29 avril 2024 |

Ecrit par le 29 avril 2024

Emploi, l’écart entre les femmes et les hommes perdure

Accès à l’emploi, l’écart entre les femmes et les hommes demeure important dans les espaces urbain et ruraux. Une étude issue d’un partenariat avec la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité de Provence-Alpes-Côte d’Azur.

En 2019, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 59 % des femmes âgées de 15 à 64 ans occupent un emploi, soit un taux d’emploi inférieur de 7 points à celui des hommes et l’un des plus faibles de France métropolitaine. Cet écart a néanmoins été divisé par deux en vingt ans. Il est encore extrêmement élevé pour les parents de famille nombreuse.

Les femmes qui habitent une commune rurale, et encore plus si celle-ci est proche d’une ville, sont plus souvent en emploi que celles qui vivent dans une commune urbaine.

Les femmes sont plus souvent à temps partiel, surtout lorsqu’elles vivent dans une commune rurale ou qu’elles ont des enfants à charge. L’écart de recours au temps partiel entre les femmes et les hommes est le plus fort pour les parents de famille nombreuse.

Les inégalités de salaire en défaveur des femmes s’expliquent moins par les temps de travail que par des rémunérations horaires moyennes plus faibles. Ainsi, en 2019, les salariées ont perçu un salaire net en équivalent temps plein inférieur de 15 % à celui des hommes. Les écarts de rémunération sont accentués pour les cadres et les habitants des communes rurales proches des villes.
Sources Insee
MH


Emploi, l’écart entre les femmes et les hommes perdure

Selon les premières estimations de l’Insee, l’’Institut national de la statistique et des études économiques a assisté à une baisse du nombre de naissances en France en janvier 2023. Durant cette période, 1 825 bébés sont nés en moyenne par jour dans l’Hexagone. C’est 6% de moins qu’en janvier 2022, et 9% de moins qu’en janvier 2020, avant le début de la pandémie de Covid-19.Au niveau national on dénombre ainsi 56 562 naissances en janvier 2023 contre 60 382 en janvier 2022. C’est à peine mieux qu’en janvier 2021 (53 993), période de Covid-19 constituant le plus faible total depuis 2015 (67 775 naissances en janvier). Depuis, ce chiffre a baissé quasi-régulièrement : 65 963 en 2016, 63 379 en 2017, 62 976 en 2018, 63 179 en 2019 et 62 199 en 2020.

Si les données sont encore provisoires (ndlr : tous les bulletins de naissances n’ont pas encore été tous transmis à l’Insee), les départements de la région n’échappent pas à cette tendance nationale à tel point que Provence-Alpes-Côte d’Azur affichent une baisse -7,4% de l’évolution du nombre de naissances par jour entre 2020 et 2023

Dans le détail c’est un peu plus disparate avec un département du Var qui enregistre un niveau plus faible de naissance en janvier 2023 (783 naissances domiciliées) qu’en janvier 2021 (792), alors plus mauvais bilan démographique de ces dernières années.
Pour les autres départements de la Région Sud, si tous les bilans de ces territoires sont à la baisse par rapport à 2022, ils restent tout de même supérieurs à ceux de 2021 sans toutefois retrouver les niveaux de 2020 (à l’exception des Alpes-Maritimes).

Naissances domiciliées par département (données provisoires pour janvier 2022 et janvier 2023). Sources : Insee, statistiques de l’état civil.

En Vaucluse, le nombre des naissances diminue de -3,01% entre janvier 2022 et janvier 2023 et -14,36% par rapport à janvier 2020. Ce chiffre reste toutefois orienté à la hausse de +6,15% par rapport à janvier 2021.
Chez nos voisins du Gard et de la Drôme le constat est plus alarmant puisque le total des dernières naissances mensuelles est encore plus bas qu’en 2021. A l’inverse, l’Ardèche, même en baisse par rapport à 2022, compte plus de bébés qu’en 2020 sur cette même période.

L’Insee explique cependant que malgré un mauvais début d’année en 2021, au final il y avait eu 2% de naissances en plus en France cette année-là que durant l’année 2022. En effet, on avait alors assisté à un ‘rattrapage’ démographique en cours d’année. Avec les incertitudes internationales liées à la situation en Ukraine et leurs conséquences économiques (inflation, coût de l’énergie et des matières premières) il est toutefois possible que les conditions ne soient plus forcément propices à rebond de la natalité.

Evolution du nombre moyen de naissances par jour entre 2020 et 2023, par région de résidence de la mère

Sources : Insee

Emploi, l’écart entre les femmes et les hommes perdure

Maisons de retraite, internats, cités universitaires, casernes, prisons…, les communautés hébergent 123 400 personnes en Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2019. Ces structures d’hébergement collectif accueillent des publics très différents. C’est ce qui ressort de l’étude réalisée par Thibaut Farrouch et Carole Zampini de l’Insee Paca où il apparaît que les maisons de retraite ou Ehpad logent une personne sur trois vivant en communauté. Ce mode de résidence des seniors est moins fréquent dans la région qu’en moyenne nationale. Par ailleurs, vivre en internat est plus courant pour les élèves de 15-18 ans que pour les 11-14 ans, et moins fréquent dans la région. Les cités universitaires accueillent autant d’étudiantes que d’étudiants, à la différence des internats des lycées où les garçons sont nettement majoritaires.

Les communautés hébergent 123 400 personnes en Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2019 dont 11 627 en Vaucluse (soit 2,1% de la population du département). Ces dernières ont à titre habituel un mode de vie commun, partagent une cuisine ou des sanitaires, ou encore prennent leur repas ensemble. Les habitants des communautés représentent 2,4% de la population régionale, une proportion équivalente à celle de France métropolitaine. Au nombre de 2 400, les communautés recouvrent divers types de structures d’hébergement destinées à des publics très différents. Leur population forme ainsi un ensemble très hétérogène, notamment en termes d’âge et de sexe.
Les pensionnaires de maisons de retraite et d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont des femmes pour les trois quarts d’entre eux et sont en moyenne âgés de 86 ans. La population des communautés religieuses est également très féminisée (71% de femmes) et relativement âgée (64 ans en moyenne). À l’inverse, les internats et les cités universitaires hébergent une population jeune, respectivement âgée de 18 et 21 ans en moyenne, et plus équilibrée entre femmes et hommes. Les établissements pénitentiaires et les établissements militaires abritent en revanche quasi exclusivement des hommes (neuf résidents sur dix), d’âge moyen respectif 33 ans et 27 ans.

Parts et effectifs des populations vivant en communauté en Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2019, par département (source : Insee Paca).

43 300 résidents en maison de retraite ou en Ehpad
Première catégorie en nombre d’habitants, les maisons de retraite et Ehpad hébergent 43 300 personnes, soit 35% des habitants en communauté. Elles sont suivies par les établissements sanitaires ou sociaux de moyen ou long séjour, qui abritent 34 500 personnes, soit 28% de la population des communautés. Viennent ensuite les internats (hors cités universitaires), dans lesquels résident 19 800 personnes (16%). Les cités universitaires comptent 9 100 résidents, soit 7% de la population vivant en communauté.
Les établissements pénitentiaires de la région hébergent 7 500 personnes (6%) et les établissements militaires 6 200 (5%). Le reste de la population des communautés se répartit entre les communautés religieuses, les établissements sociaux de court séjour et d’autres formes de communautés.
Par rapport à la moyenne de France métropolitaine, la population en communauté vit plus souvent en établissement sanitaire ou social (+ 3 points) et en cité universitaire (+ 2 points), quand la part des internats est sensiblement plus faible (- 8 points).
Entre 2009 et 2019, le nombre de personnes vivant en communauté a peu évolué dans la région, mais la population résidant en maison de retraite et en Ehpad s’est accrue.

Des seniors moins souvent en maison de retraite ou en Ehpad qu’ailleurs en France
Comme en France métropolitaine, les résidents de maison de retraite ou d’Ehpad ont en moyenne 86 ans. Pour les seniors, ce mode de résidence est moins fréquent dans la région qu’en moyenne nationale, en particulier pour les plus âgés d’entre eux. Ainsi, 2,9% des personnes âgées de 60 ans ou plus sont concernées, contre 3,3% en France métropolitaine et 3,5% en province. La proportion de personnes hébergées dans ces établissements augmente avec l’âge et la dépendance qui l’accompagne. Parmi les 90 ans ou plus, elles sont 23,4% (28% en France métropolitaine et 28,9% en province). L’écart entre la région et la France peut en partie s’expliquer par une offre de places plus faible, par la présence de seniors aux revenus modestes, pour lesquels l’accès aux institutions est contraint, ou encore par un maintien à domicile facilité par la densité élevée d’infirmiers libéraux.
En raison des différences d’espérance de vie entre femmes et hommes, 74% des résidents en maison de retraite ou en Ehpad sont des femmes. Les femmes y vivent également plus souvent que les hommes et cet écart s’accroît avec l’âge. Parmi les personnes de 60 ans ou plus, 3,8% des femmes sont hébergées dans ces établissements, contre seulement 1,6% des hommes. À 90 ans ou plus, 27% des femmes résident en maison de retraite ou en Ehpad, contre seulement 15% des hommes. Ces différences proviennent de l’écart d’espérance de vie, mais aussi du fait que les hommes vivent plus fréquemment en couple jusqu’à un âge avancé que les femmes, avec des conjointes souvent moins âgées.

Répartition de la population vivant en communauté en 2019 en % (source : Insee Paca).

Les 15-18 ans plus souvent internes que les 11-14 ans
L’hébergement en internat (hors cités universitaires) concerne très majoritairement des jeunes en âge d’être scolarisés au lycée. Ainsi, 13 900 élèves internes de la région ont entre 15 et 18 ans, soit 70% de l’ensemble des internes. Ces lycéens internes ne représentent que 5,9 % de l’ensemble des jeunes âgés de 15 à 18 ans dans la région, contre 8,3% en France métropolitaine. La proportion de jeunes internes de 11 à 14 ans, en âge d’être scolarisés au collège, est également plus faible dans la région (0,9 % contre 1,2 % au niveau national).
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur étant très urbaine, les élèves sont en effet plus facilement scolarisés à proximité de leur domicile que dans des régions plus rurales. Le recours à l’internat augmente avec l’avancement des élèves dans le système scolaire, le passage au lycée étant souvent synonyme d’augmentation de la distance entre le domicile et l’établissement scolaire.
La part des internes diffère légèrement entre lycéennes et lycéens : 6,4% pour les garçons de 15-18 ans contre 5,4% pour les filles, et les filles sont minoritaires dans les internats (40%). Le constat est semblable à l’échelle nationale.

L’équilibre filles-garçons davantage respecté en ‘cité U’ que dans les internats de lycée
Parmi les 9 100 résidents en cité universitaire en Provence-Alpes-Côte d’Azur, neuf sur dix ont entre 18 et 25 ans. Ces derniers représentent 5,2% de l’ensemble des étudiants de cet âge, une proportion supérieure à la moyenne de France métropolitaine (3%) et de France de province (4,5%). Résider en cité universitaire est un peu plus fréquent pour les jeunes hommes (5,8%) que pour les jeunes femmes (4,8%). En France métropolitaine, ces proportions atteignent respectivement 3,3% et 2,7%. Toutefois, la population étudiante étant majoritairement féminine, la parité est davantage présente dans les cités universitaires qu’au sein des internats des lycées. Tous âges confondus, les jeunes femmes représentent 48% des internes, dans la région comme en moyenne nationale.

Etude réalisée par Thibaut Farrouch et Carole Zampini de Insee-Paca et publiée le 27 juin 2022


Emploi, l’écart entre les femmes et les hommes perdure

Combien gagnez-vous par rapport à la moyenne des Français ? Une étude de l’Insee dévoile la distribution des salaires dans l’Hexagone et permet de le découvrir. En 2020, le salaire moyen d’un salarié du privé s’élevait à 2 518 € nets par mois en équivalent temps plein (EQTP). Mais ce chiffre est tiré à la hausse par les très gros revenus. En effet, la médiane des salaires est inférieure de 20 % à la moyenne, traduisant une plus forte concentration dans le bas de la distribution. Le salaire net médian – qui signifie que 50 % des salariés français gagnent moins que cette somme et que l’autre moitié gagne plus – se situe ainsi à 2 005 € nets mensuels.

Basé sur les données de cette étude, notre graphique donne un aperçu détaillé de la répartition des salaires dans le secteur privé et les entreprises publiques, en équivalent temps plein. On constate que 19,5 % des salariés perçoivent moins de 1 500 € nets par mois (certains salaires en EQTP pouvant être inférieurs au Smic) et qu’environ 30 % se situent entre 1 500 € et 2 000 € nets. Concernant les tranches suivantes, près de 30 % touchent de 2 000 € à 3 000 € et ils ne sont plus que 10,6 % à gagner entre 3 000 € et 4 000 €. Les revenus supérieurs à 4 000 € nets mensuels ne concernent qu’autour d’un salarié français sur dix en EQTP. Au delà de 8 000 €, seulement 1,6 %.

De Tristan Gaudiaut pour Statista


Emploi, l’écart entre les femmes et les hommes perdure

L’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) de Provence-Alpes-Côte d’Azur vient d’organiser un rencontre avec les acteurs du territoire de Vaucluse. Intitulée ‘Aux sources de l’info’, cette matinée ouverte notamment à une quarantaine d’élus locaux, de représentants des collectivités locales, de services de l’Etat ainsi que d’associations, d‘universitaires et d’organismes consulaire (en présentiel ou en visio-conférence) a permis de dresser un panorama du département ainsi que de montrer les outils de recherche statistiques disponibles sur le site internet de l’Insee.

« Nous avons la volonté de nous rapprocher des territoires, explique Valérie Roux, directrice régionale de l’Insee. Mais avec le Covid cela faisait longtemps que nous n’étions pas venus dans le Vaucluse. La dernière fois que nous nous sommes rendus à Avignon c’était fin 2016 et à Carpentras en 2018. »

Impulsion du solde naturel
S’il est difficile de dresser en quelques lignes un état complet du Vaucluse, l’Insee Paca a cependant synthétisé les grandes lignes de cette présentation. Ainsi, dans ce territoire de 561 500 habitants, soit 11% de la population régionale concentrée principalement à l’ouest du département, le Vaucluse connaît un essor démographique (légèrement moins soutenu que les moyennes régionale et nationale. Il affiche une population plus jeune que la moyenne régionale, qui croît sous l’impulsion du solde naturel. Par ailleurs, dans le contexte de la crise sanitaire, il présente une hausse de la mortalité moins marquée que dans le reste de la région. Dans le détail, Avignon renoue avec la croissance démographique alors que l’on assiste à un ralentissement démographique dans les zones d’emploi d’Orange et de Cavaillon-Apt. Autre constat : de nombreux jeunes quittent le département pour leurs études supérieures principalement. Toutefois, l’université d’Avignon draine des jeunes venant des départements limitrophes, limitant en partie le déficit de cette classe d’âge.

Un département plus agricole et plus industriel
Côté économique, le Vaucluse est un département plus agricole et plus industriel que la moyenne régionale, notamment grâce à une forte présente de l’industrie agro-alimentaire. Alors qu’il avait subi plus fortement la crise économique de 2008 que la région, le Vaucluse a mieux résisté à la crise liée au Covid-19. L’activité a retrouvé son niveau d’avant-crise à la mi-2021, comme la région, mais l’emploi a dépassé son niveau d’avant-crise dès le premier trimestre 2021, plus vite que Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Des inégalités hommes-femmes plus marquées
Niveau emploi, la part des personnes actives parmi celles en âge de travailler est plus faible que la moyenne nationale. Les conditions d’emploi y sont plus précaires et les inégalités hommes-femmes plus marquées. En conséquence, le taux de chômage est plus élevé et le niveau de vie y est plus faible avec une fréquence de la pauvreté plus grande que dans le reste de la région. On compte ainsi 31% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté à Avignon, 28% à Carpentras et 27% pour le secteur Cavaillon-Apt.
Dans le même temps, la part des cadres est de 12,9% dans le Vaucluse là où elle est de 16,9% en Paca et 18,5% dans l’Hexagone.

Mieux correspondre à la réalité des bassins de vie
Département ouvert sur l’extérieur, il accueille aussi de très nombreux actifs d’autres départements. Ainsi, comparativement aux 215 100 emplois qu’abrite le Vaucluse, 18% (39 000 personnes) des personnes résident hors du Vaucluse et viennent y travailler alors que 16% (34 700) y vivent mais ont leur emploi hors du département. C’est bien au-delà des chiffres du reste de la région qui oscillent entre 4 et 6%. Preuve de ce ‘glissement’ du Vaucluse, 1 habitant sur 5 du bassin de vie d’Avignon réside dans le Gard.

Un territoire de plus en plus à cheval entre 3 départements et 2 régions qui a ainsi poussé de nombreux participants à cette réunion de réclamer des études ne se limitant plus aux périmètres administratifs existants pour mieux correspondre à la réalité des bassins de vie.  

« L’heure est de bousculer les frontières », demandait ainsi le conseiller départemental vauclusien André Castelli. Même constat pour Gilles Périlhou, directeur de l’Aurav (Agence d’urbanisme Rhône Avignon Vaucluse) pour qui il est indispensable « de tenir compte des périmètres pertinents, comme les bassins de vie notamment, afin de disposer des meilleurs outils de connaissance des territoires pour mettre en place les politiques publiques. »

Cela tombe bien car l’Insee-Paca, qui vient d’ouvrir un compte Twitter pour suivre son actualité depuis le 21 juin dernier, entend être à l’écoute des propositions de sujets que pourraient initier les ‘partenaires’. L’Insee a également rappelé qu’elle était ainsi en mesure de proposer des tableaux et des produits sur-mesure pour les entrepreneurs et les acteurs publics.


Emploi, l’écart entre les femmes et les hommes perdure

L’économie régionale bénéficie d’une reprise vigoureuse au second semestre qui lui permet de dépasser les niveaux d’activité de 2019. Mais le doute s’est immiscé dans l’esprit des salariés qui changent d’horizon et des ménages, très hésitants à croquer la pomme.

L’indice boursier français (CAC 40) a progressé de près de 30% en 2021, franchissant, pour la première fois, les 7000 points. C’est un phénomène mondial : malgré les tensions sur les chaînes d’approvisionnement, la hausse sévère des matières premières et l’inflation, propagée aux denrées alimentaires, c’est la confiance en l’avenir qui l’emporte aux yeux des investisseurs, année de de retour à la normale de l’activité économique dite réelle.
Pour la France, le PIB se situait encore 1,7% en deçà de son niveau de son niveau de 2019, grâce à un rattrapage plutôt vif : ce sont les gens, investis à nouveau du droit de vivre librement en société, qui ont le plus contribué à cette reprise en consommant davantage (+5%). Avec un gros bémol : « les exportations et importations de tourisme se sont situées en 2021 à environ 40% sous leur niveau de 2019 », indique l’Insee dans son bilan économique 2021 Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Vaucluse en tête
Ceci explique que deux de nos départements ont davantage subi les conséquences d’un déficit d’activité, plus difficile à rattraper : les Hautes-Alpes, privées de remontées mécaniques dans les stations de ski, et les Alpes-Maritimes, où la fin des mesures restrictives n’a eu d’effet qu’après le mois d’août. Le volume d’heures rémunérées au quatrième trimestre est quand même supérieur à son niveau d’avant-crise dans tous les départements de la région, Vaucluse en tête (+3,1%), suivi des Bouches-du-Rhône (+2,9%) et du Var (+2,6%). La croissance est donc bien là.

Les embauches à la peine, le chômage au plus bas
Les caractéristiques de ce rebond régional n’ont pas affecté la dynamique globale de l’emploi en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en hausse de 2,5% fin 2021 – par rapport à 2019 – et même de 3,5% sur un an. Cependant, le total des embauches, entre l’avant et l’après crise, reste en retrait de 10%, ce qui est loin d’être négligeable.

Il semble pourtant que les employeurs n’aient pas ménagé leurs efforts pour recruter des collaborateurs, à tour de bras. « L’intérim, les immatriculation de micro-entreprenneurs, les CDD comme les CDI sont tous en hausse, et l’apprentissage n’a jamais été aussi haut en région avec 65 000 contrats », observe Christophe Barret, directeur régional adjoint de l’Insee. Les salaires ne sont peut-être pas assez élevés pour amener de nouvelles embauches, alors que le taux de chômage régional (8,3%) est au plus bas depuis 2008. Fin 2021, les disparités territoriales persistent : le taux de chômage varie de 6,8% dans les Hautes-Alpes à 9,6% dans le Vaucluse.

Le manque de bras fabrique des électrons libres un peu partout
Mais les reconversions qui deviennent un des sujets sociologiques de ‘l’après Covid’ ont aussi pu jouer un rôle pour freiner les nouvelles embauches. Ces changements de cap ne sont pas mesurés par les statistiques du Bilan, mais on décèle beaucoup de mouvement. Pendant les confinements, 110 000 personnes ont quitté le secteur de la restauration en France. Qui sait que la plupart des restaurants ne fonctionnent pas à plein aujourd’hui, alors que tout le monde voudrait pouvoir s’y attabler ? Le manque de bras fabrique des électrons libres un peu partout.
Ainsi, l’intérim dans les professions de santé a explosé (+50%) dans notre région. Et, bien que le nombre de création de société ‘classiques’ n’évolue plus depuis plusieurs années, il n’y a jamais eu autant de création d’entreprises individuelles.

Les points de vigilance pour 2022
Pour 2022, l’Insee estime que les difficultés de recrutement pourraient, à terme, constituer un frein à l’activité régionale qui « consomme de la main d’œuvre plutôt que des matériaux ». C’est vrai pour le tourisme, composante essentielle de l’économie, nous venons de le voir, mais aussi pour la construction. Ces deux secteurs vont concentrer les tensions les plus dommageables pour la reprise.
Il faudrait que la consommation des ménages, à l’origine de la reprise soit, demain, facteur de croissance. Il y a de quoi faire : l’épargne accumulée pendant la crise a encore augmenté dans des proportions très importantes (+9%) en 2021, après +13,6% en 2020. On pourrait ainsi espérer que l’inflation, si elle est perçue comme durable, précipite les achats importants. Mais on sait déjà qu’il sera plus facile d’acheter un véhicule neuf plutôt que de se lancer dans la rénovation de son logement, pourtant aidée par MaPrimRénov, les artisans du bâtiment n’ayant plus toujours la main d’œuvre qualifiée – comme dans la restauration – pour satisfaire la hausse de la demande.


Emploi, l’écart entre les femmes et les hommes perdure

Une étude de l’Insee Paca confirme un fort taux de pauvreté dans la population de Vaucluse. Le département est même l’un des plus touchés de l’Hexagone. Quant à la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, elle fait à peine davantage puisque seul le département des Hautes-Alpes fait mieux que la moyenne nationale.

Régulièrement qualifié de 7e ou de 6e département le plus pauvre de France, le Vaucluse figure en fait en 5e position métropolitaine de ce triste classement. Avec un taux de pauvreté de 20% de sa population, il apparaît ainsi derrière la Seine-Saint-Denis (28,4%), les Pyrénées-Orientales (21%), l’Aude (20,7%) et la Haute-Corse 20,6%. Il glisse éventuellement de 2 places supplémentaires dans ce ‘top de la misère’ si l’on prend en compte La Réunion (38,9%) et la Martinique (29,8%).
Si le Vaucluse est à la traîne de Provence-Alpes-Côte d’Azur, la région ne brille pas par ses résultats (voir tableau ci-dessous). Seul le département des Hautes-Alpes affiche un taux de pauvreté inférieur à la moyenne nationale. Les Bouches-du-Rhône et surtout le Gard voisin ne sont malheureusement pas très loin des chiffres vauclusiens.

Taux de pauvreté en Paca et départements limitrophes du Vaucluse

Département Taux de pauvreté
Hautes-Alpes 13,9%
Ardèche 14,4%
Drôme 14,8%
Alpes-Maritimes 15,8%
Var 15,6%
Alpes-de-Haute-Provence 16,8%
Bouches-du-Rhône 18,7%
Gard 19,8%
Vaucluse 20%
Moyenne Paca 17,3%
Moyenne France métropolitaine 14,6%
Source Insee : étude mai 2021 (données 2018)

Dans le Vaucluse il existe aussi de forte disparité entre les territoires. Ainsi, c’est au sein de la Communauté de communes Aygues-Ouvèze en Provence (CCAOP) que l’Insee observe les plus faible taux de pauvreté du département. La CC Territoriale Sud-Luberon et Pays des Sorgues et des Monts de Vaucluse affichent également de meilleurs résultats que la moyenne nationale (voir tableau ci-dessous).
A l’inverse le Pays Réuni d’Orange, le Pays d’Apt-Luberon, Rhône Lez Provence, la Cove et le Grand Avignon sont à la traîne. Cependant, ces intercommunalités font mieux que leurs voisins de Beaucaire Terre d’Argence, Arles-Crau-Camargue-Montagnette, Alès Agglomération et Nîmes Métropole. Des chiffres qui confirment que les personnes en situation de pauvreté sont plus présentes dans les pôles qu’en périphérie.
« Quelle que soit la taille de l’aire d’attraction, le taux de pauvreté est bien plus élevé dans le pôle que dans la couronne : il y est près du double, sauf dans les aires de moins de 50 000 habitants où l’écart est moins prononcé, explique David Pirou dans la synthèse de son étude Insee. La pauvreté est particulièrement élevée dans les communes‑centres où un habitant sur cinq est en situation de pauvreté. Elle est moins fréquente en dehors des aires d’attraction (taux de pauvreté de 14,7 %) que dans les pôles (18,9 %), mais reste toutefois nettement plus marquée que dans les couronnes (10,6 %). »

Taux de pauvreté par établissement public de coopération intercommunale (EPCI)

Établissement public de coopération intercommunale Taux de pauvreté
CC Aygues-Ouvèze en Provence (CCAOP) 11,6%
CC Territoriale Sud-Luberon 13%
CC Vallée des Baux-Alpilles 13,7%
CC du Pays des Sorgues et des Monts de Vaucluse 14,1%
CC du Pont du Gard 15%
CA Terre de Provence 15%
CA du Gard Rhodanien 16,5%
CC des Sorgues du Comtat 17%
CC Pays d’Uzès 17%
CC Vaison Ventoux 17,8%
CA Luberon Monts de Vaucluse 19,1%
CC Ventoux Sud 19,3%
Métropole d’Aix-Marseille-Provence 18,6%
CC Enclave des Papes-Pays de Grignan 18,9%
CC du Pays Réuni d’Orange (CCPRO) 19,9%
CC Pays d’Apt-Luberon 20%
CC Rhône Lez Provence 20,2%
CA Ventoux-Comtat-Venaissin (Cove) 20,8%
CA du Grand Avignon 22,2%
CC Beaucaire Terre d’Argence 22,3%
CA d’Arles-Crau-Camargue-Montagnette 22,7%
CA Alès Agglomération 22,8%
CA de Nîmes Métropole 22,8%
CA : Communauté d’agglomérations ; CC Communauté de communes.

Fortes disparités de revenus
Autre mauvaise nouvelle, avec 19 880€ le Vaucluse affiche également le niveau de vie annuel médian le plus bas de la région. Le département est devancé par les Alpes-de-Haute-Provence (20 580€), les Hautes-Alpes (20 880€), les Bouches-du-Rhône (21 360€), le Var (21 590€) et les Alpes-Maritimes (22 140€) alors que la moyenne de Provence-Alpes-Côte d’Azur s’élève à 21 350€ et celle de la France à 21 650€.
« Les niveaux de vie varient également selon la localisation au sein des aires d’attraction des villes (pôle ou couronne), ainsi que selon le nombre d’habitants de l’aire, poursuit le statisticien de l’Insee. Le niveau de vie médian est ainsi plus faible dans les pôles (21 000€ par an), notamment au sein des communes-centres (20 220€), que dans les couronnes (22 430€). Pour chacune de ces catégories de communes, le niveau de vie augmente avec la taille des aires. Il est ainsi le plus élevé (22 660e) dans les aires de 700 000 habitants ou plus hors Paris, en particulier dans leurs couronnes (23 730€). Dans l’aire d’attraction de Paris, le niveau de vie médian est de 23 740€. Il est plus faible qu’au niveau national dans les communes situées hors attraction des villes (20 410€). »
Autre constat, c’est en Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur que l’on constate les plus fortes disparités de revenus entre les personnes les plus modestes et celles, plus aisées.

L.G.

*Le niveau de vie médian partage la population en deux : la moitié des personnes disposent d’un niveau de vie inférieur et l’autre moitié d’un niveau de vie supérieur


Emploi, l’écart entre les femmes et les hommes perdure

Selon l’Insee Provence-Alpes-Côte d’Azur, 3 120 emplois dépendraient de la présence de la Base aérienne 115 (BA 115) d’Orange-Caritat. Ces chiffres confirment l’impact du premier site militaire du département sur l’économie et l’emploi du Haut-Vaucluse.

« La Base aérienne 115 d’Orange emploie 2 030 personnes sur son site, explique l’Insee Provence-Alpes-Côte d’Azur dans une étude qu’elle vient de publier en partenariat avec le ministère des Armées. La quasi-totalité d’entre elles, soit 1 750 personnes, sont des militaires d’active. 80 civils travaillent également à temps complet sur le site de la base aérienne. S’y ajoutent 200 réservistes présents à temps partiel sur la base. »
Chaque année, 4 500 à 5 000 militaires sont aussi de passage à la BA 115, pour une formation de durée variable, de 1 semaine à 6 mois. En effet, la base aérienne forme des pilotes de chasse et d’hélicoptère ainsi que les commandos parachutistes de l’air et tous les militaires du rang de l’Armée de l’air et de l’espace. Ces stagiaires, logés sur la commune d’Orange durant leur formation, représentent l’équivalent de 500 personnes présentes sur site tout au long de l’année. Au total, entre les militaires, civils, réservistes et stagiaires confondus, 2 530 emplois sont liés directement à la présence de la BA 115, ce qui situe la base dans la moyenne des effectifs des bases aériennes françaises.
La BA 115 est le plus gros employeur de cette zone, loin devant le centre hospitalier d’Orange (800 emplois) et la mairie d’Orange (500 emplois).

10% des emplois de la zone
Si les unités opérationnelles de la BA 115, aussi dénommée capitaine Maurice de Seynes depuis 1989, sont réparties entre la plateforme aéronautique Caritat, qui s’étend sur les communes d’Orange, Jonquières et Camaret-sur-Aigues, et le ‘quartier Geille’ dans le centre-ville de la cité des princes, la zone d’influence s’étend sur près d’une quarantaine de communes situées en Vaucluse (25 communes) mais aussi dans la Drôme (4 communes) et le Gard rhodanien (6 communes).
Dans cette zone, 10% des emplois dépendent de la base aérienne car au-delà des emplois directs sur son site, celle-ci génère sur ce territoire, l’équivalent de 590 autres emplois. Pour l’essentiel, ces emplois sont induits par la consommation quotidienne des familles des salariés de la base aérienne et de ses fournisseurs locaux. La moitié des emplois sont générés dans le secteur marchand, dont le commerce (16%) et la construction (11%). La santé et l’administration publique en concentrent à eux deux près de 42%. Des emplois induits qu’y se concentrent principalement à Orange, Jonquières, Camaret-sur-Aigues et Sérignan-du-Comtat où se trouvent les trois quarts de l’ensemble des emplois indirects et induits générés par l’activité de la base aérienne, soit 450 emplois.
Au final, ce sont au total 3 120 emplois qui dépendent de la base aérienne.

Un important poids démographique aussi
« Si l’on considère les familles des salariés, la population concernée par l’activité de la base aérienne représente l’équivalent de 5 180 personnes dans la zone d’influence, poursuit cette étude menée pour l’Insee par Lucile Jamet et Carole Zampini. Près de la moitié de cette population réside à Orange, soit 2 500 personnes. Environ 380 personnes habitent à Camaret-sur-Aigues, 360 à Jonquières, 290 à Piolenc et 200 à Sérignan-du-Comtat. Comme pour l’emploi, l’influence de la base en termes de population est maximale à Orange où 8,6% de la population communale est concernée par la présence de la base, à Camaret‑sur-Aigues (8,4%), à Sérignan-du-Comtat (7,4%) et à Jonquières (6,6%). A Piolenc et Mornas, la base ‘pèse’ entre 4 et 6% de la population totale. »
Cette présence a également un impact sur les effectifs des établissements scolaires des environs. En effet, 880 enfants âgés de 3 à 17 ans ont au moins un parent employé sur la base aérienne. Ils représentent 3,5% des enfants en âge d’être scolarisés du territoire d’influence. À cela s’ajoutent 160 enfants âgés de moins de 3 ans, susceptibles d’être gardés en crèche. Caractéristique d’une population jeune, 60% des enfants des salariés de la base sont en âge d’être inscrits en école maternelle ou primaire, contre 50% de ceux de la zone d’influence.
L’influence de la base aérienne ne se limite cependant pas à la zone retenue dans cette étude. Des salariés de la BA 115, de même que des salariés travaillant dans les établissements fournisseurs, résident en dehors de cette zone. Ces derniers représentent tout de même 32% des effectifs.

La base aérienne va moderniser ses infrastructures pour accueillir deux escadrons Rafale à partir de l’été 2024 en remplacement de celui de Mirage 2000.

Nombreux liens avec le tissu local
Premier site militaire de Vaucluse, la base entretient donc des liens étroits avec le tissu local. Elle s’investit ainsi auprès des établissements scolaires à travers des initiatives diverses comme les Brevets d’initiation aéronautique, les Classes de défense et de sécurité globales et, plus ponctuellement, des journées portes ouvertes thématiques.
Tout récemment, Orange-Caritat a reçu jeudi 1er juillet les élèves du collège Marie-Pila, du lycée Henri-Fabre et Victor-Hugo de Carpentras, du collège Jean-Giono d’Orange, du collège Saint-Gabriel de Valréas, du lycée Montesquieu de Sorgues et du lycée Vincent de Paul d’Avignon afin d’assister à un vol de nuit au cours duquel des brevets d’initiation aéronautique ont été remis. Le 6 juillet, une convention entre le collège de Sainte-Cécile les Vignes et la base aérienne 115 d’Orange a été signée, avec l’Escadron d’hélicoptères 5/67 Alpilles comme unité marraine.
Mi-juin, la base a aussi organisé son 1er rallye citoyen 2021 au profit d’une centaine d’élèves de différents collèges du Vaucluse.
Par ailleurs, dans le cadre des Journées défense et citoyenneté, cette base inaugurée en 1939 par Edouard Daladier, alors président du conseil et député d’Orange, accueille plus de 8 000 jeunes par an. La base aérienne dispose également d’un musée ouvert au public qui attire environ 5 200 visiteurs par an.

Encore des investissements à venir
Dans le cadre de la loi de programmation militaire 2019-2025, la base aérienne modernise ses infrastructures pour accueillir deux escadrons Rafale à partir de l’été 2024 en remplacement de celui de Mirage 2000 équipant actuellement la BA 115 depuis 1998. La venue du jet de combat omnirôle de Dassault devrait nécessiter des travaux d’aménagement sur les 371 hectares du site et les 2 400 mètres de piste. Ainsi, l’Armée de l’Air et de l’Espace vient de lancer, fin 2020, le chantier de son nouveau mess (8,5M€ d’investissement) qui devrait être opérationnel d’ici la fin du printemps 2022.
Sur cette période, d’importants investissements (plus de 150M€) vont donc conforter la base aérienne dans son environnement local et accroître légèrement son effectif (50 personnes supplémentaires à l’horizon 2024).
Par ailleurs, chaque année, la base commande 6,7M€ (ndlr : chiffre 2017) de matériels, fournitures et prestations de services auprès d’environ 300 établissements dont un tiers d’entreprises locales. Ces besoins nécessaires à son fonctionnement général et l’entretien de ses infrastructures représentent l’équivalent de 35 emplois.
L’Armée de l’Air prépare également l’avenir en tenant compte des contraintes environnementales. En effet, le Service du commissariat des armées (SCA) a acquis quatre Citroën AMI électriques pour une expérimentation menée par le Groupement de soutien de la base de défense Istres-Orange-Salon de Provence. De quoi permettre de répondre aux enjeux de transition énergétique avec un basculement de la moitié de la flotte administrative des armées à une propulsion à faibles émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

D’ici mars 2022, la BA 115 sera dotée d’un nouveau mess d’une superficie de 3 400m2.

Emploi, l’écart entre les femmes et les hommes perdure

C’est officiel ! Selon l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) la zone d’emploi d’Avignon compte désormais davantage de communes gardoise et bucco-rhodaniennes que de vauclusiennes. Une réalité qui met de plus en plus en lumière les incohérences des frontières départementales.

En redéfinissant le périmètre des zones d’emploi en Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Insee a établi que la région comptait désormais 22 zones contre 18 en 2010. Intégrant de nouvelles méthodes afin d’harmoniser les possibilités de comparaison au niveau européen, ce zonage détermine un territoire à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent. Pour l’Insee, « il s’agit de l’espace le plus pertinent pour étudier le fonctionnement du marché du travail et pour adapter localement les politiques de l’emploi ».
Cette réévaluation des frontières ‘économiques’ de nos territoires fait ainsi notamment apparaître les zones d’emploi de Carpentras et de Valréas (jusqu’alors intégrées à celle d’Avignon) ainsi que celle de Bollène-Pierrelatte (rattachée jusqu’à présent à Orange).

Avignon dépasse les frontières
Déjà principale zone d’emploi de Paca dépassant les frontières régionales en 2010, le bassin de vie de la cité des papes ne fait que renforcer ce déséquilibre 10 ans plus tard. Ainsi à ce jour, la zone d’emploi d’Avignon comprend 15 communes gardoises (Les Angles, Aramon, Domazan, Estézargues, Fournès, Lirac, Montfrin, Pujaut, Rochefort-du-Gard, Roquemaure, Sauveterre, Saze, Tavel, Théziers et Villeneuve-lès-Avignon) pour ‘seulement’ 13 vauclusiennes (Althen-des-Paluds, Avignon, Bédarrides, Caumont-sur-Durance, Châteauneuf-de-Gadagne, Entraigues-sur-la-Sorgue, Jonquerettes, Morières-lès-Avignon, Le Pontet, Saint-Saturnin-lès-Avignon, Sorgues, Vedène et Velleron). A cela s’ajoutent 8 villes des Bouches-du-Rhône (Barbentane, Cabannes, Châteaurenard, Eyragues, Graveson, Noves, Rognonas et Verquières). Comme dans le même temps, l’Insee a ‘détaché’ plus d’une soixantaine de communes vauclusiennes jusqu’alors rattachées à Avignon et désormais intégrées dans les zones d’emploi de Valréas, Carpentras, Orange et Cavaillon ce contraste est maintenant encore plus saisissant : Avignon s’étend plus en Occitanie qu’en Vaucluse.

« Avignon s’étend plus en Occitanie qu’en Vaucluse. »

Alors que le Vaucluse est déjà le département où la part des emplois occupés par des personnes résidant à l’extérieur est déjà la plus importante de la région, pour le bassin de vie d’Avignon, à cheval entre 3 départements et 2 régions, ce déséquilibre est encore plus marqué. Ainsi, plus de 40% des emplois du Grand Avignon sont occupés par des non-résidents aux premiers rangs desquels figurent des Vauclusiens (près de 15 000 personnes habitants dans une autre commune), des Gardois (plus de 6 000) et des Bucco-rhodaniens (près de 4 000). Et si au sein du Grand Avignon, le nombre d’emplois a très légèrement progressé entre 2006 et 2016 (+ 0,6 % en moyenne par an), c’est avant tout les territoires qui l’entourent qui en ont profité. En 10 ans, de nombreux actifs ont ainsi quitté le Grand Avignon tout en continuant à venir y travailler chaque jour. Ils se sont installés dans plusieurs intercommunalités voisines où le nombre de navetteurs (ndlr : un navetteur est un actif qui quitte sa commune de résidence quotidiennement pour aller travailler) a fortement progressé, notamment les communautés d’agglomération Luberon Monts de Vaucluse (LMV) à l’est, Terre de Provence au sud et Ventoux-Comtat-Venaissin (Cove) au nord.

« Ne rien faire pour adapter les frontières à la réalité du territoire devient un crime contre l’emploi. »

Tout ceci n’est pas sans conséquence sur ‘l’optimisation’ des performances économiques de ce territoire où entrepreneurs, élus locaux et citoyens résidents constatent régulièrement les difficultés liées aux frontières départementales et régionales en matière de transport, de santé, d’éducation (2 zones de vacances scolaires), de sécurité, d’emploi…

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’Insee a revu le périmètre des zones d’emploi avec pour objectif de proposer une meilleure vision du territoire afin d’adapter localement les politiques de l’emploi. Constater que le Vaucluse est l’un des départements les plus pauvres de France c’est un début, ne rien faire pour adapter ses frontières à la réalité de son territoire devient un crime contre l’emploi.

Valréas et la question de la Drôme provençale
Bien que championne dans ce domaine, la cité des papes n’a plus l’exclusivité du franchissement des limites régionales. Désormais, les zones d’emplois de Bollène-Pierrelatte et de Valréas se composent majoritairement de résidents d’Auvergne-Rhône-Alpes (70% pour Bollène-Pierrelatte et plus de 50% pour Valréas).

« Quel sort pour la Drôme provençale ? Auvergne-Rhône-Alpes ou Paca ? »

Outre 4 communes vauclusiennes (Bollène, Lamotte-du-Rhône, Lapalud et Mondragon) la zone d’emploi de Bollène-Pierrelatte comprend 8 communes ardéchoises et 17 drômoises. Pour Valréas, la zone d’emploi compte 23 villes vauclusiennes (Beaumont-du-Ventoux, Brantes, Buisson, Crestet, Entrechaux, Faucon, Grillon, Malaucène, Puyméras, Rasteau, Richerenches, Roaix, Sablet, Saint-Léger-du-Ventoux, Saint-Marcellin-lès-Vaison, Saint-Romain-en-Viennois, Saint-Roman-de-Malegarde, Savoillan, Séguret, Vaison-la-Romaine, Valréas, Villedieu et Visan) ainsi que plus de 90 communes drômoises, dont Nyons, essentiellement rattachées jusqu’à maintenant à Montélimar. Là encore, sans attendre les répercussions kafkaïennes que pourrait avoir sur l’Enclave le reconfinement de la Drôme aujourd’hui dans le collimateur du Gouvernement en raison de la situation sanitaire liée au Covid-19, ce redécoupage de l’Insee pose la question du sort de la Drôme provençale : Auvergne-Rhône-Alpes ou Paca ?

Et dans le reste du Vaucluse ?

Dans le reste du Vaucluse, la zone d’emploi de Carpentras totalise 29 communes. L’emploi s’y organise autour de deux pôles : Carpentras et Monteux. Monteux, pôle résidentiel (0,8 emploi par actif occupé résident) à la démographie parmi les plus dynamiques de la région, illustre parfaitement la mutation de nos territoires favorisée par une grande mobilité. Les Montilliens sont ainsi 1 606 à travailler dans leur commune de résidence et sont 836 à se rendre à Carpentras pour leur emploi alors qu’ils sont 1 238 à aller sur la zone d’Avignon (717 à Avignon, 257 à Sorgues et 264 au Pontet).
Pour celle de Cavaillon (qui intègre Apt), ce nombre de communes s’élève à 54 dont 11 étaient auparavant rattachées à la cité des papes (dont 5 communes des Bouches-du-Rhône – Eygalières, Mollégès, Orgon, Plan d’Orgon et Saint-Andiol) et 1 à Manosque.

« 2 600 Vauclusiens habitant le Sud-Luberon travaillent sur Aix. »

Pour sa part, la zone d’Orange comprend 16 communes dont 3 étaient associées à Avignon dans la précédente étude de l’Insee (Châteauneuf-du-Pape, Courthézon et Gigondas). Le secteur de la cité des princes présente par ailleurs la spécificité de concentrer un maximum d’emploi dans la ville la plus peuplée du territoire : plus de la moitié des actifs occupés y travaillent.
Enfin, concernant le Sud-Luberon on dénombre 21 communes de Vaucluse autour de Pertuis à faire partie de la zone d’Aix-en-Provence. Dans ce cadre, ils sont près de 2 600 à quitter chaque jour le département pour travailler sur Aix. A cela s’ajoute plus de 700 Vauclusiens employés sur Marseille (418 pour Pertuis et 309 pour Avignon).

https://www.echodumardi.com/tag/insee/page/2/   1/1