5 septembre 2025 |

Ecrit par le 5 septembre 2025

‘Voies de passage’, entretien entre un ancien syndicaliste et un capitaine d’industrie

Ce sont les Éditions de l’Aube, créées par le sociologue Jean Viard à la Tour d’Aigues, qui publient ce livre inédit d’entretien. D’un côté, Laurent Berger, ancien secrétaire général de la CFDT, aujourd’hui directeur de l’Institut Mutualiste pour l’Environnement et la Solidarité et créateur de la collection La société du compromis. De l’autre, Benoît Bazin, PDG du Groupe Saint-Gobain qui existe depuis 1665 (360 ans), emploie 160 000 collaborateurs dans 80 pays, compte 900 usines dans le monde et affiche un chiffre d’affaires de 50Mds€.

Entre un militant et un patron, ce dialogue a été rendu possible grâce à la volonté de ces deux hommes de « se parler, s’écouter, rapprocher les points de vue de chacun, communiquer pour se comprendre, bref, de trouver des Voies de passage’, même si on n’est pas forcément d’accord sur tout mais on se respecte », écrit Laurent Berger dans la préface. Au fil des chapitres, il va interroger Benoît Bazin sur ses racines normandes, sa famille, ses études, ses valeurs, sa carrière et son action au sein de l’entreprise du CAC 40 spécialisée dans le bâtiment et la construction.

Pourquoi ce choix ? « Parce que je l’avais déjà rencontré, répond Laurent Berger. Ce qui m’avait intrigué chez lui, c’était son sens de l’écoute et de la nuance, mais aussi l’humanité qui émanait de sa personnalité. Loin de l’arrogance supposée de ses corelégionnaires. J’ai découvert les facettes d’un homme engagé qui porte des valeurs fortes. Ni grande gueule, ni donneur de leçons. Leader mais pas gourou. Faire le choix de la transition écologique, défendre un capitalisme plus responsable, se préoccuper de chacun et particulièrement des plus fragiles, porter des propositions concrètes sur le logement, le travail, la formation. Donc trouver ‘des voies de passage’, voilà ce qui nous a réunis. D’autant que je considère que l’entreprise est le terrain de jeu idéal du compromis. »

Tour à tour son évoqués dans le livre l’enfance de Benoît Bazin à Caen, ses grands-mères « modernes et libres » qui travaillaient toutes les deux à une époque où les femmes étaient plutôt cantonnées à rester au foyer, ses parents médecins hospitaliers, lui en réanimation, elle en pédiatrie. Ses études, sa découverte puis sa passion pour le du violoncelle et la montagne, son arrivée à Paris en prépa au Lycée Louis le Grand, puis à Polytechnique et Ponts & chaussées. « Je crois beaucoup en la transmission de valeurs, d’expérience », confie-t-il. Entré chez Saint-Gobain en 1999, il grimpe tous les échelons jusqu’à président depuis l’an dernier.

« En 2021, la construction durable est devenue notre ADN. il faut savoir que le bâtiment représente 40% des émissions de CO2 et qu’il consomme 50% des ressources naturelles. Donc l’enjeu pour nous est majeur : rendre cette activité vertueuse, construire vite et bien, faire plus, mieux avec moins. Réemployer les matériaux comme le gypse et le verre, recycler, réduire le gaspillage, améliorer le confort acoustique, thermique, la qualité de l’air. Comme nous le disons dans l’entreprise à l’unisson avec tous les salariés, ‘faire du monde une maison commune plus belle et durable’. 

Tout le personnel est mobilisé sur la rénovation énergétique. Elle permet dans une maison individuelle de faire baisser la facture de 70% et donc de retrouver du pouvoir d’achat. D’ailleurs, nous investissons chaque année 600M€ dans le recherche et le développement – dont 60% en France – avec 4 000 agents dévolus à l’innovation dans le monde entier et nous déposons environ 400 brevets par an. En 360 ans d’existence, Saint-Gobain en a traversé des guerres, des révolutions, des crises, des changements de direction et d’actionnaires, mais nous continuons à avancer. L’entreprise, contrairement aux gouvernements n’est pas contrainte par les échéances électorales », ironise-t-il. Lui qui a assisté à 2 COP à Glasgow et Dubaï, résume : « Il vaut mieux changer les choses de l’intérieur que de les critiquer de l’extérieur. »

Que fera-t-il quand il quittera le groupe Saint-Gobain ? « Transmettre, devenir bénévole, cela donne du sens. Le plus beau métier du monde ? Être maire, il peut changer la vie des gens. » Benoît Bazin pourra aussi s’adonner à la musique, aux suites pour violoncelle de Bäch et à la montagne. « Sur les 82 sommets de plus de 4 000 mètres d’altitude, dans les Alpes, j’ai dû en gravir 16 ou 17 ! ». Il lui en reste encore quelques-uns pour s’adonner à l’ivresse des cimes tout en gardant les pieds sur terre.

©Éditions de l’Aube

Contact : contact@editionsdelaube.fr / 04 90 07 46 60


‘Voies de passage’, entretien entre un ancien syndicaliste et un capitaine d’industrie

L’entreprise Batteries Prod a été créée en 2015. Elle a connu depuis une croissance à deux chiffres tous les ans, sur un créneau haut de gamme en batteries. Désormais, la société basée à Monteux mise sur le marché de la robotique et des drones.

Mikaël Zezza et Stéphan Belin sont les deux créateurs de Batteries Prod. Mikaël s’occupe des achats et de la production, Stéphan du commercial. « Nous étions tous les deux passionnés de technologie et avons décidé de vendre notre agence de com en 2015 pour pouvoir acheter nos premières machines servant à fabriquer des batteries. Personne ne fabriquait de batterie au lithium-ion destinée aux particuliers en France, à part la société de machines agricoles Pellenc dont le siège est à Pertuis » explique Mikaël Zezza. Les deux associés y voient une opportunité et se lancent sur ce créneau. Le succès est rapidement au rendez.
L’entreprise Batteries Prod a investi en juin 2023 dans une usine flambant neuve située dans la zone des Escampades à Monteux, pour un budget de 2M€. « Ce nouvel outil nous a permis de gérer la croissance de notre entreprise qui est très importante depuis sa création à 2023 » explique Mikaël Zezza. En 2024 et 2025, le marché s’est cependant ralenti notamment dans le domaine de la mobilité avec les vélos électriques notamment.

Une opportunité en 2024
« L’Afrique de l’Ouest connaît des coupures d’électricité régulières pouvant durer plusieurs heures. Ceci cause un réel problème économique pour les entreprises, que ce soient des industries ou des services. Plusieurs entreprises africaines nous ont contactés en direct pour nous demander de mettre au point une station de stockage d’énergie autonome. Notre équipe de recherche-développement a travaillé sur un prototype qui est aujourd’hui au point. »
Les batteries vont être reliées au réseau domestique et seront rechargées quand il y aura du courant, comme des onduleurs pour les ordinateurs. Dès qu’une panne de courant survient, cette station de stockage autonome prendra le relais. « L’avantage par rapport à un groupe électrogène est économique, vu le prix de l’essence dans cette zone de l’Afrique. Nous avons gardé notre concept de batteries haut-de-gamme constituées de lithium ion NCM, dont les prix baissent en raison de leur développement massif et de la baisse du prix de nombreuses matières premières comme le cobalt ».

Batteries Prod en chiffres
– 9,5 M€ de chiffre d’affaires en 2024 (idem en 2023)
– 50 salariés
– 100 000 batteries fabriquées depuis 2015
– Certification ISO 9001 en 2021
– Prix moyen d’une batterie : entre 350 et 500€
Crédit : DR/Batteries Prod

35M€ de chiffres espérés
Les premières commandes ont été expédiées début mars vers l’Afrique de l’Ouest. L’entreprise estime la potentialité de ce marché à 35M€. Dans un premier temps la société espère écouler 750 batteries mensuellement. « Cette zone du monde est en effet en forte croissance démographique, avec une classe moyenne qui émerge et un certain développement économique » constate Mikaël Zezza. L’ONU demande à ce sujet aux entreprises de développer ce concept qui, en plus des coupures d’électricité, servira également de substitution aux panneaux photovoltaïques qui vont être amenés à se développer grandement dans les années à venir dans cette zone du monde. Un an après le lancement de ce projet, l’objectif fixé été revu à la baisse pour des raisons géopolitiques avec le Mali notamment. « Je crois toujours fermement à ce projet mais les choses avancent plus lentement que prévu. Il nous faut être patient. »

« Nous travaillons actuellement sur les nouvelles technologies de batteries sodium-ion. »

Mikaël Zezza

Une opportunité pour une nouvelle batterie
« Nous travaillons actuellement sur les nouvelles technologies de batteries sodium-ion. Ces dernières ont des caractéristiques écologiques meilleures que celles au lithium. Le coût est moins cher. L’avantage de ce type de batteries et qu’elle est moins sensible aux basses et hautes températures. Elle se recharge également plus vite, générant plus de puissance », poursuit Mikaël Zezza. L’entreprise travaille dur sur ce concept qui est idéal pour le stockage d’énergie dans des applications comme le médical. Un autre atout est également le zéro risque d’explosion, contrairement aux batteries au lithium. Dans quelques années, elles seront 20% moins chers que celles au lithium.

Une convention avec une start-up chinoise
« Nous sommes pionniers dans ce domaine et avons un contrat avec une start-up chinoise qui est en train de la mettre au point depuis 2022. Notre métier en tant qu’assembleur sera de créer la batterie proprement dite. Les perspectives de développement sont très importantes. L’idée est que l’on devienne les assembleurs de cette entreprise chinoise pour l’Europe. »

Un métier d’assembleur
« Nous achetons la matière première chez Samsung et LG, constituée d’accumulateurs ressemblant à des grosses piles. Nous avons pris le choix du lithium ion NCM, nickel-cobalt-manganèse, qui a la meilleure densité énergétique, la meilleure longévité, entre cinq et sept ans de durée, et une bonne sécurité. Nous voulions utiliser cette technologie premium car une batterie plus bas de gamme qui dure deux ans aurait été en concurrence avec la Chine, avec une différence de prix en leur faveur. »

Le marché de la robotique et des drones
« Nous étions précédemment dans divers marchés dont celui de la mobilité comme le vélo électrique. Ces derniers sont saturés, avec moins de perspectives de croissance. Nous nous tournons naturellement vers des marchés plus jeunes comme celui de la robotique et les drones. »

Une usine flambant neuve à Monteux
L’investissement du terrain d’une surface de 1ha, du bâtiment de 1 500 m2, des lignes de fabrication entièrement automatisée et des machines a coûté autour de 2M€.
« Ceci a été le fruit d’une belle collaboration avec le service développement économique de la communauté d’agglo des Sorgues-du-Comtat qui nous ont bien accueillis et proposés un terrain de cette surface, sur la ZAC des Escampades à Monteux, que nous n’avions pas ailleurs. Le maire de Monteux, Christian Gros, nous a rencontré sur le site et l’affaire a été conclue rapidement » explique Mikaël Zezza. La société a la capacité de sortir une batterie toutes les trois minutes. Elle a un gros potentiel de croissance, avec assez peu d’entreprises faisant le même métier présentes en France. L’équipement actuel ne permet pas de fabriquer de batterie pour voitures.
Crédit : DR/Batteries Prod-Linkedin


‘Voies de passage’, entretien entre un ancien syndicaliste et un capitaine d’industrie

Les fans de Tolkien auront la référence, les détracteurs du nucléaire y verront certainement une allusion aux forces ‘obscures’ du Mordor alors que les partisans de cette source d‘énergie, longtemps décriée et aujourd’hui revenue en grâce pour ses vertus décarbonées, y trouveront l’illustration de la puissance de la ‘lumière’ des Elfes.
Toujours est-il qu’à l’image des deux célèbres tours de la Terre du milieu, celles du site d’Orano à Tricastin sont tout aussi symboliques. Visibles à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde, elles étaient les totems d’un site industriel faisant vivre l’ensemble de la région alentour (voir encadré ‘Orano Tricastin : un mastodonte européen’ en toute fin d’article) . Pour certains riverains, elles permettaient même de prévoir la météo en fonction de la direction du panache de vapeur d’eau s’échappant de leurs sommets. C’est donc bien la fin d’une époque qu’Orano vient de débuter en entamant il y a quelques semaine la déconstruction de ces deux tours aéroréfrigérantes culminant à 123 mètres de hauteur.

Depuis quelques semaines, le groupe Orano a débuté le ‘grignotage’ des deux tours aéroréfrigérantes du site industriel de Tricastin. Hautes de 123 mètres et large de 90m à leurs bases, les deux édifices ont été mis en service en 1979. A l’époque, on ne parlait pas encore d’Orano ou même d’Areva. C’était le Cogema qui était à la manœuvre. L’entreprise avait alors été fondée en 1973 afin de se consacrer tout particulièrement aux activités d’enrichissement de l’uranium.

« Nous tournons une page de notre histoire. »

Pascal Turbiault, directeur du site Orano à Tricastin.

C’est donc dans ce cadre que l’immense usine d’Eurodif a vu le jour à Tricastin. Baptisée ‘usine Georges Besse’ depuis 1988 en mémoire de celui qui fut son fondateur puis son premier directeur général avant d’être assassiné par le groupe terroriste Action directe alors qu’il était PDG de Renault, elle a produit de quoi alimenter plus de 100 réacteurs nucléaires en France et dans le monde jusqu’à son arrêt définitif le 7 juin 2012.
A cette date, elle a été remplacée dans la foulée par l’usine Georges Besse 2 (GB II), site nouvelle génération, permettant toujours d’enrichir l’uranium sans avoir à prélever de l’eau dans le Rhône (26 millions m3/an), afin de refroidir le site en circuit fermé, et consommant 98% d’électricité en moins (l’équivalent de 3 des 4 réacteurs de la centrale nucléaire voisine d’EDF).

Les tours de refroidissement de Tricastin ont été construites dans la deuxième moitié des années 1970 avant leur mise en service en 1979. Crédit : DR/Orano

Un lieu d’exercice en milieu périlleux pour les pompiers de la région
Depuis, les deux tours aéroréfrigérantes, dont la fonction était d’évacuer la vapeur d’eau générée par la chaleur de l’activité d’Eurodif, ne servaient plus à rien. Occasionnellement, elles pouvaient encore être utilisées dans le cadre d’exercice des sapeurs-pompiers spécialisés des trois Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) du secteur du Groupe montagne sapeurs-pompiers (GMSP) de la Drôme, ainsi que des Groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux (GRIMP) du Vaucluse et de l’Ardèche. Mais rien qui ne justifie que l’on les conserve. Dès lors, leur sort était scellé. En effet, à partir du moment où il n’y a plus d’humidité, le béton des tours se met à sécher peu à peu avec le risque d’un lent effritement qui s’accompagne.

A l’arrêt depuis 2021, les tours étaient encore parfois utilisées par les groupes spécialisés des pompiers des SDIS de Vaucluse, de la Drôme ou de l’Ardèche lors d’exercice en milieu périlleux. Crédit DR/SDIS

« Avec la déconstruction de ces tours, nous tournons une page de notre histoire, confirme Pascal Turbiault, directeur du site Orano à Tricastin. C’était un symbole très fort de notre territoire. Quand nous les avons arrêtés, des habitants nous ont même demandé ensuite de refaire de la vapeur d’eau pour voir le sens du vent. »

Du grignotage plutôt qu’un foudroiement
Cette déconstruction des tours ‘aéro’ s’inscrit ainsi dans l’ensemble du démantèlement d’Eurodif planifié au-delà de 2050 (voir encadré ci-dessous : ‘Démanteler Eurodif : un chantier hors-normes jusqu’en 2050’). Plusieurs scenarii ont été envisagés dont le foudroyage à l’aide d’explosifs, mais l’échec du basculement de la cheminée EDF d’Aramon en 2023 n’a certainement pas incité les responsables d’Orano à privilégier cette solution.
C’est donc finalement la technique dite de ‘grignotage’ qui a été validée par l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), organisme national supervisant les autorisations sur ce type d’intervention concernant des installations nucléaires. Cette technique consiste à déconstruire très progressivement la coque de la tour en commençant par le haut, en réduisant petit à petit sa hauteur avec un engin de type ‘pince à béton’. Avantage : ce procédé n’a pas d’impact sur les activités industrielles voisines.

Après des travaux préparatoires permettant de réaliser un socle en béton pour la soutenir (l’équivalent de 50 camions toupie), une grue de 110m de haut a été installée. Equipée d’un système de démolition appelé ‘Flight demolition system’, elle a commencé à grignoter la tour 2 dont l’épaisseur de béton est de 16 cm en haut et 23 cm en bas.
Une fois arrivé à une cinquantaine de mètres de hauteur, la grue sera démontée pour aller grignoter la tour 1, et un second engin viendra (une pelle mécanique équipée d’un bras de 50m) terminer la déconstruction depuis l’extérieur de la tour avant de s’attaquer à la suivante séparée d’une cinquantaine de mètres. La tour 2 devrait être arasée pour la fin de l’année et la tour 1 mi-2026.

En charge du chantier de déconstruction des tours d’Eurodif, le groupe italien Despe est aussi intervenu sur celui de l’Orange-Vélodrome lors de son extension en 2010.
Crédit : Devisubox/DR/Réalisation GFC construction pour Arema

De l’Orange-Vélodrome à Tricastin
C’est l’entreprise italienne Despe (Demolizione speciali) qui est la manœuvre de ce chantier. Le groupe fondé par Giuseppe Panseri est tout particulièrement implanté en France et aux Etats-Unis. Spécialisée dans les chantiers difficiles ou à forte contrainte, la société transalpine est par exemple intervenue au sein du site de production de combustible nucléaire de Bosco Marengo, de la centrale nucléaire de Caorso mais aussi sur le chantier du stade de l’Orange-Vélodrome lors de son agrandissement en 2010.

Au total, ce sont près de 25 000 tonnes de béton armé et de matériaux valorisables qui devraient mis à bas. L’ensemble des matériaux issus de ces opérations de démantèlement sont des déchets conventionnels valorisables, c’est-à-dire qu’ils n’ont jamais été en contact avec de la matière uranifère ou radioactive.
« Les ferrailles seront évacuées pour être recyclées et les gravats seront conservés pour être réutilisés, par exemple, comme remblais », précise le directeur du site Orano à Tricastin. L’opération ‘2 tours’ représente un coût de 6M€ pour leur déconstruction.

Laurent Garcia

Démanteler Eurodif : un chantier hors-normes jusqu’en 2050
S’étendant sur une superficie de 190 000 m2, soit près d’une trentaine de terrain de football, le planning du démantèlement d’Eurodif s’étend de l’arrêt de la production en 2021, à la fin 2051 où l’ensemble des opérations doivent être achevées.
Ce chantier concerne notamment les 1 400 étages de la cascade de diffusion (voir photo ci-dessus. Cela représente 160 000 tonnes d’acier (l’équivalent d’une vingtaine de Tour Eiffel), 30 000 tonnes d’équipements en divers métaux et plus de 1 300 km de tuyauterie. En moyenne, près de 200 personnes interviendront pendant toute la durée des travaux de ces 25 prochaines années. La totalité du démantèlement représente un coût de 1,2 milliard d’Euros.

Orano Tricastin : un mastodonte européen
Orano Tricastin est un des plus grands sites nucléaires d’Europe. S’étendant sur une surface de 650 ha il implanté à cheval sur deux départements : le Drôme et le Vaucluse. Il représente près de 2 500 emplois directs et 2 000 indirects sur cette plateforme industrielle du Tricastin, où le groupe a investi plus de 5 milliards d’euros ces 15 dernières années pour renouveler son outil industriel de conversion (usine Philippe Coste), d’enrichissement (GB II). Ces nouvelles installations assurent ainsi la pérennité des activités du site pour les 40 prochaines années. Par ailleurs, Orano Tricastin verse annuellement de l’ordre de 30M€ de taxes et impôts et réalise chaque année près de 300M€ d’achats de fournitures et services dont les deux tiers sont réalisés en local.
Par ailleurs GB II est le plus grand complexe d’enrichissement en Europe sur un même site et représente 30% de la capacité occidentale. L’uranium enrichi, à usage exclusivement civil, qui y est produit permet de livrer l’équivalent de 70 réacteurs dans le monde et alimenter en énergie bas carbone comparativement 90 millions de foyers, soit l’équivalent de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni. Les capacités additionnelles liées à l’extension de l’usine Georges Besse 2 permettront à ses clients d’alimenter 30 millions de foyers supplémentaires.


‘Voies de passage’, entretien entre un ancien syndicaliste et un capitaine d’industrie

La Chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Pays d’Arles organise son assemblée générale budgétaire le lundi 19 mai au Palais des Congrès d’Arles avec Kevin Polizzi, entrepreneur engagé et acteur majeur du numérique en Provence, en invité.

La prochaine assemblée générale de la CCI du Pays d’Arles, à laquelle toutes les entreprises du territoire sont invitées, aura lieu le lundi 19 mai à Arls. Ce rendez-vous, organisé chaque année, a pour objectif d’éclairer les perspectives économiques locales et d’évoquer les transformations à venir.

Pour l’occasion, la CCI invitera Kevin Polizzi, fondateur du groupe Unitel, dirigeant d’Unitel Group et président de Thecamp training. L’entrepreneur partagera sa vision du futur industriel des Bouches-du-Rhône, en lien avec les grandes mutations technologiques et écologiques en cours. Au cours de son intervention sur le thème ‘Entre IA et Décarbonation de l’industrie : quels défis et interconnexions entre la zone de Fos-Berre et le Pays d’Arles’, il abordera notamment les enjeux du débat public sur le territoire de Fos – Étang de Berre, les leviers de réindustrialisation durable, ainsi que l’impact de l’intelligence artificielle sur les modèles économiques et les dynamiques territoriales.

Inscription par mail à l’adresse mreggiani@arles.cci.fr
Lundi 19 mai. Partie institutionnelle à 18h. Intervention de Kevin Polizzi à 18h45. Palais des Congrès. 22 Avenue de la Première Division France Libre. Arles.


‘Voies de passage’, entretien entre un ancien syndicaliste et un capitaine d’industrie

« La planète brûle et on regarde ailleurs ». Jamais cette phrase prononcée en septembre 2002 par Jacques Chirac n’aura été autant d’actualité. Depuis plusieurs mois, nombre de décisions sur les mesures en faveur de l’écologie s’apparentent à des rétropédalages d’envergure. Soit on a été « trumpé », soit on est totalement suicidaire…

Les considérations économiques l’emportent-elles nécessairement sur celles de l’écologie ?

AcerlorMittal vient d’annoncer des fermetures de plusieurs de ses hauts-fourneaux en France. Les nouvelles règles imposées en matière de pollution obligeraient ce groupe industriel à des investissements qui surenchérissent les coûts de production au-delà des prix du marché. D’autres pays, moins regardant en matière environnementale, s’en trouvent ainsi plus compétitifs et peuvent accueillir ces nouvelles délocalisations. Les considérations économiques l’emportent-elles nécessairement sur celles de l’écologie ?

L’écologie serait-elle inégalitaire ?

Les Zones à Faibles Émissions (ZFE), qui dans de nombreux pays, dont la France, doivent limiter la pollution dans les grandes villes, sont aujourd’hui remises en cause. Affublé du qualificatif de mesures pour « bobos-écolos », ces restrictions de circulation pénaliseraient les plus modestes, les propriétaires de voitures anciennes et plus polluantes. Beaucoup de professionnels (artisans, commerçants) seraient également pénalisés. L’écologie serait-elle inégalitaire ?

La politique politicienne serait-elle plus forte que l’écologie ?

Toujours en France, le débat sur la souveraineté énergétique prévu à l’Assemblée Nationale pour ce printemps est reporté après la fin de l’été. Le RN menace le gouvernement Bayrou d’une motion de censure si la programmation pluriannuelle de l’énergie (plan stratégique sur le pilotage de la transition énergétique) était adoptée par décret. Il est urgent d’attendre, après une nouvelle dissolution peut-être ? La politique politicienne serait-elle plus forte que l’écologie ?

L’écologie aurait-elle atteint ses limites en matière financière ?

Après avoir encouragé les français à s’équiper de panneaux photovoltaïques à coups de subventions et de crédits d’impôts, l’état des finances de notre pays a conduit à revoir nos largesses en la matière. Dans le même temps les prix d’achat du kWh par l’électricien national, qui était garanti faut-il le rappeler, a été sérieusement revu à la baisse. La rentabilité des équipements s’en trouve sérieusement remise en cause. L’écologie aurait-elle atteint ses limites en matière financière ?

On pourrait ainsi continuer longtemps…

On pourrait ainsi continuer longtemps, avec le petit retour en arrière sur la fin de la production des moteurs thermiques dans les automobiles à partir de 2035, sur la très probable révision de la loi ZAN (zéro artificialisation des terres), sur la décision unilatérale de l’administration Trump d’exploiter les fonds marins internationaux, d’annexer le Groenland pour en exploiter des gisements de matières premières… et en cela en totale contradiction avec les accords internationaux ou les avis des scientifiques américains que le Président s’est empressé de virer le 28 avril dernier.

L’écologie et la défense de notre planète et donc à terme de notre survie ne seraient plus une priorité. Au moins sur le Titanic pendant le naufrage l’orchestre continuait de jouer…


‘Voies de passage’, entretien entre un ancien syndicaliste et un capitaine d’industrie

Gaston Mille est une entreprise familiale créée en 1912 à Courthézon. Nicolas Mille, son président actuel, représente la cinquième génération, avec sa sœur Estelle qui s’occupe de la partie administrative et RH. Il vient de faire réaliser un virage stratégique important à l’entreprise avec l’acquisition d’une machine ultramoderne ayant des conséquences très importantes.

Gaston Mille modernise sa production avec la Desma Amir. Il s’agit d’une machine ultramoderne acquise d’occasion à la société Adidas pour un budget de 2M€, la valeur neuve étant de 4M€. « Cette dernière acquise en 2024 va avoir des effets très positifs sur la vie de notre entreprise. Elle va ainsi doubler la capacité de production et permettre également de décaler les horaires des employés. »

Des meilleures conditions de travail
« Il n’y aura plus désormais qu’un seul poste de travail de 8 heures à 16 heures contre deux précédemment dont un commençait à 5 heures du matin. Ceci permettra des horaires plus confortables pour nos salariés » explique Nicolas Mille.
Cette opportunité d’achat à la société Desma situé en Allemagne va positionner l’usine de Courthézon, comme un site unique en France en production de chaussures et parmi les cinq usines les plus modernes en Europe.
L’acquisition de cet outil de technologie qui fonctionne notamment grâce à un robot va aussi  faciliter le travail des salariés pour l’en-formage qui est une opération pénible. Certaines tâches laborieuses seront aussi automatisées. Toute l’ergonomie du poste de travail a été repensée autour de cette nouvelle machine.

La machine en détail
– Étapes de travail plus précises et qualitatives grâce aux zones de cooling
– Machine ultra-technique équipé de convoyeurs et de 6 robots autonomes
– Travail sur chaine avec convoyeur automatique
– Puce RFID sur chaque modèle de chaussure afin d’avoir une meilleure traçabilité et suivie de la production
– Capacité de stockage augmenté grâce au système Amir (travail sur chaîne)
– Robots autonomes qui interviennent désormais dans les étapes les plus exigeantes, telles que le pré-ébavurage des chaussures et l’en-formage sur ligne.
– Efficacité de production : 800 paires/poste de 7h (contre 400 sur l’ancienne machine)

« L’automatisation avancée, combinée à l’utilisation de robots, garantit une précision optimale et une meilleure qualité des produits. »

Nicolas Mille, président de Gaston Mille

Une meilleure qualité
Avec une capacité accrue de 1 600 paires par jour, cette ligne de production permet une meilleure réactivité, une réduction significative des stocks et une optimisation des coûts de production. « L’automatisation avancée, combinée à l’utilisation de robots, garantit une précision optimale et une meilleure qualité des produits. Cette modernisation s’inscrit dans une stratégie de développement durable de la société avec une réduction des rebuts, des économies d’énergie et une limitation des transports. La machine nouvellement acquise permet ainsi de recycler les déchets de 15% qui sont réinjectés pour la production des semelles. »

Gaston Mille en chiffres :
Chiffre d’affaires 2024 : 10,4M€ avec une forte croissance depuis 2021 qui avaient vu les ventes chuter fortement en raison du Covid
– Salariés : 50

Des perspectives de développement
« Gaston Mille prévoit également d’ouvrir de nouveaux marchés grâce à cette flexibilité accrue, notamment auprès de l’armée et des services de secours. Depuis sa création en 1912, Gaston Mille conçoit et fabrique des chaussures de sécurité en France. Acteur historique du secteur, l’entreprise se distingue par son engagement envers la qualité et la sécurité, en répondant aux besoins des professionnels de l’industrie, du BTP et de la logistique » explique Nicolas Mille. Les nouveaux prototypes sortis de la machine au nom de Frenchgrip s’inspirent de la basket urbaine, avec un look attractif. Ceci devrait donner un élan de développement à l’entreprise et lui assurer ainsi des bons relais de croissance.

Olivier Muselet

Une démarche RSE
La société Gaston Mille pratique une démarche RSE depuis de nombreuses années. L’acquisition de cette machine qui permet du recyclage va dans ce sens. Quelques items travaillés :
– Achats responsables avec l’utilisation de plus de matières premières françaises et européennes avec un objectif 2028 de réduction de 20% des achats de matières premières hors Europe
– Économies d’énergie : équipement d’ampoules LED – Consommation réduite de 7% en 2023 avec un objectif 2028 de réduction de la consommation électrique de 15%
– Limitation et optimisation des transports avec la diminution de moitié des allers-retours vers les usines de sous-traitance en Tunisie et en Inde avec un objectif 2028 de diminution de 30% supplémentaire
– Éco-conception produit, durabilité des modèles et recherche de matières recyclables avec un objectif 2028 de mise à disposition d’un forfait de réparation des chaussures de sécurité de la gamme
– Bien-être humain avec 100 % des contrats en CDI, la recherche d’une parité (en 2024 la répartition est de 51 % d’hommes et 49 % de femmes) et des conditions de travail agréables
– Gestion des déchets avec la diminution des rebuts et le recyclage de 100% de la ferraille et des cartons  et 41% des bidons.


‘Voies de passage’, entretien entre un ancien syndicaliste et un capitaine d’industrie

Dans le cadre de la 10e édition d’Indus’3Days, organisée depuis 2016 par l’Office de Tourisme de Gardanne en Métropole Aix-Marseille-Provence, Pellenc ouvre les portes de son usine de Pertuis au public le mercredi 2 avril.

Chaque année depuis 2016, l’office de tourisme de Gardanne organise des visites guidées dans différentes entreprises. de découvrir une grande variété de secteurs, de l’aéronautique aux métiers d’art en passant par la gastronomie et l’environnement. Pour cette 10e édition d’Indus’3Days, qui a lieu du lundi 24 mars au dimanche 13 avril, Pellenc est de la partie.

Le groupe pertuisien, concepteur, constructeur et distributeur de machines, d’équipements et d’outils pour la viticulture, la viniculture, l’arboriculture fruitière et l’entretien des espaces verts et urbains, accueillera le public le mercredi 2 avril. Pendant 2h30, les participants découvriront les coulisses de l’entreprise. Ils pourront visiter les ateliers de production des machines et outils à batterie et auront également l’opportunité d’assister à des démonstrations de produits.

« Nous sommes ravis d’ouvrir nos portes pour une visite inédite au cœur de nos activités à l’occasion d’Indus’3Days, affirme Simon Barbeau, président du groupe Pellenc. Notre site de Pertuis abrite le siège historique de Pllenc, à l’endroit même où l’entreprise a été fondée il y a plus de 50 ans. Aujourd’hui, il regroupe sur le territoire de la Métropole Aix-Marseille près de 600 collaborateurs autour de notre centre d’innovation technologique, de deux ateliers de production et de l’ensemble des métiers support de notre Groupe, composé de 21 filiales à travers le monde. Lors de cette visite, ce sont nos collaborateurs qui présenteront eux-mêmes leurs métiers et leurs expertises pour guider les visiteurs à la découverte de nos méthodes de travail, allant de l’idée jusqu’à la commercialisation de nos produits innovants. »

Mercredi 2 avril. 14h. 7€ (billetterie en ligne). Pellenc. Quartier Notre Dame. Route de Cavaillon. Pertuis.


‘Voies de passage’, entretien entre un ancien syndicaliste et un capitaine d’industrie

L’histoire commence en 1983. L’entreprise CMPR, Construction-mécanique-précision- réparation, est alors installée à Sorgues. Denis Brès y est salarié en tant que fraiseur. En 2004, il reprend l’affaire avec 3 autres associés au dirigeant parti en retraite. En 2016, Denis Brès reste seul à la tête de l’entreprise. Ses 2 fils intègrent la société, Romain en 2008 et David en 2016. Denis Brès est toujours le gérant de la société.

Fabrication de pièces mécaniques
Le métier de l’entreprise CMPR est de la fabrication de pièces mécaniques, le plus souvent unique sur mesure. Elles sont fabriquées en usinage, soit par tournage ou fraisage.
Elles sont destinées à des grandes entreprises, comme la SEPR au Pontet qui est le plus gros client. Elle travaille également avec d’importants groupes de la chimie et pétrochimie comme Arkema. Les PME constituent une autre clientèle pour CMPR, comme la société Louis Martin à Monteux.
« Nous avons un gros courant d’affaires avec Louis Martin. Nous leur assurons la maintenance et la réparation des pièces mécaniques de leur parc de machines. Nous leur apportons un vrai savoir-faire et une réactivité. Nous sommes ainsi capables de changer une pièce en une journée » explique David Brès, un des deux dirigeants de l’entreprise avec son frère Romain. CMPR a comme valeur ajoutée également d’apporter de nombreux conseils techniques à ses clients.

David Brès, à gauche, et Romain, Brès, à droite.

Déménagement sur Bellecour III à Carpentras
L’entreprise est installée depuis mars 2018 sur la nouvelle zone de Bellecour III, juste à côté de la société de produits bio Relais vert. « Nous avons rencontré le service développement économique de la Cove et cela s’est bien passé. Ils nous ont proposés un terrain. Nous sommes tombés d’accord sur un prix et avons commencé les travaux qui ont duré un an » explique Denis Brès, le gérant de l’entreprise.
« Nous étions en location à Sorgues et avions cherché dans un premier temps un terrain à l’achat sur Sorgues et Entraigues mais nous n’avions rien trouvé. Je voulais agrandir notre bâtiment et avoir une entité moderne par rapport à Romain et David qui étaient aussi dans l’affaire. » Sept ans après, le pari est réussi avec un outil travail qui a permis le développement l’entreprise qui est en effet passée d’1,1M€ en 2018 à 1,5M€ en 2024.

CMPR en chiffres
Chiffre d’affaire : 1,5 M€ 2024
Salariés : 11
Investissement du nouveau site : 600 000€
Surface du bâtiment : 950 m² dont 750 d’atelier

Un nouveau parc de machines
Pour assurer son développement, elle a acquis une nouvelle machine numérique 5 axes d’un budget de 150 000€ en 2018. En 2022, l’investissement a été encore plus conséquent avec un budget de 450 000€ pour une autre machine.
« Ce renouvellement de nos machines était nécessaire car nous avions un parc devenu trop vieillissant, datant des années 70-80, avec certaines machines entièrement manuelles. À ce jour, nous avons des machines mixtes entre le manuel et le numérique et même certaines qui sont 100% numériques » explique pour sa part David Brès.

2 postes à pourvoir
« Nous avons aujourd’hui un outil qui nous permet d’assurer une belle croissance pour l’entreprise et un bon portefeuille de clients. En 2024, nous avons eu quatre mois de carnet de commandes à l’avance, ce qui est beaucoup. L’aspect limitant est l’humain. Nous cherchons depuis des années des techniciens d’usinage et cela est très difficile. Deux postes sont à pourvoir en ce moment depuis de nombreuses années. Nous cherchons des profils expérimentés ou même des débutants. Pour cela, nous avons fait appel à un cabinet de recrutement il y a quelques mois pour la première fois dans la vie de la société. »

Olivier Muselet

Le métier de CMPR
– Tournage
– Fraisage
– Ajustage
– Paillage d’engrenage
– Rectification
– Travaux neufs et maintenance


‘Voies de passage’, entretien entre un ancien syndicaliste et un capitaine d’industrie

Sous l’impulsion de la CCI de Vaucluse, à qui la Région Sud a délégué la gestion de l’aéroport d’Avignon, la plateforme aéroportuaire de la cité des papes entend favoriser la création d’une filière locale de démantèlement et de reconversion aéronautique. Une persévérance qui devrait très prochainement porter ces fruits.

Le projet Aero 145 Aegis ayant finalement fait long feu, la Société aéroport Avignon-Provence, qui gère la plateforme aéroportuaire d’Avignon pour le compte de la CCI de Vaucluse, n’en a pas pour autant abandonné son ambition de développer une activité autour de la mise en place d’une « filière de démantèlement, reconversion, stockage et maintenance d’avions ou d’hélicoptères civils ».
Pour cela, l’aéroport d’Avignon a donc lancé, courant 2024, un AMI (Appel à manifestation d’intérêt) afin de solliciter les éventuels candidats au développement de cette filière. Et c’est l’entreprise Eleven, une société d’ingénierie spécialisé dans la maintenance aéronautique basée à Istres, qui a répondu favorablement à cette demande.

Basée à Istres, la société Eleven est spécialisée dans la maintenance aéronautique. Crédit : Eleven/DR

50 à 70 emplois d’ici 2 ans ?
« Chez nous, Eleven va procéder à la maintenance et au ‘retrofit’ (rénovation) de petits, moyens et longs courriers, dévoile Guillaume Desmarets, nouveau directeur de l’aéroport depuis mai dernier. A charge pour les salariés qui seront recrutés, entre 50 à 70 en 2 ans, de transformer un avion commercial en cargo ou de faire passer le nombre de sièges d’un aéronef de 100 à 200. Ici, à Avignon, l’entreprise nous a fait savoir qu’elle avait besoin, dans un premier temps, de 5 000m2 de hangars pour accueillir des Airbus A 310 par exemple. Mais petit à petit, Eleven pourrait s’agrandir et développer ses activités afin de créer des emplois supplémentaires. »
« Cela élargirait notre gamme de compétences et ancrerait encore plus la Société Aéroport Avignon Provence comme pôle d’excellence », se réjouit Guillaume Desmarets qui a auparavant été pilote de chasse au sein de l’Armée de l’Air et de l’Espace où il a notamment piloté des Jaguar lors de missions en Irak et au Kosovo.

Guillaume Desmarets, directeur de l’aéroport d’Avignon Provence depuis mai dernier. Crédit : aéroport d’Avignon/DR

Le point sur l’activité du site
L’occasion pour celui qui a aussi travaillé au centre d’essais en vol d’Istres de rappeler les enjeux de la plateforme aéroportuaire vauclusienne appartenant à la Région Sud qui en a délégué la gestion à la CCI 84 depuis 2007.
« Ici, nous pouvons accueillir des aéronefs d’une capacité de 20 à 120 places, des Gulfstream américains comme des Embraer brésiliens, poursuit Guillaume Desmarets.
Selon l’Union des aéroports français, celui d’Avignon aurait accueilli 3 758 passagers en 2023 (-62,1% par rapport à 2022) « mais 16 000 en tout par an en incluant les jets privés. Il y a aussi l’aviation civile, d’affaires, les charters, les touristes et si on compte les pilotes, stewarts et hôtesses, ce sont 80 000 personnes transportées. »
« Après le Covid et la crise sanitaire de 2019, l’aéroport d’Avignon a retrouvé son rythme de croisière car les pilotes, cloués au sol pendant des semaines, ont dû repasser leur licence ou leur habilitation, ce qui a boosté l’activité aéronautique » précise aussi le directeur.

Le pôle économique de l’aéroport s’étend sur 16 hectares autour du tarmac de la piste avignonnaise. Il regroupe près de 60 d’entreprises comptant plus de 500 emplois qualifiés. Crédit : aéroport d’Avignon/DR

Un pôle d’emplois qualifiés
L’aéroport c’est aussi le pôle de compétitivité aéronautique Pegase (baptisé pôle Safe au niveau régional) ainsi que les 16 hectares de foncier économique de la zone abritant près d’une soixantaine d’entreprises regroupant plus de 500 emplois qualifiés autour des 1 880 mètres du tarmac de la piste papale.
Parmi eux notamment, la base de maintenance des hélicoptères de RTE (Réseau de transport d’électricité), qui assure l’entretien et la surveillance des plus de 100 000 kilomètres de lignes à haute et très haute tension françaises, le sellier haut de gamme de la Maison Borghino, tout particulièrement spécialisée dans les sièges en cuir pour l’aviation d’affaires, ou bien encore, plus récemment, AES, le pionnier des drones marocains.

Il y a quelques semaines, l’aéroport d’Avignon a été le théâtre d’une première mondiale : le chargement d’un hélicoptère civil Super Puma dans un A400M militaire destiné aux missions de secours à Mayotte. Crédit : aéroport d’Avignon/SAF Hélicoptères/DR

Un ‘hub’ sanitaire et de protection civile
Enfin, activité méconnue de cet aéroport ayant vu le jour en 1937 : la plateforme est aussi un ‘hub’ important en matière de sécurité civile et de santé. Ainsi, elle collabore avec le centre hospitalier Henri-Duffaut, seul établissement de santé du département à être habilité aux prélèvements d’organes en Vaucluse, dans le cadre de transfert d’organe. Dans des circonstances ou chaque seconde compte, il est en effet vital de disposer d’un accès spécifique pour les ambulances afin qu’elles puissent stationner directement aux portes des avions médicalisés.
Par ailleurs, il y a quelques semaines pour la première fois un Super Puma civil a été chargé à l’intérieur d’un avion de transport militaire A400M de l’Armée de l’air. L’hélicoptère était destiné aux missions humanitaires suite au passage du cyclone Chido à Mayotte. Durant le Covid, en 2020, c’est également un A400M qui avait transféré des patients de l’hôpital d’Avignon, alors saturé, vers des établissements de santé en Bretagne.

Andrée Brunetti & Laurent Garcia

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