26 mai 2024 |

Ecrit par le 26 mai 2024

La CCI de Vaucluse affiche ses ambitions jusqu’en 2026

En cette fin d’année, Gilbert Marcelli, président de la CCI de Vaucluse depuis un peu plus d’une année, a dressé le bilan de cette première année de mandat. Mais surtout, en compagnie des membres de son bureau et des présidents de commissions de l’organisme consulaire, il a tenu à présenter les grands axes jusqu’à la fin de sa mandature en 2026.

« Nous sommes là pour amener de la valeur ajoutée, explique sans détour Gilbert Marcelli, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Vaucluse depuis le 25 novembre 2021. On n’est pas là pour se faire prendre en photo ou pour couper des rubans. Nous ne voulons plus entendre que les CCI cela ne sert à rien »
C’est pour ces raisons que ce dernier vient de réunir les membres du bureau et les présidents de commissions de l’organisme consulaire afin de présenter la feuille de route de la mandature de la CCI de Vaucluse jusqu’en 2026.
Mais avant cela, l’équipe réunie autour de Gilbert Marcelli a tenu à rappeler qu’il a fallu d’abord « restructurer cette CCI avec un esprit d’entreprise. »
« Il était nécessaire de restaurer cet esprit d’action, poursuit le président. Et maintenant il va falloir aller vite pour faire en 4 ans, ce que nous nous devons de réaliser durant notre mandat de 5 ans. Il va falloir continuer à être réactif et travailler ‘en meute’ pour que l’économie vauclusienne se porte mieux. »

« Travailler en meute pour que l’économie vauclusienne se porte mieux. »

Gilbert Marcelli

Gilbert Marcelli, président de la CCI de Vaucluse.

Renforcer les coopérations
Ainsi, dans un premier temps, l’équipe de Gilbert Marcelli entend accélérer les dynamiques partenariales. Pour cela, les élus consulaires veulent renforcer la coopération avec l’ensemble des acteurs économiques et institutionnels.
Une volonté qui s’est traduite par une multiplication des conventions de partenariats passées avec la French Tech pour développer l’innovation et « proposer une vision des industries de demain » ainsi qu’avec les CCI italiennes et africaines pour développer l’international (ndlr : un voyage est prévu en février au Maroc pour y développer notamment les formations proposées par l’Ecole hôtelière d’Avignon).
La CCI 84 s’est aussi rapprochée de la Banque des Territoires pour identifier les dispositifs financiers utiles aux entreprises « car sans argent, on ne fait rien », insiste le président de la Chambre pour qui il faut aussi répondre « aux appels à projets de la Région et de l’Europe » pour accompagner les entreprises vers les dispositifs financiers adaptés à leur stratégie.

Formation, Industrie 4.0 et Académie Vaucluse Provence
La formation sera aussi au centre du projet de mandature de la nouvelle équipe qui veut se mobiliser « pour le plein emploi et les métiers de demain » au sein d’un campus inter-métiers : l’Académie Vaucluse Provence, qui sera inaugurée ce mois-ci.
« Il y a déjà l’Ecole hôtelière d’Avignon mais aussi Kedge, la pharmacie… » rappelle le président de la CCI.
Ce campus, qui devrait être agrandit de 4 hectares pour porter sa surface totale à 10 ha, accueillera l’École de Management Industriel et un centre de formation des demandeurs d’emploi sur les métiers en tension.

« Il ne s’agit pas de faire concurrence aux voisins mais d’enrichir l’offre de formation du territoire. »

Céline Laget

« Il ne s’agit pas de faire concurrence aux voisins mais d’enrichir l’offre de formation du territoire » explique Céline Laget, présidente de la commission Education et prospective qui annonce que l’Université d’Avignon, mais aussi des représentants des industriels et des collectivités seront invités à siéger au conseil d’administration de l’Académie Vaucluse Provence afin de participer au développement de ces formations. Avec un objectif affiché : doubler le chiffre d’affaires annuel du campus en le portant à 16M€ d’ici 4 ans.

Il faut remonter à 2007, ici avec le lancement du chantier d’une résidence étudiante, pour assister à l’extension significative du Campus de la CCI de Vaucluse situé à Saint-Chamand à Avignon. Aujourd’hui, la Chambre consulaire vauclusienne veut l’agrandir de 4ha pour porter sa surface totale à 10ha. Autre objectif : doubler le chiffre d’affaires du site d’ici la fin de la mandature en 2026.

Autre projet de la mandature, la création d’un Pôle R&D industrie 4.0 sur le Campus de la CCI. Un outil partagé entre apprenants et entreprises est destiné à accélérer l’innovation pour la Chambre de commerce et d’industrie qui ambitionne également d’identifier et accompagner les entreprises à hypercroissance, qu’elle réunira en réseau dans le club : ‘Les pépites du territoire’. « Il faut attirer tous les réseaux ensemble » assure Gilbert Marcelli.

Priorité au commerce de proximité
« Une des priorités de la mandature est d’agir pour le commerce de proximité, annonce Richard Hemin, membre du bureau et président de la commission commerce et rayonnement touristique. Il faut recréer le réflexe CCI pour les commerçants. Plusieurs actions ont à cet égard déjà été mises en place en novembre dernier par la Commission Commerce : réunir les associations de commerçants pour les aider à échanger sur les bonnes pratiques et dynamiser leur réseau, créer une carte de membre pour informer les commerçants sur les services CCI qui leur sont dédiés. Et parce que les élus consulaires considèrent que le commerce de proximité est un acteur de la valorisation de nos centres-villes et villages, ils vont proposer la création d’un événement par territoire : ‘les récompenses du commerce de proximité’. »

« Il faut recréer le réflexe CCI pour les commerçants. »

Richard Hemin

Assises de la mobilité et gestion de l’aéroport et du port du Pontet
Par ailleurs, la CCI 84 n’oublie pas rappeler qu’elle assure la gestion de l’aéroport Avignon Provence et du Port du Pontet. Des sites dont l’organisme consulaire a pour objectif de renforcer l’activité industrielle et commerciale car ils sont « au service du développement économique du territoire » assure Bruno Delorme, président de la commission Aménagement du territoire et équipements gérés.

Ainsi, sur le volet aéroportuaire, entendant maintenir l’aviation commerciale saisonnière dans le respect des riverains et de l’environnement, la CCI a demandé la suppression de l’activité privée de voltige et commandité une étude sur le bruit. Pour autant, et malgré les nuisances « ces infrastructures sont indispensables à l’économie du Vaucluse » martèle le président Marcelli qui veut également que la chambre s’inscrive aussi dans la transition écologique et la mobilité durable.

Le port fluvial du Pontet dont la CCI de Vaucluse assure la gestion.

Dans cette optique, la Chambre est ainsi à l’initiative d’un projet de transport fluvial sur le Rhône au départ du Port du Pontet.
La question de la mobilité semblant essentielle pour le monde économique local, la CCI entend se saisir du sujet en organisant, au printemps prochain, les ‘Assises des Mobilités’ qui réuniront entreprises et collectivités.
« Les sujets ne manqueront pas : la Leo, le tramway, le ferroviaire, prévient Patrice Perrot, membre associé conseiller délégué à l’énergie. Il y a également l’enjeu du dernier kilomètre et des mobilités multimodales. »

Côté environnement, « il y a aussi une énorme demande des entreprises sur le recyclage et la mise en place des ZFE (Zone à faibles émissions) qui concerne plus particulièrement le secteur d’Avignon », complète Dominique Damiano, président de la commission Proximité, coopération territoriale et économie circulaire.

Être présent sur l’ensemble du territoire
Enfin, la CCI entend être présente sur l’ensemble des territoires via un maillage des différentes intercommunalités pour agir en hyper-proximité. « Des binômes élus et conseillers entreprises sont ainsi constitués afin d’assurer une interface dans tous les EPCI auprès des entreprises et réseaux, explique Gilbert Marcelli. Des permanences dans les mairies, communautés de communes et sous-préfectures sont également mises en place pour être en proximité avec les entreprises et les collectivités. Notre rôle est d’expliquer comment fonctionne ‘l’entreprise’ CCI de Vaucluse ».
« Nous avons la volonté d’être présent sur tout le Vaucluse avec des techniciens qui puissent apporter des réponses immédiates aux 39 000 entreprises du département » confirme Nordine Saihi, membre du bureau.
C’est ainsi aussi par ce souci de proximité que les AG de l’institution consulaire sont ainsi désormais régulièrement délocalisées sur l’ensemble du Vaucluse.

Les interlocuteurs de la CCI de Vaucluse dans tous les territoires du département.

Pour cela, l’équipe du président de la CCI entend notamment s’appuyer sur les 150 collaborateurs consulaires et les 85 chefs d’entreprise (élus, membres associés et conseillers techniques) répartis sur l’ensemble du territoire.
« La CCI de Vaucluse se positionne comme le premier réseau public de proximité, accélérateur de l’économie et de la croissance durable des entreprises vauclusiennes », insiste Gilbert Marcelli qui rappelle que ses équipes se sont réunies en commissions à plus de 40 reprises depuis un an. « Ils ont construit ensemble un projet audacieux qu’ils s’engagent à mettre en œuvre durant la mandature. »


La CCI de Vaucluse affiche ses ambitions jusqu’en 2026

A l’occasion de la dernière assemblée générale de la CCI de Vaucluse qui vient de se tenir à la mairie d’Avignon, l’organisme consulaire a présenté un projet de navette fluviale sur le Rhône. Réuni en présence de Cécile Helle, maire d’Avignon, cette présentation a aussi été l’occasion d’évoquer les enjeux de mobilité sur le territoire du bassin de vie d’Avignon.

« Beaucoup d’éléments économiques, politiques ou environnementaux actuels qu’ils soient nationaux ou internationaux, viennent troubler notre vision de l’avenir rendant très difficile toute prospective économique, a expliqué Gilbert Marcelli, le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Vaucluse lors de la dernière assemblée générale décentralisée de l’organisme consulaire qui vient de se tenir en mairie d’Avignon.
« La problématique des transports et des déplacements est à cet égard, un des enjeux majeurs des prochaines années », a poursuivi le président de la CCI avant d’annoncer que « la mise en place de navettes fluviales sur le Rhône au départ du port du Pontet pourrait représenter une nouvelle alternative à l’utilisation de la voiture individuelle sur des axes routiers saturés. »
Devant les représentants de la CNR (Compagnie nationale du Rhône) et Cécile Helle, maire d’Avignon, qui soutiennent l’initiative, Gilbert Marcelli a ensuite dévoilé un film de présentation du projet (à découvrir en fin d’article).

10 fois moins de CO2
Pour les différents intervenants, l’objectif serait de mettre en place cette desserte d’ici 2 ou 3 ans afin d’offrir des alternatives à l’automobile pour les déplacements quotidiens. Assurée par un bateau à propulsion électrique avec un départ depuis le port du Pontet où serait aménagé un parking relais, la navette desservirait ensuite les allées de l’Oulle puis le secteur de Courtine avant de rejoindre l’embarcadère de Villeneuve-lès-Avignon situé au pied de la tour Philippe-le-Bel.
D’une capacité de 50 passagers, cette navette devrait permettre d’émettre 10 fois moins de CO2 que des voitures individuelles.
« Nous pouvons peut-être également envisager de pousser un peu plus loin afin de desservir la gare TGV de Courtine », complète Gilbert Marcelli, qui ambitionne que la CCI 84 « démontre sa capacité à innover et à proposer des projets ambitieux et structurants pour le territoire en s’inscrivant notamment comme un partenaire des collectivités territoriales. »

Explorer de nouvelles pistes
« L’été que nous avons vécu nous a rappelé que nous sommes dans un monde qui se transforme très vite en raison du changement climatique », a insisté Cécile Helle, maire d’Avignon, devant les représentants du monde économique local.
« Devant ces phénomènes, poursuit l’élue de la cité des papes, soit on continue à ne pas prendre la mesure des choses et on va subir. Soit on prend les choses à bras le corps car l’attractivité de notre territoire passera par ces enjeux-là. Tous les projets doivent être marqués autour de ces thèmes environnementaux et de qualité de vie, surtout dans les villes de l’arc méditerranéen. Il nous faut nous réinventer de manière forte même si cela est difficile pour la mobilité. Et pour cela, il a plusieurs pistes à explorer, comme le fluvial avec ce projet de navette. »

« Il nous faut nous réinventer de manière forte. »

Cécile Helle, maire d’Avignon.

Mais avant toute chose, comme elle l’avait fait dans nos colonnes en juillet dernier, Cécile Helle a rappelé qu’il était déjà nécessaire de savoir à quelle échelle nous devions penser la mobilité sur ce territoire. « Il faut aller bien au-delà d’Avignon, il faut raisonner sur l’ensemble du bassin de vie si nous voulons protéger la globalité de son territoire. Surtout si nous voulons limiter le trafic de transit des camions par exemple. »
Toujours côté mobilité, le maire d’Avignon dresse aussi un constat sans concession d’un tramway qui ne dessert pas de pôle d’emploi : « C’est unique en France », une sous-utilisation des transports en commun, l’urgence des nouveaux parking-relais : « nous ne pouvons plus attendre, 2 ou 3 ans maximum », le manque de TCSP (transport en commune en site propre) : « On y est pas encore »…
Cécile Helle reste cependant optimiste car il y a d’autres pistes à exploiter en terme de mobilité : le fleuve ; comme déjà évoqué, mais aussi le train dans « ce territoire à taille humaine et agile ».
« Avignon a la chance de se trouver au centre d’une étoile ferroviaire presque unique en France, insiste-t-elle. Et même si une nouvelle ligne TER vient encore de s’ouvrir avec Occitanie, nous n’avons pas tiré encore le plein potentiel de cette situation afin de renforcer notre attractivité. »
Cependant, le maire d’Avignon tempère aussitôt son enthousiasme pour le train : « encore faut-il que la SNCF soit attentive à la régularité de son offre. Il faut aussi que l’on se batte pour la réouverture de la gare du Pontet ou celle de Saint-Chamand. »
Même sentiment d’être pris de haut pour le maire d’Avignon lorsqu’elle porte le projet de gratuité de l’autoroute A7 entre Avignon-Sud et Avignon ou bien encore la création d’un accès autoroutier vers Cabannes (sur le modèle de celui de Piolenc). « Nous sommes allés rencontrer les responsables de Vinci avec Joël Guin, le président du Grand Avignon, pour évoquer la gratuité. » Elle n’en dira pas plus sur l’accueil qui leur a été réservé tant il semble avoir été méprisant pour des élus de la république.
« L’Etat, qui siège au sein de ces structures ou qui accordent les délégations, devrait faire entendre sa voix. Ce n’est pas normal, c’est ce que nous demanderons à la nouvelle préfète de Vaucluse.

« La LEO je n’y crois plus »

Cécile Helle, maire d’Avignon.

Penser la ville autrement
L’urgence climatique pousse ainsi Cécile Helle à rappeler la nécessité « d’aménager la ville autrement que ces dernières années, que ce soit à Avignon ou tout son bassin de vie ». Et ce d’autant plus que « la voiture promeut un développement de la ville consommateur de foncier » et que la loi Zan (Zéro artificialisation nette) fera « qu’il y aura une concurrence sur le foncier qui va s’accroître dans les années à venir ».
Il faut aussi repenser les anciens projets en intégrant les réalités d’aujourd’hui comme pour la Leo (Liaison Est-Ouest) dont la deuxième tranche, après 25 ans de retard, ne semble plus adaptée pour le maire d’Avignon : « La LEO je n’y crois plus », reconnaît-elle alors qu’elle rappelle pourtant la nécessité vitale pour la cité des papes de disposer d’un contournement Sud d’Avignon. »

Une partie des élus de la CCI de Vaucluse lors de leur assemblée générale délocalisée dans la salle du Conseil de la ville d’Avignon

Priorité à l’apprentissage
Par ailleurs, cette AG de la CCI a été aussi l’occasion pour l’organisme consulaire vauclusien de signer une convention de partenariat avec Henri Lachmann, ex-PDG de Schneider electric, mais surtout président de l’association carpentrassienne ‘Un par un‘ dédiée à l’accompagnement des jeunes dans leur inclusion sociale et professionnelle.
Comme ils l’ont notamment fait avec Enedis Vaucluse, les représentants de ‘Un par un’ ont incité les patrons présents à lutter contre le chômage des jeunes.
« Nous sommes lanterne rouge du chômage des jeunes. J’encourage les entreprises à faire de la formation dans le cadre de l’apprentissage, martèle Henri Lachmann dont l’association s’occupe d’une centaine de jeunes et d’une cinquantaine sont placées. »
« Aujourd’hui, nous sommes à la recherche de main-d’œuvre, il faut l’accompagner, complète pour sa part Gilbert Marcelli. Nous sommes une ville sociale, il faut que là aussi nous changions nos comportements en matière de recrutement. »
Et finalement que ce soit en matière de recrutement des jeunes, d’aménagement de la ville ou de mobilité, le président de la CCI de Vaucluse assure « qu’il faut sortir par le haut et que la Chambre de commerce et d’industrie jouera pleinement son rôle de force de proposition et d’accompagnement des collectivités territoriales. »


La CCI de Vaucluse affiche ses ambitions jusqu’en 2026

La guerre en Ukraine a servi de révélateur à un mouvement de fonds entamé depuis de nombreux mois : l’augmentation des approvisionnements en matières premières ainsi que la hausse des prix de l’énergie. Une situation qui met en péril l’ensemble du secteur du BTP dont les représentants de la Fédération du BTP 84 et de la Capeb de Vaucluse sont venus tirer la sonnette d’alarme à l’invitation du président de la CCI de Vaucluse

« Bien sûr nous ne sommes pas la seule industrie touchée, mais cela impacte fortement notre activité », constate à regret Christian Pons, président de la Fédération du BTP de Vaucluse.
Il faut dire qu’après 2 ans de Covid le secteur s’était mis en ordre de bataille pour faire face à la reprise économique tant espérée. La flambée des prix de l’énergie et des matières premières a depuis remis en cause les perspectives de croissance tant espérée jusqu’alors.
« Cela fait 3 mois qu’il y a une forte inflation même si cela commencé depuis 1 an déjà, poursuit le président de la Fédération du BTP. A part le bois, le carrelage ou les tuiles par exemple, il n’y a pas réellement de pénurie mais plutôt une telle demande, de la Chine et des Etats-Unis notamment, que les prix explosent tout comme les délais de livraison. Tout cela était déjà présent avant le conflit en Ukraine qui a eu un effet aggravant. Il ne faut donc pas croire que tout vient de cette guerre même si cela a déclenché une vraie crise dans l’énergie. » Ainsi, si l’augmentation des prix se montait à +2% en 2021, elle s’élève déjà à +9% depuis le début de l’année.

Prix des matériaux : c’est la tuile…
+10% en janvier puis +15% en mars pour les tuiles, +20% au premier trimestre pour le carrelage tout comme +50% pour les treillis soudés, +9% pour les parois de douche, +15% pour le PVC, +28% pour l’alu, +15% pour le bois, +15% pour le béton, +40% pour les enrobés ou bien encore +27,4% pour une porte en 12 mois… Des travaux publics au second œuvre en passant par le gros œuvre, tous les familles du BTP sont donc touchées par ces hausses.
« Quand on parle de ce type d’augmentation il est toujours difficile de cerner l’impact sur les chantiers, explique Christian Pons. Cependant, on peut estimer aujourd’hui que cela entraîne, tous travaux confondus, un surcoût compris entre 8% et 12% du prix de vente d’une maison par exemple. »
Une situation intenable pour des entreprises dont les marges sont actuellement comprises entre 0% et 3%.
« Ce n’est pas possible de travailler à perte alors que les trésoreries ont été asséchées par deux ans de Covid », s’alarme le président de la Fédération du BTP 84 qui demande notamment le prolongement du PGE (Prêt garanti par l’Etat).
Outre les matériaux, le secteur espère également des aides pour aussi faire face aux hausses des coûts de l’énergie, du carburant, des transports… Dans ce contexte d’incertitude difficile de se projeter en raison d’une validité des devis de plus en plus courte et des grilles tarifaires sans visibilité.

De gauche à droite : Daniel Leonard, vice-président de la Fédération du BTP84 et président de la branche TP, Christian Pons, président de la Fédération du BTP84, Gilbert Marcelli, président de la CCI de Vaucluse, ainsi que Philippe Herzog, président de la Capeb de Vaucluse et représentant de la Chambre de métiers et de l’artisanat 84, ont évoqué les problématiques de la filière de la construction particulièrement frappée par la hausse des prix et les difficultés d’approvisionnement.

Des devis sans prix
« Beaucoup continuent de travailler en perdant de l’argent, regrette pour sa part Philippe Herzog, président de la Capeb 84 (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) et représentant de la Chambre de métiers et de l’artisanat de Vaucluse. Il y a un vrai problème de rentabilité, il faut désormais compter 30% du montant des matériaux dans le devis. Ces coûts changent tellement que certains professionnels reçoivent des devis sans prix qui seront établi lors de la livraison ! Même, la palette est devenue payante maintenant. »
Et les professionnels vauclusiens du BTP, qui représente plus de 2 000 entreprises et plus de 12 000 emplois dans le département, de dénoncer en chœur les limites de la mondialisation pour expliquer cette situation.
« Il y a un problème de spéculation, tout particulièrement avec l’énergie, dénonce Gilbert Marcelli, président de la CCI de Vaucluse. Il faut donc réintroduire la fabrication en France pour être moins dépendant de ces fluctuations. Le plan de relance du gouvernement devrait ainsi permettre de relancer la ré-industrialisation du pays. »

« Il s’en est fallu de peu que Carpentras se retrouve sans eau.»

Christian Pons, président de la Fédération du BTP de Vaucluse

Pour illustrer cette problématique, le président du BTP prend l’exemple de la conduite d’eau de grand diamètre qui a cassé à Carpentras il y a quelques jours. « Il a fallu toute la solidarité des entreprises locales pour trouver les tuyaux nécessaires à la réparation car il n’y avait pas les matériaux chez les fournisseurs. Il s’en est fallu de peu que Carpentras se retrouve sans eau. Cet évènement devrait d’ailleurs inciter les collectivités à engager une réflexion sur la création de ‘stock stratégique’ afin de faire face à ce type d’incident. »

Quelles perspectives et quelles solutions ?
« Nous sommes tous menacés si nous ne parvenons pas à stabiliser la situation, prévient Christian Pons. Les ‘petits’ résistent mieux mais les PME et les ‘gros’ peuvent être laminés en seulement quelques mois. »
Une des réponses passe par l’adaptation de la réglementation des prix dans le cadre des marchés publics. Exit donc les « prix ferme et non-révisable ».
« Il faut pouvoir actualiser les prix, prévoir une clause d’imprévisibilité (ndlr : pour que les maîtres d’ouvrage participent aux éventuels surcoûts des matériaux) et geler les pénalités de retard », réclament les professionnels et artisans du BTP de Vaucluse.
Un début de réponse a déjà été apporté avec la nouvelle circulaire du 30 mars 2022 relative à l’exécution des contrats de la commande publique dans le contexte actuel de hausse des prix de certaines matières premières. L’Insee calcule également les indices tous les 45 jours, et plus tous les 90 jours, afin d’être plus réactif sur les prix.
La Capeb et la Fédération du BTP demandant aussi la chasse aux offres ‘kamikazes’ avec des propositions anormalement basses provenant de gens « qui ne respectent pas les critères sociaux ». Mais tout cela concerne les marchés publics.
Côté privé, « c’est porte close, regrette Christian Pons. Les grands promoteurs nous disent ‘on a déjà vendu, on ne peut rien faire’. Cela peut pourtant entraîner l’arrêt des programmes si personne ne fait l’effort de compenser une partie des surcoûts. »

« Il faut faire émerger une intelligence locale. »

Philippe Herzog, président de la Capeb 84

En finir avec les guerres de clocher
« Aujourd’hui, tout est ralenti, s’inquiète le président de la CCI de Vaucluse. Il y a d’abords eu les présidentielles, puis la nomination du nouveau gouvernement et après il y aura les législatives et les vacances. Tout sera vraiment opérationnel en septembre et au final on aura ‘cramé’ 2022. »
« Il faut faire émerger une intelligence locale pour répondre à ces problématiques », complète le président de la Capeb 84 qui espère « que les aides publiques seront à la hauteur des enjeux de la rénovation énergétique. »
« Dans tous les cas, il faudra être unis, les fédérations et les entreprises, comme c’est le cas aujourd’hui avec la Capeb et la Fédération du BTP, se félicite Gilbert Marcelli. Les guerres de clocher c’est terminé ! Il faut que nous soyons tous alignés autour des mêmes objectifs avec la Région Sud et le Conseil départemental de Vaucluse également. »


La CCI de Vaucluse affiche ses ambitions jusqu’en 2026

Gilbert Marcelli, président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie du Vaucluse (UIMM 84), revient sur les raisons qui ont poussé son union professionnelle à mettre en place un atelier de création de visières.

« Il fallait répondre à une attente immédiate, explique celui qui est à la tête de l’UIMM 84 depuis 2015. Que ce soit autant à la demande du préfet de Vaucluse que de nos adhérents. »

Un investissement de 35 000 € qui a permis d’équiper, dans l’urgence, les industriels locaux ainsi que certains services de l’Etat avec des visières ‘Made in Vaucluse’.

Mais l’UIMM 84 ne veut pas en rester là et travaille déjà, sous le contrôle de la DGA (Direction générale de l’armement), à la réalisation de masques réutilisables.

« Il s’agit d’un acte civique, et pas d’une opération commerciale, dont l’objectif est d’aider nos adhérents à passer la crise », insiste Gilbert Marcelli.

« C’est le moment d’agir. »

Le président de l’UIMM évoque également les conséquences du Covid-19 sur un secteur d’activité qui a vu le chiffre d’affaire de l’industrie vauclusienne chuter de 44 % durant cette période de crise sanitaire. Pour lui, s’il n’y a pas de relance efficace, c’est à partir de septembre qu’il pourrait y avoir de la casse pour l’industrie locale.

Une inquiétude qu’il tempère cependant avec une crise qui peut aussi constituer une opportunité de relocaliser les outils industriels dans notre pays.

« Nous avons la possibilité de rebondir si toutes les bonnes volontés sont mobilisées. C’est donc le moment d’agir. »

https://www.echodumardi.com/tag/gilbert-marcelli/page/2/   1/1