfaits du gel. Il y a le questionnement sur la folie, la liberté mais aussi la violence engendrée jouant sur la lumière ou les ténèbres.Il n’y a pas vraiment de réponses sur leur incidence dans un processus de création sauf le résultat lui-même d’un spectacle d’une grande beauté : des chants, de la musique, des acteurs , des décors, d’un lieu, d’une mise en scène limpide et efficace.

Dans Iphigénie Tiago Rodrigues renoue avec ce qui nous avait séduit dans Antoine et Cleopatre ( Festival Avignon 2015) : Réécrire un mythe avec des effets de répétitions orales ( ici Je me souviens) de gestes esquissés ou évoqués, de grande immobilité et du Verbe assené, répété, articulé.

Ici les Hommes mais surtout les Femmes reprennent le pouvoir des mots et de leurs destins. La metteuse en scène Anne Thérond recueille le souvenir des acteurs après la tragédie et nous propose une version en noir et blanc d’une grande beauté : mer calme ou frémissante projetée, silhouettes immobiles, économie de mouvements, attente en apnée.

Iphigénie.

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