1 septembre 2025 |

Ecrit par le 1 septembre 2025

Le retour d’Intervilles interpelle…

Monument de la télévision française, l’émission jeu Intervilles, crée en 1962 par Guy Lux et Claude Savarit, a fait son grand retour sur France Télévisions, le 3 juillet dernier. Avec 3,4 millions de téléspectateurs l’émission s’est classée en tête des audiences TV. A l’heure du numérique et de la profusion des propositions, qu’est-ce qui explique le succès de ce programme venu d’une autre époque ?

Le retour de cette émission culte, après 16 ans d’absence, a de quoi nous interpeller. Soit, la télévision (en tous cas telle qu’on la connaît aujourd’hui) manque cruellement d’inspiration, soit la nostalgie d’une partie des téléspectateurs aura été la plus forte. Un petit retour en arrière s’impose. Dans les années 2000, avec l’arrivée du numérique, le nombre de chaînes a littéralement explosé. Mais, il faut bien reconnaître que cette multiplication ne s’est pas accompagnée de l’élargissement de l’offre de programmes espéré. Au contraire, la concurrence commerciale limite les prises de risques et brident la créativité. La profusion du nombre de chaînes conduit alors à une certaine uniformisation de l’offre (sauf quelques exceptions). On a vu le même film au milieu des années 80 avec la « libération » des ondes radio.

Comme si la télévision des pionniers avait tout inventé et qu’il suffisait de s’en inspirer

Dans ce contexte, le retour d’émissions à succès de la télévision de papa pourrait être compris comme un retour aux fondamentaux. Comme si la télévision des pionniers avait tout inventé et qu’il suffisait de s’en inspirer. Moins contraint que les chaînes commerciales, le service public peut sans doute plus aisément que les autres ouvrir le placard à archives, et remettre au goût du jour des émissions à succès. Émissions que le service public avait en son temps imaginé est-il nécessaire de préciser.

Une autre théorie consisterait à dire que les publics de la télévision traditionnelle étant de plus en plus âgés, il est normal qu’ils soient nostalgiques. Ces boomers cherchent naturellement à rester dans leurs repères d’antan et en particulier dans une époque aussi incertaine qu’anxiogène. Mais dans les tous cas la télévision du présent s’accorde encore avec le passé, même recomposé…. C’est même peut-être son futur ?


Le retour d’Intervilles interpelle…

En ces périodes difficiles et compliquées on se surprend à penser que c’était mieux avant. Que l’on vivait plus facilement, avec une certaine forme d’insouciance, sans peur du lendemain. Et on se prête à regretter les temps passés…

La certitude que le monde tournait mieux avant a toujours existée. Les psychologues ont une explication assez simple. Dans le présent on est plus sensible à ce qui va mal (normal on le vit) et à contrario notre mémoire privilégie toujours les bons aux mauvais souvenirs. Logique. A cela, on pourrait ajouter le côté anxiogène de nombre de médias, qui ont une très forte propension à en rajouter bien au-delà du raisonnable. Aujourd’hui, beaucoup de nos moyens d’informations (sauf l’Echo du Mardi évidemment) font du catastrophisme un vrai fonds de commerce.
Les psychologues ont également observés que ce caractère passéiste était plus répandu chez les séniors. C’est d’ailleurs peut-être à cela qu’on reconnaît les vieux restés jeunes ! Mais au fond précisent-ils aussi, tout cela pourrait aussi être vécu comme l’espérance en des jours meilleurs. Nous voilà rassurés !

On préconise également de replanter des arbres dans les villes

Mais, si le présent n’est pas pire que le passé pourquoi avons-nous cesse, aujourd’hui d’y faire référence ou de remettre au goût du jour des idées, des pratiques anciennes ?
Les exemples sont multiples. Tenez, commençons par la rentrée scolaire. De très nombreuses écoles se sont portées candidates pour le retour de la blouse. On suivra de ce point de vue l’expérimentation lancée à Châteaurenard. Du côté des collèges l’usage des téléphones portables sera interdit dans l’enceinte des établissements. Place aux vrais échanges et à la balle au prisonnier ! Au printemps 2025, les consignes des bouteilles en verre feront également leur retour dans les magasins. Enfin ! De nombreuses communes incitent les foyers, qui le peuvent, à s’équiper de composts pour leurs déchets organiques. De quoi faire sourire nos aïeux. On préconise également de replanter des arbres dans les villes. Il a fallu du temps à certains pour comprendre pourquoi « les anciens » avaient planté des platanes dans les rues de nos villes et villages de Provence !

Jamais les boulangers n’avaient compté dans leurs rangs autant d’anciens directeurs financiers ou informatiques

Prenez aussi le domaine culturel. Comment expliquer ce retour étonnant du disque vinyle dans une période où tout se dématérialise ? Pourquoi les tournées des vedettes des anciennes gloires de la chanson ou de la musique font-elles salles combles ? Et c’est pas fini, comment expliquer ce regain d’intérêt pour les métiers manuels autrefois considérés comme des voies de garage ? Jamais les boulangers n’avaient compté dans leurs rangs autant d’anciens directeurs financiers ou informatiques. On pourrait aussi parler du grand retour de la pratique du vélo, de la photo argentique, des polaroïds, des anciens jeux vidéo, ou encore du choix incroyable de Citroën de réutiliser son logo vieux de 100 ans…etc…

Bref, le passé est plus que jamais présent. S’il peut améliorer notre quotidien alors conjuguons-les. C’est sans doute la meilleure façon de conjurer un futur bien incertain …

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