3 mai 2024 |

Ecrit par le 3 mai 2024

Isera-Isema : l’huile d’olive, un filon en or

Un atelier sur la filière oléicole de l’arbre à la table vient d’être organisé sur le campus de l’Isema-Isara à Avignon.

C’est au coeur de la naturalité, des deux écoles d’Agroparc spécialisées dans l’agronomie, l’alimentation et l’environnement qu’était organisé un « Afterwork » avec deux professionnels : Yves Guillaumin, directeur de France Olive et Eric Mathieu, président du Groupement des Oléiculteurs de Vaucluse.
Filières de production, de transformation et de commercialisation de l’olive, influence des terroirs sur son goût, différentes variétés de Nyons à Nice en passant par Les Baux et enfin dégustation d’huiles fruitées, piquantes ou ardentes, c’était le programme des deux heures de rencontre.

C’est Yves Guillaumin qui a pris la parole en premier en précisant que la production française tourne autour de 5 000 tonnes par an, les bonnes années, 3 500 les mauvaises, ce qui est très peu, quand on sait que la consommation s’élève à 130 000 tonnes dans l’hexagone, donc nous sommes obligés d’en importer un maximum.
Quant aux producteurs en France, on dénombre 7 500 oléiculteurs professionnels et 40 000 amateurs, tous ceux qui ont un autre métier, ont hérité d’une oliveraie ou planté des oliviers autour de leur maison et invitent leurs ‘potes’ à leur donner un coup demain pour la récolte à la Toussaint avant de l’amener au moulin le plus proche.

Yves Guillaumin, directeur de France Olive et Eric Mathieu, président du Groupement des Oléiculteurs de Vaucluse.

Un marché en tension
« La situation se tend » explique Yves Guillaumin, « on est passé de 3 millions de tonnes au niveau mondial ces dernières années à 2 millions et demi en 2023 à cause de la sècheresse. C’est l’Espagne qui a payé le plus lourd tribut, avec un effondrement de la production, du coup les prix ont explosé, passant de 5 à 12€ la bouteille en supermarché. L’Italie aussi régresse, la Grèce reste stable et le Portugal lui, continue à tirer son épingle du jeu avec 100 000 tonnes. »

Le directeur de France Olive cite des chiffres locaux : « Plus de 10 millions de litres en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 5,6M en Occitanie grâce aux habitants mais aussi aux touristes qui sont fous de nos nombreuses AOP (Appellations d’origine protégée) de Provence, Haute-Provence, Nîmes, Nyons, Vallée des Baux, Nice et Corse. D’ailleurs le bio représente 30% et les AOP 60% de la production. En tout le chiffre d’affaires de la filière oléicole est de 100M€ ».

Il précise aussi qu’il existe environ 300 moulins en France et qu’ils triturent de toutes petites quantités d’olives, en dehors de ceux qui produisent 100 tonnes d’huile par an et qui se comptent sur les doigts d’une seule main. C’est là que sont achetés 1 800 tonnes d’huile d’olive, 600 proviennent des domaines oléicoles, 200 de la grande distribution, 200 aussi d’épiceries fines et 200 sont exportées.

Dans un second temps, c’est un ancien militaire de la base aérienne d’Aix-les-Milles, Eric Mathieu qui a pris la parole. A la retraite, en 1988, il passe par le Centre de formation professionnelle agricole de Saint-Rémy-de-Provence et reprend l’oliveraie de ses grands-parents à Cabrières d’Avignon « Lou Calimbou », du nom de la plus ancienne parcelle. « J’ai en tout 650 oliviers, principalement de la variété Aglandau (83%), un peu de Bouteillan (13%) mais aussi des Picholines, de la Salonenque et de la Verdale. Il faut entre 5kg et 8kg pour avoir 1 litre de bonne huile d’olive. C’est une niche puisque la production française représente seulement 5% de la consommation ».

« La qualité n’a pas de prix, mais elle a un coût. »

Eric Mathieu, président du Groupement des Oléiculteurs de Vaucluse

Au Groupement des oléiculteurs de Vaucluse qu’il préside, on recense 200 adhérents et une douzaine de moulins (Saint-Saturnin-lès-Apt, Gordes, Cucuron, Oppède, Beaumes-de Venise, Sérignan-du-Comtat, Piolenc, Rustrel, Mérindol et Cucuron). « Pour favoriser la biodiversité j’ai installé des nids pour les mésanges et des nichoirs pour les chauves-souris, il faut savoir qu’elles ingèrent plus de 2000 insectes par nuit » explique Eric Mathieu. Il ajoute que le travail sur l’exploitation ne s’arrête jamais : la taille des branches l’hiver, le traitement au cuivre et à l’argile blanche pour lutter contre la mouche et protéger les oliviers, au printemps. Il énumère les frais pour le tracteur, le fuel, le broyeur, la trituration au moulin, la commercialisation de l’huile, les factures d’irrigation et d »électricité… En tout par an, il dépense plus de 18 000€ et sa rémunération s’élève seulement à 2660€. « Heureusement que j’ai ma retraite pour vivre, ma femme qui m’aide et une vraie passion pour mes oliviers. » Et, lui dont la production oscille entre 3 500kg d’olives et 709 litres d’huile en 2015 et 9 200kg en 2023 pour 1 552 litres, vend son huile 21€ la bouteille. « Pour certains clients qui viennent au domaine Lou Coulimbou, c’est cher, mais quand ils participent à la récolte avec moi, ils se rendent compte que ce n’est pas de tout repos ». Il est vrai que la qualité n’a pas de prix, mais elle a un coût.

Eric Mathieu produit de l’huile d’olive vierge et extra vierge, il a d’ailleurs reçu tout récemment deux médailles à la Foire de Brignoles, une d’or pour sa bouteille de « Fruité noir » et une autre d’argent pour sa « Fruitée verte ».

Par ailleurs, le Groupement des oléiculteurs de Vaucluse participe à une démonstration de taille ce jeudi matin 4 avril à l’Arboretum de Beauregard à Jonquières et Eric Mathieu organisera une « Journée de l’Olivier » chez lui, à Lou Coulimbou à Cabrières, le 29 mai pour parler de son exploitation, de la fabrication, des goûts d’artichaut, d’herbacés, de champignons, de cacao, de tapenade de ses huiles et pour échanger avec les visiteurs.


Isera-Isema : l’huile d’olive, un filon en or

L’école d’ingénieur en agronomie, agroalimentaire, environnement et innovation Isara vient de mettre en place un partenariat avec l’Université du vin de Suze-la-Rousse afin de donner aux élèves les clés de compréhension techniques et économiques de la filière vitivinicole.

Une version pilote du partenariat avait déjà été mise en place en 2022 pour 8 élèves puis l’année suivante pour 16. Au vu de la réussite, les deux entités ont décidé d’officialiser leur alliance. Ainsi, la convention a été signée sur le campus Isara d’Avignon pour 3 ans. L’objectif est de développer un parcours de spécialisation Vigne et Vin complet dès la rentrée 2023.

L’Université du Vin conçoit les contenus pédagogiques des modules concernés, sélectionne les formateurs, et organise les évaluations dans le respect des compétences à acquérir par les futurs ingénieurs. « Pour accompagner la viticulture de demain, il est nécessaire de maîtriser les fondamentaux scientifiques et techniques, et les compétences de l’ingénieur grâce à l’expertise des enseignants-chercheurs de l’Isara », explique Lydie Caron-Picot, responsable de ce nouveau parcours.

V.A.


Isera-Isema : l’huile d’olive, un filon en or

Installée sur le Campus d’Agroparc-Montfavet, à quelques encablures de l’INRAE, du Lycée Pétrarque, du CTCPA (Centre technique de conservation des produits agricoles), du Pôle Agro-sciences de l’Université, de la Maison de l’Alimentation, l’Isara est la seule école d’ingénieurs agronomes de Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Les plus anciens s’en souviennent encore : ses locaux lumineux de verre et d’acier ont été inaugurés en 2 000 par Mesdames Elisabeth Guigou alors Ministre de la Justice et Marie-Josée Roig, Maire d’Avignon ainsi que Jean-Paul Bouisse, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Vaucluse comme l’atteste la plaque commémorative vissée dans le hall d’accueil.

Pascal Desamais, directeur d’ISARA l’affirme d’entrée de jeu : « C’est plus qu’une école, c’est un acteur engagé, un lieu où on accompagne les transitions agricoles et alimentaires. Nous devons donc former nos élèves à nourrir le monde sainement, préserver la biodiversité, valoriser la ressource en eau et innover. Depuis des décennies, nous avons une responsabilité considérable qui s’accentue avec le réchauffement climatique, assurer la sécurité alimentaire, ne pas épuiser les sols et faire en sorte que les paysans vivent dignement de leur travail, nous sommes donc à la croisée des chemins, au début d’une totale mutation ».

« Plus qu’une école, un acteur engagé. »

« Nous sommes là pour accompagner ceux qui vont devoir relever tous ces défis » ajoute-t-il. « D’ici 2050, l’augmentation de la population mondiale et les effets du changement climatique vont durablement impacter nos modèles, les citoyens et consommateurs sont de plus en plus attentifs à une alimentation de qualité, dans un environnement et un développement durables. A travers nos cursus (ingénieurs et masters) nous transmettons un savoir-faire et un savoir-être pour préparer les jeunes générations aux évolutions des pratiques ». Pour cela, avec l’équipe pédagogique, il s’est fixé plusieurs objectifs : créer un centre d’agro-écologie avec une hub d’entrepreneurs, un incubateur de start-up, doubler les effectifs d’élèves pour faire face à la demande des professionnels de l’agro-alimentaire, développer l’alternance qui permet aux élèves-apprentis d’être rémunérés, d’être à mi-temps dans une entreprise donc ouverts sur l’extèrieur et le monde de l’entreprise et trouver un boulot à la fin de leurs études ».

Jean-Paul Malleval, le directeur du « Campus Avignon » énumère la palette des possibilités de cette filière : vigne et vin, végétaux, huiles essentielles, cosmétologie, phyto-pharmacie, arômatologie, parfums, bio-carburants, horticulture. Mais nous devons aller plus loin du côté de l’agriculture méditerranéenne avec des cépages qui résistent à la canicule comme aux insectes ravageurs. D’ici 2026, nous comptons effectivement doubler le nombre d’élèves comme de collaborateurs enseignants-chercheurs et nous envisageons d’ailleurs, d’ici 2030 de faire construire un nouveau bâtiment de 6 000m2 du côté du Campus universitaire d’Agro-sciences ».

De gauche à droite : Pascal Desamais, directeur de l’Isara, Jean-Paul Malleval, directeur du Campus Isara-Isema d’Avignon, et Severine Cavret directrice des formations.

Cette montée en puissance d’ISARA, Séverine Cavret en charge des formations l’a constatée : « En 2017, il y avait 13 élèves-ingénieurs-apprentis inscrits, en 2020 ils étaient 120, l’an prochain on en comptera 150, ce qui nous oblige à anticiper et innover. En 2024 nous lancerons le « Bachelor Sciences et ingénierie » sur 3 ans pour les cadres intermédiaires en agro-alimentaire, les chefs de culture en maraîchage ou en arboriculture et en 2026, nous ouvrirons un cursus en 5 ans pour permettre aux ingénieurs de demain d’être à la hauteur des transformations du monde ».

Dans les couloirs de l’ISARA on ressent cette ambiance humaine, familiale, solidaire entre élèves mais aussi avec leurs professeurs, une confiance inter-générationnelle accentuée par le tutorat. Nombre d’élèves peuvent faire des stages à l’international, l’école accueille aussi des étudiants diplômants venant d’Afrique et du pourtour méditerranéen. Un tiers des élèves issus d’un milieu modeste bénéficient d’une bourse ou d’une aide financée par une fondation. Pour conclure, le directeur dira : « Avant, on subissait le gel une année, la canicule une autre, la concurrence des fruits et légumes espagnols ou grecs plus tard. Désormais c’est tout à la fois avec en prime la Guerre en Ukraine qui complexifie encore davantage la situation. D’où l’ardente obligation qui est la nôtre de former les futurs ingénieurs agronomes à anticiper en innovant ».

Contact : www.isara.fr – Isara Campus Avignon – 105 Rue Pierre Beyle – Montfavet84 918 Avignon CEDEX 9


Isera-Isema : l’huile d’olive, un filon en or

L’Isema, école de commerce spécialisée sur les secteurs de la naturalité et tous les secteurs issus du vivant -agroalimentaire, alimentation, santé, cosmétique-  a à cœur de traiter de sujets autour de l’agriculture, l’alimentation et de l’environnement à destination des particuliers, intervenants, professionnels et, bien sûr, les étudiants.

Un after work jeudi 7 avril
Dans ce cadre l’école propose un after work Jeudi 7 Avril à 18h en présence des acteurs locaux et experts œuvrant chacun à leur façon pour informer et développer ce type d’agriculture au cœur de notre ville d’Avignon.

Les intervenants
Baptiste Grard, enseignant chercheur ISARA (école partenaire) / expert sur le sujet de l’agriculture urbaine,
Paul-Arthur Klein, Directeur des Jeunes Pousses et de la ferme urbaine Le Tipi d’Avignon,
Et Mathieu Navarro, Directeur association «Car elles butinent».

Ensemble
Ils apporteront leur vision de ce type d’agriculture sous forme de témoignage, de retours d’expérience en se basant sur des exemples concrets de réalisation notamment sur notre territoire. Comme lors des précédentes soirées After Work, un temps sera donné pour les questions du public. 

Les infos pratiques
Amphi de l’Isema,105 Rue Pierre Bayle à Avignon. Inscription obligatoire ici.
MH

https://www.echodumardi.com/tag/isara/   1/1