27 juin 2025 |

Ecrit par le 27 juin 2025

60 ans plus tard, La Balance penche du bon côté pour les Harkis d’Avignon

Le quartier de La Balance à Avignon figure parmi les 37 nouveaux lieux reconnus par la Commission nationale indépendante pour les Harkis (CNIH) au titre de la réparation nationale envers les Harkis dans le cadre de la loi du 23 février 2022. Dans la région Arles, Manosque, Nice ainsi que Montpellier et Perpignan sont aussi concernés par cette décision.

Le gouvernement vient de valider la proposition de la CNIH d’intégrer 37 nouveaux sites à la liste des structures ouvrant droit à réparation, dans le cadre de la loi du 23 février 2022 portant reconnaissance de la Nation envers les Harkis. Parmi ces lieux, on retrouve le bidonville du quartier de la Balance à Avignon où de nombreuses familles de Harkis vivront dans les années 1960 dans des logements insalubres.

Un quartier en délabrement
Le préfet de Vaucluse écrivait alors dans un rapport au Premier ministre en 1960 que ce quartier du centre‑ville était « très dégradé, abandonné par ses propriétaires qui ont naguère fermé portes et fenêtres pour ne pas payer l’impôt, insalubre et même dangereux à cause des risques d’effondrement ». Ainsi, sur les 824 logements du quartier de la Balance, 429 étaient insalubres, en raison notamment des inondations. Le rapport du préfet de l’époque mentionne également que ce quartier est devenu « un refuge de nomades et de marginaux ».

Crédit : collection Michel Bourgues-DR

« Un refuge de nomades et de marginaux »

Le préfet de Vaucluse de l’époque

Pas d’eau, pas d’électricité, pas de chauffage…
À la suite de la suppression des maisons closes et en raison du nombre de logements vacants, « on décida d’y concentrer des familles gitanes ». Comme dans d’autres villes du sud de la France, on y trouve également à partir de 1962 des Harkis, qui y vivent sans eau, sans électricité ni chauffage, dans des appartements aux portes et fenêtres qui ne ferment pas. Les familles de Harkis (environ 150 personnes selon le CNIH) se regroupent par communauté et vivent dans des appartements situés principalement rue Ferruce, rue de la Grande Frusterie et rue de la Juiverie d’octobre 1962 à octobre 1966.
Les personnes susceptibles d’y avoir séjourné et leurs descendants pourront prochainement entamer des démarches de réparation auprès du service départemental de l’Office national des combattants et des victimes de guerre (ONaCVG), dès que le cadre réglementaire sera finalisé.

Par la suite ce quartier fut détruit dans le cadre d’une opération menée par la SEM Citadis (voir encadré en fin d’article), et les populations gitanes et harkis furent relogées dans deux quartiers distincts situé dans la cité Beau Soleil dans le secteur de Monclar qui fait déjà partie depuis 2023 des premiers quartiers choisis par la CNIH ouvrant droit à des dispositifs de réparation. Dans la région Arles (Le Mas Fondu), Manosque (Cité du Saint-Martin) et Nice ‘Bidonvilles : Digue des Français, Montagne ainsi que Saint-Roch) sont aussi concernés par cette décision. Dans le reste du grand Sud on trouve également Montpellier (Cité Redon et Zoo de Lunaret) et Perpignan (Bidonville de la cité Bellus – actuel Nouveau Logis).
Jusqu’à 6 000 personnes supplémentaires pourraient être indemnisées à la suite de leur passage dans l’un de ces sites. A ce jour, depuis sa création en 2022, la vingtaine de membres de la commission a traité plus de 27 000 dossiers pour un montant de près de 176M€.

« Le quartier de la Balance fait désormais pleinement partie de l’histoire nationale des Harkis et de la mémoire collective. »

Jean-Baptiste Blanc, sénateur de Vaucluse

« La reconnaissance du quartier de la Balance dans notre département de Vaucluse est une avancée majeure, souligne Jean-Baptiste Blanc, sénateur de Vaucluse, qui a été un des premiers élus locaux à réagir. Elle constitue un geste fort de justice et de mémoire, envers celles et ceux qui, après avoir servi la France, ont été relégués dans des conditions indignes sur notre sol. »
« Je tiens à saluer l’engagement de la Commission, des associations et de tous ceux qui ont contribué à faire émerger cette reconnaissance, poursuit le parlementaire. Le quartier de la Balance fait désormais pleinement partie de l’histoire nationale des Harkis et de la mémoire collective. »

L.G.

La Balance : une volonté de sauvegarde du patrimoine à l’origine de la loi Malraux
La Société d’équipement du département de Vaucluse (SEDV) est officiellement née le 3 mars 1960. Henri Duffaut, maire d’Avignon est alors élu président et Jean Garcin, président du conseil général, est désigné vice-président. Le conseil d’administration de l’ancêtre de Citadis lui assigne comme objectif prioritaire de réaliser la ZUP d’Avignon et de rénover la balance. Autrement dit de démolir ce quartier insalubre mais très vite autour de la Balance des voix s’élèvent contre cette atteinte au patrimoine.
Cela tombe bien, à l’autre bout de la France des destructions identiques sont imaginées dans le quartier du Marais à Paris. André Malraux, ministre de la culture de l’époque entend des défenseurs du patrimoine. Il fait voter une loi qui porte encore aujourd’hui son nom : grâce à la mise en valeur du patrimoine l’historique elle donne droit à des investissements défiscalisés.
Crédit : Citadis-DR


60 ans plus tard, La Balance penche du bon côté pour les Harkis d’Avignon

Le Cercle Algérianiste d’Avignon et des Pays de Vaucluse et l’Arapa (Association des rapatriés et leurs amis du Pays d’Arles) proposent une projection du film ‘ Les Harkis’, jeudi 10 novembre à 20h au Capitole Studios au Pontet.

Le film ‘Les Harkis’ de Philippe Faucon sera diffusé lors d’un projection spéciale organisée par le Cercle Algérianiste d’Avignon et des Pays de Vaucluse et l’Arapa (Association des rapatriés et leurs amis du Pays d’Arles) au Capitole Studios. Pour assister à cet évènement, il faut réserver sa place à la caisse ou sur internet. A noter que les adhérents du cercle Algérianiste bénéficient de place à 6€ s’ils le notifient au guichet.

Un drame historique avec Théo Cholbi, Mohamed El Amine Mouffok, Pierre Lottin, Yannick Choirat, Omar Boulakirba © DR

Fin des années 50, début des années 60, la guerre d’Algérie se prolonge. Salah, Kaddour et d’autres jeunes Algériens sans ressources rejoignent l’armée française, en tant que harkis. A leur tête, le lieutenant Pascal. L’issue du conflit laisse prévoir l’indépendance prochaine de l’Algérie. Le sort des harkis paraît très incertain. Pascal s’oppose à sa hiérarchie pour obtenir le rapatriement en France de tous les hommes de son unité.
Reflet d’un passé douloureux, ce drame historique de 1h22 évoque le sort réservé à ces combattants de la France abandonné pour la plupart à un destin parfois ignoble.

« Les Harkis » de Philippe Faucon, jeudi 10 novembre au Capitole Studios, 161 Avenue de Saint-Tronquet, Le Pontet. Billeterie disponible en caisse ou sur internet.

J.R.

https://www.echodumardi.com/tag/harkis/   1/1