23 avril 2024 |

Ecrit par le 23 avril 2024

Festival d’Avignon, top départ pour les avant-premières

Ace and co ? Derrière, il y a Dominique Lhotte, l’une des attachées de presse les plus connues et les plus reconnues de la sphère avignonnaise et… parisienne car oui, Dominique n’a que faire des distances. Gentille, agréable c’est aussi et surtout une frondeuse qui fait tout avec rondeur, avec le sourire et un accent ensoleillé qui reste gravé dans les mémoires.

Ce qui surprend le plus chez elle ?
Sa disponibilité alors qu’elle vit à 100 à l’heure, qu’elle ne dort pas ou peu, qu’elle est hyper-connectée et détient une mémoire aussi inépuisable que réactive. A la fois partout et avec chacun –personne ne sait comment elle fait pour être aussi disponible- elle remue ciel et terre pour défendre ses spectacles et ses compagnies. Alors que le soleil fait son retour, avril, mai et juin marquent les avant-premières.

Alors on file tous,
journalistes et amis de la culture pour découvrir avant tout le monde quelques pièces de ce festival d’Avignon qui ouvrira ses portes dès samedi 29 juin pour un final le dimanche 21 juillet. Vous l’aurez compris, pas question d’en perdre une miette. Alors retrouvons-nous là-bas et débriefons joyeusement après chaque spectacle, lors du verre de l’amitié.

Les dates en avril
– Les 17 à 16h à et 18 à 19h30, les Enfants du Diable de Clémence Baron mise en scène de Patrick Zard avec Clémence Baron et Antoine Cafaro à l’Oriflamme Théâtre. 
– Le 24 Avril à 19h15 Constellation Bobin Leprest avec Alain Klinger au Théâtre Le Verbe Fou.
– Le 25 Avril à 10h présentation de la programmation du Théâtre Le Verbe Fou 

Les dates en mai
– Le 17 et 18 Mai à 20h Stabilité Temporaire de et avec Grégoire Aubert et Pascale Tronche mise en scène de Dominique Fataccioli à l’Optimist Théâtre – Le 27 Mai à 19h30 présentation de la programmation au Théâtre l’Oriflamme 
– Le 28 Mai à 19h Cassandra de et avec Manon Balthazar au Pixel Théâtre 

Les dates en juin
– Les 8 à 19h et 9 à 15h Juin Filles d’Ariane de et mise en scène de Martin Kindermans avec Valentine Daruty et Thomas de Fouchecour  à l’Oriflamme Théâtre 
– Le 14 à 19h et 15 à 15h Juin Ita L d’Éric Zanettacci avec Françoise Nahon mise en scène de Patrick Zeff-Samet à l’Oriflamme Théâtre 
– Le 24 Juin à 19h30 Dansong avec Lionel Damei et un danseur à l’Atelier 44.
Toutes les informations sur ces spectacles et d’autres encore ici.

En savoir plus sur les spectacles à voir

Il y a le ‘Mardi à Monoprix’ où, chaque mardi, Marie-Pierre accompagne son papa, tout juste veuf, à faire ses courses. Sauf qu’avant de s’appeler Marie-Pierre, elle s’appelait Jean-Pierre. Une pièce contre l’immobilisme, le conservatisme et les préjugés de tous bords.

‘La danse des poissons’ relate l’histoire de François qui rend visite à un voisin hospitalisé. Au cours de celles-ci, il lui raconte l’extérieur, ses essais de création d’un costume de poisson à l’occasion de la pendaison de crémaillère d’une de ses ex-collègues. Une réflexion sur comment exorciser sa peur lors des visites à l’hôpital.

‘Dansong duo’ propose de la chanson à textes et des danses urbaine, contemporaine et entremêlées. Il y a aussi ‘Double Je Berger et moi’, un spectacle qui n’est aucunement un biopic de Michel Berger, mais un récit musical pour redécouvrir le poète qu’était ce musicien-chanteur.

‘Les enfants du diable’ évoquent ‘Bucarest 2009, 20 ans après la chute des Ceaușescu et la découverte des orphelinats-mouroirs, Niki et Veronica, un frère et une sœur que tout oppose, déchirés par leur passé commun, se retrouvent une nouvelle fois uni par un drame.

‘Jean Zay, l’homme complet’,1940. Après un simulacre de procès, Jean Zay, ministre de l’Education nationale et des Beaux-Arts du Front Populaire, radical de gauche, franc-maçon et cible des antisémites, est condamné par le gouvernement de Pétain à la déportation. Finalement incarcéré à la prison de Riom, il sera assassiné par la milice française, le 20 juin 1944. Le témoignage que Jean Zay écrit en prison, offre un éclairage précieux sur les années 1930, sur son action visionnaire et sur le tragique de son destin, celui d’un homme en lutte contre l’anéantissement moral.

Avec ‘Le radeau de la Méduse’ on découvre les secrets de ce gigantesque tableau du Louvre, qui marque tous ceux qui le rencontrent pour la 1re fois. C’est surtout l’histoire de ce navire du roi qui s’échoua –du fait de l’incompétence de son capitaine’ sur le banc de sable Darguin à 95 km des côtes de la Mauritanie avec 149 survivants à son bord –des marins, des sodats et dont une femme-. Le radeau, amarré à des chaloupes et des canots, menace de faire chavirer l’ensemble sous la forte houle. Les officiers décident alors de l’abandonner avec ceux à son bord. Lorsque la marine britannique retrouve la Méduse, quarante-deux jours plus tard, seuls trois des dix-sept marins restés à bord sont encore en vie.

‘Madame Bovary en plus drôle et moins long’, « Madame Bovary », c’est très drôle ! Nous jouons les personnages du roman tout en laissant de la place à notre regard de femmes d’aujourd’hui. Car la magie de « Madame Bovary » est bien là, cette œuvre est intemporelle, » remarquent Camille Broquet et Marion Pouvreau, les deux auteures de cette fabuleuse et livresque aventure.

‘Valkyrie’, Une tribu Amazone envahit le public. Les règles ont changé : c’est l’avènement du matriarcat. Nous sommes à l’aube de la guerre contre Athènes, à cet instant décisif où la bascule vers un monde nomade et matriarcal aurait été possible. « La première inégalité entre la femme et l’homme, c’est bien la force physique non ? Pourquoi on esquive le sujet plutôt que de se muscler ? »

‘Cassandra’, Théodora est une actrice parisienne qui a un don divinatoire. Elle ressent le malheur des autres, mais personne ne la croit. · Sa carrière bascule quand elle décroche enfin le rôle qui va changer sa vie. · Elle incarne Cassandra, l’héroïne de « Troys Corp », une série télévisée très populaire.

‘Zembla et les trois sœurs’. Suzon, professeur à la retraite, militante engagée, organise dans une petite camionnette des repas pour les migrants. Un soir, n’ayant pas respecté́ le règlement de la préfecture, Déclaration 48 heures au préalable de manifestation ou rassemblement sur la voie publique, elle est emmenée au poste, et sa camionnette à la fourrière.

Constellation Bobin Leprest. Je lis Christian Bobin et j’écoute Allain Leprest depuis trente ans. Deux alchimistes qui ont l’art de transformer la boue en or. Avec des mots simple, ils frappent en plein coeur de cette part qui demeure indemne en nous (du moins, je l’espère), cette part qui n’est pas pourrie par la corruption du marché, qui n’est pas encore totalement recouverte par l’obscurité qui semble poindre.

‘Méphisto Valse’ Sans prétendre à une quelconque réflexion philosophique, l’idée est de s’interroger sur la question de nos propres dénis ou de nos peurs, de nos réactions face à l’adversité, sur nos luttes pour notre survie et le sens qu’on peut vouloir donner à notre existence.

‘Les 3 petits vieux qui ne voulaient pas mourir’. Un jour comme les autres, Ernest, Stanislas et Désiré se réveillent plutôt de bonne humeur, mais arrive une lettre : «Aujourd’hui c’est le dernier jour. Toutes les journées ont été utilisées. » Ils décident de faire comme si de rien n’était. Et puis d’abord d’où vient cette lettre ? Qui décide ? Et pourquoi aujourd’hui ? Avec fougue, ils s’inventent de nouvelles vies, de nouvelles jeunesses et d’autres folies. Parviendront-ils à vaincre la grande faucheuse ? Qu’à cela ne tienne, ils n’ont pas dit leur dernier mot !

Le paradoxe du désir. Anton, auteur de succès, écrit une pièce catharsis qui est aussi une pièce hameçon pour raviver le désir d’lris, actrice sur le déclin, qui accepte ce cadeau dans l’espoir de renouer avec Robert, mais Robert vise déjà les faveurs d’une jeune critique de théâtre, qui serait parfaite pour l’assister à la mise-en-scène… Heureusement la jeune Alice, émoustillée par la rencontre avec Anton, l’auteur, acceptera à son tour de rentrer dans la danse. Dans la farandole du désir, qui trouvera le bon partenaire ? En résumé ? On ne se rencontre jamais pour les mêmes raisons.

‘Filles d’Ariane’. Au bout de combien de temps peut-on raisonnablement estimer que l’on n’entendra plus jamais parler d’une histoire ? Cinq ? Dix ? Quinze ans ? Quelle que soit la réponse que Leandro aurait voulu apporter à cette interrogation, ses certitudes se retrouvent fortement ébranlées quand Fleur, qu’il n’a connue que bébé, débarque dans son salon. La jeune fille, désormais adolescente et surtout armée de questions brûlantes et bien décidée à lui tirer les vers du nez, est prête à tout pour obtenir une réponse aux démons qui la tourmentent depuis qu’elle est née et enfin découvrir qui était sa mère, pourquoi elle ne l’a jamais connue, et pourquoi l’on a toujours refusé de lui en parler. Mais sous le le voile de ces secrets, se cache un dilemme autrement plus insolvable : au bout de combien de temps peut-on raisonnablement rompre un serment ?

‘Mademoiselle Gabrielle Chanel’ Chanel nous invite à un parcours dans son histoire, qui se confond à l’Histoire de la France du 20ème siècle, et en suscite une partie de son éclat international. Elle a tout inventé de la femme d’aujourd’hui : la liberté de mouvement, la simplicité dans l’élégance, l’insolence, l’art d’être soi-même.

‘Stabilité temporaire’. Un thriller, comme au cinéma. Un thriller dont on connaît tout de suite le coupable mais pas le crime. Amour, crime, culpabilité, résilience, destin… Chacun revisite les mêmes thèmes pour au final offrir une épopée de l’intime, dans laquelle trône la grande absente: Léa.

‘Edith Piaf Olympia 1961’. Nathalie Romier, considérée comme l’une des meilleures interprètes de la Môme reconstitue le concert mythique donné à l’Olympia en 1961 qui enregistra un record inédit de 20 minutes de Standing-Ovation, record jamais égalé à cette époque par un artiste français. Renouant avec le même univers visuel et les mêmes chansons, le spectacle raconte ce récital. L’artiste n’imite pas Piaf mais l’interprète avec émotion et sincérité créant une proximité avec son idole, vêtue de la fameuse petite robe noire et se drapant d’une intensité au plus proche de l’irremplaçable star.

‘Heureux les orphelins’. « Comme dans le mythe originel, Electre recherche la vérité et veut amener les coupables à leur vie de coupable. Mais c’est en affrontant verbiages et non-dits qu’elle s’y emploie, convaincue que, ainsi que le dit Albert Camus, mal nommer les choses revient à ajouter au malheur du monde. A travers cette création, je fais mienne cette réflexion de George Orwell écrivant dans La politique et la langue anglaise que « le chaos actuel n’est pas sans rapport avec la décadence de la langue, et il est sans doute possible d’améliorer la situation en commençant par le langage, » Sébastien Bizeau, auteur et metteur en scène de la pièce inspirée d’Electre de Jean Giraudoux.

‘Tout le monde écrit des chansons’. One-man show musical de Julien Joubert.

‘Ita L. née Goldfeld’. Paris, décembre 1942, la police française quitte à l’instant l’appartement d’Ita Laster. Les policiers viennent de lui laisser une heure pour se préparer avant de les suivre. Une heure entre la vie et la mort. Mais cela, Ita ne le sait pas. Tout ce qu’elle sait, c’est que l’un d’eux lui a conseillé « d’en profiter » et qu’elle est seule. Son fils emmené à Drancy il y a quelques jours, quels choix lui reste-t-il ? Fuir ou – peutêtre – espérer aller le retrouver…

‘Que faire des cons ?’  Le monde devient de plus en plus flou et on ne sait plus sur quelle valeur compter. Une seule reste un phare dans la nuit : la connerie. Mais comment repérer les cons ? Comment vivre avec ? Comment s’assurer qu’on en n’est pas un soi-même ? Alors Sandra Columbo a cogité pour mettre au point une méthode imparable, qu’elle dévoilera lors de ce spectacle drôle.

‘Aux femmes’. Spectacle musical. La chanson Ô femme de Michel Fugain a inspiré ce titre. Nous interprétons aussi Amélie les Crayons, Georges Brassens, Mannick, Agnès Bihl, Isabelle Aubret, Didier Blons, Diane Tell, etc. Histoires de femmes en forme d’hommage.

‘La petite histoire d’un homme trop grand’. Un coeur qui grince, un casque qui serre, une valisette de bois. Une lumière dans une maison abandonnée. Philibure rentre enfin chez lui. Ou plutôt, ce qu’il en reste. Chez lui, c’est chez sa maman. Où est-elle sa maman d’ailleurs ? Il a quelque chose d’important à lui dire…

‘Arletty, un cœur très occupé’. La scène se passe en Juillet I970. Quand un jeune journaliste (séduisant, trop sûr de lui) force Arletty (furieuse), après avoir forcé (malicieusement) sa porte, à relire son courrier échangé pendant la guerre avec son bel officier Allemand (de 10 ans de moins qu’elle). L’évolution de leurs rapports durant cette rencontre étonnera le spectateur par tous ses rebondissements, ses révélations et ses nouvelles émotions, mettant à jour ces instants historiques aussi intimes et particuliers que la légende et la presse ont trop souvent fâcheusement falsifiés. Le scoop final deviendra alors un coup de théâtre surprenant.

‘Cabaret canaille’. Pour son nouveau spectacle, la troupe du Cabaret Burlesque de Valentina Del Pearls a arrêté sa machine à voyager dans le temps dans les années 1920 à 1940, pour raconter avec fantaisie l’Âge d’Or du Burlesque américain et de ses effeuilleuses érigées au rang de star. Derrière les plumes et les paillettes, c’est aussi l’histoire d’une désobéissance féminine. Ou comment des lois de la Prohibition, la censure et surtout les moyens de la contourner, façonnèrent cet ancêtre du strip-tease élevé au rang d’art.

‘L’improbable histoire des passantes’. En 1944, une jeune-homme enrôlé de force décide de ne plus revenir en Allemagne au STO –Service de travail obligatoire-. Il trouve refuge impasse Florimond où il sera accueilli par Jeanne et l’Auvergnat. Ce jeune-homme de 23 ans, se baladant aux puces de la porte de Vanves, doit choisir entre sandwich ou bouquin, par manque d’argent. C’est en feuilletant le recueil d’Antoine Pol qu’il tombe sur le poème ‘Les passantes’, en songeant que ça pourrait faire une belle chanson. Ce jeune-homme s’appelle Georges Brassens.

‘Momentos’. Le corps et la puissance du geste. ‘Momentos’ livre un Flamenco traditionnel puissant où se mêlent intimement, le chant, la musique et la danse avec deux danseurs et quatre musiciens.

‘Nos histoires’. Vicky, une Québécoise vivant à Paris, fait la rencontre de Maxime. Sans le savoir, ils vivent tous les deux une relation d’emprise. Vicky avec son amoureux et Maxime avec sa mère qui est aussi sa patronne. Ils vont s’aider mutuellement dans leur quête de liberté.

‘Le fléau’. D’après mesure pour mesure de William Shakespeare. Mesure pour mesure est une tragicomédie de Shakespeare qui met en scène les contradictions du pouvoir et l’inégalité entre l’homme et la femme au sein de la société. Comme dans Game of Thrones ou Carnivale Row, la pièce entremêle plusieurs narrations qui plongent le spectateur dans les multiples strates d’une ville : noblesse, prostitution, clergé, justice… Plusieurs visions du monde et registres dramatiques s’entrechoquent. L’intrigue rebondit sans cesse, de la farce comique à la tragédie.

‘Colette, l’indomptable’. Pour Colette, la période qui va de 1908 à 1914 – de son divorce avec son mentor Willy à l’avènement de la guerre – est cruciale. Le récit est découpé en deux actes qui couvrent deux temps. D’abord la vie d’actrice : d’auteure anonyme écrivant dans l’ombre de son époux, Colette se fait scandaleuse vedette de music-hall, exposant ses amours lesbiennes à la ville comme à la scène, jouant demi-nue des mimodrames inventés par le grand Georges Wague (précurseur du mime Marceau). On suit la tournée de la troupe, ses personnages hauts en couleurs, qui seront source d’inspiration pour l’écrivain. Pour la première fois, Colette gagne sa vie, s’émancipe de ses tutelles. Mais elle se bat aussi pour se faire un nom et obliger Willy à reconnaître ses droits d’écrivain, malgré les menaces physiques.

‘Amor à mort’. Ce spectacle présente une série de tableaux humoristiques, féroces, grinçants et résolument transgressifs sur l’amour et la mort. Chaque histoire met en scène des couples animés par une liaison amoureuse intense qui finit toujours par une mort : d’elle, de lui ou des deux ! Mourir par passion, par accident ou par choix, tel est le destin de tous ces personnages touchants, sincères et pathétiques. Ils s’aiment ou se sont aimés, vraiment, profondément… jusqu’à en mourir. Dans leur folie ou leur désarroi, ils sont attachants, surprenants ou effrayants mais ils incarnent toujours les avatars diaboliques de nos propres personnalités.


Festival d’Avignon, top départ pour les avant-premières

« L’association Avignon Festival et Compagnies, qui gère et coordonne le Festival Off depuis 2006, a l’idée de constituer un modèle de financement où l’argent public et l’apport des mécènes constitueront un fond d’amorçage pour la filière à l’année. » Voici l’idée force de la réunion à laquelle étaient conviés mi mars , dans les locaux de l’Hôtel Mercure à Avignon, les différents partenaires du OFF et le club de mécènes initié en 2018.

Si Avignon est une ville d’exception , le festival OFF est une exception avignonnaise
Le Off ? Le In ? Mais finalement connaissons vous vraiment l’histoire de ces festivals qui se côtoient depuis plus de soixante ans et quelquefois suscitent des incompréhensions ? Grande fête du théâtre pour les uns, joyeux bazar pour les autres, blocage de la ville pendant 1 mois, retombées économiques époustouflantes ? La direction collégiale du OFF – le coprésident Harold David et le vice-président Laurent Rochut – a tenu a faire un point sur la réalité du Off et ses perspectives pour que cette grande fête du spectacle vivant puisse être pérenne dans son modèle économique et surtout toute l’année. Pour cette occasion étaient conviés les partenaires historiques et mécènes du OFF afin de dynamiser et d’élargir le club du Mécénat.

Le Off d’hier à aujourd’hui
Depuis les années 60, le festival créé par Jean Vilar après la seconde guerre mondiale s’est doublé d’un petit frère, contestataire, libertaire, remuant : Le Festival Off. Un festival construit sur l’indépendance et la contestation des institutions. Depuis 1970, en plus de 50 ans, le Off s’est développé et a changé de nature.

Le festival underground est devenu le premier rendez-vous mondial du théâtre Francophone :
– 1 600 spectacles en moyenne par édition
– Plus de 140 lieux de programmation
– 1 270 compagnies
– près de 2 millions de billets vendus
– plus de 300 000 festivaliers sur le mois
– 40,2 millions d’impact économique
– 558 emploi équivalent temps plein générés sur le seul territoire du grand Avignon

Le festival Off est un acteur économique incontournable pour le territoire qui souffre de sa réussite , de son autonomie
Le Off souffre de sa réussite : « Malgré une contribution minime de l’argent public à notre budget, le festival Off entraîne des retombées économiques fortes. Pour 1 € d’argent public reçu par le Off, c’est 2 468 € de retombées sur le territoire d’après l’étude faite en 2019. Pour tous les autres Festival, Le In y compris, le rapport est de 1 pour 3,5 €. C’est dire la démesure des performances du Off. » souligne Laurent Rochut. Il souffre aussi de son autonomie car le caractère libéral de son organisation, fondée sur un réseau de théâtres indépendants pour leur grande majorité a entraîné une certaine défiance des institutions publiques.

“1 € d’argent public reçu par le Off, c’est 2 468 € de retombées sur le territoire.“

Laurent Rochut

L’impact du Festival Off sur le territoire mériterait pourtant une attention soutenue des institutions 
Le Off est une place majeure de rencontres et d’échanges entre les professionnels de l’Art Vivant. 25% des ventes de spectacles en France se jouent à l’occasion du Festival Off d’Avignon. C’est aussi un moment unique pour prendre dates avec les institutions, les organismes collecteurs de droits et autres sociétés civiles parce qu’Avignon, en juillet, est à la fois un Festival et un salon professionnel.

Laurent Rochut vice-président d’Avignon Festival & Compagnies, en charge de l’implantation de la filière et de la relation au territoire

Fort de ce constat, l’équipe d’AF&C envisage l’avenir au delà du Festival Off et vise l’émergence d’une cité de l’Art Vivant permanente à Avignon
Depuis plus d’un an, l’équipe AF&C, engage des actions en dehors du strict cadre de l’organisation du Festival Off en été. En effet, AF&C s’est doté d’un fond de soutien à la professionnalisation dont le but était et est toujours d’inciter les compagnies à avoir un comportement socialement responsable en payant leurs équipes pour l’ensemble des représentations données pendant le Off. Cela s’est accompagné d’une démarche de recherche de mécénat. Sous l’égide de FACE, (Fondation Agir Contre l’Exclusion) et avec des membres historiques tel Jacques Leze ( directeur de l’ensemble commercial Aushopping Avignon Nord et employé par Nhood société de service de l’Association Familiale Mulliez gestionnaire de son patrimoine) ont été initiées des actions de responsabilité sociale et environnementale. Sociale en finançant pendant l’été des achats de billets pour des publics éloignés de la fréquentation des salles de spectacle. Environnementale en œuvrant à la réduction de l’empreinte carbone du Festival (Baisse de la quantité de déchets produits, notamment par un encadrement drastique de l’affichage, mutualisation du fret…).

Mais oeuvrer pour la diffusion, cela ne suffit pas !
Dans le seul intramuros, 90 Lieux sommeillent toute l’année et constituent un gisement sous-exploité du bassin d’Avignon constate Laurent Rochut. Nous ambitionnons que ces lieux deviennent la plateforme d’une création en continue et le moteur d’un écosystème.

Jacques Leze, directeur de l’ensemble commercial Aushopping Avignon Nord et employé par Nhood société de service de l’Association Familiale Mulliez gestionnaire de son patrimoine

Assurer la pérennité du off et de la filière du spectacle vivant toute l’année
« Nous pensons qu’une des réponses, en plus d’un travail spécifique sur la diffusion, est de faire de la ville un incubateur qui reçoive en résidence des projets de toute la France et même au-delà en développant des partenariats internationaux. L’idée est que la filière de l’Art Vivant, avec l’essaim de prestataires et partenaires qui se développera en parallèle, soit un secteur dynamique du développement d’Avignon. l faut assumer que le Off soit aussi un levier économique.
Cela concerne les institutions (argent public, misitère, ville, département, région) mais aussi le réseau d’entrepreneurs du territoire, attachés à son identité et à ce qui fonde la marque Avignon.»

“Nous souhaitons mobiliser le tissu d’entreprises du territoire pour valoriser la marque Festival Off d’Avignon.“

Jacques Leze

Rassembler un club de mécènes pour accompagner la stratégie de désaisonnalisation du Off
AF&C entreprend une démarche ambitieuse de rassembler un club de mécènes pour accompagner son développement et notamment cette stratégie de désaisonnalisation du Off dont l’essor de la filière est un axe majeur. L’idée est de constituer un modèle de financement où l’argent public et l’apport des mécènes constitueront un fond d’amorçage pour la filière à l’année. Celle-ci, en effet, mettra en œuvre peu à peu, une capacité à s’autofinancer par les compagnies et les lieux qui en auront profité. En 5 ans, le dispositif doit être capable de générer des ressources propres.
Les mécènes présents, dont Jacques Leze, responsable régional de Nhood ont immédiatement marqué leur engagement à ce projet ambitieux et salutaire : mobiliser le tissu d’entreprises du territoire pour valoriser la marque Festival Off d’Avignon avec des valeurs de responsabilité sociale environnementale, de soutien à la culture et aux publics en fragilité.

Un appel aux futurs mécènes, des gages, des perspectives
« Notre association Avignon Festival et Compagnies se professionnalise. Elle a atteint non sans douleurs l’âge adulte. Nous avons d’autres sujets, notre organisation interne, le développement des rencontres professionnelles avec des rendez-vous dans l’année peut-être, un village des familles qui est sur le point de voir le jour, la naissance d’un label pour inciter les lieux à monter en gamme… bref, autant de gages que l’association qui coordonne une marque forte du territoire, le Festival Off d’Avignon, affronte les perspectives de son avenir avec responsabilité. Autant de propositions à nous rejoindre pour conjuguer collectivement cet avenir. conclut l’équipe d’AF&C.

Contact de la Fondation AF&C : www.festivaloffavignon.com/page/fondation-afc


Festival d’Avignon, top départ pour les avant-premières

Virginie Lemoine signe là un récit dramatique d’une grande drôlerie

Chronique émouvante et drôle, La vie est une fête retrace l’existence d’un homme et les événements sociopolitiques qui ont émaillé son parcours. Des années 70 à aujourd’hui, Romain cherche sa voie dans une France chahutée par bien des événements. Entre une mère dépressive, un père aimant mais maladroit et des amours contrariées, il préfère se tenir loin de tout conflit et de tout engagement. 

Le déclic de l’engagement

Il faudra un événement tragique pour inciter enfin Romain à prendre part au combat, défendre ses droits, s’engager et découvrir qu’il faut toute une existence pour apprendre à (s’)aimer et faire de sa vie une fête. 

Virginie Lemoine a obtenu le Prix Avignon à l’Unisson 2023. Julien Alluguettes (Romain) a obtenu le Prix Avignon à l’Unisson 2022 du Meilleur Comédien. 

Mercredi 31 janvier. 20h30. 10 à 23€. Salle Jean Moulin. Auditorium. 971 Chemin des Estourans. Le Thor. 04 90 33 96 80. www.vaucluse.fr


Festival d’Avignon, top départ pour les avant-premières

Pour la 17e édition, le Club de la Presse Grand Avignon-Vaucluse a remis ses prix Coups de Cœur #Off2023.

« L’homme et le pêcheur », à Pierre de Lune/Quartier Luna par la Compagnie Teatro Picaro (19h15).
Sur un ponton au bord d’un étang, un désespéré, dûment équipé d’une grosse pierre au bout de la corde pendue à son cou, s’apprête à se suicider. Un pêcheur imperturbable, sur ce même ponton, strictement vêtu d’un costume noir et doté de petites lunettes rondes, tient soigneusement sa canne… dépourvue de fil. Le désespéré tente d’entamer la conversation, à quoi le pêcheur résiste. Renouvelant le duo clown blanc / Auguste, les deux protagonistes entrent pourtant dans un échange tantôt surréaliste, tantôt – très souvent même – cocasse mais largement ouvert sur les mondes intérieurs, les peurs et les regrets d’un bilan de vie, dans un rapport poétique au monde. De coup de théâtre en coup de théâtre, en passant par la matérialisation en quelques traits astucieux de ce dont le désespéré est porteur, la rencontre revêt une dimension profonde, existentielle, que la chute rend dans toute sa dimension tragique après tant d’éclats de rire.
Comme avec les mots, les accessoires et les costumes, le duo joue avec le quatrième mur, incluant ainsi le spectateur dans son propos. Par la grâce de la mise en scène très visuelle et enjouée, différents niveaux de compréhension et de réflexion font de cette pièce un spectacle tout public.

« Arrête avec tes mensonges », au Théâtre du Rempart par la Compagnie Velours & Macadam (22h40).
Adaptée du roman autobiographique de Philippe BESSON paru en 2017 et mise en scène par Valentin NERDENNE, cette pièce relate une grande histoire d’amour qui se déroule en 1984 sur un fond d’homosexualité. Désirs interdits mais aussi un rêve : aimer sans retour, sans condition. Une mise en scène et 4 comédiens talentueux, une jolie surprise pour exprimer le « soi intérieur » de la joie, de la poésie, un rythme disco et des paillettes sur fond d’une dramaturgie tragique. Cette mise en scène, la chorégraphie, la scénographie, les costumes et la musique subliment le livre poétique de Philippe BESSON et nous transmet un message fort sur l’acceptation de soi, de la différence, de la transmission tout en favorisant un moment « hors du temps », de rêve, de poésie. Les scènes de la rencontre amoureuse sont teintées de respect, et nous touchent par l’intimité qu’elles dégagent. Nous sortons de cette pièce pétillante sur un sujet grave avec la joie au coeur.

« Nos histoires », au Théâtre le Cabestan par la Compagnie Glapion (12h35).
Création réalisée par deux femmes pour les femmes mais aussi pour tout être humain vivant une relation d’emprise. Elles démontent avec réalisme le processus de cette relation allant de la joie à la dévalorisation de l’être mental et physique. Le décor, les lumières, la musique et la chorégraphie soulignent avec justesse les violences et la toxicité de l’emprise où les maux se traduisent par le corps et l’ambiance anxiogène plutôt que par les mots. L’originalité de cette pièce réside dans le choix de l’interprétation par deux talentueux comédiens des quatre personnages. Une pièce émouvante par l’actualité de son sujet, par l’originalité de sa mise en scène et la magnifique interprétation des comédiens. La prise de conscience de l’emprise n’est pas toujours facile mais lorsqu’une main bienveillante est tendue l’espoir et la reconstruction d’une autre vie sont possibles. Cette touchante pièce nous le démontre avec subtilité.


Festival d’Avignon, top départ pour les avant-premières

Dans le cadre du Festival Off d’Avignon et pour la 18e année, la Chambre des notaires de Vaucluse présente les « Eclats de Scènes de la Cour des notaires » proposant d’assister à des extraits de spectacles les 17, 19, 20 et 25 juillet 2023 à 19 h 30 – durée 2h-, 23 bis rue Thiers à Avignon.

«Avignon, capitale mondiale du théâtre propose, en juillet, 1 491 spectacles joués tous les jours pendant trois semaines dans environ 130 lieux. En 2022, nous avions accueilli 40 compagnies et plus de 500 spectateurs. Véritable opération de mécénat ouverte à tous, ces soirées sont gratuites pour les compagnies comme pour les spectateurs. Elles favorisent le bouche à oreille et la découverte de spectacles.» explique Alexandre Audemard, président de la Chambre.

Une organisation rôdée
La Chambre des notaires de Vaucluse propose, dans le cadre du festival off, une régie, une scène de 6m x 3m, une table de mixage, des micros, des projecteurs, une équipe technique devant un public assis au coeur d’une cour végétalisée. Chaque soirée, un programme différent est fourni aux spectateurs leur permettant de retrouver les lieux et heures de passage des comédiens ou musiciens dans les théâtres où ils se produisent. «L’éclectisme, la diversité, la qualité des extraits, le respect des temps de passage, c’est ce qui rend ces soirées particulièrement intéressantes pour les acteurs grâce au retour spectateur. Cela implique cependant une sélection harmonieuse et une organisation minutieuse. » expliquent Marie Morier et Anne Marie Constantin en charge de l’organisation et de la programmation des soirées.

Pour se produire, les compagnies sont invitées à contacter : Marie Morier mariemorier.mm@gmail.com 06 60 06 06 63 et Anne-Marie Constantin : am.constantin45@gmail.com  06 88 36 20 80

Les Eclats de scène de la Cour des notaires programment des compagnies lauréates du Fonds de soutien à l’émergence et à la création
Le Fonds de professionnalisation créé en 2016 évolue et devient, cette année, le Fonds de soutien à l’émergence et à la création. Les critères privilégient l’accès au Fonds aux compagnies et structures de production en voie de professionnalisation. Ils favorisent également la prise de risque artistique et financière que représente le montage d’un texte issu du répertoire contemporain d’auteurs vivants. Il est doté de 210 000€, distribués auprès de 70 à 80 projets, grâce à la Billetterie solidaire Ticket’Off et au soutien de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques), de l’ASTP (Association pour le soutien du théâtre privé), du CNM (Centre national de la musique) et de Profession Spectacles.

La Chambre des notaires
procède également à la présentation des Chiffres de l’immobilier, participe au Téléthon, au Salon de l’Etudiant, à la promotion de la profession auprès des collèges, lycées et universités au gré des Rencontres notariales et est présente dans le Vaucluse en chiffres -l’annuel de l’Echo du mardi-, dans le Guide des réseaux et tient des conférences…

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Festival d’Avignon, top départ pour les avant-premières

Bon spectacle!

Avec cette carte interactive, retrouvez tous les articles de L’Echo du Mardi sur l’édition 2023 du Festival d’Avignon.




Festival d’Avignon, top départ pour les avant-premières

Rendez-vous pour voir ‘Not I’ (Pas moi) avec Camille Mutel, chorégraphe et interprète. De fibre très écologique, elle n’a fait imprimer que 10 magnifiques affiches, pratiquement introuvables dans la jungle du Festival d’Avignon Off. Elle n’a pas voulu non plus faire de pub. Et pourtant, l’on s’y presse déjà. Direction la grande porte de l’université, côté Rempart, 74, rue Louis Pasteur dans l’intramuros d’Avignon, puis tourner tout de suite à droite, où un drapeau ‘Théâtre du train Bleu’ évoque ce nouveau lieu, un joli havre de paix baigné de lumière où, chaque matin, Camille Mutel cueille un public ouvert à sa mystérieuse et poétique proposition.

Une jolie cour végétalisée et ombragée. Au centre un parquet de bois blond. Savamment posés au sol, une nappe blanche immaculée, un étau et une planche de bois brut. Et aussi, une toute jeune femme, Camille Mutel, dans ce qui pourrait presque paraître un uniforme du quotidien bleu clair doté d’une large ceinture également bleue.

Elle se meut à petits pas,
dans une chorégraphie qui instille, à chaque geste, un nouvel et étrange univers où tout est symbole, lenteur, conscience, lien avec soi, dans son quotidien pour épouser… La planète Terre et ses océans.

Le public est silencieux,
respectueux, en attente de tout ce que la comédienne libère, de respiration, du son de ses pas feutrés sur le bois, de ses postures de danseuse, de ses équilibres fragiles et déséquilibres précaires, de silences et de pleurs parfois voilés.

Elle emprunte
à ce qui aurait pu paraitre être inspiré d’une cérémonie japonaise du thé, la lente élaboration d’un repas : des oignons, un poisson bleu, un maquereau, à la beauté et au fuselage inspirants. Mais tout, la gestuelle, les objets semblent échappés d’une nature morte. Voici donc ‘Not I’, 1er volet de la quadrilogie ‘La place de l’autre’.

Dans le public,
une jeune-femme ne peut la quitter des yeux. Elle est aussi captivée que bouleversée. Les yeux emplis de larmes, le sourire tremblant. Nous nous approchons d’elle au terme de la pièce. ‘Vous semblez si émue ? Que s’est-il passé ?’ ‘Je suis japonaise mais j’ai plutôt vécu à Taïwan. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Tout ce que j’ai vu m’a émue. Même si je sais peu de choses de la culture japonaise, tout me parlait, tout faisait sens. J’ai été en complète connexion avec elle, avec son travail, durant toute la représentation. J’étais en lien avec elle.’

Les infos pratiques
Not I. Cloître de l’Université d’Avignon. Théâtre du train bleu hors les murs. 9h15. Jusqu’au 20 juillet. Relâche le 14 juillet. Danse. 50mn. Tout public. 20€. 74, rue Pasteur à Avignon.

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Festival d’Avignon, top départ pour les avant-premières

Robert Antelme (1917-1990), poète, écrivain et résistant a été déporté aux camps de Buchenwald et de Dachau. Il a relaté son expérience en camps de concentration dans un ouvrage, L’Espèce Humaine, paru en 1947 aux éditions de la Cité universelle et dédié à sa sœur Marie-Louise, morte en déportation. Il fut l’époux de Marguerite Duras. Le récit de sa détention est portée au Théâtre des 3 soleils par la très talentueuse Anne Coutureau sur une mise-en scène très habitée de Patrice Le cadre.

Un ange blond dans le noir sidéral. Une femme, formidable Anne Coutureau, pour porter la voix d’un homme, Robert Antelme, en détention dans les camps de la mort. L’Allemagne nazie veut choisir la race qui dominera le monde et exterminer celles qui n’en sont pas dignes. Mais il n’y a qu’une race humaine et détruire les autres revient à se détruire soi-même.

Voilà, je crois,
la pensée farouchement chevillée au corps de ce rescapé des camps de la mort, Robert Antelme, qui évoque, le plus souvent avec des mots simples et plutôt pudiques, des instants de vie dans l’enfer le plus noir que la terre est capable de porter encore et toujours.

Copyright Marasco

Anne Coutureau porte haut,
cette voix incroyablement posée, réfléchie, humaine et parfois tendre d’un homme qui vit, avec d’autres, l’indicible. Et pourtant il faut faire l’effort, surhumain, de justement rester humain, alors que le corps hurle de douleur, que la tête veut s’enfuir, mais ne le peut pas et que remplir son estomac obsède chaque instant.

J’ai énormément aimé cette pièce pour ce dont elle témoigne :
l’appel dans la cour qui dure des heures dans un froid mordant, les poux, le typhus, les droits communs transformés en kapos avec le droit de vie et de mort sur leurs compagnons d’infortune, juste pour manger mieux. Car oui, ils étaient tous détenus. Mais la perversité était de leur faire croire qu’ils avaient le pouvoir. Et ils en usèrent et abusèrent nourrissant leur propre sadisme et celui de nombre de gradés nazis.

Et surtout les éclairs de vie,
les gestes d’amitiés, le partage d’un mégot de cigarette, les amis à qui l’ont dit au revoir, en fuyant déjà, parce que le masque de la mort flotte au-dessus d’eux. Le pire ? C’est de ne pas les reconnaître, sur leur triste paillasse, alors que le coude relevé pour supporter leur maigre buste, leurs fixes regards vous appellent silencieusement. Juste pour se dire que l’on a existé ? L’attention même fugace, que vous leur portez, est alors le plus beau cadeau du monde, même si vous ne pouvez que prononcer, un presque et tout bas, ‘au revoir mon vieux’.

Anne Coutureau DR

La force de la vie envers et contre tout
Des survivants, souvent incompris lorsqu’ils revinrent chez eux, parce que non, tout cela ne pouvait avoir existé puisqu’on n’en n’avait pas entendu parler. Que faire de ces cadavres ambulants ? Alors que Paris avait été libéré depuis plusieurs mois et que tout le monde voulait oublier. Il n’y avait plus de place pour l’horreur et encore moins pour le témoignage. Trop tôt, les gens ne voulaient qu’oublier.

Le silence se faisait malgré eux.
Et puis il y avait la culpabilité : avait-on le droit de s’en sortir quand ses propres camarades étaient morts dans les circonstances les plus effroyables ? Circonstances que tous avaient partagées ? Et qu’ils portèrent comme un fardeau tout au long de leur vie. C’est pourquoi L’Espèce Humaine nous interpelle.

Anne Coutureau est magnifique de justesse, d’émotion, de force.
Le récit est poignant, prenant de la hauteur là où réside la bassesse et pire, la négation de l’homme. On en sort admiratif, pas forcément graves, mais empreints de ce qu’un chouya de vote peut faire basculer la démocratie… Parce qu’Hitler a été élu démocratiquement, faisant basculer le monde dans le chaos.

Les infos pratiques
L’espèce humaine. 17h35. Relâche le mardi. Jusqu’au 29 juillet. 4, rue Buffon à Avignon. Durée 1h15. De Robert Antelme. Avec Anne Coutureau. Mise en scène de Patrice le Cadre et son de Jean-Noël Yven. Théâtre les 3 Soleils. Réservation 04 90 88 27 33.

Anne Coutureau Copyright MH

Festival d’Avignon, top départ pour les avant-premières

‘Après coup’ ? J’ai adoré. L’écriture, la mise en scène, le talent des comédiennes, l’intrigue qui se déroule, foisonnante, passionnante. Au départ ? L’amitié que se voue 4 amies réunies, chaque année, dans le chalet de Bélinda.

Elles se racontent leur vie et là, miracle, on se retrouve toutes dans un des personnages. Je crois que j’ai tout aimé. L’atmosphère, l’écriture, l’intrigue, la mise-en-scène, et son savant déroulé, les dialogues, les costumes du quotidien qui en disent déjà long sur chacune d’entre-nous, les terre-à-terre, les enjouées, les sceptiques, les enflammées, les rêveuses, les carriéristes, les amoureuses, les blasées…

Nous pourrions aisément être l’une d’entre-elles
et même, on aimerait bien. Et puis les voiles de soi(e) se déchirent, et l’on entre dans le vif du sujet. Après coup, un vrai plaisir. Parce qu’on est happés par l’histoire et par le décor même s’il est tout simple. On voyage vraiment au gré de la vie de ces amies et puis, longtemps après, l’histoire continue de se dérouler en nous.

Copyright MH

Quelles sont toutes ces personnes que nous avons croisées,
que l’on a oubliées et qui ressurgissent du passé… Parce qu’elles faisaient silence sur ce qu’elles vivaient. Les images, les attitudes et surtout les non-dits resurgissent, criants, du passé. Le décryptage alors se fait dans l’empilement de nos expériences vécues. Nous étions trop petites, trop frêles, trop jeunes, trop occupées… Pour laisser place à la réflexion, aux enseignements de ses pleins silences de nos taiseuses amies…

Après coup ?
On comprend tout et le théâtre a cela de merveilleux qu’il nous révèle à nous-mêmes. Après coup, on regarde l’affiche, et là, ce que nous avions sous les yeux nous disait déjà tout. Sommes nous prêts, désormais, à examiner la vie telle qu’elle est ? Sommes-nous capables d’écouter notre intuition ? D’écouter l’autre ? De réfléchir à ce que nous vivons ?

Copyright MH

Mon conseil ?
Laissez-vous porter par ces comédiennes habitées et talentueuses : la toujours joyeuse et Formidable Aude Roman (Sophie), la super connectée Valérie Moinet (Magali), la romantique et éthérée Gwenda Guthwasser (Belinda), l’écriture fine et la mécanique sans faille de Sandra Colombo avec Tadrina Hocking, les auteures, dont la dernière joue une Ambre révoltée, éprise de missions humanitaires accompagnée de sa fondatrice colère et la géniale mise en scène de Christophe Luthringer.

Après coup. Théâtre des Carmes André Benedetto. 6, place des Carmes. Jusqu’au 26 juillet. Relâches les 13 et 20 juillet. 19h25. De 10 à 20€. A partir de 12 ans. 04 90 82 20 47.

Le metteur en scène entouré des comédiennes Copyright MH

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