2 août 2025 |

Ecrit par le 2 août 2025

‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

Il fallait bien 2 monstres sacrés de la scène, Denis Lavant et Jacques Bonnafé pour interpréter un autre sommet de la littérature : ‘En attendant Godot’ de Samuel Beckett.

Rarement joué dans le Off vu sa longueur (plus de 2h), le théâtre des Halles reçoit de nouveau une création de Jacques Osinski — celui-ci ayant déjà mis en scène en juillet 2022,  fin de partie de Samuel Beckett. Il s’attaque en création « mondiale » à la plus connue des pièces de Beckett en choisissant d’adapter la version de San Quentin, version à laquelle Beckett participa et qu’il valida en 1984 pour une mise en scène de Walter Asmus.

Un décor épuré pour une histoire apparemment simple

Deux clochards, deux vagabonds au pied d’un arbre. Ils attendent,Godot. Qui est Godot ? Pourquoi l’attendre ? On ne le saura jamais….et eux non plus. Cette attente paraît vaine mais elle nous permet toutes les métaphores : attente d’un Sauveur, espoir d’une autre vie, voyage imaginaire, échappée onirique? Le tableau de Caspar David Friedrich, ‘Deux hommes contemplant la lune’, avait été la source d’inspiration de Godot. Le metteur en scène Jacques Osinski reprend sur le plateau les principaux éléments : un arbre noueux, un rocher,  une lune marqueur de temps, deux vagabonds, une route en fond de scène traversée par de drôles de personnages. Absurde et dérision, dialogues ciselés, interprétation magistrale feront le reste.

Un concentré d’humanité

Denis Lavant est Estragon. Jacques Bonnaffé est Vladimir. Aurélien Recoing est Pozzo et Jean-François Lapalus est Lucky. Et tous les quatre sont formidables. Comme dans l’histoire de Godot, on ne peut déceler qui a le plus besoin de l’Autre, qui prend le plus soin de l’Autre. A la fin du spectacle, on ne peut imaginer Denis Lavant et Jacques Bonnaffé regagnant chacun leur hôtel. Ils sont tellement incroyables pendant plus de 2h dans leur jeu, leurs regards complices, leur agacement respectif, leur tendresse ! Entre Gogo et Didi , c’est à la vie, à la mort. Même si on ne sait toujours pas pour quoi.

Du 25 mars au 3 mai 2026 au Théâtre de l’Atelier à Paris, puis en tournée dans toute la France.


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

Si l’édition 2025 du festival Off collectionne les records : nombre de spectacles, de créations originales, de compagnies représentées, de billets vendus, l’euphorie n’est pas de mise pour tout le monde et en particulier pour les petites compagnies, qui ont de plus en plus de mal à boucler leur budget pour venir à Avignon. 

Entre les salaires, la location d’un créneau dans une salle, les hébergements, les transports, les tracts, les affiches… Il faut à une compagnie de 4 personnes débourser au minimum 30 000 € pour venir jouer à Avignon. Selon les mêmes sources syndicales, les recettes de billets s’élèvent en moyenne à 12 000 €. A cela on peut ajouter l’apport de 3 000 € du FONPEPS (Dispositif de soutien à l’emploi du plateau artistique de spectacles vivants diffusés dans des salles de petites jauges), il reste à trouver 15 000 €.

« Il ne faut pas confondre le succès du Off et celui des compagnies qui font le Off »

Beaucoup de compagnies ne se rémunèrent pas et font appel au bénévolat. Tous estiment qu’il est essentiel, pour ne pas dire vital, d’être présent sur le plus important marché du théâtre privé francophone. 1 700 programmateurs ont fait le déplacement à Avignon, cette année. C’est une opportunité d’être remarqué, d’être programmé et de voir son spectacle tourner. Mais il y a beaucoup de candidats et assez peu d’élus. « Il ne faut pas confondre le succès du Off et celui des compagnies qui font le Off », affirment de concert Harold David et Laurent Domingos, les deux coprésidents d’Avignon Festival et Compagnie. En effet, il est constaté que l’abondance de spectacles (1 724 en 2025) a plutôt tendance à laisser de côté l’émergence et à profiter aux plus gros, aux plus connus… L’essentiel des regards sont naturellement portés sur les programmations de la dizaine des salles les plus importantes en taille ou en notoriété.  

Mais sans le soutien de la puissance publique et en particulier des collectivités, le spectacle vivant n’aurait pas la place qu’il occupe aujourd’hui

Avignon est un investissement peu rentable pour beaucoup de compagnies qui voient cependant dans ce festival une opportunité unique de se faire connaître. C’est tout le paradoxe de la situation.  

Mais sans le soutien de la puissance publique et en particulier des collectivités le spectacle vivant n’aurait pas la place qu’il occupe aujourd’hui. De nombreuses régions apportent leur soutien à des compagnies. Elles les accompagnent dans leur venue à Avignon (sauf les Pays de Loire). Mais c’est aussi toutes ces salles gérées ou financées par les collectivités qui accueillent des spectacles. Elles sont essentielles à la vie culturelle. Certaines d’entre elles sont même des lieux de création ou de résidence. Mais aujourd’hui, avec les restrictions budgétaires attendues il y a fort à parier qu’il sera bien difficile de conserver les niveaux de financement actuels. Un autre combat à mener… 


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

Après ‘Que ma joie demeure’ au Festival 2023, Clara Hédoin récidive avec une nouvelle de Jean Giono, ‘Prélude de Pan’ en déambulation. 

Bien que présenté après ‘Que ma joie demeure’ au Festival d’Avignon (2023), cette courte nouvelle se veut une introduction avec 3 personnages que nous retrouvons dans ‘Que ma joie demeure’, le dieu Pan préfigurant Boby le sauveur… Entre scènes reconstituées et cheminement en paysage naturel, poésie et documentaire, le passé et le présent s’emmêlent habilement. À la poésie de Giono, répond la réalité du monde paysan d’aujourd’hui et les enjeux écologiques de demain. 

2 heures, 5 tableaux sur 2 kilomètres environ pour 3 acteurs 

On retrouve la joie paradoxale d’être un troupeau, cheminant sereinement, accompagné par le chant des cigales et le mistral ! Nous sommes dans la Plaine de l’Abbaye à Villeneuve-lès-Avignon, nature préservée au cœur de la cité, à un jet de pierres d’Avignon sous le Fort Saint André. Attablés au bistrot du village près d’un juke box, nous attendons d’être embarqués dans cette aventure humaine pour un voyage dans le temps et dans l’espace. 

Paradoxalement — et c’est souvent le propre d’un texte court ou d’une nouvelle — ‘Prélude de Pan’ est plus exigeant, moins facile d’accès que ‘Que ma joie demeure’ car il ne s’agit pas là de suivre un personnage ou le quotidien d’une communauté avec ses fêtes et ses rites mais d’exercer un focus sur la transe qui s’empare d’un village à l’arrivée d’un étranger. Ce prélude de Pan relève plus d’un récit fantastique avec ses mythes et ses violences.

Repenser notre rapport au vivant

Être dans la nature pour écouter la voix de Giono s’impose : sa poésie, ses descriptions si souvent imaginées, les sens qui s’éveillent à sa lecture. Mais si Clara Hédoin choisit avec le Collectif 49701 d’adapter et de mettre en scène des spectacles hors les murs, elle cherche à atteindre une autre dimension : repenser avec les spectateurs notre rapport à la Terre, au Vivant , se reconnecter à un territoire après l’avoir (re)découvert lors d’une déambulation théâtrale. Ce parti pris fait mouche encore une fois car la reconnexion n’est pas factice : tous nos sens sont mobilisés — l’herbe que nous foulons, l’air que nous humons, les sons lointains — et nous creusons nous aussi les sillons d’une pensée nouvelle.

Festival d’Avignon 2025. ‘Prélude de Pan’ de Clara Hédoin. 


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

Ce mardi 22 juillet, la chaîne Arte diffuse ‘Les Incrédules’ la nouvelle création de Samuel Achache. Un spectacle retransmis depuis la scène de l’Opéra Grand Avignon.

Censée être morte le matin même à la piscine d’une ‘rupture du cœur’, une mère étrangement rajeunie rend visite à sa fille. Dans un autre temps, un prêtre de village croit voir un mur de son église verser des pleurs dessinant un visage. Miracles ? Question de point de vue, et même de point d’ouïe.
Après ‘Sans tambour’, qui a marqué l’édition 2022, Samuel Achache et sa compagnie, accompagnés d’un orchestre de cinquante-deux musiciens, sautent le grand pas de l’opéra au Festival d’Avignon avec leur cocktail poétique et millimétré de burlesque et de drame, de quotidien et de surréalisme, et leur art unique de joindre la musique à la parole.

Les Incrédules. Sur Arte. Mardi 22 juillet. 22h30 (en léger différé depuis l’Opéra Grand Avignon). A voir également sur arte.tv pendant 2 ans.
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Du vent et des sons de mémoires en pays arabes
La Collection Lambert vous invite dans son salon d’écoute pour des pauses sonores, musicales et poétiques avec Arte. Un salon d’écoute avec pas moins de 12 podcasts en lien avec la langue arabe, mise à l’honneur pour cette 79e édition du Festival d’Avignon.
‘Des voix sous le vent-Du vent et des sons de mémoires en pays arabes.’ Tous les jours, jusqu’au 26 juillet de 14h à 18h à la Collection Lambert à Avignon. Entrée libre
Crédit : Arte/DR


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

Jusqu’à la fin et même encore le suspense est total : qui sont donc ces 6 personnages qui font leur entrée successive pour le moins originale dans un drôle de chalet ? Viennent ils s’y réfugier ? S’y réunir pour un G6 ? Prendre des décisions ? Lesquelles ? Dans quelle langue ? 

À toutes ces questions les pistes de réponses de Christoph Marthaler sont réjouissantes et sa mise en scène formidable

Il peut s’agir d’un chalet ou d’un refuge alpin : le pic rocheux qui le transperce, les tenues farfelues de montagnards, l’agencement collectif du lieu — lits superposés en bois, tables et bancs de cantine — le décor en bois et même trousse de secours l’attestent. Ensuite, les situations plus qu’improbables s’enchaînent et nous savons que nous n’aurons aucune réponse et que ce n’est pas le but. Nous nous laissons porter par une partition de comédie humaine mêlant avec bonheur les ingrédients qu’affectionne Christoph Marthaler : mime, opéra, lyrisme, musique et bruitage. 

Des personnages « perchés » qui n’ont pas peur du vide

Aux besoins essentiels, manger, dormir, se soigner, s’organiser, se greffent des moments de détente, de fête mais qui ne cachent pas pour autant la vacuité de leur existence. Les acteurs sont formidables et passent aisément dans les différents registres, on sent une construction collective de ce spectacle qui atteint l’absurdité du Génie des Alpages, l’ivresse des sommets et nous donne le vertige. 

Une métaphore géniale et inquiétante d’une Europe qui se cherche

Ici point de traducteur, point de convergence. Chacun sa langue — italien, allemand, français, anglais — quand ce ne sont pas des chants ou des séquences de beatboxing (sons avec sa bouche) hilarantes. Les personnages ne s’écoutent pas, se frôlent, s’évitent, s’ennuient ensemble (superbe séquence au sauna) ou au contraire sont débordés quand il s’agit d’étudier des dossiers. Ils se laissent porter par les événements qui leur arrivent de l’extérieur par un monte charge ou une trappe aérienne. Leur peu d’initiatives fait frémir.

‘Le Sommet’ au Festival d’Avignon 2025. En tournée dès octobre en France.


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

On peut se bercer d’illusions, les garder, les perdre

On pourrait dire que cette pièce d’Ivan Viripaev, mise en scène par Lior Aidan du collectif On finira bien par comprendre, explore toutes les facettes des illusions, mot pudique pour ne pas nommer les mots mensonges ou trahison. À l’orée de leur mort, deux couples mariés nous font leurs confidences. Une définition chorale de l’amour nous est proposée et elle n’est pas toujours bonne à entendre. 

La grande comédie des sentiments

Tour à tour les quatre comédiens-narrateurs nous livrent la version de la vie de  Dennis, Sandra, Albert et Margaret. Rebondissements, surprise et même  suspense vont rythmer leurs interventions. On tombe de haut face à des pseudo contes de fée raconté par l’intéressé. 

Il faut suivre….et on les suit volontiers

Ils nous racontent une histoire qui au fil du spectacle trouve des connexions, se mélange, se superpose, s’éclaire du récit précédent. Cela devient complexe comme le sentiment amoureux, clair et fulgurant comme l’attirance, douloureux comme la perte de ses illusions, inconfortable comme le doute et le mensonge. Cet enchâssement est un véritable vertige qui nous embarque dans des essais de définition du véritable amour : doit il être réciproque ? Vérités ou mensonges ? et au bout du compte est ce si important ? 

Les quatre comédiens sont formidables. Ils apparaissent tout à tour sur le ring de la vie avec convictions et ardeur. Servis par des mots simples mais percutants,  ils s’adressent  directement au public. C’est assez troublant car ils ont l’assurance du comédien qui vacille en même temps que leur personnage. Ils témoignent et en même temps ils doutent, ils enquêtent et ils nous embarquent dans nos propres interrogations concernant la vie amoureuse.

Envie d’en savoir plus sur cet auteur contemporain polonais

Ivan Viripaev est un acteur, dramaturge, réalisateur, scénariste et metteur en scène polonais né le 3 août 1974 à Irkoutsk (URSS). Il a récemment dénoncé l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En 2022, il renonce à la nationalité russe et devient polonais. Il a écrit près de vingt pièces traduites et montées en plusieurs langues. Son œuvre, au théâtre comme au cinéma, a été couronnée de nombreux prix internationaux – Les enivrés, Les Guêpes de l’été nous piquent encore en novembre – à l’écoute des Biélorusses réprimés et emprisonnés par leur président mal élu, Loukachenko.

Jusqu’au 24 juillet 2025. Les jours pairs. 13h05. 14 et 20€. Train Bleu. 40 rue Paul Saïn, Avignon.


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

Une jeune compagnie inspirée et engagée

Fondée par Sébastien Bizeau en 2022, la compagnie Hors du temps, avec deux spectacles à son actif, a connu un succès immédiat, amplifié par le phénomène Off il est vrai, mais surtout par son travail mêlant fiction et réalité en traitant des sujets de société avec humour non sans poser des questions essentielles. Il faut ajouter un metteur en scène Sébastien Bizeau qui sait mettre en place des situations contemporaine intelligibles par tous tout en  les reliant à des références classiques, le tout dans un langage alerte. Dans Heureux les orphelins on chemine dans l’Odyssée d’Homère avec la mort d’Agamemnon, dans ‘Pourquoi les gens qui sèment’, c’est Antigone ou Bérénice. Dans les deux cas, la compagnie nous donne à voir une fable contemporaine réjouissante, drôle et enlevée par des acteurs fidèles présents dans les deux spectacles, tels Paul Martin et Mattieu Le Goaster, épatants.

Création Off 2025, ‘Pourquoi les gens qui sèment’

Ce qui pourrait s’apparenter à du théâtre documentaire tant le ton est juste et les situations réelles — combat contre les bassines, inauguration salle des fêtes, émission radio, posture des hommes politiques — est un spectacle qui laisse la place à la conscience du spectateur. Sans être purement interactif, on a envie d’entrer dans l’arène, dans le débat, de prendre parti. Nous restons assis mais le rire l’emporte, on jubile devant tant de situations quotidiennes cocasses. Sous le rire, la conscience s’éveille cependant et les questions de citoyens affleurent. Nous ressortons du spectacle galvanisés mais conscients de la complexité de l’engagement citoyen face à notre choix de vie.

Heureux les orphelins’.  Relâche le 23. 9h55. 9H55. 12 à 24€. Les Gémeaux. 10 Rue du Vieux Sextier. 04 88 60 72 20.
‘Pourquoi les gens qui sèment’. Relâche le 22. 12h40. 12 à 23€. Salle Tomasi. 4 rue Bertrand. 09 74 74 64 90.


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

Les Français n’ont peut-être retenu que l’histoire cachée de la fille de Mitterand : Mazarine. Elle est pourtant le fruit d’une histoire d’amour entretenue pendant plus de 30 ans entre François Mitterrand et Anne Pingeot.

Il ne faut pas s’attendre à des révélations truculentes ou des scoops concernant la vie politique française de l’époque. Ces lettres, écrites entre 1962 et 1995, sont exclusivement centrées sur Anne et les émotions, l’amour ardent d’un homme déjà mûr face à une jeune femme, dans toute la complexité d’une relation amoureuse cachée.

Anne Pingeot, enfin mise en lumière

Celle-ci a choisi de publier 20 ans après sa mort, les lettres que lui a adressées François Mitterand. Par le choix de la mise en scène d’Alice Faure et le jeu extraordinaire et sensible de Cécile Roux, celle que l’on pourrait penser recluse, sous emprise se révèle une femme forte et déterminée. L’actrice est habitée, rayonnante et on vit sa transformation sur scène tout en finesse.

Elle donne la réplique à Samuel Churin qui réussit lui aussi à nous convaincre d’un amour sincère mais qui n’occulte pas la face égoïste, prétentieuse et finalement peu sympathique de homme d’Etat. Le spectacle trouve sa grâce finalement si on oublie le nom des protagonistes et si on s’attache à la poésie de cette correspondance et à la fulgurance tragique de cette histoire. 

Jusqu’au 27 juillet. Relâche le 21 juillet. 17h30. 12 à 23€. La Scala. 3 rue Pourquery de Boisserin. Avignon. 04 90 65 00 90.


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

En accueillant la Comédie-Française à la Scala Provence avec le spectacle ‘Les Serge (Gainsbourg point barre)’, Frédéric et Mélanie Biessy marquent un moment historique : un théâtre public joue dans un théâtre privé, une Maison d’État joue dans une maison privée qui lui ouvre grand ses portes.

C’est en ces mots que le directeur de la Scala a accueilli la presse, Françoise Nuyssen, présidente du Festival d’Avignon, Harold David, président du Off, et surtout les six pensionnaires du Français que nous retrouverons dans ‘Les Serge’ du 14 au 26 juillet à la Scala Provence dans la salle 600 : Stéphane Varupenne, Benjamin Lavernhe, Sébastien Pouderoux, Noam Morgensztern, Yoann Gasiorowski, Marie Oppert, Axel Auriant, et Rebecca Marder.

Bâtir des ponts putôt que de construire des murs

« Les dates communes du In et du Off sont déjà une première dans l’histoire du Festival, et s’il y a encore deux festivals, ils regardent tous dans la même direction, côte à côte et non plus face à face », poursuit Mélanie Biessy. La Maison Scala ne se contente pas d’accueillir un spectacle Gainsbourg, elle invente une convergence entre Vilar et Gainsbourg. En droite ligne du projet que la Scala poursuit depuis son ouverture en 2022 : relier des mondes, abolir les frontières, permettre la circulation des esthétiques. 

La Comédie Française dans la Cour d’Honneur avec le Soulier de Satin et à la Scala Provence avec ‘Les Serge’

Fondée en 1681, la troupe de la Comédie-Française est la plus ancienne en activité au monde. Sa devise, Simul et Singulis, « être ensemble et être soi-même », dit beaucoup de son fonctionnement : un lieu de créativité, en perpétuel renouvellement, mémoire des Arts du dire mais également ouverte à d’autres esthétiques. Plus de trente spectacles sont présentés chaque saison dans ses trois salles parisiennes et beaucoup sont en tournées, C’est le cas du spectacle ‘Les Serge’ qui termine sa tournée — entamée en mars — au Festival d’Avignon. 

6 comédiens-musiciens, 17 chansons, 1h20 de spectacle

Les metteurs en scènes et interprètes Stéphane Varupenne et Sébastien Pouderoux ont privilégié le Gainsbourg amoureux et sensuel pour choisir dans lson très large répertoire. « Nous avons choisi la forme concert et non pas cabaret, forme dans laquelle Gainsbourg était moins à l’aise » Il y aura des chansons et des extraits d’interviews.

Chacun cherche son Serge

À travers l’interprétation de ces 17 chansons :
Le Poinçonneur des Lilas, 1958
Black Trombone, 1962
L’Eau à la bouche, 1960
Elaeudanla Téïtéïa, 1963
Variations sur Marilou, 1976
Love on the Beat, 1984
La Noyée, 1973
Les Sucettes, 1966
Je suis venu te dire que je m’en vais, 1973
Vu de l’extérieur, 1973
Comme un boomerang, 1975
La Chanson de Prévert, 1961
La Javanaise, 1963
Mon légionnaire, 1987
Ces petits riens, 1964
Initials B.B., 1968
Valse de Melody, 1971

Jusqu’au 26 juillet. 21h30. Relâche les lundi. 35 à 40€. La Scala. 3 rue Pourquery de Boisserin. Avignon. 04 90 65 00 90.

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