4 mai 2024 |

Ecrit par le 4 mai 2024

L’Écume des jours, expérience immersive au Grenier à sel

A l’occasion de la 75ème édition du Festival d’Avignon, le Grenier à sel propose une programmation dédiée aux formes immersives et numériques dans le spectacle vivant. A travers des spectacles, des rencontres et une exposition, ‘Aires numériques 2‘ vous invite à découvrir des artistes exceptionnels jusqu’à la fin juillet. L’Echo du mardi a testé pour vous L’Écume des jours XR, une plongée succulente dans l’univers de Boris Vian.

Deux journées d’échanges viennent de prendre fin autour du spectacle vivant et des scènes numériques. Une rencontre organisée par la French Tech Grande Provence, avec le Festival d’Avignon, en partenariat avec Dark Euphoria et le Grenier à sel. La Région Sud et la ville d’Avignon ont également tenu à soutenir l’événement. La thématique ? La conjugaison de la technologie et de la culture. « Il s’agissait de la 3e session et le Festival d’Avignon est membre fondateur. Chaque année, la French Tech Grande Provence investit dans le champ des actions culturelles », explique Laure Baudouin, responsable communication au sein de la French Tech. Durant deux jours se sont succédés tables rondes, ateliers, conférences, échanges et débats.

Comment et pourquoi articuler innovation technologique et spectacle vivant ? « Peu de lieux travaillent sur cette transdisciplinarité. L’objectif était de s’interroger sur la façon dont le monde numérique s’invente chaque jour et comment travailler en collaboration pour faire naître des projets expérientiels. Mais aussi, quels sont les a priori concernant la digitalisation et comment y faire face, explique Véronique Baton, directrice du Grenier à sel.

Carton plein pour les rencontres de la French Tech Grande Provence.

Expérience hybride

« Ces deux jours étaient aussi rythmés par des échanges plus informels à la cafétéria afin de multiplier les interactions, échanger les bonnes pratiques et aborder des problématiques, explique Marie Albert, de l’agence Dark Euphoria. Les intervenants ? Ils étaient multiples: programmateurs, producteurs, artistes, metteurs en scène, institutionnels… L’objectif de ces deux jours: montrer comment créer des projets en commun et s’appuyer sur cette pluridisciplinarité, tout en considérant la complexité du montage induit par le numérique. « C’est un vrai projet mixant l’art et la technologie. Nous travaillons sur des expériences hybrides et collectives. Il ne s’agit pas que de hors sol. Les nouvelles technologies que nous proposons sont transparentes, pas de casque, ni de lunettes. »

Dans le cylindre, la production vous emporte. Photo: Linda Mansouri
L’expérience XR L’Écume des jours

Rapidement, nous faisons la rencontre d’une femme pétillante et passionnée. Julie Desmet Weaver, autrice et metteuse en scène du spectacle L’Écume des Jours XR. L’originalité ? Une expérience immersive et interactive de 15 minutes dans une structure à 360°, le Cube. Une fois à l’intérieur d’un cylindre intrigant, nous voilà emportés par les personnages chers à Vian qui défilent, les animations vertigineuses nous transportent et nous désorientent quelques fois. Colin nous parle, il nous lance un défi. A l’aide de notre corps, dont chaque mouvement est capté par la technologie, nous voici imitant le danseur, jouant au pianocktail ou faisant apparaître des nénuphars. L’équipe derrière cette belle échappée ? Julie, mais pas seulement ! Vincent Borrel et Nicolas Gambini sont les directeurs techniques Inlum.in. Mathieu Rozières est le producteur (Dark Euphoria), Alain Lagarde est responsable de la création visuelle.

Le pianocktail vous attend au Grenier à sel. Photo: Linda Mansouri

A l’origine ? Une idée en or, une référence littéraire sacrée de notre répertoire et un univers à part entière. Mais des financements manquants. Très vite, Julie Desmet Weaver tape aux portes et la situation se dénoue. L’Europe salue l’innovation et l’expérience et abonde en 2018 d’une subvention de 15 000€. L’Adami (administration des droits des artistes et musiciens interprètes) irriguera de 5 000€. « C’est un format expérimental, on ne part pas d’un théâtre classique avec un cadre prédéfini, il y a tout à inventer, des idées à trouver, des expériences à tester. Je suis heureuse car c’est la concrétisation de mon projet. Nous sommes au croisement de plusieurs genres: littérature, art vivant, cinéma et innovation, les passerelles prennent vie, c’est extraordinaire. » Et pour cause, être soutenue par les éditions Vian, la French Tech et tant d’autres acteurs, un accompagnement digne de ce nom. Le projet voit le jour et suscite rapidement l’adhésion. Les retours positifs se multiplient.

Le matériel ? Un cube que l’on peut installer n’importe où. « Une gare, un aéroport, partout ou une connexion existe. » Ce type de projet soulève toutefois une complexité : des investissements financiers conséquents pour une génération de ressources assez faible. Laure Baudouin flèche alors une seconde difficulté : « ce genre de projet nécessite la contribution de développeurs et ces derniers se font rares car la discipline n’est pas suffisamment enseignée. » Des propos appuyés par Julie : « ces métiers sont primordiaux. Nous nourrissons constamment la narration de la recherche des développeurs. »

Quid de l’humain ?

« Pour les jeunes qui n’ont pas l’habitude de lire, la technologie est une porte d’entrée. Les personnes âgées un peu suspicieuses au départ ressortent ravies. Cette expérience donne lieu à des échanges intergénérationnels très intéressants. » La relation à l’humain ? Rien ne saura la faire disparaitre selon Julie. « Elle est conservée puisque le XR permet ensuite d’assister au spectacle vivant. » Véronique s’empresse d’ajouter : « je dirais même que le numérique est un cheminement vers le vivant. » Plus une minute à attendre, réservez votre voyage immersif et faites la rencontre du célèbre Colin… Découvrez la programmation en cliquant ici

Le cube se dresse et vous appel à l’évasion. Photo: Linda Mansouri

L’Écume des jours, expérience immersive au Grenier à sel

En hommage à Louis Bec, une scénographie évoque sa pensée multiple à travers la présentation de livres, d’images de synthèse, de documents d’archives, de témoignages d’artistes (Maurice Benayoun, Eduardo Kac), de capsules vidéo réalisées par l’Imca (Institut des métiers de la communication audiovisuelle) ainsi qu’un film spécialement conçu pour l’occasion par le réalisateur Philippe Villaume. Une évocation sonore et visuelle de Louis Dandrel, compositeur, figure majeure  du design sonore, ex-directeur de France Musique et complice artistique de Louis Bec accompagne cette présentation. Artiste, zoosystémicien, Louis Bec est l’un des pionniers de la vie artificielle. Président fondateur de l’Institut scientifique de recherche paranaturaliste, penseur infatigable, il a développé une recherche extrêmement rigoureuse et fantaisiste à la fois et n’a cessé d’interroger avec acuité les relations entre art, science et technologie. Il est aussi l’inventeur poétique et ironique d’une classification des formes de vie artificielle des plus complexes. Conscient de l’importance grandissante des technologies numériques et surtout de la façon dont elles conduisent à transformer les façons de penser, de créer, de construire les relations entre l’homme et le reste du monde vivant il a été l’initiateur d’espaces de rencontre, de confrontations et d’expérimentations sur ces sujets essentiels. Ardenome est un lieu d’innovation et de création dédié à l’art des nouveaux média, créé et financé par le fonds de dotation EDIS.

Cabinet de curiosité Louis Bec. ‘Installations’ du 9 au 25 juillet. Ardenome. Lieu d’innovation et de création Avignon. 04 32 74 05 31. 2, rue Rempart Saint-Lazare. Avignon


L’Écume des jours, expérience immersive au Grenier à sel

L’Ardénome, lieu d’innovation et de création d’Avignon, propose de se couler dans une expérience sonore et sensorielle au cœur de l’œuvre ‘hEART’ conçue par l’artiste Christophe Ruetsh : « Le cœur est une pompe indispensable à la mécanique humaine.

Il produit un son. Chaque cœur possède son identité sonore, son rythme, sa fréquence et, parfois, devient présent à notre perception. » Des portraits de cœur de personnes gravitant dans le milieu de la danse seront recueillis pour l’occasion et intégrés dans l’installation en lien avec le festival des Hivernales et en coproduction avec Naïf Production. Cette exposition est une initiative d’Edis, fonds de dotation dédié à l’art des nouveaux média. ‘Autour de l’exposition’ propose la présentation de l’installation en présence du créateur et en lien avec le spectacle de Naïf production mercredi 19 février à 16h. Gratuit. Réservation conseillée.

Vernissage de l’exposition vendredi 14 février à 18h. Exposition les samedi 15 février au 7 mars. Ardénome, ancien Grenier à sel, 2, rue du Rempart Saint-Lazare à Avignon. 04 32 74 05 31. Ardenome.fr

https://www.echodumardi.com/tag/grenier-a-sel-avignon/   1/1