Samedi 1er novembre, à l’Hôtel des ventes d’Avignon, la collection privée de Jean-Marie Graille a enflammé les enchères sous la houlette du commissaire-priseur Patrick Armengau. De la Jaguar XK140 à la Ferrari Testarossa, ce musée roulant a trouvé de nouveaux propriétaires, séduits par l’élégance intemporelle de ces mécaniques d’exception.
Ce samedi d’automne, les murs de l’Hôtel des ventes d’Avignon ont résonné des noms mythiques de l’histoire automobile. Sous la direction inspirée de Patrick Armengau, commissaire-priseur passionné, la collection Jean-Marie Graille — fruit d’une vie de dévotion à la beauté mécanique — s’est dispersée sous le regard ému des amateurs venus de toute l’Europe. Cette vente, véritable hommage à la carrosserie et à la performance, offrait un panorama saisissant de l’automobile européenne : de la britannique MG TC de 1947 à la Porsche 997 Carrera S de 2005, en passant par les Ferrari, Jaguar, Triumph, Alfa Romeo et Rolls-Royce qui peuplaient le garage du collectionneur nîmois. Si la ferveur était palpable, les prix sont restés, selon Patrick Armengau, « sages, conformes aux estimations ». Une sagesse toutefois ponctuée de beaux succès.
Trois voitures ont brillé en salle
La Rolls-Royce Silver Shadow Corniche (1967), estimée entre 15 000 et 20 000€, a atteint 22 000€ ; La Ferrari 308 GTSi Quattrovalvole (1984), joyau signé Pininfarina, partie à 60 000€, dans la fourchette haute de son estimation (50 000 à 70 000€). Et la Porsche 911 Carrera Speedster (1989), star argentée du catalogue, s’est envolée à 138 000€, après avoir été proposée à 80 000 €. La magie du ‘live’ a fait le reste. Grâce aux plateformes en ligne, les enchérisseurs du monde entier ont pu participer à cette célébration du patrimoine roulant.

Sur Internet, d’autres merveilles ont changé de mains
La Jaguar XK150 Coupé (1959), tout en élégance britannique, a trouvé preneur à 51 000€. La Ferrari Testarossa Monospecchio (1986), symbole flamboyant des années 80, s’est vendue 95 500€. Et la très rare Alfa Romeo 1900 Super Sprint Touring Superleggera (1954), véritable bijou carrossé par Touring, a atteint 137 000€ lors d’une enchère téléphonique. «Ce qui était extraordinaire, confiait maître Patrick Armengau, c’est d’avoir des voitures dans cet état, préparées, propres, prêtes à rouler, avec leur histoire.»
Le legs d’un passionné discret
Originaire de l’Aveyron mais Nîmois d’adoption, Jean-Marie Graille consacra une part de sa vie à rassembler ces témoins d’un siècle de style automobile. Ancien concessionnaire Mercedes à Nîmes et Montpellier, il fit édifier un bâtiment pour abriter sa collection, entretenue avec rigueur par deux mécaniciens dévoués.
Il aimait les voitures qu’il ne conduisait pas
Fait singulier : il ne conduisit presque jamais ses voitures. Les moteurs, pourtant, étaient régulièrement réveillés, «juste pour les entendre vivre». Pour l’anecdote, Partick Armengau confiait que ‘Jean-Marie Graille, attaché au nombre six, faisait faire six tours du bâtiment, toutes les six semaines à chacune de ses voitures.’ Veuf et sans successeur partageant sa passion, monsieur Graille a choisi, non sans émotion, de transmettre ce patrimoine à d’autres amoureux du volant. «Ce n’est pas seulement du métal qui a changé de mains, confiait le commissaire-priseur, mais un fragment d’histoire et de rêve.»

Un succès discret mais éclatant
Si les prix n’ont pas connu d’envolées spectaculaires, la qualité des véhicules et la ferveur des acheteurs ont fait de cette vente un moment rare. «C’est le plaisir des ventes réussies, quand les gens repartent heureux», résumait Patrick Armengau, visiblement satisfait.
Quand la mémoire s’ébranle
Le marteau tombé, l’écho de cette vente résonnera longtemps dans la mémoire des amateurs. Chaque voiture de la collection Graille, témoin d’une époque révolue, a repris la route de l’histoire. Et dans le silence du bâtiment vidé de ses trésors, il reste sans doute, suspendu dans l’air, le murmure discret d’une passion demeurée intacte : celle d’un homme qui, toute sa vie, préféra contempler la perfection plutôt que la posséder.
Mireille Hurlin



