7 mai 2024 |

Ecrit par le 7 mai 2024

Chorégies d’Orange 2024 : une conférence de presse à haute tension

« Dès que je suis entré dans cette pièce, j’ai senti des ondes négatives ». Ainsi s’exprime Jean-Louis Grinda, le directeur des Chorégies d’Orange depuis 2016, date de la démission de son prédécesseur, Raymond Duffaut qui y a passé une trentaine d’années.

Il poursuit : « La Chambre Régionale des Comptes s’est penchée sur les Chorégies. Elles sont financées à 80% par la billetterie, ce qui les fragilise et il y a un personnel minimaliste (7 personnes) » relèvent-elles. Je voudrais saluer ici l’engagement de Renaud Muselier, le président de la Région Sud qui les a sauvées en 2018″.

Il faut dire qu’à cette époque, le déficit s’élevait à 1,5M€, qu’on allait mettre la clé sous la porte alors que le plus ancien et le plus populaire des festivals du monde (créé en 1869) celui d’Orange s’apprêtait à fêter ses 150 ans en 2019. Et que ”zorro“ Muselier a tout fait pour les pérenniser. En créant avec l’Etat, la Région et le département une SPL (Société Publique Locale) pour effacer la dette et repartir pendant 3 ans sur de nouvelles bases. Mais il avait prévenu à l’époque, à Avignon, il y a 6 ans, au Conseil Général de Vaucluse en présence du président Maurice Chabert : « Il n’est pas question que les collectivités locales soient le tiroir-caisse des Chorégies » et à l’attention de la Ministre de la Culture d’alors, la patronne d’Actes Sud à Arles, Françoise Nyssen, « II est temps que l’Etat prenne sa part, toute sa part ».

Jean-Louis Grinda poursuit : « Si je suis ici, ce matin, à Orange, devant vous, la presse, les fans, l’Association des Amis des Chorégies, c’est pour vous proposer Les Chorégies du Futur. Pas pour vous enfumer mais pour vous montrer qu’on peut les pérenniser, les renforcer, sinon, je ne serais pas là. Mon rôle n’est pas de programmer des ciné-concerts ». Et il insiste « Désormais, l’Etat veut s’engager, s’impliquer plus fortement. Nous devrions donc bénéficier d’un soutien plein et entier de la Région Sud, c’est déjà le cas et de l’Etat, nous attendons ses propositions ».

A gauche Jean Louis Grinda, directeur des Chorégies d’Orange et à droite Richard Galy, Président de la SPL des Chorégies d’Orange 

De son côté; Richard Galy, conseiller régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, président de la SPL ajoute : « La Région Sud a augmenté les subventions de la culture de 51M€ en 2016 à 67M€, soit +33%. Le monde du lyrique traverse une crise, tout est plus cher, les cachets, l’énergie, ici à Orange, les recettes sont dûes à 60% à la billetterie, quand ailleurs c’est 20% maximum. C’est à la fois notre fierté et notre fragilité. »

En 2024, fin de la SPL, entrée en vigueur de l’EPCC (Etablisement Public de Coopération Culturelle), un statut des Chorégies qui évolue, avec un contrat de 3 ans qui permet de faire des programmations, de voir venir de façon apaisée sans se demander de quoi demain sera fait. Avec des tarifs abordables pour la population ». C’est à ce moment là que Richard Galy ajoute : « Du coup, l’édition 2024 des Chorégies sera celle d’une année charnière, prudentielle pour refermer la parenthèse 2018 de la SPL ».

« Un seul opéra au Théâtre Antique, le 22 juillet 2024, Tosca en version concert, c’est démentiel, ce n’est plus un festival d’art lyrique »

Bruits et chuchotements dans la salle où se tenait la conférence de presse. Un journaliste prend la parole : « Un seul opéra au Théâtre Antique, le 22 juillet 2024, Tosca en version concert, c’est démentiel, ce n’est plus un festival d’art lyrique ». Un autre demande : « Quand vous proposez Tosca à minima, en version concert, ça représente combien d’économies? » 500 000€ répond Jean-Louis Grinda.

Il enchaîne sur le reste du programme 2024, puisque c’est le sujet du jour. « Pop The Opera » avec les collégiens vauclusiens le 14 juin, Musiques en Fête en direct du Théâtre Antique sur France TV à l’apporche de la Fête de la Musique, le 21 juin, Mika la pop-star sera là le 23 juin.

A l’affiche et tout le monde s’en félicite, le 29 juin, la pianiste Khatia Buniatichvili qui avait annulé l’été dernier après avoir eu sa petite fille… Baby blues oblige… Mais elle sera bel et bien présente en 2024 et interprètera le célébrissime Concerto pour piano n° 1 de Tchaikowsky. Autres invités ; le chorégraphe Thierry Malandrain et son Ballet de Biarritz, le 12 juillet, « Black Legends » du jazz, de la soul et du gospel le 16 juillet, retour du jeune violoncelliste surdoué Edgar Moreau le 18 juillet, tout seul sur scène pour l’intégrale des 6 Suites de Bäch et enfin, pour clore cette édition de transition : « Tosca » à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur Giacomo Puccini, en version allégée, mais en présence du chouchou des Chorégies, Roberto Alagna (malgré son absence en 2013 qui a plombé le budget de 500 000€). N’oublions pas quand même qu’il est venu près de 20 fois à Orange, chapeau bas!

Pendant la conférence de presse, un/e représentant/e de la Ministre de la Culture a appelé pour annoncer que l’Etat apporterait une subvention plus substantielle aux Chorégies d’Orange. Espérons que le geste sera à la hauteur. A titre d’information, le Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence empoche 8,5M€ par an quand les Chorégies d’Orange (en Vaucluse, le 5ème département le plus pauvre de France) reçoivent moins d’un million d’euro de subsides et accueillent gratuitement la population locale lors de la générale). Vous avez dit liberté, égalité, fraternité?

Contacts : Billetterie ouverte à partir du 18 décembre 04 90 34 24 24
billetterie@choregies.com
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Jusqu’au 31 janvier, -10% sur le prix des places


Chorégies d’Orange 2024 : une conférence de presse à haute tension

Le metteur en scène Jean-Louis Grinda réconcilie en une seule soirée les deux seuls opéras de Maurice Ravel : L’Enfant et les sortilèges et L’Heure espagnole «L’enfant et les sortilèges» , fantaisie lyrique crée sur un livret de Colette.

Dans le livret de Colette, les objets et animaux familiers se révoltent contre la méchanceté d’un enfant capricieux et pervers. Le metteur en scène Jean-Louis Grinda en a décidé autrement : « Ma réflexion est partie de l’Enfant pour lequel je ne voulais pas voir de chaise qui chante, d’horloge qui parle, de tapisserie qui s’exprime. Avec Rudy Sabounghi -créateur des décors et costumes-, nous avons donc développé un scénario qui ne trahit pas l’œuvre mais qui l’offre sous un nouveau jour. L’Enfant, dont la maman est souvent absente, leur en fait voir de toutes les couleurs. Qu’à cela ne tienne…l’heure de la vengeance a sonné !»

«L’heure espagnole» , opéra en un acte sur un livret de Franc-Nohain
L’action se passe à Tolède, au XVIIIe siècle. Toute l’intrigue se déroule dans la boutique de l’horloger espagnol Torquemada où nous assistons aux stratagèmes cocasses élaborés par la femme de l’horloger, Concepcion, pour mieux jongler entre ses amants. Là aussi, Jean-Louis Grinda infuse une vision toute personnelle «  Dans un décor de bande dessinée, peint à l’aquarelle, nos cinq protagonistes s’agiteront en tous sens, se parlant sans jamais se regarder, pour s’adresser toujours « face public » cassant ainsi l’idée de tout réalisme dans cette irrésistible comédie. »

Autour du spectacle, Immersion dans les coulisses de l’Opéra
A l’occasion de la première représentation de L’Heure espagnole / L’Enfant et les sortilèges le vendredi 24 novembre, nous proposons à 7 spectateurs de vivre en direct dans les coulisses une partie de la préparation des artistes de la production, solistes, chœurs, musiciens, technique.
Vendredi 24 novembre 2023. 18h45. Informations et inscription aurore.marchand@grandavignon.fr  06 78 82 79 92

Prologue
45 minutes avant chaque représentation, l’Opéra Grand Avignon propose un éclairage sur le spectacle auquel vous assistez.
Vendredi 24 novembre 2023.19h15. Salle des Préludes.Opéra. Dimanche 26 novembre 2023. 13h15. Salle des Préludes. Opéra. Entrée libre sur présentation du billet du spectacle. Vendredi 24 novembre. 20h. Dimanche 26 novembre. 14h30. 10 à 75€. Opéra Grand Avignon. 4 Rue Racine. Avignon. 04 90 14 26 40. www.operagrandavignon.fr


Chorégies d’Orange 2024 : une conférence de presse à haute tension

Le programme en dit long ou plutôt confirme la diminution et même la suppression de certains événements. Pour rappel, les chorégies d’Orange reviennent de loin, en 2017 le dépôt de bilan est en vue. La Région et l’Etat sauvent le festival en permettant un prêt à court terme, en se portant caution et en évitant la cessation de paiement. 2018 donne le jour à une SPL (Société publique locale) dont 51% sont détenus par La Région, 33% par la ville d’Orange et 7% par le Département de Vau- cluse tandis que l’Etat continue de subventionner la manifestation à hauteur de 450 000€. En 2019, la programmation se devait d’être à la hauteur de l’anniversaire des 150 ans des Chorégies et le grand succès populaire par exemple de la Symphonie n°8 en mi bémol de Gustav Mahler l’a prouvé. En 2020, comme le souligne Jean- Louis Grinda son directeur, il faut conserver le cap mais cependant réduire la voilure face à la réalité du terrain pour équilibrer le budget ! Supprimés les cinés-concert ainsi que les récitals dans la cour Saint-Louis, qui n’ont pas trouvé leur public en 2019.

Les Révélations classiques de l’Adami sont maintenues. Mais la fête et l’ambition restent au rendez-vous avec la traditionnelle soi- rée d’ouverture ‘Musiques en fête’ qui célèbrera ses 10 ans en direct sur France 3 depuis le Théâtre antique. A retenir l’opéra ‘Samson et Dalila’ de Camille Saint-Saëns avec, en tête de distribution, Ro- berto Alagna, Marie-Nicole Le- mieux et Ludovic Tézier vendredi 10 juillet et qui ne sera joué qu’une seule fois. Par soucis d’économie ? Pas seulement. Pour Jean-Louis Grinda, il est temps de revenir à ‘1 fois’, pour conserver la fraîcheur du direct et de la fête ‘vous êtes là tant mieux, vous n’y étiez pas ? Et bien vous avez eu tort !’

Le deuxième opéra ‘la Force du destin’ de Verdi est programmé le 1er août. Une mise en espace avec le grand baryton tout droit venu de Mongolie Amartuvshin Enkhbat sous la direction musicale inspirée de Nicola Luisotti. Autre événement avec le violoniste Nemanja Radulović et l’ensemble Double sens lundi 22 juin, une autre façon d’aborder la musique classique avec Vivaldi Rimsky- Korsakov au programme. Jeudi 9 juillet c’est encore une soirée d’exception placée sous la baguette du chef Myung Whun Chung avec le violoniste Maxim Vengerov qui interprètera la Symphonie n°5 en ut mineur, opus 67 de Ludwig van Beethoven et le Concerto pour violon en ré majeur, opus 77 de Johannes Brahms. Le Béjart Ballet Lausanne est de nouveau invité pour danser Queen sur Amadeus Mozart et un hommage sera rendu à Freddie Mercury jeudi 16 juillet. Pour la première fois à Orange, et surtout en plein air, la grande Cécilia Bartoli viendra vendredi 24 juillet avec les Musiciens du Prince-Monaco pour un ‘Viag- gio Italiano’ avec, notamment, Georg Friedrich Haendel et Gioachino Rossini au programme. Des têtes d’affiche donc mais aussi de quoi aiguiser notre curiosité de mélomane sur les gradins de ce beau Théâtre antique propice aux voyages dans le temps et l’espace.

Du 19 juin au 1er août. Théâtre antique et Cour Saint-Louis. Orange. Billetterie. 18, place Silvain. 04 90 34 24 24. billetterie@choregies.com. www.choregies.fr

 

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