16 juin 2025 |

Ecrit par le 16 juin 2025

Le Printemps des Comédiens de Montpellier à la Chartreuse de Villeneneuve-lès-Avignon

Né en 1987, le Printemps des Comédiens est le festival incontournable de la création théâtrale internationale en France.

Dirigé par Jean Varela depuis 2011, le festival accueille chaque année au mois de juin, dans le site principal du Domaine d’O à Montpellier,  près de 45 spectacles accessibles à tous, tant par la ligne artistique que par la politique tarifaire. Pour la deuxième année consécutive, la Chartreuse a noué un partenariat avec l’équipe des Printemps des Comédiens qui propose ainsi ‘Centroamerica’ du collectif mexicain Lagartijas Tiradas al Sol dans la belle salle du Tinel à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon dans le cadre des Nuits de Juin.

Le Collectif Lagartijas Tiradas al Sol

Lagartijas Tiradas al Sol est un groupe d’artistes pluridisciplinaires : théâtre, performance, vidéo, éditions de livres, émissions de radio… Depuis 2003, le collectif a développé des projets visant à relier travail et vie personnelle, à effacer et à tracer des frontières. « Le travail cherche à créer des récits à partir d’événements réels. Loin du divertissement, il s’agit d’un espace pour réfléchir, articuler, disloquer et démêler ce que le quotidien fusionne, néglige et nous présente comme acquis. Les choses sont ce qu’elles sont, mais elles peuvent aussi être autrement. » 

‘Centroamerica’, une plongée déroutante en terre méconnue sur les pas de A., Nicaraguayenne forcée à l’exil par la dictature

À la croisée du théâtre et du reportage, à l’appui de voyages, de recherches, de lectures et de nombreux témoignages d’hommes et de femmes exilés du Nicaragua, Centroamerica est une fresque réaliste et fantasque, politique et intime, qui interroge notre capacité à bâtir des futurs meilleurs.
Jeudi 5 juin à 20h30. Vendredi 6 juin à 20h30. Tout public à partir de 13 ans. 12 à 30€. Salle du Tinel.

Le festival continue à Montpellier jusqu’au 11 juin

La 39e édition du Printemps des Comédiens se termine le 11 juin. Programme complet sur printempsdescomediens.com
Cité européenne du théâtre. Domaine d’O. 178 rue de la Carrièrasse. Montpellier. 04 67 63 66 67 / reservation@domainedo.fr


Le Printemps des Comédiens de Montpellier à la Chartreuse de Villeneneuve-lès-Avignon

Lieu de diffusion s’il en est, la Chartreuse s’affirme aussi au fil des saisons comme un lieu de partage et de rencontres. La troisième édition des Nuits de Juin propose de s’adresser au plus grand nombre avec une programmation de qualité et une mise en valeur des pratiques amateurs. 

Il y aura les incontournables comme le Labo des auteurs, la visite de la Chartreuse aux lampions, le spectacle en partenariat avec le Printemps de Comédiens sans oublier les interventions en complicité avec le Pôle Culturel Jean Ferrat de Sauveterre et le Centre de Développement Chorégraphique National (CDCN) d’Avignon. Il y aura aussi la découverte de la Chartreuse sous les étoiles avec le Parc du Cosmos et un stage permettant de croiser les pratiques de lecture théâtrale à voix haute, de la photographie et de la poésie avec La Petite Académie De Printemps.

De la danse et du théâtre

Euphoria mis en danse par le groupe Karol Karol de la concrétise un partenariat avec le CDCN Les Hivernales et la chorégraphe Caroline Breton. Celle-ci  a adapté son spectacle pendant sa résidence à la Chartreuse : un moment joyeux et poétique autour d’une conversation chorégraphique et sonore entre deux chouettes sur le sens de la vie. Le Printemps des Comédiens est de la fête également et nous offre deux soirées autour d’un théâtre mexicain résolument fantaisiste mais cependant réel : Centroamérica offre une plongée déroutante en terre méconnue sur les pas de A., Nicaraguayenne forcée à l’exil par la dictature. 

Des lectures en entrée libre

Le Labo des auteurs avec des pièces de Barbara Métais-Chastanier, Charly Breton, Martin Boileau avec les étudiants des Conservatoires à rayonnement régional de Toulouse, La Seyne-sur-Mer et Montpellier.
Jeudi 5 juin à 18h. Salle Gothique. 

La Princesse et le ramoneur de Claude-Henry Joubert avec le groupe enfant de l’atelier Théâtre des Rocailles et les harpistes de l’école de musique de Villeneuve-lès-Avignon.
Vendredi 6 juin à 19h. Samedi 7 juin à 17h. Jardin du Procureur. 

Les Amours des Rocailles Scènes d’amours de pièces de Fabrice Melquiot, Pascal Rambert, Clémence Weill avec le groupe adulte de l’atelier Théâtre des Rocailles.
Samedi 7 juin à 20h. Déambulation.

Ouverture du restaurant ‘Les Jardins d’été’ le mardi 3 juin 

En 2025, c’est la cheffe franco-libanaise Aurore Ville-Renon Younès qui investit le restaurant Les Jardins d’été. Elle  propose une cuisine végétale, 100% fait maison, des ingrédients issus de l’agriculture biologique approvisionnés en circuit court. Imaginée comme une ode à la végétation environnante et à la quiétude du lieu, sa cuisine célèbre nos cinq sens et la richesse de notre terre provençale. Une cuisine du cœur, universelle, généreuse et authentique, qui se dispense d’artifice, qui s’affranchit des conventions. Celui-ci sera ouvert jusqu’au 31 août.

Les Nuits de Juin. Du jeudi 5 au samedi 7 juin. La Chartreuse. 58 Rue de la République. Villeneuve-lès-Avignon. 04 90 15 24 24.


Le Printemps des Comédiens de Montpellier à la Chartreuse de Villeneneuve-lès-Avignon

Pour cette quatrième édition, du jeudi 5 au dimanche 8 décembre, ce festival hivernal s’étoffe encore avec la présence de plus de vingt auteurs et autrices et leurs éditeurs, pour quatre journées et soirées de performances, lectures, pratiques amateurs, romans jeunesse, entretiens, débats, découverte d’auteurs… et web radio !

Quatre jours de fête pour célébrer, découvrir, goûter les textes d’auteur de théâtre. Difficile à lire dites-vous ? Alors écoutez-les Dans les deux cas, comme le rappelle la directrice de la Chartreuse, Marianne Clévy : « le texte de théâtre permet au lecteur ou à l’auditeur de faire sa propre mise en scène, ce sont des espaces de liberté et d’interprétation qui activent notre imaginaire. »

Les journées de l’Édition Théâtrale, LE rendez-vous de la saison d’hiver de la Chartreuse

« Les journées de l’Édition Théâtrale sont un événement finalement très jeune si on le compare aux 13 ans de la Fête de l’Architecture, aux 20 ans du festival du Polar ou au plus de 50 ans des Rencontres d’Été. C’est pourtant un festival qui a su trouver sa place avec deux collaborations importantes cette année : Les Intrépides et la revue La Récolte », précise Marianne Clévy. Une manière d’entendre dans leur intimité et leur expérience des écrivains de théâtre.

Les Intrépides

Chaque année depuis 2015, à l’initiative de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques), Les Intrépides forment une troupe éphémère de femmes autrices. Six autrices viendront performer sur le plateau leur propre texte. Elles seront là le samedi soir avec une musicienne Léopoldine Hummel qui rythmera leurs textes d’une création musicale adaptée pour chacune sous le regard inventif et contemporain de la metteuse en scène Justine Heynemann.
Samedi 7 décembre. 20h.

La Récolte

La Récolte ? C’est une revue théâtrale engagée qui explore les écritures contemporaines et les enjeux de la scène. « Une revue qui nous permet de goûter à l’écriture d’auteurs passionnants, de lire des extraits, de découvrir le monde de jeunes auteurs récemment édités », ajoute avec gourmandise Marianne Clévy. Lectures avec les comédiens étudiants du Conservatoire d’Avignon et du groupe l’Atelier des Rocailles avec les autrices et auteurs Marie Vauzelle, Soeuf El Badaoui, Daniely Francisque, Mathilde Souchaud, Daddy Kamono Moanda, Céline Delbecq. Modération Marianne Clévy et Christian Giriat.
Samedi 7 décembre. 16h.

Les Journées de l’Édition Théâtrale, des moments qui se veulent aussi ludiques

Le programme de ces journées a été conçu et imaginé pour « décontracter le rapport que l’on a avec la lecture à voix haute du texte de théâtre, profiter de la présence d’une trentaine d’écrivains présents pendant cinq jours, les entendre d’une manière inter-active, pouvoir dire ce que l’on en pense, comment on ressent leurs mots. » Les espaces de rencontres et radio JET vont permettre de partager les débats. Dans Bas les Masques par exemple, les comités des lecteurs de la Chartreuse font la critique « à la manière de » en public et décerneront le grand prix ‘Le Grand Cru’.

La salle du Tinel en studio radio comme vous ne l’avez jamais vu ! 

Décidément la salle du Tinel sait s’adapter à toutes les situations artistiques : tables rondes ou cinéma lors du festival du Polar, bal littéraire, salle de concert, voici que cette belle salle va devenir un studio radiophonique qui sera le cœur battant de ce festival tout en accueillant le concert du samedi soir ‘Cab Barret Jazz Combo’. 

Quand la radio se mêle de théâtre et le théâtre de radio

Magma Collectif de Montpellier et l’équipe de la Chartreuse ont inventé une web radio, Radio JET, qui va suivre en direct tous les événements du festival. Le Tinel va être une fois encore transformé. Pour ces journées, ce sera en grande salle radiophonique qui évoquera les grandes émissions radios littéraires comme Le Grand Échiquier, le Masque et la plume ou La Puce à l’Oreille. Loin d’un pastiche, ce sera un hommage respectueux à ces émissions incontournables. « Mais c’est aussi une expérience très jubilatoire de ce qui est la lecture en direct et sur Radio Jet, ça va être la manière pour nous de faire entendre le festival dans le monde entier. Un moment intime et public à la fois. Ça a l’air très prétentieux, mais on ose ! », se réjouit Marianne Clery.

D’autres moments exceptionnels à ne pas manquer et à partager

Outre les lectures par le GRAL — Groupe d’acteurs-lecteurs de la Chartreuse – de larges extraits de Noce de Jean-Luc Lagarce ou des lauréats du Grand Cru, Dominique Celis, magnifique romancière rwandaise, lauréate en 2023 et en résidence en 2024 va performer avec la comédienne rwandaise Natacha Muziramakenga sur des poèmes de Claudia Shimwa, la lecture de Tatrïz de Valentine Sergo promet un grand moment d’émotion sur le thème de l’amour et de l’exil. L’exposition ‘Les mots peuvent changer le monde’ proposera quatre affiches issues d’un poème-manifeste d’Armand Gatti et une émission radio lui rendra hommage à l’occasion du centenaire de sa naissance.  La bibliothèque qui comprend plus de 7000 titres sera ouverte ainsi que la librairie, le métier d’éditeur sera également à l’honneur avec trois rencontres lors de trois soirées animées par cette question : « Comment transmettre sa passion à la nouvelle génération ? » 

Web radio : fr.welove.radio en tapant Radio JET.
Du jeudi 5 au dimanche 8 décembre. Toutes les rencontres sont en entrée libre, mais réservation conseillée. La Chartreuse. 58 rue de la République. Villeneuve-les-Avignon. 04 90 15 24 24.


Le Printemps des Comédiens de Montpellier à la Chartreuse de Villeneneuve-lès-Avignon

Du 30 juin au 20 juillet ont lieu les 51e Rencontres d’été à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon. L’inauguration se tiendra quant à elle ce dimanche 30 juin à 11h en présence de Pierre Morel, président de la Chartreuse et de Marianne Clévy, directrice du lieu ainsi que l’ensemble des partenaires et soutiens.

L’inauguration se poursuivra par le vernissage de l’exposition Cara-Garanjoud ‘deux peintres en résonance’. Les 51e rencontres d’été proposent une librairie théâtrale, des spectacles, lectures, des focus francophones, une exposition, des visites ainsi qu’un restaurant ‘Les jardins d’été’. La Chartreuse est partenaire du Festival d’Avignon, du Théâtre du Train Bleu, des Hivernales, de la Sélection Suisse en Avignon et du festival de la Francophonie.

Les infos pratiques
Le programme complet ici, en détail ici. Billetterie ici.

Exposition Cara / Garanjoud
du 30 juin au 22 septembre 2024. Inauguration de l’exposition le 30 juin à 11h. Conférence à 15h.

La Chartreuse présente cet été deux artistes : Louise Cara et Claude Garanjoud, deux peintres contemporains, au-delà du temps, dont la graphie et l’inspiration révèlent des similitudes d’expression et des communautés de souffles. Entre l’artiste d’Avignon et le peintre villeneuvois d’adoption, paraît un pont, dans le trait, l’encre, la mystique, l’indicible.
L’occasion de revoir les toiles de Claude Garanjoud, disparu en 2005, dont les œuvres ont été plusieurs fois exposées à la Chartreuse et de découvrir le trait de Louise Cara qui pour cette exposition créé des œuvres en hommage à l’esprit architectural in situ du lieu.

Arcana – Papier coréen – 215 x 150 cm – Encres – 2024 (Réalisée en hommage à la Porte de la Prison de la Bugade) œuvre et Copyright Louise Cara

«Cette porte, elle raconte une histoire – sa vieillesse – son passé, écrit Louise Cara pour l’œuvre Arcana 2024, faisant référence à la Porte de la prison de la Bugade. Elle dit qu’elle a été brûlée – un bois noir par endroit, blessé. Au fil du temps, elle s’est creusée, elle est elle-même paysage. Comme une forêt enfermée, qui aurait réuni tous les arbres brûlés Par l’incendie de l’été. Oui, cette porte est une nature, concentrée. Pour celui qu’on a enfermé, Elle offre en fait renaissance et liberté. Ce n’est pas une prison. Même si elle est sévèrement épaisse, on peut s’en échapper. Par elle, la cellule s’ouvre, et se transforme. C’est une porte de sublimation. Elle sent bon, elle sent bon le pain grillé. La peau ridée des paysans, chaude. Sa beauté m’élève et m’emmène vers toi le moine reclus. Elle me donne envie d’écrire, de tracer des notes de musique, de remplir une partition. Dans ses clous plantés dans sa chair brune, j’entends le chant grégorien que tu chantais, épris et vibrant. La porte est porte des neumes, arcanes du passage. Je passe.»

Oeuvre de Claude Garanjoud

Claude Garanjoud (1926-2005) mêle sensibilité à la couleur, au geste et au poème, devenant une figure du mouvement français de l’abstraction. Féru de poésie, il appose formes et couleurs en vis-à-vis des écrits de René Char, François Cheng, Lorand Gaspar… Comme Louise Cara, il est séduit par la pensée orientale. Et comme la plupart des artistes, son art est protéiforme et son écriture nous atteints, dévoilant le monde subtil de sa pensée.

Fenêtres, par Claude Garanjoud
‘Non, a-t-il dit, non, un seul soleil ne peut suffire à ma fenêtre. Ah, avec quelle ardeur ai-je murmuré au compas de la langue afin qu’il dessine des fenêtres dans les murs de cette éternité suffoquante.
Fenêtre – une joue pour l’ombre, une pour le soleil. La nuit ne traîne ses branches
afin de les étaler comme lit pour ses passions que si elles se mélangent aux pavots de champs labourés par la lune. Telle est la maxime initiale qu’énonce la bouche de la fenêtre. Aucun pouvoir ne le domine – est-ce pour cela que sa tête fourmille de fenêtres ?
Non, les fenêtres ne sont pas muettes, mais seule peut les entendre l’oreille du silence. Peut-être ses blessures sont-elles les plus belles fenêtres entre lui et le monde. Fenêtre – école pour éduquer l’horizon. Jours – caravanes de poussière qui éternellement s’en vont et reviennent dans le désert des fenêtres.»
Texte Adonis, été 1997, de Claude Garanjoud.

Les infos pratiques
Exposition de peintures avec Louise Cara pour ‘Tracés de lumière’ et Claude Garanjoud. ‘Deux peintres en résonance’. Centre national des écritures du spectacle. 30 Juin- 22 septembre. Vernissage le 30 juin à 11h et conférence-débat à 15h en présence de Louise Cara et Pierre Provoyeur, conservateur général honoraire du patrimoine, auteur de Garanjoud paru chez Actes Sud, qui évoquera la personnalité et les œuvres présentées de Claude Garanjoud (1925-2005). La Chartreuse de Villeneuve lès Avignon. 58, rue de la République. 04 90 15 24 24 Chartreuse.org


Le Printemps des Comédiens de Montpellier à la Chartreuse de Villeneneuve-lès-Avignon

La curiosité était palpable dans la file d’attente du Cloître St-Jean pour cette deuxième chaude soirée des Nuits de Juin ce mercredi 5 juin. 

Il y avait les « aficcionados » de Marina Otero qui avait déjà vu ses deux premières œuvres, Fuck me et Love me, de son triptyque commencé en 2020 qui s’inscrit lui-même dans un projet d’œuvre totale en continu : Recordar para vivir (Se rappeler pour vivre). L’artiste propose de présenter différentes versions de ses œuvres jusqu’au jour de sa mort. Il y avait les autres, attirés par Kill me, présenté en première internationale par l’excellent Printemps des Comédiens de Montpellier. 

Marina Otero ne se contente pas de briser « le 4ᵉ mur. » Dans son nouveau spectacle Kill me, elle nous entraîne dans une autre dimension à la fois féerique, dérangeante mais évidente

Dès les premières images réalisées par Marina Otero, qui s’est filmée compulsivement 24h sur 24, on est happé par une évidence : tout ne sera pas de tout repos. Mais très vite, l’artiste argentine nous guide dans sa démarche de création, de sa voix étonnamment chaude. Rien n’est omis avec une précision chirurgicale : son histoire d’amour avec Pablo, son effondrement après la rupture, le diagnostic psychiatrique de son trouble mental. Kill me est le résultat de sa folie amoureuse avec une démarche étonnante : réunir sur le plateau des danseuses atteintes, elles aussi, de troubles mentaux et d’un Nijinsky schizophrène. Tout est limpide, la curiosité est aiguisée, le show peut commencer…

Une performeuse ? D’abord une performance

Celle de parler de soi sans être narcissique, de parler de sa folie pendant 1h30 sans qu’elle nous paraisse étrangère et en la gardant elle-même à distance.  Au plateau, Marina Otero convoque dans un spectacle très chorégraphique 4 performeuses (Ana Cotoré, Josefina Gorostiza, Natalia López Godoy et Myriam Henne-Adda)….et Nijinsky  ! Tout est montré et pourtant tout s’effleure. Tout est dit et pourtant, tout est en retenue. Si le spectacle commence comme une seule femme (5 femmes rousses clonées) dans un même combat de boxe ou de tir, chaque personnage se détache ensuite et viendra témoigner, seul sur ce grand plateau blanc de son trouble mental avec leurs propres mots, gestes ou chant. On rit, on pleure, on est avec.

Un choc artistique radical et généreux

Quand le propos rencontre une mise en scène aussi inventive et féerique, on ne peut qu’être conquis et se laisser entraîner, nous aussi, dans cette – quelquefois seulement — douce folie. Pourquoi ? Parce qu’on n’est à aucun moment pris en otage, aucune provocation, aucun pathos. L’audace rencontre la maîtrise des corps, des gestes, des mots. Rien n’est gratuit ni démonstratif. La poésie opère et transcende cette violence et souffrance. En un mot, une authentique rencontre !


Le Printemps des Comédiens de Montpellier à la Chartreuse de Villeneneuve-lès-Avignon

Les lettres en blanc de l’affiche des ‘Nuits de Juin‘ brillent comme une lumière libératrice en cette fin de printemps maussade. Du mardi 4 au dimanche 9 juin, la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon nous convie à une semaine festivalière champêtre, un moment de partage et de créations.

Les Nuits de juin, un festival décadré et festif

« Les Nuits de juin, c’est une manière de profiter de la Chartreuse en nocturne. Celle-ci n’est jamais assez connue ou visitée. Ce festival prend ses habitudes depuis 2 ans et permet toujours de la redécouvrir, de jour comme de nuit. Pour cela, une programmation de qualité qui s’adresse au plus grand nombre, des partenariats et une mise en valeur des pratiques amateurs. » La directrice de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, Marianne Clevy, a annoncé d’emblée la couleur de cette fin de printemps avec la même passion qui la caractérise. Il y aura des incontournables comme le pique-nique littéraire, le Labo des autrices ou la visite de la Chartreuse aux lampions, des nouveautés avec un spectacle en partenariat avec le Printemps de Comédiens en ouverture ou une soirée-lecture Pyjama avec l’autrice Nathalie Papin au Pôle Culturel de Sauveterre. 

Déplier les possibles et faire ensemble

Cette semaine festivalière s’enrichit de nouvelles collaborations, de nouvelles conversations artistiques avec le Printemps des Comédiens de Montpellier, le Pôle culturel Jean-Ferrat de Sauveterre et l’École supérieure d’Art d’Avignon. Marianne Clevy aime à le rappeler : « La Chartreuse n’est pas seulement un lieu de diffusion, c’est un lieu où les partenariats et les spectacles se cuisinent. » Régularité en général, gratuité souvent, la Chartreuse, centre culturel de rencontres, c’est toute l’année au fil des saisons. « Il faudrait pouvoir dire ce qui se passe à la Chartreuse même si on n’y a jamais mis les pieds ! »

Le Printemps des Comédiens ouvre la première soirée des Nuits de Juin

Le directeur Jean Varela, du Printemps de Comédiens de Montpellier, était présent pour nous présenter le fruit de ce premier partenariat entre Le Printemps et la Chartreuse. Né en 1987 dans la mouvance de la décentralisation déployant l’autonomie des collectivités, le Printemps des Comédiens s’est progressivement érigé en festival incontournable de la création théâtrale internationale en France. Après Fuck me et Love me, le Printemps des Comédiens a choisi de présenter la dernière création de cette trilogie de Marina Otéro au Tinel de la Chartreuse en première mondiale. Fidèle de cette grande artiste argentine, Jean Varela a souligné la générosité et authenticité de Marina Otéro dans une mise à nu radicale. Au plateau, celle-ci convoque dans un spectacle très chorégraphique quatre performeuses(Ana Cotoré, Josefina Gorostiza, Natalia López Godoy et Myriam Henne-Adda)…et Nijinsky !

Un choc artistique avec l’artiste Marina Otéro pour Kill Me en création mondiale

Vous travaillez précisément ici autour de la folie amoureuse et du trouble mental, d’où vous est venue cette idée ? En effet, les thèmes sont la santé mentale et la relation à l’amour. Si j’ai choisi de travailler cette question, c’est parce que je n’avais pas d’alternative, étant donné que j’ai traversé une crise personnelle qui m’a conduite à un diagnostic psychiatrique. Après cela, j’ai commencé à voir que de nombreuses personnes vivaient des situations similaires et étaient contraintes par certains tabous. Il m’a semblé que je n’avais pas d’autre choix que de m’exposer pour pouvoir en parler sans crainte… Ma principale source d’inspiration est la vie et les gens que je rencontre. Ce travail particulier est également fortement inspiré par la pratique et l’environnement de la boxe, après m’être entraînée dans un club de mon quartier. Ensuite, il y a ce que je lis, ce que je vois, du point de vue de la « consommation » au niveau culturel. Il y a une citation (je pense assez évidente) des films de Jean-Luc Godard en ce qui concerne les femmes et les armes. Il y a aussi une coïncidence avec la dernière pièce d’Angelica Liddell, Voodoo.
Propos recueillis par Mélanie Drouère pour le Printemps des Comédiens et La Chartreuse, centre national des écritures du spectacle, mai 2024. 

L’Europe à la table

Élections européennes obligent, l’Europe s’invite à la table de ce banquet littéraire qui connaît toujours un franc succès et qui est un des temps forts de ces Nuits de Juin. Ce moment culinaire et théâtral aura lieu dès 20h dans le grand Cloître avec l’intervention du groupe d’acteurs-lecteurs de la Chartreuse. Venez avec vos meilleurs plats et boissons et surtout ne pas oublier de réserver. Des auteurs européens pour goûter des textes (traduits) suédois, espagnols, belge etc. Il nous en vient déjà les mots à la bouche !

Est-ce pour moi ? Oui ! Un programme très varié pour petits et grands

Mardi 4 juin
19h. Inauguration exposition autoportrait de Vera Martynov. En partenariat avec l’Ecole Supérieure d’Art d’Avignon. 
20h30. Kill me. À partir de 16ans. 9 à 30€. 04 67 63 66 67. printempsdescomediens.com

Mercredi 5 juin
20h30.  Kill me. À partir de 16ans. 9 à 30€. 04 67 63 66 67. printempsdescomediens.com

Jeudi 6 juin
18h30. Stage photo / écriture (jusqu’à dimanche)
18h30. Ballade haïkus avec l’École de Musique de Villeneuve et les comédiens de l’Atelier Les Rocailles.
19h. Labo des autrices autour de Valentine Sergo et Gaëlle Axelbrun.
19h. Atelier nyctalope écrire en résonance
20h. Ballade haïkus
21h30. Visite aux lampions

Vendredi 7 juin
15h. Performance déambulatoire, l’amour, le point de vue par les élèves théâtre du lycée Jean Vilar.
19h. Lecture-pyjama Le Gardien des Ombres. Entrée Libre. Sauveterre. Pôle Culturel Jean Ferrat. 04 66 33 20 12.
20h. Work in progress portraits crachés. Avec le rappeur Marc Nammour.10€. Sauveterre. Pôle Culturel Jean Ferrat. 04 66 33 20 12.

Samedi 8 juin
10h. Stage rapper les classiques
11h. Atelier à voix haute
15h. Animation à lire dans l’herbe
17h. Lecture et rencontre dis-moi dix mots sur le podium autour de « Olympique » avec Maud Gallet Lalande
17h30. Ballade haïkus
18h. Lectures jeune public la belle histoire de l’Ecole des loisirs
20h. Pique-nique littéraire
22h. Visite aux lampions

Dimanche 9 juin
10h. Visite dessinée sous le pinceau de l’aquarelliste Mathilde Guillot.
10h et 11h30. Atelier vannerie

Du 4 au 9 juin. Monument en entrée libre le week-end du 8 et 9 juin. La Chartreuse. 58 rue de la République. Villeneuve-les-Avignon. 04 90 15 24 24.


Le Printemps des Comédiens de Montpellier à la Chartreuse de Villeneneuve-lès-Avignon

Pour cette – déjà – 3e édition, il sera question d’une journée d’étude à l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, d’un concert de Virginie Seghers, d’un spectacle de Yan Allegret  avec le Théâtre des Carmes, de lectures au Totem – Scène conventionnée Art, enfance, jeunesse –  et au Théâtre des Doms, d’un brunch littéraire à la Maison Bronzini et, enfin, d’un bal littéraire.

La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon : un monument ? Un lieu de théâtre ? Le Centre National des écritures du spectacles ?
Soit ! Mais Marianne Clevy, directrice de la structure depuis 2020 commence à réaliser avec enthousiasme que ce lieu devient réellement au fil des ans un Centre culturel de rencontres. Dans tous les cas, c’est sa mission et son vœu le plus cher : faire de la Chartreuse un lieu de rencontres avec expos, tourisme, patrimoine, théâtre et écriture. «J’ai enfin ma partition, je construis une vraie saison avec la régularité d’un centre culturel, avec des marqueurs que l’on peut retrouver chaque année : Fête de l’architecture, Rencontre au jardin, Festival du Polar, Journées de l’Edition théâtrale… Et l’année 2024 s’annonce déjà avec des perspectives de rencontres encore plus réjouissantes… Il se passera toujours quelque chose à la Chartreuse… mais patience.»

Les Journées de l’édition théâtrale pour annoncer l’hiver
«Un moment festival en plein cœur de l’hiver, créer un événement sur l’actualité littéraire du théâtre, moi ça me fait plaisir ! D’emblée Marianne Clévy donne le ton. Ces journées de l’édition théâtrale seront jubilatoires, diverses, faites de partenariat et de rencontres et surtout nécessaires.On connaît la rentrée littéraire. L’actualité théâtrale de l’édition n’avait pas d’événements, aucun focus alors que plus de 12 prix sont pourtant  décernés à la littérature du théâtre, une littérature qui se lit, s’écoute et se voit en spectacles. L’objectif de ces journées est de nous faire découvrir de jeunes auteurs de théâtre français et francophones.»

Les écritures théâtrales sont des écritures hyper-simples
«Jusqu’où peut-on aller sans faire basculer l’identité d’un lieu,  comment ouvrir ce lieu, comment proposer des choses auxquelles je crois qui ne sont pas ‘animatoires’, qui ne me semblent pas être des dévoiements de ma mission et qui participent à populariser la mission que l’on a qui est de dire : les écritures théâtrales sont des écritures hypersimples. Il est plus facile de lire des pièces de théâtre, quelquefois, que certains romans. L’ écriture théâtrale est beaucoup plus en phase avec les jeunes adultes que les romans. »

Des partenariats hors les murs pour cette 3e édition
Pour cette 3e édition, la Chartreuse choisit de s’étaler, de ne pas s’emmurer. «On a des murs qui racontent quelque chose mais qu’on travaille à être poreux . Le partenariat c’est œuvrer ensemble, avec des préoccupations et des enjeux communs. Trois théâtres emblématiques d’Avignon nous rejoignent :  Le Totem  pour une lecture jeune Public (Joet Léo de Julie Ménard), le théâtre des Doms qui reçoit l’auteur camerounais Kouam Tawa (lecture Le fruit d’un arbre) et le Théâtre des Carmes qui programme Jeanne de Yan Allegret avec Julie Moulier.

La Chartreuse fait son bal en toute impertinence
Quand Marianne Clevy nous parle de la journée du dimanche et tout particulièrement du bal-spectacle qui aura lieu l’après-midi dans la belle salle du Tinel, elle est intarissable et la passion l’emporte. Oui, elle a une grande joie de pouvoir proposer cet événement qui se veut ouvert à tous, libre et gratuit .«J’ai voulu marquer le dernier jour de la programmation mais aussi la fin de ce bel automne de rencontres diverses par une journée incroyable. Une envie de faire la fête et surtout de retrouver la Chartreuse dans son impertinence intelligente, ce lieu populaire qui était traversé par les habitants de Villeneuve. Il y a eu en effet dans les années 50, une fameuse boîte de nuit «Le Tronc», rue de l’Amelier,  sous la cave du pape. Nous avons retrouvé dans les archives une affiche d’origine qui en faisait la publicité : un club de jeunes pour les jeunes. Toute l’équipe a réfléchi pour transformer le Tinel en salle de bal, sans gradins et plateau inversé, bref la voir dans toute sa virtuosité. C’est mon invitation aux jeunes : tu t’ennuies ce dimanche ? Viens guincher à la Chartreuse ! »

Avoir chaud ensemble en dansant pour fêter les 50ans de la Chartreuse
«Comme on fête aussi les 50ans de la Chartreuse, on va commencer ce bal avec des musiques des années 70 avec Grupetto, un vrai orchestre dont les musiciens sont issus pour la plupart des équipes passées et présentes de la Chartreuse. Ils introduiront aussi quelques pointes de mémoire en empruntant aux lettres ou écrits de ces années-là. Les DJ Cédric et Benoit de Soundivine animeront la deuxième partie du bal en évoquant à leur manière les musiques que les auteurs qui étaient en résidence à la Chartreuse écoutaient pendant qu’ils écrivaient. Même s’ils ne sont pas forcément présents ce jour-là, ils nourriront ainsi nos «guinchades».
Dimanche 10 décembre. De 15h à 18h. Entrée libre sans réservation. Salle du Tinel. La chartreuse.

La Chartreuse se met à table : plaisirs gourmands et littéraires
Toujours avec l’idée de passer un week-end entier à la Chartreuse, il y aura la possibilité de partager la table d’hôte avec les équipes artistiques le samedi midi. Dans un autre registre la Maison Bronzoni nous propose un brunch littéraire le dimanche midi juste avant le fameux bal. «Ce buffet littéraire a été super agréable à imaginer, à préparer. Croiser plaisir gourmand et plaisir de gourmandises littéraires, penser que quelqu’un qui n’est pas du théâtre puisse venir pour goûter du littéraire de Duras à Alice au Pays des merveilles ! J’aimerais que ça devienne un incontournable de l’hiver, comme commence à l’être le pique-nique littéraire du mois de juin,»  projette Marianne Clévy.
Dimanche 10 décembre de 11h30 à 14h. 39e. Maison Bronzini. Moulin à Huile. Villeneuve-lès-Avignon.04 90 25 45 59 / contact@maisonbronzini.com

Virginie Seghers

Les autres rendez-vous

Fruit d’un arbre de Kouam Tawa
Lecture par Roberto Jean suivie d’une rencontre avec l’auteur. Un homme est enfermé, sans n’avoir plus aucun repère et nous parle. C’est le fils qu’un dictateur destinait à sa succession et qui s’y préparait. Qu’est ce que c’est que d’être le fruit d’un dictateur ? Comment on répare ou pas ?
Mercredi 6 décembre. 19h. Entrée libre sur réservation. Théâtre des Doms. 1 bis, Rue des Escaliers Saint-Anne.   04 90 14 07 99. www.lesdoms.eu

Échos d’atelier, concert de Virginie Seghers
Virginie Seghers, auteur-compositeur-interprète, nous invite à un voyage poétique et musical au cœur d’un atelier extraordinaire, qui n’est qu’une métaphore de la vie. Fille de Pierre Seghers, poète, éditeur et résistant de la première heure, qui fonda en 1939 sa célèbre maison d’édition à Villeneuve-lès-Avignon, elle revient, en chanson, sur les terres de ses racines. Ce spectacle fait écho à la soirée inaugurale de mardi, l’hommage à Pierre Seghers «Editer c’est résister».
Jeudi 7 décembre.20h. 10 et 15€. Tinel de la Chartreuse.04 90 15 24 24 / accueil@chartreuse.org     www.chartreuse.org

Jeanne
Sans raison explicable, une femme, un jour, ne rentre plus chez elle. Délaissant travail, amour, enfants, Jeanne se réfugie dans une chambre d’hôtel anonyme, puis dans la ville elle-même. Auteur, metteur en scène et directeur du Nouveau Gare au Théâtre de Vitry-sur-Seine, Yan Allegret est venu écrire à la Chartreuse une partie de ce texte qui vient d’être créé en Île-de-France, et enregistré sur France Culture. Julie Moulier, actrice bien connue des spectateurs de la Chartreuse en tient le rôle principal.
Samedi 9 décembre.20h. 10 et 15€. Tinel de la Chartreuse. Réservations auprès du Théâtre des Carmes : 04 90 82 20 47. theatre-des-carmes@orange.fr

Ainsi pleurent nos hommes de Dominique Celis
Lecture par Valérie Diome, suivie d’une rencontre avec l’auteur. Dans ce saisissant premier roman, Erika fait le récit d’un amour qui tente de résister à la fatalité tragique héritée du passé.
Samedi 9 décembre.15h. La Chartreuse.

Des Pintades et des Manguiers de Claire Tipy
Lecture et rencontre avec l’autrice
Samedi 9 décembre.18h. La Chartreuse. Sur réservation  04 90 15 24 24 / accueil@chartreuse.org /  www.chartreuse.org Les journées de l’Edition théâtrale du 5 au 10 décembre. Programme complet sur www.chartreuse.org


Le Printemps des Comédiens de Montpellier à la Chartreuse de Villeneneuve-lès-Avignon

Le centre national des écritures du spectacle La Chartreuse, situé à Villeneuve-lès-Avignon, accueille l’exposition de photographies ‘La Chartreuse en 1953’ jusqu’au 20 septembre, dans le cadre des 50 ans du Centre culturel de rencontre de la Chartreuse.

Cette exposition montre des scènes de vie, capturées par l’objectif du cinéaste Alain Cavalier en 1953, quand la Chartreuse était encore un quartier de Villeneuve-lès-Avignon, souvent mal considéré au vu des populations pauvres et parfois indigentes qui y habitaient. L’exposition porte une attention particulière aux visages, aux mouvements, à la vie sur le cloître Saint-Jean, véritable place de ce ‘village dans le village’, aire de jeux des enfants.

Jusqu’au 20 septembre. De 9h30 à 18h tous les jours. 8€ (exposition comprise dans la visite du monument). La Chartreuse. 58 rue de la République. Villeneuve-lès-Avignon.

V.A.


Le Printemps des Comédiens de Montpellier à la Chartreuse de Villeneneuve-lès-Avignon

Du 1er juin au 10 décembre 2023, le Centre culturel de Rencontre – Chartreuse de Villeneuve Lez Avignon fête ses 50 ans.

La Chartreuse de Villeneuve-Lès-Avignon, un lieu indiscipliné
Comme l’aime à le rappeler sa directrice Marianne Clévy, la Chartreuse est indisciplinée car il n’y a pas de discipline spécifique. « Il y a un champ du théâtre et des écritures, lui-même à l’intérieur d’un autre champ qui est celui du patrimoine et du tourisme, qui se situe lui aussi dans un autre champ qui est celui de notre histoire. Et c’est notre histoire que l’on raconte quand on raconte les 50 dernières années de la Chartreuse. » Pensé dès 1973 comme un lieu de rencontres et de résidences pour artistes, la Chartreuse est le Centre national des écritures du spectacle, un des lieux majeurs en France et en Europe de résidences consacrées à l’écriture dramaturgique. Il accueille près de soixante résidences par an, d’auteurs ou de compagnies.

Genèse d’un anniversaire
C’est un anniversaire certes mais c’est surtout l’histoire d’une trajectoire, d’un développement artistique et culturel, d’un lieu de mémoire à explorer. « L’évidence nous a conduit à célébrer cet anniversaire des 50 ans au-delà d’un simple hommage ponctuel et réducteur » souligne Marianne Clévy. Son enthousiasme et sa passion de découverte l’a amenée à proposer avec son équipe une série de rendez-vous de juin à décembre 2023 qui débuteront avec les « Nuits de juin » qui seront des moments inédits de création. Toutes ces propositions – en entrée libre – sont nées de rencontres, d’opportunité, de hasard et d’artistes qui ont bien voulu saisir le défi que leur lançait Marianne Clévy : redécouvrir un patrimoine avec curiosité et enthousiasme et faire de ces 50 ans un « chaudron actif ».

Du 1er au 4 juin, un temps fort de création : 2 expositions, une lecture musicale et une visite performance
« Il y avait des trésors, il était temps de les partager. La Chartreuse a quelque chose à nous dire, c’est un bien commun précieux ». C’est dans cet esprit de fidélité mais également de créations que se sont construits les dialogues et les partenariats afin de s’emparer et d’interroger un patrimoine incomparable.

Sous l’œil d’Alain Cavalier
« Sais-tu qu’Alain Cavalier est venu dans les années 50 photographier la Chartreuse quand elle était encore une ruine ? » Non. Marianne Clévy ne le savait pas et a saisi cette opportunité née du hasard de la conversation pour concevoir cette exposition avec Mohamed El Khatib. Ces photos sont un témoignage exceptionnel de la vie de village de la Chartreuse. Elles rappellent que la Chartreuse était un quartier du village de Villeneuve, habité par des familles modestes, un lieu communal.
La photo choisit pour la communication de ces nuits de juin – des enfants qui jouent avec une oie et un chat avec une vespa en premier plan – est un témoignage bouleversant.
Du 4 juin au 20 septembre 2023. Inauguration dimanche 4 juin. 12h.

JADE : Jadis, Aujourd’hui, Demain
« C’est vraiment l’histoire d’une trouvaille. Je suis allée dans les coffres de la Chartreuse et les coffres numériques. J’ai trouvé environ 18h de films : documentaires faits par le premier directeur de la Chartreuse Bernard Tournois, qui avait imaginé en son temps la Chartreuse comme un lieu qui pouvait à la fois et recevoir les plus grands et recevoir tout le monde mais aussi qui s’intéresse à son territoire, le Gard. Un Gard rural, ouvrier avec les mines d’Alès, à la frontière culturelle du Vaucluse, un lieu de patrimoine humain. Fin 70, il va à la rencontre des anciens dans les maisons de retraite d’Alès à Saint-Siffret, de Saint-Gilles à Lézan ou Sumène. Ils évoquent leur jeunesse, leur vie, le territoire entre les deux guerres. Je vois la couturière, je vois le forgeron, je vois cet héritage et je sais que c’est le moment de livrer cet héritage à l’occasion des 50 ans. Un héritage de fierté : fierté d’être paysan, d’être artisan, fierté de la langue et sens de la fête avec les banquets. » Une sélection d’environ 1h de vidéos thématisées : ruralité, place des femmes, de la famille, la fête, la transformation du métier.
Du 1er juin au 17 septembre 2023. Cette installation vidéo sera mise en scène et en performance par le metteur en scène Didier Ruiz lors de l’inauguration du 1er juin mais aussi les 13 et 16 juillet.

Hänsel et Gretel, la proposition lancée à Emma Daumas
« Je découvre qu’Anne Sylvestre, connue comme chanteuse populaire, est venue longuement en résidence à la Chartreuse. En 2000, elle y a travaillé à un opéra pour enfants : Hänsel et Gretel.
Nous retrouvons le texte qui est à la Bibliothèque nationale de France, et nous pensons qu’il faut qu’il y ait une artiste qui s’en empare. Et c’est Emma Daumas, auteur-compositeur-interprète et également grande admiratrice d’Anne Sylvestre qui répond à cette audacieuse proposition pour faire de ce texte complètement inédit une version contemporaine. Cette lecture musicale parlée et chantée avec Emma Daumas, Vincent Truel et Dizzylez sera éphémère.
Unique représentation. Vendredi 2 juin. 19h. Entrée libre sur réservation.

Ma visite avec…. Agnès Desarthe
En résidence à la Chartreuse, la romancière Agnès Desarthe sera notre guide, avec étonnement et fraîcheur, pour une visite performance le 1er juin.
Dès le 2 juin tous ceux qui viendront visiter la Chartreuse pourront suivre cette unique visite sur leur application mobile.

« Nuits de juin » du 1er au 4 juin 2023. Entrée libre sur réservation. La Chartreuse. 58 rue de la République. Villeneuve lez Avignon. 04 90 15 24 24. Programme complet et billetterie en ligne chartreuse.org

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